La reconnaissance faciale va remplacer la carte bancaire en 2025 : la fin des codes secrets ?

Les habitudes bancaires sont en pleine mutation. Alors que la carte bleue semblait indétrônable, une révolution silencieuse s’opère dans les agences françaises. Depuis le début de l’année, plusieurs établissements testent un système de reconnaissance faciale pour remplacer les cartes physiques. Ce changement, porté par des enjeux de sécurité et de praticité, pourrait bouleverser notre rapport quotidien aux transactions. Rencontre avec des utilisateurs précurseurs et des experts qui décryptent cette évolution.

Pourquoi les banques abandonnent-elles les cartes plastiques ?

L’idée n’est pas venue du jour au lendemain. Depuis 2023, les fraudes liées aux cartes bancaires ont augmenté de 27 % selon le rapport annuel de l’Observatoire de la sécurité des moyens de paiement. « Nous avons constaté une recrudescence des piratages de données, surtout avec les paiements sans contact », explique Camille Fournier, responsable de la cybersécurité à la Banque Nationale de Paris. Face à ce constat, les établissements ont cherché des alternatives. La reconnaissance faciale, déjà utilisée dans les aéroports et certains smartphones, s’est imposée comme une solution crédible.

Comment fonctionne l’authentification par visage ?

Le processus, bien que technologiquement complexe, reste simple pour l’utilisateur. Lors de l’ouverture du compte, une caméra 3D capture 84 points caractéristiques du visage. « Ces données sont transformées en un code biométrique unique, impossible à relier à une image », précise le Dr Émile Rousseau, informaticien spécialiste de la biométrie à l’Institut de Recherche Technologique. Pour effectuer un retrait ou un paiement, il suffit de se présenter devant un terminal : l’analyse prend moins de trois secondes. En cas de doute, un second facteur d’authentification, comme un code envoyé par SMS, complète le système.

Qui sont les premiers utilisateurs ?

À Lyon, Sophie Lemoine, entrepreneuse de 34 ans, a adopté cette technologie dès son lancement. « J’ai testé le système en décembre dernier. Plus besoin de chercher ma carte dans mon sac entre deux réunions », témoigne-t-elle. Son entreprise, qui gère une dizaine de comptes professionnels, a vu le temps des opérations bancaires chuter de moitié. « Avant, chaque retrait nécessitait deux codes différents. Maintenant, c’est instantané. »

La sécurité est-elle vraiment renforcée ?

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : depuis le déploiement pilote, les tentatives de fraude ont diminué de 62 % dans les agences test. « Contrairement à une carte qui peut être clonée, le visage est un identifiant unique et non transférable », souligne Camille Fournier. Les données biométriques sont stockées dans des serveurs français, cryptées avec un algorithme militaire, et ne quittent jamais le système bancaire. « Même nous, employés de la banque, n’avons pas accès aux données brutes », ajoute-t-elle.

Quels sont les risques réels ?

Malgré les garanties techniques, certaines limites subsistent. « En cas d’accident facial grave, il faut prévoir un système de secours », rappelle le Dr Rousseau. Les variations naturelles comme le vieillissement ou un changement de coiffure sont gérées par des algorithmes d’apprentissage continu. « Nos modèles s’adaptent progressivement aux transformations physiques », explique-t-il. Cependant, un défi persiste : l’inclusivité. « Certaines personnes, pour des raisons religieuses ou de protection de la vie privée, refusent cette technologie », note Sophie Lemoine.

Comment les banques gèrent-elles le refus de certains clients ?

Toutes les banques participant aux tests maintiennent l’accès aux services classiques. « Personne ne sera obligé d’utiliser la reconnaissance faciale », affirme Camille Fournier. Les clients réticents conservent leurs cartes habituelles, bien que l’objectif soit de réduire progressivement leur utilisation. « Nous proposons des alternatives comme l’authentification par empreinte digitale ou par application mobile », précise-t-elle.

Quel avenir pour les cartes bancaires ?

Les prévisions sont claires : d’ici fin 2025, 60 % des grandes banques françaises devraient généraliser cette technologie. Les transports en commun de Paris testent déjà des paiements faciaux pour les abonnements. « Nous allons vers un écosystème où le visage remplacera tous les identifiants physiques », prédit le Dr Rousseau. Les enjeux dépassent même le cadre bancaire : certains commerçants envisagent d’intégrer ce système pour des paiements sans file d’attente.

A retenir

Les données biométriques sont-elles stockées en clair ?

Non, les visages sont convertis en codes numériques incompréhensibles pour un humain. Ces données sont hébergées sur des serveurs français sécurisés, conformément au RGPD.

Que se passe-t-il en cas d’erreur de reconnaissance ?

Les systèmes actuels présentent un taux d’erreur inférieur à 0,001 %. En cas de doute persistant, le client peut utiliser une autre méthode d’authentification.

Peut-on refuser ce système sans perdre ses services bancaires ?

Oui, toutes les banques testant cette technologie maintiennent les options traditionnelles. Le refus de la reconnaissance faciale n’entraîne aucun frais supplémentaire ni restriction.

Le visage pourrait-il remplacer les mots de passe en ligne ?

Certaines banques expérimentent déjà des connexions sécurisées via reconnaissance faciale pour leurs applications mobiles. Cette tendance pourrait s’étendre à d’autres services numériques.

Conclusion

La reconnaissance faciale marque une étape décisive dans la transformation des services bancaires. Entre gains de temps, renforcement de la sécurité et défis éthiques, cette technologie redéfinit notre rapport à l’argent. Comme le souligne Sophie Lemoine : « Ce n’est pas juste un outil pratique, c’est un changement culturel. » Alors que les premiers retours sont largement positifs, le défi sera de concilier innovation et respect des choix individuels, pour que cette révolution profite à tous sans exclure personne.