Une journée sur la surdité au Mans le 8 octobre 2025 : tout savoir sur les aides et les témoignages

Le 8 octobre 2025, l’université du Mans s’apprête à devenir le cœur battant d’un enjeu de santé publique de plus en plus préoccupant : la surdité. Dans l’enceinte de la salle Eve, une journée entière sera consacrée à l’exploration des dimensions humaines, sociales et médicales de la perte auditive. Organisée par l’Apajh Sarthe-Mayenne, cette initiative rassemble professionnels, chercheurs, personnes concernées et décideurs autour d’un objectif commun : mieux comprendre, anticiper et accompagner les défis liés à la surdité dans un monde où le bruit, l’isolement et les inégalités d’accès aux soins pèsent de plus en plus lourd.

Quels sont les enjeux derrière cette journée sur la surdité ?

Plus d’un milliard de jeunes à travers le monde sont exposés à un risque accru de surdité, selon l’Organisation mondiale de la santé. Ce chiffre, alarmant, ne reflète pas seulement une tendance sanitaire, mais aussi une transformation sociétale. Entre écoute prolongée au casque, environnements urbains bruyants et diagnostics tardifs, la surdité n’épargne plus seulement les personnes âgées. Elle touche désormais des enfants, des adolescents, des travailleurs jeunes et actifs. La journée du 8 octobre s’inscrit dans une volonté de rompre avec l’indifférence et de promouvoir une prise en charge globale, précoce et inclusive.

À l’origine de cette mobilisation, l’Apajh Sarthe-Mayenne, association reconnue pour son engagement en faveur des personnes en situation de handicap, a choisi de mettre l’accent sur la prévention, l’accompagnement et l’égalité des chances. L’enjeu n’est pas seulement médical, mais aussi éthique : comment garantir à chacun, quel que soit son niveau d’audition, un accès équitable à l’éducation, à l’emploi et à la vie sociale ?

Comment la surdité impacte-t-elle la scolarisation et la formation ?

À l’âge de huit ans, Camille Lefebvre, aujourd’hui étudiante en psychologie à l’université du Mans, a été diagnostiquée avec une surdité progressive. À l’école, je comprenais les mots, mais pas toujours leur sens. Je voyais les lèvres des enseignants bouger, mais les sons arrivaient déformés, comme sous l’eau , raconte-t-elle. Son parcours scolaire a été jalonné de malentendus, de fatigue auditive et de découragement. Ce n’est qu’à l’adolescence, grâce à un appareil auditif numérique et à un accompagnement adapté, qu’elle a pu rattraper son retard.

Camille n’est pas une exception. En France, près de 3 000 enfants sont nés avec une surdité bilatérale en 2023, et des milliers d’autres développent une perte auditive au fil du temps. L’intervention précoce est cruciale. Les spécialistes insistent sur la nécessité d’un dépistage néonatal systématique, suivi d’un accompagnement pluridisciplinaire incluant orthophonistes, audioprothésistes et enseignants spécialisés. Pourtant, les inégalités persistent : les zones rurales manquent souvent de professionnels qualifiés, et les familles peinent à obtenir des réponses rapides.

Lors de la journée du 8 octobre, un atelier sera dédié aux modèles d’intégration scolaire. Des écoles expérimentant l’enseignement bilingue (langue des signes et langue orale) témoigneront de leurs réussites. Le débat portera également sur la formation des enseignants : Il ne s’agit pas de spécialisation, mais de compétences de base en accessibilité , souligne Sophie Dalle-Nazebi, sociologue-anthropologue qui animera plusieurs tables rondes.

Quelles solutions pour améliorer la communication et la compensation ?

La communication est au cœur des enjeux. Pour les personnes sourdes ou malentendantes, chaque interaction peut devenir un obstacle. Les technologies d’assistance ont fait des progrès spectaculaires : implants cochléaires, boucles magnétiques, applications de transcription en temps réel, ou encore interprètes en langue des signes. Pourtant, leur accessibilité reste inégale.

À 42 ans, Julien Mercier, ingénieur en télécommunications, a perdu 70 % de son audition en cinq ans. Au travail, j’ai commencé à éviter les réunions. Je comprenais mal, je redoutais de poser des questions. On m’a dit que j’étais distrait , confie-t-il. Ce n’est qu’après avoir changé d’entreprise et bénéficié d’un aménagement raisonnable – interprète en LSF, logiciel de transcription – qu’il a retrouvé confiance. L’inclusion, ce n’est pas de la charité, c’est de l’efficacité. Mon équipe est plus performante depuis que tout le monde peut s’exprimer.

Les tables rondes aborderont ces questions avec des représentants d’entreprises pionnières dans l’accessibilité, comme un cabinet d’architecture nantais qui a intégré des interprètes en LSF dans ses processus de recrutement, ou une start-up rennaise ayant développé une application de sous-titrage en direct pour les visioconférences. L’objectif : montrer que l’innovation au service de la surdité n’est pas un coût, mais un levier de performance et d’équité.

Quel rôle joue le dépistage dans la prévention de la surdité ?

Le dépistage précoce sauve des vies, ou du moins, des avenirs. Une étude récente menée en Pays de la Loire a révélé que 40 % des adultes diagnostiqués avec une surdité sévère auraient pu bénéficier d’une intervention avant l’âge de 30 ans. Pourtant, la honte, la minimisation des symptômes ou le manque d’information freinent les démarches.

On pense que la surdité, c’est vieux. On croit que si on entend encore un peu, tout va bien. C’est faux , affirme le Dr Amina Kassouri, ORL au CHU d’Angers, qui interviendra lors de la journée. Elle milite pour un dépistage régulier, intégré aux bilans de santé de l’adolescence et de la trentaine. Le cerveau a besoin de sons pour développer et maintenir ses capacités linguistiques. Plus on attend, plus la rééducation est difficile.

L’Apajh Sarthe-Mayenne présentera d’ailleurs une enquête inédite sur les besoins d’information des professionnels de santé, des enseignants et des familles dans les départements 72 et 53. Les premiers résultats montrent un manque criant de formation continue et de ressources pédagogiques. Beaucoup ignorent comment orienter une personne vers les bons interlocuteurs , explique Sophie Dalle-Nazebi.

Comment la surdité est-elle perçue dans le monde professionnel ?

Le monde du travail reste souvent un terrain miné pour les personnes sourdes. Malgré les lois sur l’insertion des personnes en situation de handicap, les préjugés persistent. On les croit moins performantes, moins communicatives, moins présentes. Pourtant, les témoignages démontrent le contraire.

Élodie Toussaint, cheffe de projet dans une coopérative agricole du Maine, est née sourde. Elle a grandi en milieu entendant, apprenant à lire sur les lèvres et à parler. On m’a souvent dit que je ne pourrais pas faire de management. Pourtant, j’écoute mieux que quiconque. Je capte les silences, les micro-expressions. Elle utilise une interprète pour les réunions importantes et un assistant vocal pour les e-mails. Mon entreprise m’a fait confiance. Aujourd’hui, je forme d’autres managers à l’inclusion.

La journée du 8 octobre accueillera un panel d’employeurs, de salariés et de conseillers en insertion professionnelle. Le débat portera sur les aménagements raisonnables, les aides financières disponibles, mais aussi sur la culture d’entreprise. Il ne s’agit pas seulement d’installer une boucle magnétique, mais de changer le regard , insiste un responsable RH d’un grand groupe industriel basé à Le Mans.

Quels sont les enjeux internationaux liés à la surdité ?

La surdité n’a pas de frontières, mais ses conséquences varient selon les pays. Dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, l’accès aux soins, aux appareils auditifs ou à la langue des signes reste un luxe. Des ONG comme Hear the World ou Handicap International mènent des campagnes de dépistage et de formation dans des régions isolées d’Afrique ou d’Asie.

Des représentants d’un programme humanitaire au Sénégal interviendront en visioconférence. Ils raconteront comment des équipes mobiles parviennent à diagnostiquer des surdités congénitales dans des villages sans électricité, grâce à des outils portables et solaires. Chaque enfant appareillé, c’est une scolarisation possible, un avenir ouvert , affirme Fatoumata Diop, coordinatrice du projet à Dakar.

La journée du Mans s’inscrit dans cette perspective globale : la surdité n’est pas un destin, mais un défi collectif. Les solutions existent, mais elles doivent être partagées, adaptées, financées.

Comment participer à cette journée d’échanges ?

L’événement est ouvert à tous : professionnels de santé, enseignants, travailleurs sociaux, étudiants, personnes concernées et leurs familles. L’inscription est obligatoire via un formulaire en ligne, afin de permettre une organisation fluide et une accessibilité optimale. Des interprètes en langue des signes française seront présents sur site, et des dispositifs de sous-titrage en direct seront mis en place pour les interventions orales.

Les organisateurs insistent sur l’importance de la participation citoyenne. Ce n’est pas une journée de conférences, mais un laboratoire d’idées , précise Sophie Dalle-Nazebi. Des ateliers participatifs permettront de co-construire des pistes d’action concrètes, notamment un guide à destination des employeurs et un kit pédagogique pour les écoles primaires.

Quelle est la conclusion de cette mobilisation ?

La journée du 8 octobre 2025 à l’université du Mans ne se veut pas seulement informative, mais transformatrice. Elle interroge notre rapport au son, à la communication, à la diversité humaine. Dans un monde de plus en plus bruyant, la surdité n’est pas un accident, mais un miroir : celui de nos choix collectifs en matière de santé, d’éducation et de solidarité.

Comme le dit Camille Lefebvre, entendre, ce n’est pas juste capter des sons. C’est se sentir relié aux autres . La bataille contre la surdité n’est pas seulement médicale, elle est humaine. Et elle commence par écouter – vraiment écouter – ceux qui ont trop longtemps été entendus trop tard.

A retenir

Quel est l’objectif de la journée du 8 octobre 2025 ?

L’objectif est de sensibiliser, informer et mobiliser autour des enjeux de la surdité, en favorisant les échanges entre professionnels, personnes concernées et décideurs. L’accent est mis sur la prévention, l’intervention précoce, l’inclusion scolaire et professionnelle, ainsi que les modes de compensation.

Qui organise cet événement ?

L’événement est organisé par l’Apajh Sarthe-Mayenne, une association spécialisée dans l’accompagnement des personnes en situation de handicap. La sociologue-anthropologue Sophie Dalle-Nazebi en est la principale animatrice.

Est-ce que la participation est gratuite ?

L’article ne précise pas de coût d’inscription, mais mentionne que l’inscription est obligatoire via un formulaire en ligne. Les modalités d’accès seront communiquées aux personnes inscrites.

Quels thèmes seront abordés ?

Les thèmes incluent le dépistage précoce, les modes de communication (langue des signes, technologies d’assistance), la scolarisation des enfants sourds, l’inclusion professionnelle, et la situation de la surdité dans un contexte international.

Y aura-t-il des dispositifs d’accessibilité sur place ?

Oui, des interprètes en langue des signes française et des systèmes de sous-titrage en direct seront disponibles pour garantir l’accessibilité des échanges à toutes les personnes présentes.