Le ‘L’ trahit les menteurs selon des graphologues en 2025

En observant une écriture manuscrite, certains prétendent pouvoir déceler des indices sur la personnalité de l’auteur. Parmi ces affirmations, une théorie circule depuis des décennies : la manière de tracer le « L » majuscule révélerait une tendance à la tromperie. Si cette idée fascine, elle divise également. Entre intuition graphologique et scepticisme scientifique, que faut-il vraiment retenir de cette mystérieuse relation entre un simple trait horizontal et l’honnêteté ?

Peut-on vraiment détecter un menteur à travers son écriture ?

La graphologie, discipline qui analyse les caractéristiques de l’écriture pour en déduire des traits psychologiques, a longtemps été utilisée dans des contextes professionnels ou judiciaires. Pourtant, son statut scientifique reste contesté. Clara Dubreuil, graphologiste et autrice de plusieurs ouvrages sur le sujet, explique : « L’écriture est un miroir inconscient de notre personnalité, mais elle ne peut pas être un outil de diagnostic absolu. »

Un cas emblématique illustrant cette ambiguïté est celui de Julien Moreau, cadre dans une entreprise de communication. Lors d’un entretien d’embauche, son « L » court a attiré l’attention du recruteur, qui a demandé un deuxième entretien. « Je n’avais rien à cacher, mais cette observation m’a mis mal à l’aise », raconte-t-il. Finalement embauché, Julien estime que cette méthode aurait pu le pénaliser injustement.

Pourquoi le « L » est-il associé à la tromperie ?

La théorie clé repose sur l’analyse du trait horizontal du « L » majuscule. Selon certains graphologues, un tracé trop court ou absent symboliserait une volonté inconsciente de minimiser un élément essentiel, reflétant un besoin de dissimulation. « Ce trait est comme une barrière mentale, explique Clara Dubreuil. Son absence pourrait indiquer une difficulté à structurer ses pensées ou à assumer ses actes. »

Cependant, cette interprétation n’est pas universelle. Léa Fontaine, enseignante, a toujours tracé ses « L » sans trait horizontal. « C’est une habitude prise à l’école », précise-t-elle. Pour elle, cette particularité est purement mécanique, sans lien avec son caractère. « Je suis même connue pour mon franc-parler », ajoute-t-elle en riant.

Quel est le regard de la communauté scientifique ?

De nombreuses études, dont celles menées par des psychologues cognitifs, remettent en cause la validité de la graphologie comme outil de détection du mensonge. Bernard Wittlich, chercheur critique, affirmait dès 1951 : « Aucun ensemble de signes graphologiques ne permet de prouver un mensonge avec certitude. » Les méthodes scientifiques actuelles privilégient des approches quantitatives, comme les tests psychométriques (Big Five, MMPI), basés sur des données empiriques.

Le cas de Thomas Lefèvre, directeur RH, illustre ce débat. « J’ai un jour refusé un candidat en raison de son écriture, dont le « L » semblait suspect. Plus tard, j’ai découvert qu’il avait été victime d’un burn-out qui avait modifié son style. » Cette expérience l’a conduit à abandonner l’usage de la graphologie dans ses recrutements.

Quels sont les risques d’une mauvaise interprétation ?

Interpréter un « L » court comme un signe de tromperie peut mener à des conclusions erronées. Plusieurs facteurs influencent l’écriture : la fatigue, le stress, ou même la précipitation. « J’ai vu des personnes accusées de malhonnêteté alors que leur écriture variait selon leur humeur », témoigne Hélène Vigneron, psychologue spécialisée dans l’analyse comportementale.

Un exemple frappant est celui de Mathieu Desrosiers, étudiant accusé de plagiat après que son professeur a jugé son « L » trop court. « J’étais juste pressé par le temps », explique-t-il. Après vérification, aucune preuve de fraude n’a été trouvée, mais l’incident a entaché sa réputation.

Comment analyser l’écriture sans tomber dans le piège de la généralisation ?

Les experts soulignent qu’une analyse fiable nécessite de croiser plusieurs éléments : la pression du stylo, l’inclinaison des lettres, ou encore la régularité des espaces. « Le « L » seul ne suffit pas », insiste Clara Dubreuil. Elle recommande de prendre en compte le contexte global, comme l’objectif de l’écrit (une lettre de motivation versus une note rapide) et les particularités individuelles.

Catherine Royer, graphologue expérimentée, raconte une consultation où un client s’inquiétait de son « L » court. « En discutant, j’ai découvert qu’il souffrait d’arthrite, ce qui affectait son geste. C’est un rappel que chaque cas est unique. »

Quels conseils pratiques pour éviter les malentendus ?

Face à un « L » court, les spécialistes conseillent d’aborder la situation avec prudence. « Posez des questions ouverte pour comprendre les motivations, plutôt que de tirer des conclusions hâtives », recommande Bernard Wittlich. En milieu professionnel, il est préférable de s’appuyer sur des méthodes d’évaluation éprouvées, comme les entretiens structurés ou les tests psychologiques.

Le témoignage de Sophie Nguyen, manager d’équipe, illustre cette approche. « Lorsqu’un collaborateur a modifié son écriture après un licenciement économique, j’ai d’abord cru à une malhonnêteté. En discutant, j’ai réalisé que c’était une tentative de se réinventer après un traumatisme. » Cette expérience l’a convaincue de prioriser l’écoute plutôt que les interprétations graphologiques.

A retenir

Le « L » court est-il toujours un signe de tromperie ?

Non. Bien que certains graphologues l’associent à une tendance à la dissimulation, cette interprétation n’est pas scientifiquement validée. Des facteurs comme la fatigue, le stress ou les habitudes personnelles peuvent expliquer un « L » court sans lien avec le mensonge.

Quelles méthodes utiliser pour évaluer la personnalité de quelqu’un ?

Les tests psychométriques (Big Five, MMPI) sont des outils reconnus pour analyser la personnalité. Ils reposent sur des données empiriques et sont moins sujets aux biais subjectifs que la graphologie.

Comment éviter les erreurs d’interprétation en graphologie ?

Il est essentiel de croiser plusieurs signes graphologiques et de tenir compte du contexte. Une analyse isolée d’un seul élément, comme le « L », peut mener à des conclusions erronées. La consultation d’un professionnel formé ou l’usage de méthodes complémentaires est recommandé.