À partir du 1er août 2023, les foyers français qui refusent encore le compteur Linky devront s’acquitter de frais supplémentaires sur leur facture d’électricité. Cette décision, officialisée par Enedis, marque la fin d’une période de tolérance qui permettait aux réfractaires de transmettre manuellement leurs relevés sans surcoût. Désormais, le non-renouvellement vers le compteur intelligent entraîne des pénalités fixes et variables, affectant environ 2,1 millions de ménages. Retour sur les implications concrètes de cette mesure et les témoignages de ceux qui ont dû faire un choix.
Qui est concerné par ces nouvelles pénalités ?
Les frais s’appliquent aux foyers équipés d’anciens compteurs électriques non communicants, soit environ 2,1 millions de ménages selon la Commission de régulation de l’énergie (CRE). Ces appareils, qui nécessitent des relevés physiques par les techniciens d’Enedis, génèrent des coûts logistiques que l’entreprise souhaite désormais répercuter sur les utilisateurs concernés. « J’étais persuadé que refuser Linky me protégerait des ondes, mais je n’avais pas anticipé le coût financier », confie Léa Dubois, résidente à Orléans. Son compteur électromécanique, installé depuis 2008, la confronte désormais à des charges imprévues.
Quels sont les montants exacts de ces frais ?
Deux types de pénalités sont désormais appliqués : un forfait annuel de 6,48 € hors taxes (environ 7,80 € TTC) pour le simple fait de conserver un compteur classique, et une redevance supplémentaire de 4,14 € hors taxes (environ 5 € TTC) si le ménage ne transmet pas lui-même son index de consommation. En cumulant les deux postes, la facture annuelle peut augmenter de 63,72 €. « C’est une somme non négligeable quand on sait que les ménages modestes cherchent à économiser sur leur budget énergie », analyse Thomas Leroy, conseiller énergétique à Lyon.
Comment éviter une partie de ces frais ?
Les usagers peuvent réduire leur charge en envoyant eux-mêmes leur relevé de consommation au moins une fois par an via l’application Enedis. Cette démarche permet d’échapper aux 4,14 € HT liés aux interventions manuelles. Cependant, le forfait de 6,48 € HT reste incompressible. « J’ai opté pour le relevé en ligne, mais cela demande de la rigueur. Un oubli, et les frais s’accumulent », explique Camille Moreau, habitante de Bordeaux. Seule alternative : solliciter un relevé sur site par un technicien, mais cette option est peu utilisée en raison de sa complexité.
Pourquoi Enedis impose-t-elle ces frais maintenant ?
La justification officielle repose sur l’équité entre usagers. « Entretenir un double réseau coûte cher. Les ménages avec Linky bénéficient d’une facturation précise et d’un suivi en temps réel, ce qui n’est pas possible avec les anciens compteurs », précise un porte-parole d’Enedis. La CRE souligne que ces frais visent à répartir les coûts logistiques sur les seuls utilisateurs concernés. Pour certains experts, cette mesure incite aussi à l’harmonisation des données énergétiques, cruciale pour la transition écologique. « Linky permet d’ajuster la production aux besoins réels, ce qui réduit le gaspillage », affirme Sophie Delaunay, ingénieure en énergies renouvelables.
Quels impacts concrets sur le budget des ménages ?
Pour un foyer moyen consommant 8 000 kWh par an, la facture pourrait passer de 1 200 € à 1 264 € TTC. Une augmentation qui s’ajoute aux hausses successives des tarifs de l’électricité depuis 2022. « Ces frais sont un électrochoc pour les ménages hésitants. Pour moi, c’était le déclic pour accepter Linky », raconte Julien Fabre, qui a finalement fait installer le compteur à Toulouse. Cependant, certains usagers critiquent l’approche coercitive. « On nous pousse à accepter Linky sous prétexte de modernité, mais les arguments sanitaires restent valables », conteste Élise Rousseau, coordinatrice d’une association anti-Linky.
Quels sont les avantages de passer au compteur Linky ?
Outre l’exonération des frais, Linky offre un suivi détaillé de la consommation via une application mobile, permettant d’identifier les postes de dépense et d’ajuster ses habitudes. « J’ai découvert que mon chauffage électrique consommait 40 % de mon énergie. Grâce à Linky, j’ai remplacé mes radiateurs et économise 15 % par mois », témoigne Marion Lefèvre, résidente à Rennes. Le compteur permet aussi des mises en service immédiates lors d’un déménagement et une meilleure réactivité en cas de panne. Enedis rappelle que les données personnelles ne sont partagées qu’avec l’accord explicite du client, un point qui rassure de plus en plus d’usagers.
Quels sont les arguments des opposants ?
Les réfractaires invoquent principalement des craintes sanitaires liées aux ondes électromagnétiques et des risques de piratage des données personnelles. « Linky émet des impulsions radiofréquence que je juge inutiles pour ma santé. Les études sont contradictoires, mais je préfère être prudent », explique Marc Vidal, habitant du Gard. D’autres dénoncent un manque de choix. « Le Linky est imposé sans alternative viable. Pourquoi ne pas proposer un compteur intermédiaire ? », s’interroge Amandine Girard, mère célibataire. Enedis rétorque que ses appareils respectent les normes européennes et que les données sont sécurisées via un cryptage renforcé.
Quelles solutions alternatives existent ?
Enedis n’offre pas de compteur intermédiaire entre le modèle classique et Linky. Les usagers peuvent néanmoins opter pour des outils tiers de suivi énergétique, comme des prises connectées ou des applis tierces, mais ces solutions ne remplacent pas l’intégration directe avec le réseau électrique. « J’utilise une box domotique pour mesurer ma consommation, mais cela ne résout pas le problème des frais supplémentaires », souligne Benjamin Marchand, bricoleur amateur. Quelques municipalités ont expérimenté des compteurs locaux, mais ces initiatives restent marginales et non homologuées.
Quels sont les prochains enjeux autour du compteur Linky ?
Le déploiement complet du Linky devrait concerner 95 % des foyers d’ici 2026. Cependant, les débats sur la confidentialité des données et les impacts sanitaires persisteront. « Nous travaillons à améliorer la transparence, notamment en clarifiant les conditions de partage des données avec les fournisseurs », indique un représentant d’Enedis. En parallèle, le gouvernement pourrait encadrer davantage les frais liés aux anciens compteurs, notamment pour protéger les ménages précaires. « Il faut éviter que cette mesure pénalise les plus vulnérables, qui n’ont pas toujours les moyens de s’équiper », prévient Lucien Bernard, député écologiste.
A retenir
À partir de quand les frais s’appliquent-ils ?
Les pénalités seront facturées à partir du 1er août 2023 pour les foyers non équipés de Linky.
Est-il encore possible d’installer un compteur Linky gratuitement ?
Oui, l’installation reste gratuite sur simple demande via le site d’Enedis.
Les données de consommation sont-elles sécurisées avec Linky ?
Enedis affirme que les données sont cryptées et ne sont transmises qu’avec l’accord du client.
Les frais sont-ils déductibles des impôts ?
Non, ces charges sont considérées comme des dépenses courantes et non éligibles à une déduction fiscale.
Existe-t-il des dérogations pour les personnes âgées ou les ménages précaires ?
Pas de dérogation spécifique, mais Enedis propose des aides sociales pour les foyers en difficulté.