La Hongrie vient de franchir un cap historique en matière de politique familiale. Une réforme fiscale inédite, votée récemment par le Parlement, promet aux mères de deux enfants une exonération d’impôts à vie dès 2025. Une mesure choc pour relancer la natalité dans un pays confronté à un vieillissement accéléré de sa population. Mais derrière ce coup de projecteur médiatique, quels sont les enjeux réels de cette stratégie ?
Pourquoi la Hongrie mise-t-elle sur une révolution fiscale pro-natalité ?
Le constat est sans appel : la Hongrie perd des habitants à un rythme inquiétant. En l’espace de quatre décennies, sa population est passée de 10,7 à 9,5 millions d’âmes. « Quand je regarde les classes d’âge dans mon village, je vois trois fois plus de retraités que d’enfants », témoigne Zoltan Kovacs, agriculteur dans le comitat de Borsod-Abaúj-Zemplén. Cette réalité explique l’urgence des mesures annoncées par Viktor Orbán.
Un arsenal complet pour soutenir les familles
L’exonération fiscale ne vient pas seule. Elle s’inscrit dans un dispositif global comprenant :
- L’accès gratuit aux crèches
- Des subventions à l’achat immobilier
- Des crédits à taux préférentiels
« Avec ces aides cumulées, nous économiserons près de 40 % de nos revenus », calcule Eszter Balogh, architecte et mère de deux enfants à Debrecen.
Comment fonctionnera concrètement l’exonération fiscale ?
Le mécanisme prévoit une application progressive :
- Dès 2025 pour les mères de moins de 40 ans
- Extension aux quadragénaires d’ici 2027
- Généralisation aux sexagénaires avant 2029
Un changement notable par rapport à l’ancien système qui exigeait quatre enfants pour bénéficier d’avantages similaires. « Cette réforme reconnaît enfin le sacrifice des mères qui travaillent », souligne Petra Nagy, consultante en ressources humaines à Szeged.
Quel impact sur l’économie hongroise ?
Le coût estimé à 2,3 milliards d’euros d’ici 2029 fait débat parmi les experts. « C’est un pari sur l’avenir », analyse le professeur d’économie Gabor Varga de l’Université Corvinus. « Si cela permet d’augmenter de 0,5 point le taux de fécondité, l’investissement sera rentabilisé en quinze ans. »
Certains secteurs pourraient particulièrement bénéficier de cette mesure :
- L’immobilier résidentiel
- Les produits de puériculture
- Les services à la personne
Une réponse à quel niveau d’urgence démographique ?
Avec seulement 1,31 enfant par femme en 2025, la Hongrie se situe bien en dessous du seuil de renouvellement des générations (2,1). « Dans ma maternité, nous avons fermé deux salles en dix ans », déplore le Dr. Anna Horvath, gynécologue-obstétricienne à Pécs.
Un changement culturel à accompagner
Au-delà des incitations financières, c’est toute une mentalité qui doit évoluer. « Les jeunes couples hésitent à fonder une famille par crainte de l’instabilité économique », observe sociologue Laszlo Toth. La réforme tente de répondre à cette anxiété.
A retenir
Qui bénéficiera de l’exonération fiscale ?
Toutes les mères hongroises ayant au moins deux enfants, sans condition de revenu. L’avantage devient permanent après le deuxième enfant.
Quand la mesure entrera-t-elle en vigueur ?
Progressivement entre 2025 et 2029, avec une application immédiate pour les mères de moins de 40 ans dès l’année prochaine.
Cette politique est-elle unique en Europe ?
Oui, par son ampleur et sa durée. Aucun autre pays européen n’offre d’exonération fiscale à vie pour seulement deux enfants.
Conclusion
La Hongrie joue son avenir démographique sur un coup de dé audacieux. Si l’efficacité de ces mesures reste à prouver, elles témoignent d’une prise de conscience rare face au défi du vieillissement. L’Europe entière observera avec attention les résultats de cette expérience inédite.