Les meilleurs border collies d’Anjou en concours dès ce week-end — découvrez leurs incroyables talents

Chaque année, en automne, la ferme de la Grande Houssaie, nichée dans les douces collines de Beaucouzé en Maine-et-Loire, devient le théâtre d’un événement aussi rare que fascinant : le concours national de chiens de berger. Organisé par l’association Border collie 49, fondée en 2019, ce rassemblement attire les meilleurs conducteurs et leurs fidèles compagnons venus de toute la France. Ce week-end du 11 et 12 octobre, 35 des plus grands talents du dressage canin se mesureront dans une discipline exigeante, où intelligence, précision et complicité entre homme et chien atteignent des sommets. Au-delà de la compétition, cet événement invite à redécouvrir un savoir-faire ancestral, porté par des passionnés comme Philippe Le Guern, dont la vie est intimement liée à ces chiens exceptionnels.

Qu’est-ce que le travail des chiens de conduite et pourquoi est-il si particulier ?

Le travail des chiens de conduite, souvent appelé travail de berger , consiste à diriger des troupeaux d’animaux — principalement des ovins ou des bovins — à travers des terrains variés, en réponse à des ordres précis du conducteur. Contrairement à une idée reçue, ces chiens n’agissent pas par instinct seul, mais selon un code complexe de signaux visuels et auditifs. Leur rôle est de comprendre les intentions de leur maître, anticiper les mouvements du troupeau, et intervenir avec autorité sans jamais nuire aux animaux.

Le border collie, race la plus emblématique de ce type de travail, s’est imposé comme le champion incontesté de l’intelligence canine. Depuis plus d’un siècle, ces chiens sont sélectionnés pour leur capacité à lire les situations, à obéir avec souplesse, et à exercer un contrôle subtil sur les troupeaux. Ce n’est pas une simple obéissance mécanique : c’est une danse silencieuse entre l’animal, l’homme et les bêtes qu’ils guident ensemble.

Éléonore Vasseur, éleveuse dans les Cévennes et participante régulière aux concours nationaux, témoigne : Mon border collie, Fingal, n’est pas un outil, c’est un partenaire. Quand on entre dans le champ, il capte mon regard, ma posture, parfois même mon souffle. Il sait si je veux pousser le troupeau vers la gauche ou le faire tourner en cercle. C’est une connexion qui se construit sur des mois, voire des années d’entraînement.

Comment l’association Border collie 49 promeut-elle ce savoir-faire ?

Fondée en 2019 par Philippe Le Guern, Border collie 49 est bien plus qu’un simple club de dressage. C’est un mouvement de transmission, né de la volonté de préserver une culture rurale en danger de disparition. On a perdu beaucoup de choses avec la mécanisation des exploitations agricoles, explique-t-il. Le chien de berger, autrefois indispensable, est devenu une espèce presque folklorique. Notre but, c’est de rappeler à tous ce qu’il représente : une intelligence au service de l’harmonie entre l’homme et la nature.

L’association organise des stages d’initiation, des démonstrations publiques et bien sûr, le concours national, qui a désormais acquis une renommée nationale. Elle collabore aussi avec des écoles agricoles pour sensibiliser les jeunes générations à l’élevage traditionnel et à l’éthologie canine.

Chaque année, le nombre de participants augmente, preuve que l’intérêt pour ces pratiques ne faiblit pas. En 2023, l’événement a attiré près de 2 000 visiteurs, des curieux venus découvrir un monde méconnu, mais aussi des professionnels venus évaluer les performances des chiens.

Quel est le profil des participants au concours ?

Les 35 compétiteurs attendus à Beaucouzé proviennent de régions aussi variées que la Corrèze, la Haute-Savoie ou encore la Gascogne. Tous partagent une même passion, mais leurs parcours sont différents. Certains sont bergers de métier, d’autres éleveurs amateurs, d’autres encore anciens éleveurs de chiens de compétition.

Tomás Renard, originaire de l’Aveyron, participe pour la troisième fois au concours. Je travaille avec mes chiens depuis l’âge de 12 ans, raconte-t-il. Mon père était berger, et mon grand-père avant lui. Pour nous, ce n’est pas un sport, c’est une manière de vivre. Quand je sors avec Lila, ma border collie de six ans, je ne fais pas une démonstration : je fais mon travail.

D’autres, comme Camille Orsini, arrivent par passion pure. Infirmière de profession, elle a découvert les border collies lors d’un stage en Ardèche. Je n’avais jamais imaginé qu’un chien puisse être aussi intelligent, aussi sensible. J’ai tout appris en trois ans, et aujourd’hui, j’entraîne deux chiens. Participer à ce concours, c’est une reconnaissance, même si je ne gagnerai probablement pas.

Comment se déroule un concours de chiens de berger ?

Le déroulement d’un concours de ce type suit un protocole rigoureux. Chaque équipe — conducteur et chien — dispose d’un temps limité pour réaliser une série de manœuvres imposées : ramener un troupeau dispersé, le faire passer par un portail, le diviser en deux groupes, puis le conduire vers un enclos. L’ensemble est évalué par un jury composé d’anciens bergers, d’éleveurs et de vétérinaires spécialisés.

Les critères sont nombreux : précision des ordres, fluidité des mouvements, contrôle du troupeau sans stress, respect des consignes de sécurité. Mais surtout, le jury observe la complicité entre l’homme et le chien. Un bon conducteur ne crie pas, ne force pas. Il guide. Il suggère. Le chien répond avec élégance.

Un moment fort du concours est la course de relève , où deux chiens doivent se succéder dans la gestion du troupeau sans que celui-ci ne s’éparpille. C’est là que l’on voit la véritable maîtrise : un chien arrive en douceur, prend le relais, et l’autre s’écarte sans provoquer de panique. C’est comme une passation de relais en athlétisme, mais en silence, sans contact, explique Philippe Le Guern. Et avec des moutons qui ne comprennent pas les règles du jeu.

Quels sont les défis auxquels sont confrontés les conducteurs ?

Le métier de conducteur de chiens de berger est exigeant. Il demande une connaissance approfondie du comportement animal, une excellente condition physique, et surtout, une patience infinie. Les entraînements peuvent durer plusieurs heures par jour, par tous les temps.

Éléonore Vasseur raconte une expérience marquante : Un matin de brouillard, j’ai envoyé Fingal chercher un groupe de brebis égarées dans les bois. Il a mis plus d’une heure à les ramener. Pendant tout ce temps, je ne pouvais rien voir, rien entendre. Je devais lui faire confiance. Quand il est revenu, triomphant, avec le troupeau intact, j’ai pleuré. Ce n’est pas de la performance, c’est de la confiance absolue.

Les défis ne sont pas uniquement techniques. La reconnaissance sociale en est un autre. Beaucoup de gens pensent que c’est un vieux truc de campagne, regrette Tomás Renard. Ils ne réalisent pas que derrière, il y a des années de formation, une éthique du travail, et une relation unique avec l’animal.

Quel avenir pour les chiens de conduite à l’ère moderne ?

Malgré la modernisation de l’agriculture, le travail des chiens de berger connaît un regain d’intérêt. En milieu rural, certains éleveurs redécouvrent leurs avantages : un chien coûte moins cher qu’un tracteur, pollue moins, et peut accéder à des terrains escarpés où les machines s’essoufflent.

De plus, dans un contexte de retour aux pratiques durables, les chiens de conduite s’imposent comme des acteurs de l’agroécologie. Ils permettent une gestion fine des pâturages, évitant la surcharge et favorisant la biodiversité.

Des projets innovants émergent : en Haute-Loire, un parc naturel utilise des border collies pour guider les troupeaux dans des zones sensibles, afin de prévenir les incendies par broutage ciblé. En Alsace, des écoles rurales proposent des ateliers chien et nature pour sensibiliser les enfants à l’environnement.

Camille Orsini voit là une évolution positive : On ne veut pas revenir au passé, mais intégrer ce savoir-faire dans le présent. Le chien de berger n’est pas un fossile : c’est une solution.

Quels enseignements peut-on tirer de cette pratique ?

Au-delà de l’aspect technique, le travail des chiens de conduite enseigne des valeurs fondamentales : le respect, la patience, l’écoute. Il invite à repenser notre rapport aux animaux, non comme des objets ou des machines, mais comme des êtres capables de coopération, d’intelligence, d’émotion.

Philippe Le Guern conclut ainsi : Ces chiens nous montrent qu’il existe une autre manière d’agir avec la nature. Pas en la dominant, mais en la comprenant. Chaque fois que je vois un border collie guider un troupeau avec douceur, je me dis qu’on pourrait tous apprendre de lui.

A retenir

Quel est l’objectif de l’association Border collie 49 ?

Fondée en 2019 par Philippe Le Guern, l’association a pour mission de préserver et transmettre le savoir-faire du travail des chiens de berger, en particulier le border collie. Elle organise des concours, des démonstrations et des formations pour sensibiliser le public et former de nouveaux conducteurs.

Où et quand se déroule le concours national de chiens de berger ?

Le concours se tient chaque année à la ferme de la Grande Houssaie, à Beaucouzé (Maine-et-Loire), généralement le week-end du 11 et 12 octobre. En 2023, il réunira 35 des meilleurs compétiteurs de France.

Pourquoi le border collie est-il si réputé dans ce travail ?

Le border collie est reconnu comme l’une des races les plus intelligentes du monde canin. Sélectionné depuis plus d’un siècle pour son instinct de conduite, sa capacité d’anticipation et sa docilité, il excelle dans le travail de berger grâce à sa précision, son endurance et sa complicité avec l’homme.

Qui peut participer à ce type de concours ?

Les participants sont des conducteurs professionnels ou amateurs, venus de toute la France. Ils doivent présenter un chien entraîné au travail de conduite et être capables de réaliser des manœuvres précises sous l’œil d’un jury expert.

Le travail des chiens de berger a-t-il encore un avenir ?

Oui. Malgré les avancées technologiques, ce savoir-faire connaît un renouveau, notamment dans les domaines de l’agroécologie, de la gestion des espaces naturels et de l’éducation. De plus en plus de projets intègrent les chiens de conduite comme des acteurs durables et efficaces de la relation homme-nature.