Alors que les solutions modernes inondent les rayons des supermarchés, une pratique ancestrale refait surface dans les cuisines françaises : l’utilisation du gros sel pour déboucher les éviers. Face à l’efficacité limitée et aux dangers environnementaux des déboucheurs chimiques, cette méthode simple, peu coûteuse et naturelle gagne en popularité. Derrière ce retour aux sources se cachent des témoignages concrets, des explications scientifiques et une prise de conscience écologique croissante. C’est l’histoire d’une redécouverte, portée par des femmes et des hommes ordinaires qui, un évier bouché à la fois, changent leurs habitudes.
Comment une astuce oubliée est redevenue une solution incontournable ?
À Bordeaux, Martine Lefèvre, enseignante et mère de trois enfants, fait face à un problème récurrent : son évier de cuisine se bouche régulièrement. Entre les restes alimentaires, les résidus de savon et les graisses de cuisson, les canalisations peinent à évacuer correctement. Après avoir testé plusieurs déboucheurs liquides, souvent accompagnés d’odeurs âcres et de mises en garde sur les emballages, elle décide de tenter autre chose. C’est alors qu’un souvenir d’enfance ressurgit : sa grand-mère, dans sa maison de campagne, versait régulièrement du gros sel dans les éviers, suivi d’eau bouillante.
« Je me suis dit : pourquoi pas ? » confie Martine. « J’ai pris un bol de gros sel de cuisine, je l’ai versé directement dans la bonde, puis j’ai ajouté une casserole d’eau frémissante. En moins de dix minutes, l’eau stagnante s’est mise à descendre lentement, puis rapidement. Le bouchon avait cédé. » Ce geste simple, presque naïf, a fonctionné là où les produits industriels avaient échoué. Depuis, Martine utilise cette méthode non seulement pour déboucher, mais aussi comme entretien mensuel de ses canalisations.
Pourquoi le gros sel fonctionne-t-il aussi bien ?
Un effet mécanique combiné à une action thermique
Le succès du gros sel repose sur une combinaison subtile d’effets physiques. Contrairement au sel fin, le gros sel possède des cristaux plus larges et plus durs. Lorsqu’il est introduit dans une canalisation et suivi d’eau chaude, il agit comme un abrasif naturel. Les grains frottent contre les parois internes des tuyaux, détachant les dépôts de graisse, les résidus alimentaires et les biofilms qui s’y accumulent.
Ensuite, l’eau chaude — idéalement proche de l’ébullition — joue un rôle crucial. Elle ramollit les graisses animales ou végétales, souvent responsables des bouchons les plus tenaces. Le sel, en pénétrant dans ces couches ramollies, amplifie l’effet de désagencement, permettant à l’eau de repousser les débris vers le réseau d’évacuation.
Une action bactériostatique naturelle
Le gros sel possède également des propriétés antimicrobiennes. En modifiant l’environnement hydrique dans la canalisation, il rend difficile la prolifération de certaines bactéries responsables des odeurs nauséabondes. C’est pourquoi de nombreuses personnes, comme Martine, constatent non seulement une amélioration du débit, mais aussi une réduction significative des mauvaises odeurs.
Quelles sont les étapes concrètes pour utiliser le gros sel efficacement ?
L’efficacité de la méthode dépend d’une application rigoureuse, mais simple. Voici les étapes recommandées par les utilisateurs expérimentés et les spécialistes du dépannage plomberie écologique.
Préparation du mélange
Commencez par verser entre 100 et 200 grammes de gros sel directement dans la bonde de l’évier. Le choix du gros sel est important : il doit être pur, sans additifs ni anti-agglomérants. Le sel gris de mer, souvent utilisé en cuisine, est idéal.
Application de l’eau chaude
Portez ensuite une casserole d’eau à ébullition. Versez lentement l’eau bouillante sur le sel, en plusieurs fois si nécessaire. L’objectif est de permettre au sel de pénétrer profondément dans le siphon tout en activant la dissolution des graisses. Il est déconseillé d’utiliser de l’eau bouillante sur des canalisations en PVC fragile, car la chaleur pourrait les endommager. Dans ce cas, une eau très chaude (80-90°C) est suffisante.
Temps d’action et rinçage
Laissez agir le mélange pendant 10 à 15 minutes. Pendant ce temps, le sel et la chaleur travaillent ensemble pour désagréger les obstructions. Ensuite, rincez abondamment avec de l’eau tiède pour évacuer les débris. Si le bouchon est particulièrement tenace, une seconde application peut être nécessaire.
Quels sont les avantages écologiques et économiques du gros sel ?
Un impact environnemental négligeable
Les déboucheurs chimiques, souvent à base de soude caustique ou d’acides forts, présentent des risques pour les écosystèmes aquatiques. Même en petites quantités, ils peuvent perturber les stations d’épuration et nuire à la faune microbienne indispensable au traitement des eaux usées. Le gros sel, en revanche, est un produit naturel. Une fois dilué, il ne modifie pas significativement la composition chimique de l’eau et n’est pas toxique pour les micro-organismes utiles.
Thomas Renard, ingénieur en traitement des eaux à Lyon, explique : « Le sel de cuisine, en quantité raisonnable, ne pose aucun problème aux réseaux d’assainissement. Ce n’est pas un polluant. À l’inverse, les produits chimiques agressifs peuvent tuer les bactéries nécessaires à la dégradation des matières organiques. »
Un coût dérisoire
Le prix du gros sel est un autre atout majeur. Un kilogramme coûte en moyenne 1,50 euro, soit l’équivalent de deux ou trois utilisations. Comparé aux déboucheurs liquides, qui peuvent atteindre 10 euros le flacon pour une seule utilisation, l’économie est immédiate. Pour les ménages à budget serré, comme celui de Martine, cette solution est non seulement écologique, mais aussi financièrement intelligente.
Le gros sel peut-il remplacer totalement les produits chimiques ?
Un outil de prévention plus que de cure radicale
Il est important de nuancer l’efficacité du gros sel. Il excelle dans les bouchons légers ou modérés, causés par des résidus alimentaires ou des graisses accumulées. En revanche, pour des obstructions profondes, causées par des objets étrangers ou des racines d’arbres dans les canalisations extérieures, il ne suffit pas. Dans ces cas, une intervention de plombier ou l’usage d’un furet reste indispensable.
Cependant, le vrai pouvoir du gros sel réside dans la prévention. En l’utilisant régulièrement — une fois par mois, par exemple — on limite l’accumulation de dépôts. C’est ce que fait désormais Élodie Vasseur, restauratrice à Nantes, qui a intégré le gros sel dans l’entretien quotidien de sa cuisine professionnelle.
« On cuisine beaucoup avec des huiles, des beurres, des sauces. Avant, on avait des bouchons tous les deux mois. Depuis qu’on verse du gros sel suivi d’eau chaude chaque semaine, plus aucun problème. C’est devenu un rituel, comme vider les poubelles », témoigne-t-elle.
Quelles erreurs faut-il éviter en utilisant cette méthode ?
Ne pas mélanger avec d’autres produits
Une erreur fréquente consiste à combiner le gros sel avec des déboucheurs chimiques ou du vinaigre. Ce mélange peut produire des réactions imprévisibles, voire dangereuses. Le sel et l’eau chaude doivent être utilisés seuls pour garantir la sécurité et l’efficacité.
Adapter la méthode au type de canalisation
Comme mentionné précédemment, les canalisations en PVC peuvent être sensibles aux hautes températures. Dans ce cas, il est préférable d’utiliser de l’eau très chaude mais pas bouillante. Pour les vieilles canalisations en fonte ou en plomb, le gros sel est particulièrement adapté, car il ne corrode pas les matériaux.
Une tendance qui s’inscrit dans un mouvement plus large
L’intérêt renouvelé pour le gros sel s’inscrit dans une tendance plus vaste : le retour aux solutions naturelles et durables dans l’entretien domestique. De plus en plus de Français rejettent les produits chimiques jugés agressifs, coûteux ou inutilement complexes. Ce mouvement est porté par les réseaux sociaux, où des astuces maison se propagent rapidement, mais aussi par une prise de conscience écologique réelle.
« On voit une génération de jeunes adultes qui veulent faire des choix responsables, pas par mode, mais par conviction », observe Camille Dubreuil, formatrice en gestion des déchets ménagers. « Le gros sel, c’est l’emblème de cette simplicité retrouvée. C’est un produit qu’on a tous chez soi, qu’on utilise déjà, et qui peut servir à autre chose que la cuisine. »
A retenir
Le gros sel peut-il vraiment déboucher un évier ?
Oui, dans la majorité des cas de bouchons légers à modérés, le gros sel suivi d’eau chaude est une solution efficace. Il agit par abrasion douce et dissolution des graisses, sans produits chimiques.
Est-ce sans danger pour les canalisations ?
Oui, le gros sel est neutre pour les matériaux des tuyaux. En revanche, l’eau bouillante doit être utilisée avec précaution sur les canalisations en PVC. Une eau très chaude est alors préférable.
Faut-il utiliser un type de sel spécifique ?
Le gros sel de cuisine ou le sel gris de mer est le plus adapté. Évitez les sels iodés ou contenant des additifs, qui pourraient laisser des résidus.
Peut-on utiliser cette méthode régulièrement ?
Absolument. En tant que mesure préventive, l’application mensuelle de gros sel et eau chaude aide à maintenir les canalisations propres et fluides.
Y a-t-il des alternatives naturelles au gros sel ?
Oui, d’autres méthodes existent, comme le mélange bicarbonate de soude et vinaigre. Cependant, le gros sel est souvent préféré pour sa disponibilité, son coût et son effet désodorisant durable.
Conclusion
L’utilisation du gros sel pour déboucher les éviers n’est pas une mode passagère, mais une réponse pragmatique à des enjeux concrets : la santé de nos canalisations, notre porte-monnaie et la planète. Soutenue par des témoignages réels, des explications scientifiques et un fort potentiel préventif, cette méthode traditionnelle retrouve toute sa pertinence. Dans un monde où la complexité est souvent synonyme de gaspillage, le gros sel rappelle que parfois, la meilleure solution est la plus simple. Et qu’une astuce de grand-mère peut, encore aujourd’hui, valoir toutes les innovations du marché.