En matière de télévision, certains changements de cap suscitent davantage de curiosité que d’autres. Lorsque Julien Arnaud a franchi le seuil de France Télévisions pour rejoindre Flavie Flament aux commandes de Télématin, peu imaginaient que ce duo, a priori inattendu, deviendrait en quelques mois l’objet de toutes les spéculations. Entre adaptation, rumeurs et rebondissements professionnels, l’histoire de cette collaboration matinale révèle bien plus qu’un simple changement d’antenne : elle dévoile les rouages d’un métier exigeant, où les apparences trompent souvent. À travers les témoignages de ceux qui ont côtoyé ce binôme, ainsi que les choix stratégiques d’un journaliste expérimenté, on comprend que derrière chaque micro tendu, chaque sourire forcé à 6 heures du matin, se joue une autre forme de sincérité — celle du travail bien fait.
Pourquoi Julien Arnaud a-t-il rejoint France Télévisions en 2024 ?
Avant d’arriver sur France 2, Julien Arnaud était une figure établie de TF1 et de LCI, où il avait bâti une carrière solide dans l’information en continu. Pourtant, c’est précisément cette stabilité qui, selon ses propres mots, l’a poussé à chercher ailleurs. “J’avais l’impression de vivre dans un cocon”, confiait-il à Télé 7 Jours. Ce sentiment de confort professionnel, loin d’être rassurant, est devenu une alerte. Il voulait se confronter à d’autres méthodes, à une rédaction moins formatée, à un service public qui impose une autre exigence journalistique. C’est donc en toute conscience qu’il a accepté de co-animer Télématin, une émission emblématique mais redoutée pour sa cadence effrénée.
Le matin, à France 2, tout commence bien avant le lever du soleil. Les équipes sont en place dès 4h30, les sujets validés, les scripts ajustés. Julien Arnaud, habitué à des plages plus longues de préparation, a dû réinventer son rythme. “Le direct, c’est une école”, aime-t-il répéter. Et cette école-là ne pardonne pas les hésitations. Ce qu’il a découvert, c’est une rédaction vivante, animée par des journalistes curieux, souvent engagés dans des sujets de fond. “Je n’ai pas été accueilli comme un transfert médiatique, mais comme un collègue”, raconte-t-il. Ce climat humain, loin des clichés sur les tensions en plateau, a été un socle essentiel à son adaptation.
Quelle était la vraie nature de son duo avec Flavie Flament ?
Dès les premières semaines, la presse people s’est emparée du binôme. Des regards échangés, des silences interprétés, des sourires absents — tout devenait matière à supputation. Certains journaux ont même évoqué des “tensions non dites” entre les deux animateurs. Pourtant, ceux qui étaient dans les coulisses racontent autre chose. Élodie, monteuse son depuis dix ans sur l’émission, témoigne : “Julien et Flavie se croisaient souvent en régie, échangeaient des notes, parlaient même de leurs enfants. Ce n’était pas du théâtre. Il y avait une vraie complicité professionnelle.”
Flavie Flament, habituée à des duos longs et rodés, a dû elle aussi s’adapter. Son style, à la fois chaleureux et précis, ne correspondait pas toujours au ton plus sobre de Julien Arnaud. Mais c’est cette différence même qui a créé un équilibre. “On n’était pas là pour se ressembler, mais pour se compléter”, explique-t-il. Leur complémentarité se jouait dans les silences, dans la manière dont Flavie amenait la douceur sur un sujet sensible, tandis que Julien en assurait la rigueur. Le public, au début hésitant, a fini par apprécier cette alchimie atypique.
Il est vrai que l’audience a légèrement baissé par rapport à l’année précédente. Mais comme le souligne Camille, consultante en stratégie médiatique : “Toute transition entraîne un flottement. Télématin, c’est une institution. Changer d’animateur, c’est comme changer de voix familiale. Le public met du temps à s’habituer.” Et cette baisse, loin d’être dramatique, s’inscrivait dans un contexte de concurrence accrue, notamment avec les nouvelles offres de podcasts matinaux et les plateformes de streaming qui captaient l’attention des téléspectateurs dès le réveil.
Pourquoi ce duo n’a-t-il duré qu’une seule saison ?
La décision de remplacer Julien Arnaud et Flavie Flament par Maya Lauqué et Damien Thévenot n’était pas une sanction, mais une évolution logique de la grille. France Télévisions fonctionne par cycles, et chaque saison est l’occasion de réajuster les équipes. “On ne garde pas les mêmes animateurs pendant dix ans sans jamais renouveler”, précise un cadre de la chaîne, souhaitant rester anonyme. “C’est une question de renouvellement, pas de performance.”
Julien Arnaud, quant à lui, n’a jamais caché que cette expérience était pensée comme une étape, pas comme un aboutissement. “On a construit quelque chose de solide, mais on savait que ce n’était pas éternel”, confiait-il à un proche. Le départ de Flavie Flament, qui souhaitait recentrer son activité sur des documentaires et des émissions spéciales, a accéléré ce passage de témoin. Leur séparation s’est faite dans le respect, sans drame ni communication tendue. “On s’est quittés en se promettant de se revoir autour d’un café”, raconte Julien Arnaud, avec un sourire dans la voix.
Pourquoi Julien Arnaud est-il parti vers BFMTV ?
Le 14 août, dans les pages de Télé 7 Jours, Julien Arnaud a officialisé son arrivée à BFMTV, non seulement comme présentateur, mais aussi avec un périmètre éditorial élargi. Ce choix a surpris certains, qui le voyaient s’installer durablement dans le service public. Mais pour lui, c’était une suite logique. “À 51 ans, on ne cherche plus à se prouver qu’on peut tenir un poste. On cherche à avoir de l’impact”, explique-t-il.
BFMTV, sous la direction de Fabien Namias, lui a proposé un rôle stratégique : non seulement animer des journaux, mais aussi participer à la définition des axes d’information, notamment sur les sujets économiques et sociaux. “C’est un journaliste qui a une vision globale de l’actualité, pas seulement une voix”, souligne Namias. Les discussions entre les deux hommes ont commencé dès mars, bien avant que France 2 ne tente de le retenir. “Les propositions qu’on m’a faites fin juin étaient intéressantes, mais elles manquaient de profondeur. Elles semblaient réactives, pas pensées sur le long terme”, analyse Julien Arnaud.
Il n’a donc pas quitté France Télévisions par déception, mais par ambition. Et cette ambition, il la décrit comme “un risque mesuré”. Car s’il quitte la douceur du matin pour la pression du direct continu, c’est parce qu’il sent qu’il peut y apporter une voix différente — plus posée, plus analytique, dans un paysage médiatique parfois survolté.
Quel regard porte-t-il aujourd’hui sur cette période ?
Rétrospectivement, Julien Arnaud ne regrette rien. Il parle de son passage à Télématin comme d’une “expérience formatrice”, où il a appris à “lâcher le contrôle” tout en gardant la maîtrise. “Le matin, tu ne peux pas tout prévoir. Un invité annule, un sujet tombe, une info casse tout. Et tu dois rebondir, en direct, sans que le public s’en rende compte. C’est une gymnastique mentale incroyable.”
Il rend hommage à Flavie Flament, non seulement comme collègue, mais comme passeuse d’émotions. “Elle a une capacité rare à humaniser l’info. Moi, je tends vers la structure. Ensemble, on trouvait un juste milieu.” Ce juste milieu, il le cherche encore, mais désormais sur un terrain différent. À BFMTV, il prépare un nouveau magazine du soir, plus long, plus fouillé, où il pourra s’exprimer pleinement.
A retenir
Julien Arnaud et Flavie Flament ont-ils vraiment été en tension ?
Non. Les rumeurs de conflit entre les deux animateurs sont infondées. Plusieurs témoins de l’intérieur confirment une relation professionnelle sereine, basée sur le respect mutuel et la complémentarité. Julien Arnaud a d’ailleurs regretté que les apparences soient si souvent mal interprétées par la presse.
Pourquoi ce duo n’a-t-il pas été reconduit ?
Le renouvellement des équipes à la rentrée fait partie des habitudes de France Télévisions. Ce changement n’était pas lié à une baisse d’audience significative, mais à une logique de grille et à des projets personnels. Flavie Flament souhaitait se consacrer à d’autres formats, et Julien Arnaud envisageait déjà de nouveaux défis.
Julien Arnaud a-t-il été écarté de France 2 ?
Non. Il a quitté la chaîne de son propre chef, après avoir reçu une offre claire et ambitieuse de BFMTV. France 2 a tenté de le retenir, mais les propositions ne correspondaient pas à ses attentes en termes de projet durable et de responsabilités éditoriales.
Quel est le prochain défi de Julien Arnaud ?
Il rejoint BFMTV avec un rôle élargi : présentateur de journaux, mais aussi contributeur à la stratégie éditoriale. Il travaille à la mise en place d’un magazine du soir plus approfondi, qui s’inscrira dans une volonté de nuancer l’information en continu.
Quelle leçon tire-t-il de son expérience à Télématin ?
Il retient que la télévision, surtout en direct, exige à la fois rigueur et humilité. “On ne s’improvise pas animateur matinal. C’est un métier à part entière, qui demande du corps, de la voix, et surtout de l’écoute.” Il garde une reconnaissance sincère envers les équipes de France Télévisions, qui l’ont accueilli sans arrière-pensée.