Friandises et restes de table : ces habitudes risquent l’obésité chez votre chien sans que vous le sachiez

En cette saison où les feuilles tombent et où l’on redécouvre le plaisir des soirées au coin du feu, les routines domestiques évoluent doucement. Le chien, fidèle compagnon des jours gris comme des jours ensoleillés, s’installe lui aussi dans cette atmosphère plus calme, plus intime. Mais entre partage de repas, câlins prolongés et promenades raccourcies, certaines habitudes se glissent insidieusement dans la vie quotidienne – et pas toujours au bénéfice de la santé canine. Alors que l’on croit simplement témoigner de l’affection, on peut, sans le vouloir, favoriser un fléau silencieux : l’obésité chez le chien. Derrière chaque morceau glissé en douce, chaque juste un petit bout , se cache une accumulation de calories qui, à long terme, fragilise l’animal. Comprendre pourquoi ces gestes deviennent automatiques, repérer les signes d’alerte, et adopter de nouvelles routines bienveillantes : voici le chemin vers une complicité durable, sans compromis sur la santé.

Pourquoi céder à ce regard implorant devient une habitude difficile à briser ?

Le regard qui fait fondre : une arme de manipulation canine

Lorsque Camille Delorme, retraitée habitant à Lyon, s’assoit devant sa soupe le soir, elle sait que son épagneul breton, Léon, va se poster à ses pieds. Il me fixe, la tête penchée, les oreilles tombantes… C’est plus fort que moi, je lui donne un bout de pain ou un morceau de légume , avoue-t-elle, un sourire teinté de culpabilité aux lèvres. Ce regard, souvent qualifié de regard de chien battu , n’est pas un hasard : des études montrent que les chiens ont développé cette expression faciale au fil de leur domestication pour susciter l’empathie humaine. Ce n’est pas de la manipulation au sens péjoratif, mais une adaptation émotionnelle remarquable. Et pourtant, derrière cette complicité, un piège se referme lentement.

Le partage alimentaire, un langage d’amour mal interprété

Dans de nombreuses cultures, manger ensemble scelle un lien. C’est naturellement que cette logique s’étend aux animaux de compagnie. Pour Thomas Rivière, ingénieur en télécommunications à Bordeaux, offrir un morceau de fromage à son border collie, Moka, est un geste d’amour . Quand je rentre tard, il est content de me voir, je veux qu’il se sente intégré , explique-t-il. Ce besoin de reconnaissance mutuelle est profondément humain, mais il peut être mal compris par le chien, qui associe rapidement la présence de son maître à une récompense alimentaire. Le risque ? Transformer chaque interaction en attente de nourriture.

La normalisation des petits extras

Ce qui commence comme un geste isolé devient vite une routine. Un bout de pain ici, une croûte de gratin là, un reste de rôti trop bon pour être jeté … Autant de justifications qui, cumulées, représentent parfois jusqu’à 30 % de l’apport calorique journalier du chien. Or, contrairement à une croquette ou une friandise formulée pour sa race et son poids, ces aliments sont riches en sel, en matières grasses, voire en substances toxiques comme l’oignon ou le chocolat. Leur danger n’est pas dans l’acte en soi, mais dans la répétition et l’absence de contrôle.

Quand les bonnes intentions deviennent des risques pour la santé ?

Des restes bien intentionnés, mais nutritionnellement dangereux

Éviter le gaspillage est un réflexe vertueux, mais il ne doit pas se faire au détriment de la santé animale. Je pensais bien faire en donnant à Biscuit, mon labrador, les restes de rôti du dimanche , raconte Élodie Charpentier, enseignante à Rennes. Il adorait ça, et moi, je me disais qu’il était content. Trois mois plus tard, Biscuit pesait deux kilos de trop, soufflait dès qu’il montait les escaliers, et son vétérinaire a diagnostiqué un début de surcharge articulaire. Les restes, souvent gras et salés, perturbent l’équilibre alimentaire du chien et favorisent les inflammations chroniques.

Le piège des friandises industrielles : plaisir immédiat, conséquences à long terme

Même les friandises vendues spécifiquement pour chiens peuvent devenir problématiques si elles sont données sans modération. J’achetais des bouchées au poulet, je pensais que c’était sain , se souvient Julien Moreau, père de deux enfants à Strasbourg. Mais on ne lit pas toujours les étiquettes. Certaines contiennent autant de calories qu’un repas léger pour un petit chien. Sans compter que ces friandises, conçues pour être addictives, renforcent le comportement de mendicité : le chien apprend qu’en insistant, il obtient une récompense.

L’addition calorique invisible

Un morceau de fromage blanc ? Environ 50 calories. Une cuillère de sauce au beurre ? 80. Une tranche de jambon cuit ? 40. Pour un humain, ce sont des détails. Pour un caniche toy comme Mila, qui a besoin de seulement 400 calories par jour, cela représente près d’un quart de son apport. Et quand ces extras se multiplient à chaque repas, sans que personne ne les compte, le bilan énergétique bascule. En quelques semaines, la silhouette s’épaissit, les mouvements se font plus lents, et les risques de diabète, d’arthrose ou de maladies cardiovasculaires augmentent.

Comment repérer à temps les signes d’un surpoids chez son chien ?

Les indices physiques : observer au-delà de l’apparence

Le surpoids chez le chien ne se voit pas d’abord sur la balance, mais dans les détails. Il faut apprendre à le palper, pas seulement à le regarder , insiste le Dr Amina Belkacem, vétérinaire à Montpellier. Passez les mains sur ses flancs : les côtes doivent être palpables sans avoir à appuyer. S’il n’a plus de taille marquée, si son ventre pend un peu, c’est déjà un signal. Le pelage peut aussi trahir un déséquilibre : un poil terne, une peau grasse, des difficultés à se nettoyer (surtout chez les chiens plus lourds) sont des signes indirects de surcharge pondérale.

Les changements de comportement : moins d’entrain, plus de demande

Quand Zoé, le berger australien de la famille Leroy, a commencé à refuser les balades de 30 minutes, ses maîtres ont d’abord cru à de la paresse. Elle restait allongée, même quand on sortait la laisse , raconte Clément Leroy. On a mis du temps à comprendre que ce n’était pas de l’indolence, mais de l’essoufflement. Un chien en surpoids bouge moins, car chaque mouvement lui demande plus d’efforts. En parallèle, il devient plus gourmand, car son métabolisme est perturbé et son cerveau continue de réclamer de la nourriture, même s’il a assez mangé.

Pourquoi on ne voit pas le problème venir ?

La progression du surpoids est si lente qu’elle échappe souvent à l’œil du propriétaire. C’est comme regarder grandir un enfant : on ne voit pas les changements jour après jour , compare le Dr Belkacem. De plus, les rondeurs sont parfois perçues comme mignonnes, rassurantes, signe qu’il va bien . Or, ce confort apparent cache une réalité plus sombre : chaque kilo en trop diminue l’espérance de vie du chien de plusieurs mois. D’où l’importance de se fixer des points de repère : pesées régulières, examens annuels, et surtout, une observation attentive des habitudes alimentaires.

Comment instaurer de nouvelles routines sans perdre la complicité ?

Des alternatives gourmandes mais saines : le plaisir sans les calories

Le secret n’est pas de supprimer les friandises, mais de les transformer. Depuis que j’ai remplacé les bouts de saucisson par des rondelles de concombre ou des morceaux de pomme, Zoé est tout aussi contente , constate Clément Leroy. Et moi, je me sens mieux. Les légumes crus comme les carottes, les courgettes ou les poivrons apportent du croquant, de la satiété, et des fibres, sans alourdir le bilan calorique. Le blanc de poulet cuit à l’eau, en petites quantités, peut aussi servir de récompense premium, sans risque pour la santé.

Une discipline douce mais claire : fixer des règles simples

Camille Delorme a mis en place une boîte à friandises pour Léon : chaque jour, elle y place une quantité limitée de snacks sains. Quand il me regarde avec ses yeux tristes, je lui donne un bâtonnet de carotte. Il a fini par accepter. Cette routine visuelle aide à contrôler les apports et à éviter les excès. Il est aussi utile de définir des moments précis : une friandise après une séance d’obéissance, une autre en fin de journée, mais jamais pendant ou juste après le repas humain, pour ne pas renforcer le lien entre présence à table et récompense.

Toute la famille à bord : un engagement collectif

Dans les foyers où plusieurs personnes vivent avec le chien, le risque est que chacun donne un petit quelque chose , pensant que les autres ne le font pas. Avec les enfants, on a fait un jeu : ils ont dessiné une fiche avec les aliments autorisés et interdits , raconte Élodie Charpentier. Biscuit a même son menu du jour sur le frigo. Cette approche ludique et éducative permet d’impliquer tout le monde, tout en responsabilisant chacun. Le message est clair : aimer son chien, ce n’est pas le gâter, c’est le préserver.

Conclusion : aimer autrement, pour aimer plus longtemps

L’automne invite à la douceur, à la tendresse partagée. Mais cette tendresse peut s’exprimer autrement qu’à travers la nourriture. Un jeu de balle prolongé, une caresse appuyée, un moment de dressage bienveillant : autant de façons de renforcer le lien sans risquer la santé. Le vrai amour, pour un chien, c’est la stabilité, la prévisibilité, et le respect de ses besoins. En modifiant nos habitudes, nous ne perdons pas la complicité : nous la consolidons. Et en garantissant à notre compagnon une silhouette saine et une vitalité préservée, nous lui offrons le plus beau des cadeaux : plus de moments ensemble, plus de saisons partagées, plus de promenades sous les feuilles dorées.

A retenir

Quels sont les aliments les plus dangereux dans les restes de table ?

Les aliments gras, salés ou épicés, comme les sauces, les charcuteries ou les plats cuisinés, sont à éviter. Surtout, certains aliments sont toxiques : oignon, ail, chocolat, raisins, xylitol. Même en petite quantité, ils peuvent provoquer des intoxications graves.

Combien de friandises peut-on donner par jour ?

Les friandises ne doivent pas dépasser 10 % de l’apport calorique journalier du chien. Pour un chien moyen, cela équivaut à une ou deux petites récompenses par jour, selon sa taille et son activité.

Comment savoir si mon chien est en surpoids ?

Vous devez pouvoir palper ses côtes sans appuyer fortement. Il doit avoir une taille visible vue d’en haut, et un ventre qui remonte légèrement vu de profil. Si ce n’est pas le cas, consultez un vétérinaire pour un bilan.

Les chiens âgés ont-ils besoin de moins de calories ?

Oui. Avec l’âge, le métabolisme ralentit et l’activité physique diminue. Il est crucial d’adapter la ration alimentaire, même si le chien réclame plus. Un chien âgé en surpoids vieillit plus vite et souffre davantage de ses articulations.

Peut-on rééduquer un chien trop gourmand ?

Absolument. Cela demande de la patience et de la cohérence. En supprimant les extras non planifiés et en récompensant d’autres comportements (calme, obéissance, jeu), le chien apprend progressivement à ne plus associer chaque interaction à de la nourriture.