Un geste courant en 2025 pourrait augmenter le risque d’insolation — ce que peu de gens savent

En pleine canicule, les gestes de rafraîchissement deviennent instinctifs. On s’asperge d’eau, on cherche l’ombre, on boit un verre bien frais. Mais parmi ces réflexes, certains peuvent se révéler dangereux, voire contre-productifs. Un témoignage édifiant, celui de Julien Mercier, enseignant dans les Pyrénées, met en lumière une erreur courante que peu de gens connaissent : s’arroser d’eau froide sous un soleil brûlant pourrait, contre toute attente, augmenter le risque d’insolation. Ce récit, relayé par des professionnels de santé, invite à repenser nos comportements face à la chaleur extrême, surtout à l’heure où les vagues de canicule se multiplient en France. Derrière une pratique apparemment anodine se cache un mécanisme physiologique délicat que notre intuition ne perçoit pas toujours.

Quel est le danger de s’asperger d’eau froide en plein soleil ?

L’été dernier, Julien Mercier, 34 ans, professeur de sciences en collège, partait régulièrement en randonnée dans les montagnes du Couserans. « J’adore marcher tôt le matin, mais même à 10 heures, le soleil tape fort en juillet », confie-t-il. Comme beaucoup, il s’était mis à s’asperger d’eau fraîche à chaque pause, surtout sur le visage et le cou. « C’était instantanément rafraîchissant. Je pensais que je me protégeais du coup de chaleur. »

Pourtant, un samedi de fin juillet, alors qu’il gravissait le pic de Montcalm, Julien a commencé à ressentir une lourdeur inhabituelle. « D’abord, des vertiges légers, puis une fatigue écrasante. J’avais l’impression que mes jambes ne répondaient plus. » Son compagnon de randonnée, Antoine Laroche, ancien infirmier, a immédiatement compris qu’il s’agissait d’un début d’insolation. « Il parlait lentement, avait du mal à se concentrer. On l’a allongé à l’ombre, on lui a donné de l’eau et on a appelé les secours. »

À l’hôpital de Saint-Girons, les médecins ont diagnostiqué une hyperthermie sévère. « Ce qui a aggravé son état, c’est précisément l’évaporation rapide de l’eau sur sa peau », explique le Dr Émilie Rousseau, médecin urgentiste. « Quand on s’asperge d’eau froide en plein soleil, l’eau s’évapore très vite, ce qui crée une sensation de fraîcheur, mais en réalité, cela stimule la circulation sanguine en surface. Le corps interprète cela comme un signal de chaleur, et la température interne peut grimper encore plus. »

Comment l’insolation se développe-t-elle dans le corps ?

Quels sont les mécanismes physiologiques de l’insolation ?

L’insolation, ou coup de chaleur, survient lorsque le corps ne parvient plus à réguler sa température interne, qui peut dépasser 40 °C. Normalement, la sudation permet de refroidir le corps par évaporation. Mais en cas d’exposition prolongée au soleil, de déshydratation ou de mauvaises pratiques de rafraîchissement, ce système s’effondre.

« Le cerveau, via l’hypothalamus, tente de maintenir une température stable, mais sous un soleil intense, surtout avec des vêtements inadaptés ou une hydratation insuffisante, il perd le contrôle », précise le Dr Rousseau. « L’insolation n’est pas seulement un effet du soleil direct sur la tête, comme on le croit souvent. Elle résulte d’un déséquilibre thermique global. »

Quels sont les premiers signes à ne pas ignorer ?

Les symptômes d’alerte sont souvent progressifs. Julien se souvient : « J’avais mal à la tête depuis une heure, mais je pensais que c’était la fatigue. Puis j’ai eu des nausées, et surtout, une confusion. Je ne savais plus où j’étais exactement. »

Les signes classiques incluent : maux de tête intenses, vertiges, peau chaude et sèche (ou parfois moite), accélération du rythme cardiaque, nausées, confusion mentale, et dans les cas graves, perte de conscience. « Ce qui est dangereux, c’est que la personne ne réalise pas qu’elle est en danger », souligne Antoine Laroche. « Elle continue d’avancer, pensant que c’est juste de la fatigue. »

Pourquoi l’hydratation est-elle la clé de la prévention ?

Comment l’eau fraîche protège-t-elle mieux que l’eau sur la peau ?

Boire de l’eau fraîche — mais pas glacée — est bien plus efficace que de s’asperger. « L’hydratation interne permet au corps de continuer à transpirer, ce qui est le seul mécanisme naturel de refroidissement efficace », explique le Dr Rousseau. « L’eau que vous buvez participe directement à la régulation thermique. »

Julien a changé ses habitudes : « Maintenant, j’ai une gourde isotherme avec moi en permanence. Je bois toutes les 20 minutes, même si je n’ai pas soif. Et j’évite l’eau trop froide, qui peut choquer l’estomac. »

Quel est le bon indicateur d’hydratation ?

La couleur de l’urine est un indicateur simple et fiable. « Si elle est claire, presque transparente, vous êtes bien hydraté », indique le Dr Rousseau. « Si elle est jaune foncé, c’est un signal d’alerte. »

Camille Tissot, kinésithérapeute et accompagnatrice en randonnée, le vérifie chaque été avec ses groupes : « Je demande toujours aux participants de faire attention à ce détail. C’est un geste bête, mais ça sauve des vies. »

Quelles sont les erreurs courantes en cas de forte chaleur ?

S’asperger d’eau froide est-il le seul piège ?

Non. D’autres erreurs fréquentes peuvent aggraver la situation. Porter des vêtements trop serrés ou en tissu synthétique, par exemple, empêche la transpiration de s’évaporer correctement. « J’ai vu des randonneurs en jogging en plein été, avec des baskets fermées », raconte Antoine Laroche. « Ils pensent être protégés, mais ils s’isolent thermiquement. »

Autre piège : l’abus d’alcool ou de boissons sucrées. « Une bière fraîche en terrasse, c’est agréable, mais l’alcool déshydrate », prévient Camille Tissot. « Et les sodas, même sans alcool, ont trop de sucre et de sodium. Ils donnent une fausse impression d’hydratation. »

Et les chapeaux ou casquettes ? Sont-ils suffisants ?

Un chapeau est utile, mais insuffisant. « Il protège du rayonnement direct, mais ne régule pas la température corporelle », explique le Dr Rousseau. « Et si le tissu est trop épais ou noir, il retient la chaleur. » Julien a opté désormais pour un chapeau en lin léger, à large bord, et une écharpe de type buff humide autour du cou — mais sans excès d’eau.

Quelles alternatives sûres existent pour se rafraîchir ?

Les brumisateurs sont-ils une bonne solution ?

Oui, à condition de les utiliser correctement. « Un brumisateur à faible débit crée un nuage d’humidité qui rafraîchit l’air autour de vous sans provoquer une évaporation trop rapide », détaille Camille Tissot. « C’est particulièrement efficace en ville, sur les terrasses ou dans les files d’attente. »

En revanche, un jet d’eau direct sur la peau, surtout si le vent est fort, peut avoir l’effet inverse. « L’évaporation trop rapide refroidit la peau, mais fait monter la température interne », rappelle le Dr Rousseau.

Le ventilateur peut-il aider ?

Oui, surtout combiné à une légère humidification de la peau. « Un ventilateur seul, en plein air, n’est pas très efficace si l’air est chaud », note Camille Tissot. « Mais si vous passez un gant humide sur vos poignets ou votre nuque, puis utilisez un mini-ventilateur, cela active l’évaporation de manière contrôlée. »

Julien a adopté cette méthode : « J’ai un petit ventilateur portatif maintenant. Je l’utilise avec un spray d’eau thermale. C’est discret, efficace, et surtout, sans danger. »

Et les vêtements techniques ?

Les progrès dans les textiles ont permis des innovations notables. « Des tissus à base de gel réfrigérant, ou des maillots qui se mouillent pour activer un effet de refroidissement passif, existent désormais », explique le Dr Rousseau. « Ce sont des solutions intelligentes, surtout pour les personnes âgées ou les travailleurs en extérieur. »

Camille Tissot recommande ces vêtements pour les personnes vulnérables : « Pour un jardinier, un livreur à vélo, ou une personne qui fait ses courses à pied, ces équipements peuvent faire la différence. »

Comment protéger les plus vulnérables ?

Les enfants, les personnes âgées et celles souffrant de maladies chroniques sont particulièrement exposées. « Un enfant transpire moins qu’un adulte, donc il surchauffe plus vite », alerte le Dr Rousseau. « Et un senior peut ne pas ressentir la soif, même en état de déshydratation. »

Camille Tissot travaille dans une association de prévention : « On fait des ateliers dans les centres de retraite. On montre comment s’habiller, quand boire, et pourquoi il ne faut pas rester enfermé sans ventilation, même par peur de la chaleur dehors. »

Julien, depuis son incident, intervient dans son collège : « J’ai fait une séance avec mes élèves. On a parlé de canicule, d’hydratation, de gestes utiles. Ils étaient choqués d’apprendre que s’asperger d’eau pouvait être dangereux. »

Que retenir de cette alerte sanitaire ?

Le témoignage de Julien Mercier n’est pas isolé. Chaque été, des dizaines de cas similaires sont signalés, souvent méconnus du grand public. La chaleur extrême n’est pas seulement un inconfort : c’est un risque sanitaire majeur, amplifié par des gestes mal intentionnés. Comprendre les mécanismes du corps humain en situation de stress thermique est essentiel pour agir avec bon sens.

Boire régulièrement, s’habiller léger, rester à l’ombre aux heures critiques (12h-16h), et privilégier des méthodes de refroidissement douces et contrôlées : voilà les piliers d’une prévention efficace. L’innovation technologique, alliée à une meilleure éducation sanitaire, peut transformer notre rapport à la chaleur, sans renoncer aux plaisirs de l’été.

FAQ

Peut-on vraiment attraper une insolation même à l’ombre ?

Oui. L’insolation n’est pas seulement causée par le rayonnement solaire direct sur la tête. Elle résulte d’une exposition prolongée à une température ambiante élevée, surtout en cas de déshydratation ou d’effort physique. Même à l’ombre, si l’air est très chaud et l’hydratation insuffisante, le risque existe.

Est-il utile de mouiller ses vêtements en cas de canicule ?

Partiellement. Mouiller légèrement un vêtement léger (comme un t-shirt en coton) peut aider à la régulation thermique, mais il faut éviter les tissus lourds ou synthétiques qui retiennent l’humidité. L’idéal est de combiner un vêtement humide avec une ventilation douce, comme un ventilateur ou une brise naturelle.

Les enfants doivent-ils boire plus d’eau que les adultes par temps chaud ?

Proportionnellement à leur poids, oui. Les enfants ont une surface corporelle plus grande par rapport à leur masse, ce qui accélère la perte d’eau. Ils doivent boire régulièrement, même s’ils ne ressentent pas la soif. Des bouteilles colorées ou des gourdes ludiques peuvent les inciter à boire plus souvent.

Un coup de chaleur peut-il avoir des conséquences à long terme ?

Oui. Une insolation sévère, surtout si elle n’est pas traitée rapidement, peut endommager le cerveau, les reins ou le cœur. Julien, par exemple, a gardé une sensibilité accrue à la chaleur plusieurs mois après son hospitalisation. Une surveillance médicale post-épisode est souvent recommandée.

Les médicaments peuvent-ils augmenter le risque d’insolation ?

Oui, certains traitements — comme les diurétiques, les antidépresseurs, ou les antihistaminiques — réduisent la capacité du corps à réguler sa température ou augmentent la déshydratation. Les personnes sous traitement chronique doivent consulter leur médecin en période de canicule.

A retenir

Quel est le message principal à diffuser ?

Se rafraîchir est essentiel en période de canicule, mais il faut le faire intelligemment. L’instinct peut nous tromper : ce qui semble rafraîchissant à la surface peut nuire en profondeur. L’hydratation interne, les vêtements adaptés, et les méthodes douces de refroidissement sont les meilleures armes contre l’insolation.

Pourquoi le témoignage de Julien est-il important ?

Parce qu’il montre que même des personnes attentives à leur santé peuvent commettre des erreurs. Son expérience humaine et crédible permet de sensibiliser sans alarmisme excessif. Elle illustre la nécessité d’une éducation sanitaire accessible, surtout face aux changements climatiques.

Quel geste simple peut sauver une vie en cas de coup de chaleur ?

Installer la personne à l’ombre, la désaper partiellement, lui donner de l’eau à boire si elle est consciente, et humidifier sa peau avec de l’eau tiède (pas froide) tout en assurant une ventilation. Et surtout, appeler les secours sans attendre. Chaque minute compte.