Octobre s’installe, et avec lui, une étrange fatigue. Les feuilles tombent, les journées raccourcissent, et quelque chose, en nous, semble aussi se replier. Ce n’est pas seulement une impression : des millions de personnes à travers le monde ressentent ce lent engourdissement, comme si l’automne s’invitait non seulement dans le paysage, mais aussi dans nos cellules. Pourtant, loin d’être une simple déprime saisonnière, ce phénomène est le résultat d’un dialogue complexe entre notre biologie et l’environnement. Comprendre ce mécanisme, c’est déjà commencer à le désamorcer. À travers des témoignages, des explications scientifiques et des solutions concrètes, plongeons dans ce que notre corps vit vraiment lorsque la lumière décline.
Que se passe-t-il dans notre corps quand la lumière diminue ?
Pourquoi la baisse de lumière perturbe-t-elle notre équilibre intérieur ?
Lorsque les matins deviennent gris et que le soleil se couche avant même la fin de la journée, notre cerveau perçoit un changement fondamental. Même si nous ne sommes pas conscients de ce signal, notre système biologique, lui, réagit immédiatement. La lumière du jour, surtout la lumière bleue du matin, est un puissant régulateur de notre horloge interne, ou rythme circadien. En automne, avec moins d’exposition à cette lumière, cette horloge se dérègle. Le résultat ? Un décalage entre ce que notre corps croit être l’heure et ce que notre environnement nous impose.
Clara, enseignante à Lyon, raconte : Chaque année, c’est la même chose. En septembre, je suis pleine d’entrain, je remets mes cours à jour, je me fixe des objectifs. Et puis, vers la mi-octobre, je sens que je ralentis. Je dors mal, je suis fatiguée dès 16h, et j’ai du mal à me motiver. Je pensais que c’était juste la pression du travail, mais j’ai compris que mon corps réagissait au manque de lumière. Ce ressenti est loin d’être isolé. De nombreux professionnels, surtout ceux qui passent leurs journées en intérieur, constatent un effondrement progressif de leur énergie.
Comment la mélatonine et la sérotonine influencent-elles notre humeur ?
Deux hormones jouent un rôle central dans ce changement : la mélatonine et la sérotonine. La première, souvent appelée hormone du sommeil , est produite par l’épiphyse, une petite glande située au centre du cerveau. Sa production augmente naturellement lorsque l’obscurité s’installe. En automne, avec des journées plus courtes, cette hormone est libérée plus tôt, ce qui explique pourquoi on a envie de dormir plus tôt, ou pourquoi on se réveille avec une sensation de lourdeur.
La sérotonine, elle, est liée à la régulation de l’humeur, de l’appétit et du sommeil. Elle est synthétisée à partir du tryptophane, un acide aminé, mais sa production dépend fortement de l’exposition à la lumière. Moins de lumière = moins de sérotonine = baisse de moral, irritabilité, parfois même envie de grignoter des glucides. C’est ce que Benjamin, un graphiste parisien, a observé : J’ai commencé à manger plus de chocolat, de pain, de pâtisseries. Je pensais que c’était du stress, mais mon nutritionniste m’a expliqué que mon corps cherchait à compenser un manque de sérotonine. Depuis, j’ai ajusté mon alimentation et je sors plus le matin. C’est fou comme ça change tout.
Pourquoi octobre est-il un moment critique pour notre bien-être ?
Octobre n’est pas un mois comme les autres. C’est le moment où la transition devient tangible. Les jours raccourcissent de près de deux minutes par jour, et cette perte cumulative se fait sentir. De plus, en France, c’est souvent à cette période que les températures baissent brutalement, que la pluie s’installe, et que les activités extérieures diminuent. Pour les personnes vivant en milieu urbain, le passage du domicile au bureau se fait souvent dans l’obscurité, et la lumière naturelle devient un luxe.
Le Dr Élodie Renard, chronobiologiste, explique : Octobre est une période de bascule. Le corps humain n’est pas conçu pour vivre sans lumière. Quand celle-ci diminue, il active des mécanismes de conservation d’énergie, un peu comme un animal qui prépare l’hiver. Mais nous, on doit continuer à fonctionner à plein régime. Ce décalage crée une forme de stress chronique invisible.
Comment retrouver de l’énergie quand la lumière manque ?
Quels gestes simples peuvent relancer notre dynamisme ?
Le premier levier, et le plus puissant, est l’exposition à la lumière naturelle. Même par temps couvert, la lumière du jour reste bien plus intense que celle d’un intérieur éclairé. Sortir 15 à 20 minutes le matin, même en marchant jusqu’au métro ou en prenant son café à la fenêtre, peut suffire à réinitialiser l’horloge biologique.
Les gestes du quotidien comptent aussi. Respirer profondément, s’étirer, bouger le corps, même brièvement, active la circulation sanguine et stimule le cerveau. Un tableau résume bien les actions efficaces :
| Geste | Durée conseillée | Effet attendu |
|---|---|---|
| Marche à la lumière du jour | 10-20 minutes | Relance l’énergie, régule le sommeil |
| Respiration profonde | 5 minutes | Diminue la tension, améliore la concentration |
| Étirements doux (dos, bras, jambes) | 5-10 minutes | Lutte contre la raideur, active le corps |
Camille, kinésithérapeute à Bordeaux, a intégré ces micro-rituels dans sa routine : Je commence chaque matin par 5 minutes d’étirements devant la fenêtre, pieds nus sur le parquet. C’est un moment où je me reconnecte à mon corps. Ensuite, je sors chercher mon pain, même s’il pleut. Ce petit rituel me permet de ne pas sombrer dans la torpeur automnale.
Comment structurer sa journée pour mieux résister au coup de mou ?
Le corps aime la régularité. Se lever à la même heure, même le week-end, aide à stabiliser le rythme circadien. Un rituel matinal structuré – lumière, boisson chaude, mouvement léger – envoie un signal clair au cerveau : C’est le début de la journée.
Le soir, il est crucial de limiter l’exposition aux écrans. La lumière bleue des smartphones, ordinateurs et téléviseurs inhibe la production de mélatonine, retardant l’endormissement et altérant la qualité du sommeil. Privilégier la lecture, la conversation ou la musique douce en fin de journée permet une transition plus harmonieuse vers le repos.
Théo, père de deux enfants et cadre dans une entreprise tech, a réorganisé son emploi du temps : J’ai mis en place un coucher à 22h30, avec un arrêt des écrans à 21h30. On lit ensemble en famille, ou on joue à un jeu de société. Le résultat ? Je dors mieux, et je me réveille moins groggy.
Quels petits rituels cocooning peuvent booster le moral ?
L’automne n’est pas une saison à subir, mais à apprivoiser. C’est l’occasion de créer des moments de douceur et de soin. Une infusion chaude le matin – gingembre, cannelle, citron – réchauffe le corps et l’esprit. Écouter une playlist énergisante en se préparant peut transformer une routine morose en moment de plaisir.
Tenir un carnet de gratitude, où l’on note chaque soir trois choses positives vécues dans la journée, est une pratique puissante. Elle ne nie pas la fatigue, mais recentre l’attention sur ce qui fonctionne. Léa, artiste peintre à Strasbourg, témoigne : J’ai commencé à écrire trois petites choses chaque soir : un rayon de soleil, un échange avec un ami, une bonne tasse de thé. Au bout de deux semaines, j’ai remarqué que mon regard sur la journée avait changé. Je ne cherchais plus seulement ce qui n’allait pas.
Comment adopter une approche bienveillante face à la fatigue automnale ?
Pourquoi la bienveillance envers soi est-elle essentielle ?
Le premier pas vers une meilleure traversée de l’automne est d’accepter que ce ralentissement est normal. Il ne s’agit pas de paresse, ni d’un manque de volonté, mais d’une réponse biologique à un changement environnemental. S’imposer des rythmes de l’été quand le corps demande du repos, c’est risquer l’épuisement.
Le Dr Renard insiste : La bienveillance, c’est comprendre que notre corps n’est pas en panne. Il s’adapte. Et cette adaptation mérite du respect, pas de la culpabilité.
C’est ce que retient Julien, retraité de 68 ans, qui a longtemps lutté contre sa fatigue automnale : J’ai passé des années à me forcer à courir, à bricoler, à sortir, même quand je n’en avais pas envie. Puis j’ai compris que ce n’était pas une défaite de ralentir. Maintenant, je marche moins vite, je lis plus, je prends des bains chauds. Et étrangement, je me sens plus en forme qu’avant.
Comment créer une routine lumineuse et équilibrée ?
À l’intérieur, on peut compenser le manque de lumière naturelle en optimisant l’environnement. Installer des lampes à lumière chaude, allumer des bougies (sécurisées), ouvrir les rideaux dès le lever – autant de gestes simples qui influencent notre humeur.
Préférer les promenades en milieu d’après-midi, quand la lumière est encore présente, est aussi stratégique. Et côté alimentation, miser sur les produits de saison : potimarron, carottes, betteraves, noix, pommes. Ces aliments, riches en vitamines et antioxydants, soutiennent le système immunitaire et participent à la production d’énergie.
Un repas comme une soupe de lentilles aux carottes, un gratin de potimarron ou une salade de betteraves au fromage frais devient alors bien plus qu’un plat : un acte de soin.
Comment transformer octobre en un mois de renouveau doux ?
Octobre peut devenir une saison de transition consciente. Plutôt que de la vivre comme une perte, on peut l’aborder comme une invitation à ralentir, à s’écouter, à s’adapter. Des activités douces comme le yoga, le Pilates, ou simplement des étirements quotidiens, permettent de rester actif sans se surcharger.
Le but n’est pas de lutter contre l’automne, mais de s’aligner avec lui. Comme le dit Camille : J’ai appris à ne plus voir octobre comme un ennemi, mais comme un allié. C’est le moment où je ralentis, où je me recentre. Et quand l’hiver arrive, je suis mieux préparée.
Conclusion
Le coup de mou d’octobre n’est pas une fatalité. Il est le reflet d’un dialogue profond entre notre biologie et les cycles naturels. En comprenant les mécanismes de la mélatonine, de la sérotonine et de l’horloge interne, on peut agir avec intelligence et bienveillance. Sortir à la lumière, structurer sa journée, adopter des rituels réconfortants, écouter son corps – autant de clés pour traverser l’automne non pas affaibli, mais renforcé. Cette saison, loin d’être une descente, peut devenir une montée en conscience.
A retenir
Le manque de lumière en automne affecte-t-il réellement notre humeur ?
Oui, de manière significative. La baisse de luminosité perturbe la production de sérotonine, hormone liée au bien-être, et augmente celle de mélatonine, responsable de la somnolence. Ce déséquilibre explique la fatigue, la baisse de motivation et parfois les coups de blues observés en automne.
Peut-on compenser le manque de lumière naturelle ?
Tout à fait. Des gestes simples comme sortir 15 minutes le matin, même par temps gris, ouvrir les volets dès le lever, et limiter les écrans le soir permettent de soutenir le rythme circadien. L’utilisation de lampes de luminothérapie peut aussi être bénéfique, surtout pour les personnes sensibles.
Quels aliments peuvent aider à mieux vivre l’automne ?
Les aliments de saison sont idéaux : potimarron, carottes, betteraves, noix, pommes, châtaignes. Ils apportent des vitamines (A, C, B), des fibres et des antioxydants, essentiels pour maintenir l’énergie et renforcer les défenses naturelles.
Faut-il faire du sport en automne, même quand on est fatigué ?
Oui, mais en douceur. Le sport n’a pas besoin d’être intense pour être bénéfique. Une marche régulière, des étirements, ou une séance de yoga doux suffisent à stimuler la circulation, booster l’humeur et maintenir le corps en éveil.
Comment éviter de sombrer dans une routine automnale passivité ?
En créant des rituels actifs et bienveillants. Structurer sa journée, intégrer des moments de mouvement, de lumière et de gratitude permet de rester engagé dans sa vie, même lorsque les journées raccourcissent. L’automne n’est pas une saison d’arrêt, mais de transition.