La réglementation européenne sur les indemnisations en cas de retard de vol pourrait subir des modifications majeures à partir du 5 juin 2025, date à laquelle les ministres des Transports de l’UE examineront un projet de réforme. Cette réforme pourrait avoir un impact significatif sur les droits des passagers aériens, en particulier en ce qui concerne les seuils de retard donnant droit à une indemnisation.
Réforme de l’indemnisation des passagers aériens : pourquoi ce revirement ?
L’Union européenne envisage de revoir les règles d’indemnisation des passagers en cas de retard de vol. Actuellement, le règlement européen 261/2004 prévoit une indemnisation allant de 250 à 600 euros pour les vols retardés de plus de trois heures. Cependant, cette réglementation est remise en question en raison de coûts croissants pour les compagnies aériennes et d’un manque de fondements techniques solides, selon les États membres.
Les enjeux de la réforme
Le projet de réforme propose de repousser le seuil de retard donnant droit à une indemnisation à cinq heures pour les vols de moins de 3 500 kilomètres et à neuf heures pour les vols plus longs. Cette proposition soulève des questions sur l’équilibre entre la protection des consommateurs et la viabilité économique des compagnies aériennes. Par ailleurs, l’arrivée de technologies innovantes comme les pass de voyage digitaux couplés à la reconnaissance faciale, pourrait transformer l’expérience passager.
L’impact économique sur les compagnies aériennes
Les compagnies aériennes se plaignent du coût des indemnisations, surtout après les crises mondiales récentes. Elles affirment que la pression économique pourrait entraîner des hausses de prix ou une réduction des services. Cependant, les défenseurs des droits des passagers estiment que l’augmentation des délais avant d’obtenir une indemnisation pourrait éroder la confiance dans le transport aérien et obscurcir les critères de droit.
L’arrêt Sturgeon : un point de référence menacé
L’arrêt Sturgeon de 2009 a établi le seuil de trois heures donnant droit à une indemnisation, une avancée significative pour les droits des passagers. La réforme envisagée pourrait être perçue comme un retour en arrière, malgré les nécessités économiques invoquées.
Conséquences potentielles pour les passagers : un avenir incertain
Si les délais de retard donnant droit à une indemnisation sont allongés, de nombreux passagers pourraient perdre leur droit à une compensation. Le Bureau européen des unions de consommateurs estime que près de 75 % des passagers actuellement indemnisés pourraient ne plus l’être.
Des répercussions considérables
Ce changement pourrait affecter la satisfaction des clients et exacerber les tensions entre passagers et compagnies aériennes. Des situations telles que celle du vol Strasbourg-Tunis, où la justice a donné raison au plaignant malgré les justifications de Tunisair, pourraient devenir plus ambiguës.
Vols courts versus longs courriers : des destins croisés
Pour les vols de moins de 3 500 kilomètres, passer de trois à cinq heures avant d’être indemnisé pourrait toucher les voyageurs fréquents en Europe, rendant ces déplacements moins attractifs. Pour les vols plus longs, le passage à neuf heures pourrait inciter les voyageurs à opter pour des alternatives, lorsque cela est possible. La distance du vol jouerait donc un rôle déterminant dans l’appréciation du dommage économique subi.