À Marseille, un programme solidaire transforme l’avenir des élèves en difficulté — et les résultats sont stupéfiants en 2025

Dans une ville marquée par des contrastes sociaux profonds, Marseille voit émerger une initiative éducative qui redonne du sens au mot solidarité. Dans les quartiers souvent oubliés, là où les inégalités frappent durablement les jeunes, un programme de tutorat citoyen s’est imposé comme une réponse concrète à l’échec scolaire. Porté par des bénévoles passionnés, ce dispositif ne se contente pas d’aider les élèves à rattraper leurs retards : il leur redonne confiance, leur ouvre des perspectives et transforme peu à peu le tissu social. À travers des méthodes pédagogiques adaptées, un suivi individualisé et une écoute bienveillante, ce projet devient un levier d’inclusion, de motivation et d’espoir.

Comment une initiative locale est-elle devenue un modèle d’éducation solidaire ?

C’est dans les quartiers nord de Marseille, où les difficultés socio-économiques pèsent lourdement sur l’accès à l’éducation, qu’est né ce projet de tutorat communautaire. En 2021, un petit groupe d’habitants, inquiet devant le nombre croissant d’élèves en difficulté, a décidé d’agir. Parmi eux, Élodie Rivière, ancienne enseignante devenu coordinatrice du programme, a joué un rôle central. « On voyait des enfants intelligents, pleins de potentiel, mais qui décrochaient faute d’accompagnement. On s’est dit : et si on faisait ce que l’école n’a pas le temps de faire ? »

Le constat était simple : les classes surchargées, les familles parfois démunies face aux exigences scolaires, et un manque criant de ressources locales. Plutôt que d’attendre des solutions institutionnelles, ces citoyens ont mis en place un système de tutorat gratuit, basé sur le bénévolat et l’engagement local. Leur objectif ? Offrir un accompagnement personnalisé à ceux que le système traditionnel risque d’oublier.

Le projet s’est structuré rapidement. Des bénévoles, recrutés parmi les étudiants en éducation, les retraités enseignants et les professionnels du social, ont été formés à des méthodes pédagogiques innovantes. Pas question de simplement reprendre les leçons : il s’agit d’adapter les apprentissages aux rythmes, aux centres d’intérêt et aux obstacles spécifiques de chaque enfant.

Quelle est la philosophie derrière ce tutorat innovant ?

La clé du succès réside dans une approche centrée sur l’enfant. « On ne parle pas de “rattrapage”, on parle d’accompagnement », insiste Camille Ferrand, coordinatrice pédagogique. « L’idée, c’est de créer un espace où l’élève se sent en sécurité, écouté, et capable de poser des questions sans peur du jugement. »

Les séances ont lieu deux fois par semaine dans les écoles partenaires, en dehors des heures de classe. Chaque bénévole suit un ou deux élèves, ce qui permet une attention soutenue. Les matières ciblées sont le français, les mathématiques et les sciences, mais les bénévoles intègrent aussi des jeux éducatifs, des projets créatifs et des moments de dialogue pour renforcer la motivation.

Un système de suivi rigoureux est mis en place : bilans mensuels, échanges avec les enseignants, et rapports partagés avec les familles. Cette transparence renforce la confiance et permet d’ajuster les méthodes en temps réel. « Ce qui marche pour un enfant peut ne pas fonctionner pour un autre », explique Thomas Léger, bénévole depuis trois ans. « Notre force, c’est notre flexibilité. On adapte, on improvise, on rebondit. »

Quel impact sur les élèves en situation de décrochage ?

Julien Mercier, 12 ans, est l’un des visages emblématiques de cette transformation. Il entrait en sixième avec des lacunes importantes en lecture et en calcul. « Avant, j’avais honte de lever la main en classe. Je comprenais rien, et je pensais que j’étais nul », raconte-t-il, assis sur un banc devant l’école Sainte-Anne, où il suit désormais deux séances de tutorat par semaine.

Ses notes chutaient, son absence se faisait plus fréquente. Ses parents, ouvriers tous deux, ne savaient pas comment l’aider. « On voulait qu’il réussisse, mais on ne pouvait pas l’aider avec les devoirs. On travaille tard, on est fatigués », confie sa mère, Aïcha Mercier.

Le tournant a eu lieu quand Julien a été repéré par l’équipe du programme. Dès la première séance, il a été accueilli par Léa, une étudiante en psychologie, qui a pris le temps de le connaître. « Elle m’a demandé ce que j’aimais. Je lui ai dit les dinosaures. Alors elle a fait une fiche de lecture sur les tyrannosaures… et j’ai tout lu », sourit Julien.

En quelques mois, ses notes ont grimpé. Mais plus encore, son attitude a changé. Il participe en classe, pose des questions, et parle même de devenir paléontologue. « J’ai compris que j’étais pas seul. Que quelqu’un croit en moi, ça change tout », dit-il, les yeux brillants.

Quelles sont les clés de cette réussite éducative ?

Le cas de Julien n’est pas isolé. Depuis le lancement du programme, plus de 200 élèves ont été accompagnés. Une évaluation interne menée par un cabinet pédagogique indépendant révèle une augmentation moyenne de 40 % de la performance académique chez les participants. Mais les chiffres ne disent pas tout.

90 % des élèves montrent une amélioration significative de leur comportement en classe : plus d’écoute, moins d’absentéisme, une meilleure intégration sociale. « Ce qu’on observe, c’est un effet boule de neige positif », analyse Camille Ferrand. « Quand un enfant se sent capable, il ose. Et quand il ose, il apprend. »

Les enseignants des écoles partenaires constatent un changement de climat scolaire. « On sent une énergie différente. Les élèves qui suivaient le tutorat deviennent des leaders dans leur groupe. Ils aident les autres, ils posent des questions », témoigne Sébastien Gauthier, professeur de français au collège Jean-Moulin.

Comment le projet transforme-t-il la communauté ?

Le bénéfice ne s’arrête pas aux élèves. Les familles, souvent méfiantes au départ, s’impliquent de plus en plus. Certaines assistent aux réunions d’information, d’autres demandent des conseils pour accompagner leurs enfants à la maison.

Le programme prévoit désormais de développer des ateliers parents-enfants, afin de renforcer ce lien éducatif. « On veut que les parents se sentent légitimes dans le parcours scolaire de leurs enfants », explique Élodie Rivière. « Pas besoin d’avoir fait des études pour aider son fils à lire ou à compter. Il suffit d’être présent, et d’avoir les bons outils. »

Les bénévoles eux-mêmes vivent une transformation. Beaucoup, comme Léa, ont changé de projet professionnel après avoir participé au programme. « Je voulais faire de la recherche en psychologie. Maintenant, je pense me spécialiser dans l’éducation inclusive. Ce que j’ai vu ici, c’est plus fort que n’importe quel cours », confie-t-elle.

Quel rôle joue la solidarité locale dans la réussite du projet ?

Le programme repose sur un écosystème de soutien. Des dons privés, des subventions locales, et des partenariats avec des associations culturelles et sportives permettent de financer les activités. L’Éducation Nationale, bien que non financièrement impliquée, reconnaît officiellement le dispositif et facilite l’accès aux établissements.

Des activités annexes sont en cours de développement : sorties au musée, ateliers de théâtre, journées scientifiques. « L’apprentissage ne se fait pas qu’entre quatre murs », insiste Thomas Léger. « Quand un enfant voit un vrai microscope au musée des sciences, ou qu’il lit une pièce de théâtre en la jouant, ça crée des connexions mentales durables. »

Quel avenir pour cette initiative marseillaise ?

Le succès local a attiré l’attention. Des élus municipaux envisagent de l’étendre à d’autres quartiers de la ville. Une phase pilote est prévue dans les 13e et 15e arrondissements, avec un renforcement des effectifs de bénévoles et une formation plus poussée des encadrants.

Le rêve ? Créer un modèle reproductible, adaptable à d’autres villes. « Ce qu’on fait ici n’est pas magique. C’est humain », résume Élodie Rivière. « Il suffit de temps, d’écoute, et de volonté. On ne demande pas des miracles, juste une chance égale pour tous. »

Le projet ambitionne aussi de créer un centre éducatif permanent, un lieu neutre et accueillant où les élèves pourraient venir après l’école, même sans rendez-vous fixe. Un espace de travail, de jeu, de dialogue, ouvert à tous, indépendamment de leur niveau ou de leur situation.

Quels enseignements tirer de cette expérience ?

À une époque où l’école peine à répondre aux besoins individuels, cette initiative marseillaise montre que la solution peut venir du terrain. Elle prouve que l’engagement citoyen, quand il est structuré et bien encadré, peut combler des failles systémiques.

Elle démontre aussi que l’éducation ne se limite pas à la transmission de savoirs. Elle repose sur la relation, la confiance, la reconnaissance. « Un enfant qui pense qu’il n’est pas capable d’apprendre, c’est un enfant qui a cessé de croire en lui », dit Camille Ferrand. « Notre rôle, c’est de rallumer cette flamme. »

A retenir

Quel est l’objectif principal du programme de tutorat à Marseille ?

L’objectif est de lutter contre l’échec scolaire en offrant un accompagnement personnalisé aux élèves en difficulté, notamment dans les quartiers prioritaires. Le programme vise à améliorer la réussite académique, mais aussi à restaurer la confiance en soi et l’envie d’apprendre.

Qui sont les bénévoles impliqués dans le projet ?

Les bénévoles proviennent de profils variés : étudiants en éducation ou en sciences humaines, enseignants retraités, professionnels du social, ou simples citoyens motivés. Tous suivent une formation pédagogique avant d’intervenir, afin d’assurer un accompagnement de qualité.

Quelles matières sont enseignées lors des séances de tutorat ?

Les séances portent principalement sur le français, les mathématiques et les sciences. L’accent est mis sur la compréhension des bases, avec des méthodes adaptées aux besoins de chaque élève. Des approches ludiques et interdisciplinaires sont régulièrement intégrées.

Le programme est-il en mesure de s’étendre à d’autres villes ?

Oui, le modèle est conçu pour être reproductible. Grâce à son organisation souple, son système de suivi et son ancrage local, il pourrait être adapté à d’autres contextes urbains confrontés à des enjeux similaires d’inégalités éducatives.

Comment les familles sont-elles impliquées dans le dispositif ?

Les familles sont associées par le biais de réunions régulières, de bilans d’étape, et bientôt d’ateliers éducatifs. L’objectif est de les rendre actrices du parcours scolaire de leurs enfants, en leur donnant des outils simples et accessibles pour les accompagner au quotidien.