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Le Livret d’épargne populaire en forte hausse en 2025 : pourquoi tant de Français ne profitent pas de son rendement avantageux

En pleine inflation et dans un contexte de taux d’intérêt fluctuants, les Français redoublent d’ingéniosité pour préserver le pouvoir d’achat de leurs économies. Parmi les outils d’épargne disponibles, le Livret d’épargne populaire (LEP) se distingue par une croissance fulgurante et une attractivité renouvelée. Bien qu’il soit moins médiatisé que le Livret A, il offre des avantages significatifs, notamment un rendement supérieur et une fiscalité avantageuse. Pourtant, malgré ses performances, des millions d’épargnants éligibles ne l’utilisent pas. À travers des données récentes de la Banque de France et des témoignages concrets, cet article décrypte l’essor du LEP, les profils de ses utilisateurs, et les raisons d’un potentiel encore largement inexploité.

Quelle est l’évolution récente du nombre de Livrets d’épargne populaire ?

Le Livret d’épargne populaire a connu une transformation spectaculaire en l’espace de quelques années. En 2021, on comptait 6,9 millions de LEP en circulation. Depuis, ce chiffre a grimpé régulièrement, atteignant 11,9 millions à la fin 2024 — soit une augmentation de près de 70 % en trois ans. L’année dernière seule a vu l’ouverture d’un million de nouveaux comptes, un rythme qui, bien que légèrement ralenti par rapport à l’année précédente, reste bien supérieur à celui observé avant la remontée des taux d’intérêt.

Cette dynamique s’explique par une meilleure visibilité du produit, mais aussi par une hausse du taux de rémunération du LEP, qui a atteint des sommets inédits depuis des décennies. Alors que le Livret A stagne à des taux faibles, le LEP, indexé sur l’inflation et révisé semestriellement, a pu offrir jusqu’à 5 %, attirant des épargnants en quête de rendement sans risque.

Camille Lefebvre, 34 ans, éducatrice spécialisée à Lille, témoigne : « J’ai ouvert un LEP il y a deux ans après avoir vu une vidéo sur les taux avantageux. Je gagne un salaire modeste, mais je voulais que mes économies ne restent pas figées. Depuis, j’y verse chaque mois 100 euros. C’est peu, mais ça me rassure de savoir que cet argent travaille pour moi. »

Pourquoi les dépôts sur le LEP atteignent-ils des records ?

Le montant total épargné sur les LEP a franchi la barre des 82,1 milliards d’euros à la fin 2024, un niveau historique depuis la création du produit en 1982. Cette progression s’inscrit dans une tendance de fond : les Français cherchent des solutions d’épargne sûres et rémunératrices, surtout dans un contexte de crise du pouvoir d’achat.

Malgré une hausse des retraits — de 42 % sur un an, liée à des besoins de trésorerie ou à des transferts vers d’autres placements — la collecte nette reste positive, avec 5,6 milliards d’euros ajoutés en 2024. Ce flux montre que l’attractivité du LEP dépasse les fluctuations conjoncturelles.

Le LEP bénéficie d’un avantage fiscal majeur : ses intérêts sont exonérés d’impôt sur le revenu et de prélèvements sociaux. Contrairement au Livret A, qui rapporte 2 % (au taux 2024), le LEP a maintenu un rendement autour de 4,6 %, presque deux fois plus élevé. Pour des ménages aux revenus modestes, cette différence se traduit par des dizaines, voire des centaines d’euros supplémentaires par an, sans aucun risque.

« J’ai transféré 15 000 euros du Livret A vers le LEP dès que j’ai été éligible, explique Thomas Berthier, fonctionnaire à Toulouse. C’est une manne pour les petits épargnants. En un an, j’ai gagné près de 700 euros d’intérêts, contre 300 avec le Livret A. Et tout ça, sans payer d’impôt. »

Qui sont les détenteurs de LEP aujourd’hui ?

Le profil des détenteurs de LEP est en pleine mutation. Longtemps perçu comme un outil réservé aux retraités ou aux personnes à faible revenu, il attire désormais une nouvelle génération d’épargnants. En 2023, les 18-25 ans représentaient 4,1 % des détenteurs, contre seulement 1 % en 2021. Cette progression reflète une prise de conscience précoce de l’importance de l’épargne, notamment chez les jeunes en début de carrière ou en formation.

Les retraités restent toutefois un pilier du LEP. Ils constituent 38 % des détenteurs et détiennent à eux seuls 45 % de l’encours total. Pour cette population, la sécurité et la liquidité du LEP sont primordiales. « À 72 ans, je ne veux pas prendre de risques, confie Élise Monnier, retraitée de l’enseignement à Nantes. J’ai placé 20 000 euros sur mon LEP. C’est mon matelas de sécurité. Je sais que je peux retirer l’argent quand je veux, et que chaque année, il me rapporte plus que mon Livret A. »

Le LEP est accessible à toute personne dont les revenus ne dépassent pas un certain plafond, fixé chaque année par décret. En 2024, ce plafond s’élève à 20 000 euros annuels pour une personne seule, et 32 000 euros pour un couple sans enfant. Cette condition d’éligibilité cible précisément les ménages modestes, mais aussi une part importante de la classe moyenne, notamment les jeunes actifs, les fonctionnaires ou les travailleurs précaires.

Pourquoi tant de Français éligibles n’utilisent-ils pas le LEP ?

Malgré son avantage évident, près de 8 millions de Français éligibles au LEP n’en possèdent pas. La plupart continuent d’épargner sur un Livret A, moins rentable, par méconnaissance, par inertie ou par crainte de démarches administratives.

Le LEP est pourtant aussi simple à ouvrir qu’un Livret A. Il suffit de fournir un justificatif de revenus et une pièce d’identité. Aucun frais n’est associé à son ouverture ou à sa gestion. Sa liquidité est totale : les retraits sont possibles à tout moment, sans pénalité. Et son plafond de 7 700 euros, bien que modeste, permet déjà de générer des intérêts significatifs.

« Je ne savais même pas que j’étais éligible, avoue Lina Kaboré, 29 ans, infirmière libérale à Lyon. J’ai fait un test en ligne par hasard. Mon revenu est juste en dessous du seuil. Je vais ouvrir un LEP cette semaine. C’est incroyable qu’on ne nous en parle pas plus, surtout dans les établissements publics comme la fonction publique. »

La faible diffusion de l’information est un frein majeur. Les banques, bien que tenues d’informer leurs clients, ne mettent pas toujours en avant le LEP. Le produit reste discret, alors qu’il pourrait jouer un rôle clé dans la lutte contre la précarité financière.

Comment le LEP se compare-t-il à d’autres formes d’épargne ?

En termes de sécurité, le LEP est inégalé. Comme le Livret A ou le LDDS, il est garanti par l’État à hauteur de 100 000 euros par personne et par établissement. Mais son rendement, souvent supérieur, en fait un placement plus performant.

Comparé aux SCPI, par exemple, le LEP ne génère pas de rendements aussi élevés (les SCPI affichent des taux bruts autour de 4 à 5 %, mais avec des frais et des risques), mais il n’exige aucune expertise, n’est pas soumis aux aléas du marché immobilier, et reste accessible à tous.

Face aux assurances-vie en fonds euros, le LEP est moins souple en termes de plafond, mais il offre une fiscalité plus favorable pour les petits montants. Et contrairement aux obligations ou aux actions, il ne présente aucun risque de perte en capital.

« J’ai une assurance-vie, mais j’y mets surtout des sommes que je ne compte pas toucher avant longtemps, précise Thomas Berthier. Le LEP, c’est mon argent de tous les jours. Celui que je veux pouvoir utiliser pour une urgence, ou pour un voyage. Et en attendant, il me rapporte. »

Quel avenir pour le LEP face aux évolutions économiques ?

L’un des enjeux majeurs du LEP est la stabilité de son taux de rémunération. Celui-ci est calculé semestriellement selon une formule prenant en compte l’inflation et les taux du marché monétaire. Avec un ralentissement de l’inflation en 2024, le taux du LEP a été ramené à 4,6 %, après avoir flirté avec les 5 %. Une nouvelle baisse pourrait intervenir en juillet 2025, ce qui risque de freiner l’engouement.

Pourtant, même à 3 %, le LEP resterait l’un des meilleurs placements sans risque pour les ménages éligibles. Son avantage fiscal lui confère une longueur d’avance sur les autres livrets réglementés.

Des voix s’élèvent pour demander une simplification des conditions d’accès et une campagne nationale d’information. « Il faudrait que les impôts, la Sécurité sociale ou les caisses de retraite envoient automatiquement un message aux personnes éligibles, suggère Camille Lefebvre. Ce n’est pas du luxe, c’est une justice financière. »

Quelles actions concrètes pour mieux valoriser le LEP ?

Plusieurs pistes sont envisageables pour maximiser l’impact du LEP. Tout d’abord, une communication claire et proactive de la part des pouvoirs publics et des banques. Des simulateurs en ligne, des alertes automatiques, ou des démarches pré-remplies pourraient faciliter l’accès.

Ensuite, une extension du plafond de versement serait saluée par de nombreux épargnants. Actuellement fixé à 7 700 euros, il limite le gain potentiel. Une revalorisation, même partielle, permettrait de mieux répondre aux besoins d’épargne de long terme.

Enfin, une intégration du LEP dans les parcours d’éducation financière, notamment dans les établissements scolaires ou les services publics, pourrait transformer durablement les comportements. « Quand j’étais en lycée, on ne nous parlait jamais d’épargne, regrette Lina Kaboré. On apprend à payer des impôts, mais pas à faire fructifier son argent. C’est une aberration. »

Conclusion

Le Livret d’épargne populaire est un outil d’épargne puissant, trop souvent méconnu. Son essor récent prouve qu’il répond à un besoin réel : sécuriser ses économies tout en en tirant un rendement juste. Avec des millions d’épargnants éligibles encore absents, il existe un gisement considérable d’amélioration du pouvoir d’achat des ménages modestes et moyens. En combinant simplicité, sécurité et fiscalité avantageuse, le LEP mérite d’être mieux valorisé, non comme un simple complément, mais comme un pilier de la stratégie d’épargne de chacun.

A retenir

Qu’est-ce que le Livret d’épargne populaire (LEP) ?

Le LEP est un produit d’épargne réglementé, accessible aux personnes dont les revenus ne dépassent pas un certain plafond. Il offre un taux d’intérêt supérieur à celui du Livret A, exonéré d’impôt sur le revenu et de prélèvements sociaux, avec un plafond de 7 700 euros.

Qui peut ouvrir un LEP ?

Toute personne physique résidant en France, âgée de plus de 18 ans, et dont les revenus fiscaux de référence ne dépassent pas les plafonds fixés annuellement par décret. En 2024, ce seuil est de 20 000 euros pour une personne seule.

Le LEP est-il plus rentable que le Livret A ?

Oui, le LEP est systématiquement plus rémunérateur que le Livret A, grâce à un taux d’intérêt plus élevé et une fiscalité avantageuse. En 2024, avec un taux à 4,6 % contre 2 % pour le Livret A, l’écart est significatif.

Peut-on transférer son épargne du Livret A vers le LEP ?

Oui, il est possible de transférer tout ou partie de ses économies du Livret A vers un LEP, à condition d’être éligible. Ce transfert est simple, rapide, et sans frais.

Le taux du LEP va-t-il baisser en 2025 ?

Le taux du LEP est révisé semestriellement. En raison du ralentissement de l’inflation, une baisse est possible à partir de juillet 2025. Toutefois, même à un taux inférieur, le LEP resterait l’un des placements les plus attractifs pour les ménages éligibles.

Anita

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