Le frelon asiatique, cet intrus venu d’ailleurs, sème l’inquiétude depuis son apparition en France il y a près de vingt ans. Mais aujourd’hui, une nouvelle menace émerge : les nids enterrés, invisibles et particulièrement dangereux. Pourquoi ces nids souterrains représentent-ils un risque accru ? Comment agir face à cette invasion silencieuse ? Décryptage d’une situation qui mobilise scientifiques, professionnels et citoyens.
Qui est vraiment le frelon asiatique ?
Originaire d’Asie, Vespa velutina a débarqué en France presque par accident, caché dans des cargaisons maritimes. Contrairement à son cousin européen, il se reconnaît à ses pattes jaunes et son abdomen sombre strié d’orange. « La première fois que j’en ai vu un dans mon jardin à Nantes, je l’ai pris pour une grosse guêpe », se souvient Mathilde Corbel, apicultrice amateur. « J’ai vite compris mon erreur quand j’ai vu mes ruches attaquées. »
Un prédateur redoutable pour la biodiversité
Le frelon asiatique est un chasseur hors pair, particulièrement friand d’abeilles. Une seule colonie peut décimer des ruches entières, mettant en péril la pollinisation. « En Aquitaine, certains apiculteurs ont perdu 30% de leurs colonies l’année dernière », déplore Julien Vasseur, président d’une association de défense des pollinisateurs.
Pourquoi les nids enterrés inquiètent-ils autant ?
Longtemps, les nids aériens – ces grosses boules de papier accrochées aux arbres – étaient la norme. Mais depuis quelques années, les spécialistes observent une nouvelle stratégie de nidification souterraine.
Des refuges invisibles et stratégiques
« C’est en ratissant mon champ que j’ai failli marcher dessus », raconte Élodie Garnier, agricultrice en Vendée. « Heureusement, j’ai vu les allées et venues des frelons à temps. » Les insectes profitent de cavités naturelles : anciens terriers de rongeurs, souches pourries ou simples dépressions dans le sol. Ces abris maintiennent une température constante, idéale pour protéger la reine pendant l’hiver.
Un danger multiplié
Contrairement aux nids aériens facilement repérables, ces installations souterraines échappent à la vigilance. « En Bretagne, nous intervenons sur des nids enterrés dans 15% des cas », explique Théo Le Moal, technicien en désinsectisation. « Le risque d’attaque accidentelle est réel quand quelqu’un passe à côté sans le voir. »
Quand les frelons sont-ils les plus actifs ?
Le cycle de vie de ces insectes suit un calendrier précis, dicté par les saisons.
De la renaissance printanière à l’offensive estivale
Les reines sortent d’hibernation en avril pour fonder de nouvelles colonies. « C’est en août que tout s’accélère », note Lucie Baron, entomologiste au Muséum national d’histoire naturelle. « Les nids peuvent alors abriter jusqu’à 2 000 individus. » Une prolifération qui atteint son pic en septembre, avant l’envol des futures reines.
L’importance cruciale de la prévention hivernale
Détruire les nids avant l’hiver brise le cycle de reproduction. « Une intervention en octobre permet d’éliminer les reines fondatrices », précise Théo Le Moal. « C’est notre meilleure arme contre l’expansion. »
Comment se protéger efficacement ?
Face à cette menace, plusieurs stratégies complémentaires ont fait leurs preuves.
Des gestes simples au quotidien
« J’ai appris à inspecter régulièrement mon terrain », témoigne Élodie Garnier. « Reboucher les trous, nettoyer les tas de feuilles… Ça paraît basique, mais ça marche. » Les spécialistes recommandent aussi d’éviter les parfums sucrés en extérieur, véritables aimants à frelons.
L’indispensable recours aux professionnels
« Jamais je ne tenterais d’éliminer un nid moi-même », affirme Mathilde Corbel. Les pompiers interviennent rarement désormais, laissant place à des entreprises spécialisées équipées de combinaisons adaptées et de techniques ciblées.
Quel rôle pour les citoyens ?
La lutte contre le frelon asiatique repose aussi sur la vigilance collective.
Signaler pour mieux agir
« Quand j’ai repéré une dizaine de frelons tournant autour de ma haie, j’ai tout de suite appelé la mairie », raconte Simon Le Gall, retraité du Morbihan. Les applications de signalement comme « Frelon Asiatique » permettent de cartographier les invasions.
Éduquer pour prévenir
Les écoles, les associations et les collectivités multiplient les campagnes d’information. « Même les enfants savent maintenant reconnaître un nid », se réjouit Lucie Baron. « Cette sensibilisation précoce est essentielle. »
A retenir
Comment reconnaître un nid enterré ?
Observez des allées et venues de frelons au ras du sol, souvent près d’un trou ou d’une souche. Un bourdonnement sourd peut aussi trahir leur présence.
Que faire en cas de découverte ?
Ne touchez à rien et contactez immédiatement une entreprise spécialisée ou votre mairie. Gardez une distance d’au moins 5 mètres.
Quelles régions sont les plus touchées ?
Le Grand Ouest (Bretagne, Pays de la Loire, Nouvelle-Aquitaine) reste l’épicentre, mais l’insecte progresse vers l’Est et le Nord.
Conclusion
Le frelon asiatique, et particulièrement ses nids enterrés, représente un défi complexe qui exige une réponse coordonnée. Entre vigilance individuelle, actions professionnelles et recherche scientifique, la lutte s’organise. Mais face à cet envahisseur résilient, une certitude s’impose : la prévention et la rapidité d’intervention restent nos meilleures alliées.