J’ai arrêté le lait démaquillant : ce que j’utilise maintenant m’économise 150 € par an

Un soir d’automne, alors que les feuilles roussissent et que la lumière rasante effleure le carrelage de la salle de bain, Camille, 38 ans, consultante en transition écologique, pose son flacon vide sur le rebord du lavabo. Elle soupire. Encore un emballage plastique à jeter. Encore une dépense inutile. Et pourtant, ce geste du démaquillage, elle ne l’a jamais remis en question — jusqu’à ce qu’elle tombe sur une recette oubliée dans un vieux carnet de cuisine, transmis par sa grand-mère japonaise. Ce soir-là, tout bascule. Le lait démaquillant industriel, qu’elle utilisait depuis vingt ans, est remplacé par une émulsion onctueuse, faite maison, à base de riz. Une décision anodine en apparence, mais qui va bouleverser non seulement sa peau, mais aussi son rapport à la consommation, à l’écologie, et à ses racines familiales.

Pourquoi tant de flacons vides s’accumulent-ils dans nos salles de bain ?

Chaque année, les Français utilisent en moyenne 12 flacons de lait démaquillant par personne. Soit près de 800 millions d’unités vendues sur le territoire. Derrière l’image soignée des marques — flacons élégants, odeurs florales, promesses de peau parfaite — se cache une réalité peu glorieuse : des compositions chimiques complexes, souvent mal identifiées, et des emballages quasi-impossibles à recycler. Le plastique utilisé pour ces produits est généralement un mélange de polymères, rendant son traitement industriel inefficace. Résultat : des tonnes de déchets finissent en incinération ou dans les océans.

Camille, qui suit de près les enjeux environnementaux, s’interroge : Comment puis-je militer pour la réduction des plastiques au travail, tout en en produisant des dizaines par an chez moi ? Elle décide de passer au crible les ingrédients de son lait démaquillant habituel. Paraffinum liquidum, phenoxyethanol, methylisothiazolinone… Des noms qui lui semblent sortir d’un manuel de chimie. Je ne comprends pas ce que je mets sur mon visage, alors pourquoi l’accepter ?

Quel est le vrai coût du démaquillage industriel ?

Le prix affiché en rayon ne reflète qu’une partie de la dépense. Un flacon coûte entre 8 et 15 euros, mais avec une utilisation quotidienne et une application généreuse, il ne dure guère plus de trois semaines. À raison de 4 flacons par mois, soit environ 50 euros mensuels, l’addition annuelle grimpe à 600 euros pour certaines consommatrices. Même en moyenne, on atteint facilement 150 euros par an — sans compter les cotons jetables, souvent vendus par centaines.

Élodie, 32 ans, enseignante à Lyon, a fait le calcul après avoir adopté le lait de riz maison : J’ai réalisé que je dépensais plus pour me démaquiller que pour mes soins du visage. C’était absurde. Elle a conservé ses tickets pendant six mois : 172 euros dépensés, 14 flacons achetés, 860 cotons utilisés. Et pour quel résultat ? Une peau parfois irritée, surtout en hiver.

Et si la solution venait de la cuisine ?

Le riz, céréale modeste et universelle, est utilisé depuis des siècles en Asie pour ses vertus cutanées. Au Japon, les geishas se lavaient le visage avec de l’eau de riz pour obtenir une peau claire et lisse. En Corée, certaines routines beauté incluent encore des masques à base d’amidon de riz. Ce n’est pas une mode, mais une transmission ancestrale.

Camille, bilingue et fascinée par les savoirs traditionnels, se souvient des gestes de sa grand-mère. Elle me préparait un tonique à base d’eau de riz quand j’avais des rougeurs. Je pensais que c’était une anecdote. En réalité, c’était de la science douce. L’amidon contenu dans le riz forme un film protecteur sur la peau, tandis que les acides aminés et les vitamines du groupe B hydratent en profondeur. L’ajout d’une huile végétale — comme celle de tournesol — complète l’effet émollient, en dissolvant le maquillage sans agresser.

Comment fabriquer un lait démaquillant naturel en quelques minutes ?

Les ingrédients : simples, accessibles, durables

Le grand avantage de cette recette réside dans sa simplicité. Pas besoin de se rendre en magasin bio ou de commander en ligne. Le riz blanc ou demi-complet, l’eau filtrée et une huile végétale de qualité sont présents dans la plupart des foyers. Le tournesol est privilégié pour son prix abordable et son odeur neutre, mais l’huile d’olive douce ou de noisette peut être utilisée selon les préférences.

Théo, 41 ans, chef cuisinier et père de deux enfants, a intégré cette recette à sa routine familiale : On fait cuire du riz pour le dîner, je garde l’eau, j’ajoute une cuillère d’huile, et hop — démaquillage fait. Mes filles adorent l’idée que leur soin vient de la cuisine.

La préparation : un rituel apaisant, pas une corvée

La méthode est directe : faire bouillir 50 grammes de riz dans 500 ml d’eau pendant 15 à 20 minutes. Plus la cuisson est longue, plus l’extraction d’actifs est riche. Une fois cuit, on égoutte, on conserve l’eau de cuisson, puis on mixe le riz avec 1 à 2 cuillères d’huile végétale. L’émulsion obtenue est filtrée à l’aide d’un linge fin ou d’un chinois, pour éviter les particules solides. Le liquide final, laiteux et doux, se conserve au réfrigérateur jusqu’à 7 jours dans un flacon stérilisé.

L’application est délicieusement sensorielle. Léa, 29 ans, graphiste à Bordeaux, témoigne : J’utilise un carré démaquillant en coton bio, imbibé de lait de riz. Le geste est lent, doux. On sent que la peau est nourrie, pas juste nettoyée. Et l’odeur… c’est rassurant, comme une madeleine de Proust.

Quels résultats après plusieurs mois d’utilisation ?

Les effets sont visibles dès les premières semaines. La peau est plus souple, moins tiraille, même dans les périodes de grand froid. Les rougeurs disparaissent, le teint est plus uni. Contrairement aux produits industriels, le lait de riz ne laisse pas de film gras ni de résidus. Il démaquille efficacement, y compris les mascaras waterproof, grâce à la combinaison de l’huile et de l’amidon.

Camille note un changement radical au bout de deux mois : Plus de réactions, plus de besoin de crème apaisante après le démaquillage. Et surtout, un sentiment de contrôle. Je sais ce que je mets sur ma peau. Elle a également mesuré l’impact financier : moins de 1 euro par semaine en matière première, soit environ 50 euros à l’année. Une économie de 100 euros par rapport à ses anciennes habitudes.

Sur le plan écologique, le gain est encore plus significatif. Plus de flacons vides, plus de cotons jetés. Un seul flacon en verre réutilisé pendant des mois. C’est incroyable, confie Élodie, de voir à quel point un petit geste peut avoir un grand effet. Je ne pensais pas que changer de démaquillant allait me donner autant de satisfaction.

Et si ce geste simple devenait un mouvement collectif ?

Le bouche-à-oreille joue un rôle clé. Camille en parle à ses collègues, à sa sœur, à ses amis. Rapidement, d’autres se lancent. Certains modifient la recette : ajout d’infusion de camomille pour les peaux sensibles, ou d’huile de jojoba pour un effet matifiant. D’autres créent des versions en spray, ou associent le lait de riz à un gommage doux à base de marc de café.

Théo, lui, a intégré cette pratique à son éducation parentale : J’ai montré à mes filles comment faire. Elles adorent mixer le riz, filtrer le liquide. Elles se sentent autonomes. Et elles comprennent que prendre soin de soi, ce n’est pas forcément acheter un produit hors de prix.

Ce n’est pas une révolution, mais une reconquête : celle du sens, de la simplicité, de la transmission. Une routine beauté qui ne dépend plus des marques, mais des gestes du quotidien. Une beauté qui s’inscrit dans un cadre plus large : celui d’un mode de vie éthique, conscient, et en harmonie avec les saisons.

Comment intégrer durablement ce changement dans sa vie ?

Le passage au lait de riz maison ne suppose pas de renoncer à tout. Il s’agit plutôt de reconsidérer ses priorités. La beauté ne doit pas être un luxe inaccessible, ni une source de pollution. Elle peut être humble, accessible, et respectueuse.

Le défi n’est pas d’être parfait, mais cohérent. Comme le souligne Léa : Je ne suis pas passée à 100 % zéro déchet du jour au lendemain. Mais chaque geste compte. Celui-ci, en plus, me fait du bien.

Le lait de riz devient alors bien plus qu’un produit : un symbole. Celui d’un retour à l’essentiel, d’une réappropriation des savoirs, d’une résistance douce à l’hyperconsommation. Un geste simple, mais puissant.

A retenir

Le lait démaquillant industriel est-il vraiment nécessaire ?

Non. De nombreux produits du marché contiennent des ingrédients superflus, parfois irritants, et génèrent une pollution plastique importante. Le passage à une alternative maison, comme le lait de riz, permet de se débarrasser de ces inconvénients tout en préservant l’efficacité.

Est-ce que le lait de riz démaquille vraiment ?

Oui, particulièrement bien grâce à la combinaison de l’amidon, qui capture les impuretés, et de l’huile végétale, qui dissout les produits gras comme le mascara ou la base de fond de teint. Il est efficace sur tous les types de maquillage, y compris waterproof, avec un massage doux et prolongé.

Combien coûte réellement le lait de riz maison ?

Moins de 1 euro par semaine en moyenne, soit environ 50 euros à l’année contre 150 euros (ou plus) pour les produits industriels. L’économie est donc significative, surtout à long terme.

Est-ce adapté à toutes les peaux ?

Oui. Le lait de riz est naturellement apaisant, hydratant et non comédogène. Il convient aux peaux sensibles, sèches, mixtes ou grasses. L’ajout d’huiles végétales peut être ajusté selon le type de peau (tournesol pour les sèches, noisette pour les grasses, etc.).

Peut-on conserver le lait de riz plus d’une semaine ?

Il est recommandé de ne pas dépasser 7 jours de conservation, et de le garder au réfrigérateur. L’absence de conservateurs chimiques impose une utilisation rapide pour éviter toute prolifération bactérienne.

Quel impact écologique réel ce geste peut-il avoir ?

En remplaçant 12 flacons plastiques par an par un flacon en verre réutilisable, on évite environ 1,5 kg de déchets non recyclables par personne. Multiplié par des milliers d’utilisateurs, cela représente des tonnes de plastique en moins dans l’environnement, sans compter la réduction de l’empreinte carbone liée à la production et au transport.