Alors que les tensions géopolitiques redessinent les alliances militaires en Europe, la Grèce pourrait bientôt écrire un nouveau chapitre de sa défense nationale. Au cœur de cette transformation : l’acquisition potentielle de véhicules blindés français, marquant une étape clé dans la modernisation de ses forces armées et le renforcement de son partenariat stratégique avec la France.
Pourquoi la Grèce mise-t-elle sur les VBCI français ?
Face à un environnement sécuritaire volatile en Méditerranée orientale, la Grèce accélère sa modernisation militaire. Les négociations pour 88 VBCI d’occasion – avec une option sur 280 versions améliorées – révèlent une volonté d’acquérir des équipements éprouvés. « Ces blindés ont fait leurs preuves au Mali et en Afghanistan, leur polyvalence correspond parfaitement à nos besoins opérationnels », explique Nikos Vassilopoulos, colonel des forces spéciales grecques.
Une réponse aux défis tactiques contemporains
Avec leur mobilité (100 km/h sur route) et leur armement combiné (canon de 25 mm + mitrailleuse lourde), les VBCI offrent une solution idéale pour les interventions rapides. L’option « Philoctète », spécialement adaptée au relief grec, inclut des renforcements de blindage validés par les ingénieurs de KNDS France lors de tests en conditions réelles.
Comment cet accord transforme-t-il la coopération franco-grecque ?
Le partenariat dépasse la simple transaction commerciale. L’accord signé en avril entre KNDS France et METLEN prévoit un transfert technologique inédit : « Nous allons former des soudeurs grecs à nos techniques de fabrication de blindages aluminium », précise Thierry Lamoureux, directeur des exportations chez Nexter. Une usine locale pourrait assembler les structures des VBCI Mk2 dès 2025.
Un impact géostratégique mesurable
Ce rapprochement intervient dans un contexte de rivalité accrue avec la Turquie. Pour Sophia Kalamara, analyste à l’Institut hellénique des études stratégiques : « L’acquisition des VBCI, combinée aux Rafale déjà commandés, consolide notre dissuasion face aux provocations turques en mer Égée. »
Quels sont les enjeux industriels derrière ce contrat ?
La France vise un double objectif : écouler son stock de matériel d’occasion tout en promouvant sa technologie de pointe. « C’est notre première exportation de VBCI, un test crucial face au Lynx allemand », reconnaît un cadre du ministère des Armées sous couvert d’anonymat. Le modèle « Philoctète » intègre d’ailleurs des innovations issues du programme Scorpion.
La Grèce, tremplin vers d’autres marchés ?
Selon des sources industrielles, des pays balkaniques et du Golfe suivent ces négociations avec intérêt. « Si les Grecs sont satisfaits, cela ouvrira des portes dans toute la région », prédit Marco Bellini, consultant en défense chez Janes.
Comment réagit la concurrence internationale ?
Rheinmetall a intensifié sa campagne promotionnelle autour du Lynx, proposant des contreparties industrielles alléchantes. « Les Allemands offrent des coentreprises dans l’électronique de défense, mais nos forces préfèrent l’interopérabilité avec le matériel français existant », confie Dimitris Raptis, conseiller du ministre grec de la Défense.
Une bataille d’influence européenne
Ce dossier illustre la compétition franco-allemande pour le leadership de la défense européenne. Paris mise sur des relations historiques avec Athènes, remontant à la coopération sur les frégates FDI.
A retenir
Quel est l’avantage principal des VBCI pour la Grèce ?
Leur capacité à opérer sur tous terrains avec un équipage réduit (2+9 soldats) et leur maintenance simplifiée grâce à la formation locale des techniciens.
Quand la livraison pourrait-elle commencer ?
Les premiers véhicules d’occasion arriveraient dès 2024, après rénovation, tandis que les « Philoctète » nécessiteraient 18 mois de production.
Comment est financé cet achat ?
Grâce au fonds européen de défense et à un prêt concessionnel français couvrant 40% du montant, selon le modèle utilisé pour la vente des Rafale.
Conclusion
Plus qu’une transaction militaire, ce potentiel accord dessine une nouvelle géométrie des alliances en Europe du Sud-Est. En choisissant la technologie française, la Grèce consolide son ancrage occidental tout en se dotant d’outils adaptés à ses spécificités stratégiques. Pour Paris, c’est l’occasion de prouver que son modèle d’armée moyenne innovante peut s’exporter bien au-delà de l’Afrique.