Il gagne trois fois au loto en 9 mois, ce retraité intrigue les passionnés de chance en 2025

À une époque où la chance semble réservée à quelques privilégiés, l’histoire de David Serkin bouscule les lois du hasard. Retraité de 66 ans vivant à Lethbridge, en Alberta, cet homme discret est devenu, sans le vouloir, le symbole d’une improbable série de victoires. En moins de neuf mois, il a remporté trois jackpots à la loterie, accumulant 2,5 millions de dollars canadiens — un montant qui, ajouté à une précédente victoire d’un quart de million de dollars une dizaine d’années plus tôt, porte son gain total à près de 2,75 millions. Ce n’est ni un conte de fées ni une fiction : c’est la réalité d’un homme qui, malgré les probabilités les plus défavorables, a croisé trois fois le regard de la fortune.

Comment peut-on gagner trois fois au loto en moins d’un an ?

La question, posée par des voisins ébahis et des journalistes intrigués, revient sans cesse. Les statistiques, elles, sont sans appel. Selon la Western Canada Lottery Corporation (WCLC), les chances de remporter le jackpot du Lotto 6/49 s’élèvent à une sur 33 294 800. Multiplier cette victoire par trois en neuf mois équivaut à un événement dont la probabilité frôle l’impossible — quelque chose comme une sur 37 milliards de milliards, selon les calculs approximatifs de statisticiens consultés par des médias locaux. Pourtant, David Serkin ne se prend pas pour un prodige. « Je sais que les chiffres sont fous, admet-il. Mais la chance, parfois, elle frappe là où on ne l’attend pas. »

Le premier gain, survenu le 20 août 2024, est celui qui a semé le doute. 500 000 dollars grâce au Lotto Max. David, alors en train de trier ses tickets dans sa cuisine, a d’abord pensé à une erreur d’affichage. « J’ai relu trois fois les numéros, puis j’ai vérifié sur le site officiel. Ensuite, j’ai appelé ma femme, Élise. Elle a cru que je plaisantais. » Le deuxième gain, le 16 novembre suivant, a été plus difficile à ignorer : un million de dollars cette fois, au Lotto 6/49. « Là, les copains au café ont commencé à me regarder autrement », sourit-il. Et le troisième, le 3 mai 2025 — encore un million au Lotto 6/49 — a transformé l’étonnement en légende locale.

Est-ce que la chance a un visage ?

Pour ses amis, la réponse est oui. « David, c’est le genre de gars qui te tient la porte, qui aide à porter les courses à la voisine, qui paie le café quand tu oublies ton portefeuille », raconte Julien Bellet, un ancien collègue de travail rencontré à l’époque où David était technicien en maintenance industrielle. « Quand il a gagné la première fois, on a dit : “Bravo, bien joué”. La deuxième, on a rigolé. La troisième ? On s’est regardés, et on a dit : “Mais c’est quoi ce truc ?” »

Pourquoi continue-t-il de jouer après tant de gains ?

La réponse tient en une habitude — une routine ancrée depuis 1982, année de lancement du Lotto 6/49. David n’a jamais cessé d’acheter un ticket chaque semaine. Pas par obsession, pas par rêve de richesse, mais par rituel. « C’est un geste simple, explique-t-il. Comme boire son thé du matin ou lire le journal. Tu vérifies ton ticket, tu vois si tu as gagné. Si oui, tu es content. Si non, tu attends la semaine prochaine. »

Cette régularité, presque mécanique, est ce qui fascine les psychologues des comportements humains. « Beaucoup de joueurs arrêtent après un gros gain, ou au contraire deviennent compulsifs, analyse le Dr Amina Rochdi, spécialiste des addictions comportementales à l’Université de Calgary. David est un cas rare : il joue sans dépendance, sans illusion, sans pression. C’est un joueur “neutre”, ce qui, paradoxalement, pourrait expliquer pourquoi il n’a pas été submergé par la chance. Il ne la convoite pas, il la laisse venir. »

Le hasard aime-t-il les routines ?

David ne croit pas à la magie des numéros. Il ne joue pas avec des dates d’anniversaire, ni des combinaisons prétendument porte-bonheur. Ses tickets sont des grilles aléatoires, générées par la machine. « Je n’ai pas de système, dit-il. Si j’en avais un, je l’aurais partagé depuis longtemps. » Pourtant, certains voisins ont commencé à lui demander conseil. « Un gars m’a dit : “Tu devrais écrire un livre.” J’ai répondu : “Le titre serait : Achète un ticket. Attends. Et recommence.” »

Quel impact a eu la chance sur une vie marquée par la maladie ?

Avant les gains, avant les voyages, avant les sourires des amis moqueurs, il y a eu le cancer. Diagnostiqué en 2015, David a subi deux années de traitements lourds, de fatigue, d’incertitude. « J’ai vu des choses que personne ne devrait voir », dit-il sobrement. La maladie l’a contraint à la retraite anticipée. Elle lui a aussi appris à mesurer chaque jour. « Quand tu passes près de la mort, tu regardes autrement ce que tu appelles “la chance”. Gagner au loto, c’est bien. Mais être en vie, c’est mieux. »

Élise Serkin, son épouse, confirme : « Il n’a jamais été matérialiste. Même après le premier gain, il a refusé de changer de voiture. On a pris un vol pour Hawaï, c’est tout. Et on a aidé nos enfants pour leurs études. » Le troisième gain n’a pas changé la donne. « On a parlé de Terre-Neuve-et-Labrador, dit David. On veut voir les falaises, les baleines, les villages de pêcheurs. Pas les casinos ni les hôtels de luxe. »

La chance, un fardeau pour certains ?

David reconnaît que tout le monde ne réagirait pas comme lui. « J’ai lu des histoires de gagnants qui ont tout perdu, qui se sont retrouvés seuls, ruinés. La chance, elle peut brûler si tu ne la tiens pas à distance. » Il cite le cas d’un homme de Vancouver, dont il a lu le récit dans un journal : ruiné après avoir gagné 3 millions, dépensé en voitures, en dettes, en fausses amitiés. « Je me suis dit : ce n’est pas pour moi. L’argent, c’est un outil. Pas une identité. »

Comment son entourage vit-il cette succession de victoires ?

Entre admiration et incrédulité, les réactions sont variées. « Quand il est entré au café avec son ticket, on a tous cru à une blague », raconte Mélanie Tisserand, tenancière du Bean & Bench, un petit établissement du centre-ville fréquenté par David depuis des années. « Il a posé le papier sur le comptoir, et on a vérifié ensemble. Silence total. Puis quelqu’un a dit : “David, tu vas nous ruiner le karma à tous.” »

Les enfants du couple, Léa et Thomas, ont grandi dans une ambiance modeste mais sereine. « On savait qu’il jouait, mais on pensait que c’était un petit plaisir, comme le jardinage ou les mots fléchés », explique Léa, enseignante à Edmonton. « Quand le deuxième million est tombé, on s’est dit qu’on allait peut-être pouvoir se payer une maison plus grande. Mais mes parents ont dit non. Ils ont préféré nous aider à rembourser nos prêts étudiants. C’était plus fort que tout. »

La jalousie a-t-elle frappé à la porte ?

David reconnaît avoir senti, parfois, un malaise. « Un voisin m’a demandé si je trichais. Pas méchamment, mais sérieusement. Il pensait que j’avais un “contact” à la loterie. Je lui ai montré mes tickets, mes reçus. Il a hoché la tête, mais je crois qu’il ne me croit toujours pas. » Pourtant, aucune plainte n’a été déposée, aucune enquête ouverte. La WCLC a confirmé les trois gains, après vérification rigoureuse. « Tout est en ordre », a déclaré un porte-parole.

Quelle est la leçon à tirer de cette histoire ?

David Serkin ne se voit pas comme un exemple. « Je ne conseille à personne de jouer, dit-il. C’est du hasard pur. Mais si tu joues, fais-le comme un jeu. Pas comme un espoir. » Pour lui, la vraie victoire n’est pas dans le montant, mais dans la manière dont on le reçoit. « J’ai eu de la chance, oui. Mais j’ai aussi eu de la malchance. Le cancer, c’était dur. Aujourd’hui, je vis chaque jour comme un cadeau. L’argent, c’est juste un plus. »

À Lethbridge, certains ont commencé à acheter un ticket par semaine, en hommage. « On appelle ça “le David Serkin effect” », rigole Julien Bellet. « Même si on sait que ça ne changera rien, ça fait du bien de croire, ne serait-ce qu’un instant, que la chance peut frapper trois fois. »

A retenir

David Serkin a-t-il utilisé une stratégie pour gagner ?

Non. David affirme ne pas avoir de système particulier. Il joue des grilles aléatoires, comme des millions d’autres joueurs. Il rejette toute idée de méthode ou de calcul, insistant sur le caractère fortuit de ses gains.

Les gains ont-ils changé son mode de vie ?

Très peu. Le couple continue de vivre dans la même maison, conduit les mêmes voitures et fréquente les mêmes lieux. Les voyages restent simples et familiaux. L’argent a servi à sécuriser l’avenir des enfants et à profiter de la retraite sans pression financière.

La loterie a-t-elle confirmé les gains ?

Oui. La Western Canada Lottery Corporation a validé les trois victoires après vérification des tickets, des dates et des transactions. Aucune irrégularité n’a été détectée.

David Serkin va-t-il continuer à jouer ?

Oui. Il considère le jeu comme un rituel anodin. « Tant que je peux marcher jusqu’au dépanneur, je vais acheter un ticket. Pas pour gagner. Pour le geste. »

Peut-on vraiment gagner trois fois au loto ?

Statistiquement, c’est extrêmement improbable. Mais pas impossible. L’histoire de David Serkin prouve que, dans un monde régi par les probabilités, l’imprévu peut surgir — même sous la forme d’un ticket imprimé dans un petit magasin de quartier.