Cette habitude dangereuse au feu orange en France pourrait vous coûter 35€ d’amende en 2025

Les routes françaises sont le théâtre d’innombrables micro-décisions quotidiennes, certaines anodines, d’autres potentiellement dramatiques. Parmi les infractions routières les plus sous-estimées figure le franchissement du feu orange. Si le Code de la route est clair sur le sujet, les comportements des automobilistes révèlent une réalité contrastée, oscillant entre prudence rigoureuse et prise de risque inconsciente. Derrière ce phénomène, on retrouve des raisons variées : pression du temps, habitudes ancrées ou méconnaissance des règles. À travers des témoignages et des analyses, plongée dans une pratique qui divise les conducteurs et inquiète les forces de l’ordre.

Le feu orange : danger ou opportunité ?

Lucie Moreau, 28 ans, mère célibataire et conductrice assidue, se souvient d’un incident survenu à Lyon : « Je rentrais de la crèche avec mon fils, pressée par l’heure. Le feu passait au orange, j’ai accéléré pour éviter de m’arrêter. Un cycliste a traversé juste devant moi. J’ai freiné brutalement, manquant de peu un accident. » Son histoire illustre une réalité partagée par de nombreux usagers : la tentation de considérer le feu orange comme une « dernière chance » plutôt qu’un signal d’arrêt.

Les auto-écoles insistent pourtant sur ce point : le feu orange fixe exige un arrêt complet, sauf si le freinage brutal met en danger les occupants du véhicule. L’article R412-31 du Code de la route est formel : « Tout conducteur doit s’arrêter devant un feu rouge ou jaune fixe, sauf impossibilité de le faire en sécurité ». Pourtant, une étude de l’Institut français des sciences et technologies des transports (Ifsttar) révèle que 43 % des automobilistes interrogés considèrent le feu orange comme un feu « à moitié vert ».

Quelle est la sanction prévue ?

La contravention pour franchissement d’un feu orange est de 35 euros, une somme modeste comparée aux 135 euros d’une infraction au feu rouge. Pourtant, les forces de l’ordre rappellent que cette infraction peut avoir des conséquences graves. Thomas Lefèvre, agent de sécurité et ancien motard de la gendarmerie, témoigne : « J’ai vu des conducteurs accélérer sur un feu orange, provoquant des chocs en chaîne. Le freinage d’urgence d’un camion a entraîné un carambolage sur l’A63. »

Le paradoxe réside dans l’absence de systèmes automatiques pour sanctionner ces comportements. Les radars ne détectent que les franchissements de feux rouges, laissant une marge de manœuvre aux automobilistes imprudents. « C’est un vrai problème », affirme Claire Dubois, inspectrice de police à Bordeaux. « Nous ne pouvons intervenir qu’en présence d’un danger manifeste. Les conducteurs savent qu’ils ont peu de chances de se faire contrôler, ce qui entretient cette habitude. »

Pourquoi cette habitude persiste-t-elle ?

Plusieurs facteurs expliquent cette persistance. D’abord, le manque de sensibilisation. « Les campagnes de prévention se concentrent sur l’alcool ou les ceintures, rarement sur les feux », souligne Mathilde Girard, responsable de la sécurité routière dans une association locale. Ensuite, la perception du temps : une enquête de l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR) indique que 68 % des automobilistes justifient leur comportement par « l’impression de perdre trop de temps ».

Les réseaux sociaux amplifient aussi ce phénomène. Des vidéos montrant des conducteurs franchissant des feux oranges à grande vitesse, accompagnées de commentaires comme « trop cool » ou « gagné », influencent les jeunes générations. « J’ai vu des adolescents reproduire ces gestes », confie Jeanne Petit, monitrice d’auto-école à Marseille. « Ils pensent que c’est une marque d’assurance, alors que c’est un manque de respect des règles élémentaires. »

A retenir

Quel est le sens réel d’un feu orange ?

Le feu orange fixe marque la fin de la phase de feu vert. Il exige un arrêt complet, sauf si l’arrêt brutal compromet la sécurité. Cette règle, inscrite à l’article R412-31, vise à prévenir les risques d’accidents liés à des décisions précipitées.

Quelles sont les conséquences d’un franchissement ?

Outre l’amende de 35 euros, ce geste peut entraîner des accidents graves. Les données de l’ONISR indiquent que 12 % des collisions aux intersections sont dues à un non-respect du feu orange, souvent combiné à d’autres facteurs comme la vitesse ou la fatigue.

Comment éviter cette habitude ?

Adopter une conduite anticipative est essentiel. « Maintenez une distance suffisante avec le véhicule devant vous », recommande Thomas Lefèvre. « Cela permet d’ajuster votre vitesse en fonction des feux. » Utiliser des applications comme Waze, qui indiquent la durée restante des feux, peut également aider à anticiper.

Pourquoi les contrôles sont-ils rares ?

Les forces de l’ordre prioritaires des infractions plus graves (excès de vitesse, alcoolémie) et l’absence de systèmes automatiques expliquent cette rareté. Cependant, certaines villes testent des caméras intelligentes capables de détecter les franchissements d’orange, comme à Lille depuis 2023.