Un moteur chinois atteint Mach 16 : les voyages transatlantiques en 2 minutes dès 2025

Alors que le monde assiste à une accélération sans précédent des innovations technologiques, la Chine vient de franchir une étape historique dans le domaine de la propulsion aéronautique. Des chercheurs chinois ont mis au point un moteur à détonation oblique (ODE) capable d’atteindre la vitesse vertigineuse de Mach 16, soit environ 19 600 km/h. Ce chiffre, à lui seul, bouscule toutes les conventions du transport moderne. Imaginez traverser l’Atlantique en deux minutes, ou relier Paris à Tokyo en moins de quinze minutes. Ce que l’on croyait réservé à la science-fiction entre doucement dans le champ du possible. Derrière cette percée, des années de recherche, des défis scientifiques monumentaux, et un potentiel d’application qui pourrait redessiner les frontières du voyage, de l’exploration spatiale et même de la stratégie militaire. À travers témoignages et analyses, plongeons dans les méandres de cette révolution silencieuse qui pourrait bien changer notre rapport au temps et à l’espace.

Comment fonctionne le moteur à détonation oblique ?

Une combustion révolutionnaire par ondes de choc

Contrairement aux moteurs à réaction classiques ou même aux scramjets hypersoniques, le moteur à détonation oblique (ODE) repose sur un principe de combustion radicalement différent : la détonation, et non la simple combustion. Alors que la combustion classique se produit de manière progressive, la détonation est une réaction explosive, instantanée, générée par une onde de choc supersonique. C’est cette onde qui, en comprimant et chauffant le mélange carburant-air, déclenche une explosion contrôlée et répétée, produisant une poussée colossale.

Le dispositif clé, mesurant seulement 5 mm, est positionné stratégiquement dans la chambre de combustion. Il agit comme un déclencheur, provoquant des « diamants de détonation » — des motifs en forme de losange visibles dans les écoulements supersoniques. Ces structures, observées grâce à des caméras ultra-rapides, témoignent de la stabilité et de la régularité du processus. Selon Liang Chen, ingénieur en propulsion à l’Académie des sciences de Chine, « ce que nous avons réussi, c’est de maintenir une détonation auto-entretenue à des vitesses comprises entre Mach 6 et Mach 16. C’est comme allumer un feu qui ne s’éteint jamais, même dans un vent de 20 000 km/h ».

Des tests dans des conditions extrêmes

Les expériences ont été menées dans le tunnel de choc JF-12, situé à Pékin, l’un des rares équipements au monde capable de simuler des vols à plus de 40 kilomètres d’altitude. Ce laboratoire, long de 265 mètres, reproduit des conditions de pression et de température proches de celles rencontrées en vol hypersonique. Les résultats ont été spectaculaires : des taux de combustion mille fois supérieurs aux moteurs conventionnels, et des pressions au point de détonation atteignant vingt fois celles observées dans un réacteur classique.

Un autre atout majeur de cette technologie réside dans son carburant : le kérosène RP-3, identique à celui utilisé par les avions commerciaux. « C’est un avantage énorme », explique Élodie Fournier, chercheuse en énergétique à Toulouse. « Beaucoup de projets hypersoniques reposent sur des carburants exotiques ou cryogéniques, difficiles à stocker et coûteux. Là, on parle d’un carburant existant, disponible à grande échelle, ce qui facilite la transition vers des applications réelles. »

Quelles applications concrètes pour l’aviation et l’espace ?

Le rêve du vol transatlantique en quelques minutes

Les implications pour l’aviation commerciale sont vertigineuses. Un vol New York-Londres, qui prend actuellement près de huit heures, pourrait être accompli en moins d’une heure — voire en deux minutes dans les scénarios les plus optimistes. « On entre dans une nouvelle ère de la mobilité », affirme Samuel N’Diaye, consultant en aéronautique. « Les frontières géographiques deviennent obsolètes. Un homme d’affaires pourrait déjeuner à Singapour, tenir une réunion à Berlin l’après-midi, et dîner à San Francisco le soir même. »

Ces vitesses supposent toutefois des infrastructures radicalement nouvelles : des aéroports spécialisés, des procédures de sécurité inédites, et une réglementation internationale à inventer. Mais pour certains, le jeu en vaut la chandelle. « L’aviation hypersonique ne sera pas pour tout le monde au départ », précise N’Diaye. « Ce sera d’abord réservé aux élites, aux missions urgentes, peut-être aux transports médicaux. Puis, progressivement, les coûts baisseront. »

Un bond pour l’exploration spatiale

Le moteur ODE pourrait aussi être un accélérateur décisif pour l’accès à l’espace. Contrairement aux fusées classiques qui doivent emporter leur propre oxydant, l’ODE utilise l’oxygène de l’atmosphère jusqu’à des altitudes très élevées — au-delà de 40 km —, ce qui réduit considérablement le poids au décollage. « Cela ouvre la voie à des véhicules spatiaux réutilisables, capables de décoller horizontalement comme un avion », souligne Romain Delorme, ingénieur chez un laboratoire de propulsion spatiale européen.

Imaginez un vaisseau qui décolle d’un aéroport, accélère en quelques minutes à Mach 16, puis se détache de l’atmosphère pour insérer une charge en orbite. « Ce serait une rupture comparable à celle du passage des voiliers aux navires à vapeur », ajoute Delorme. Pour les missions interplanétaires, cette technologie pourrait servir de premier étage, réduisant la consommation de carburant et ouvrant la porte à des vols plus fréquents et moins coûteux vers la Lune ou Mars.

Un enjeu stratégique majeur

Les applications militaires ne sont pas en reste. Un missile hypersonique propulsé par ODE pourrait frapper n’importe quelle cible sur Terre en moins de 30 minutes, rendant les systèmes de défense actuels obsolètes. La Chine, déjà active dans le domaine des armes hypersoniques, renforcerait ainsi sa position géopolitique. « Ce n’est pas seulement une avancée technique, c’est une déclaration de puissance », analyse Clara Vasseur, spécialiste des politiques de défense.

Les États-Unis et la Russie travaillent sur des projets similaires, mais la publication des résultats chinois marque un tournant. « Ils ont réussi à stabiliser la détonation de manière continue, ce que personne n’avait fait à cette échelle », confirme un ancien ingénieur de la NASA, sous couvert d’anonymat. « Cela change la donne. »

Quels obstacles restent à surmonter ?

La gestion thermique, un défi colossal

La vitesse engendre une chaleur extrême. À Mach 16, les températures sur la coque d’un aéronef peuvent dépasser 2 000 °C. Le moteur lui-même, soumis à des ondes de choc répétées, doit résister à des contraintes thermiques et mécaniques inouïes. « Même les matériaux les plus avancés, comme les céramiques renforcées ou les alliages à base de niobium, atteignent leurs limites », admet Liang Chen.

Les chercheurs explorent des solutions comme des systèmes de refroidissement actif, des revêtements auto-régénératifs, ou des structures composites capables de dissiper la chaleur. Mais aucune n’est encore prête pour un déploiement industriel. « On parle d’ingénierie de pointe, où chaque gramme compte et chaque degré peut faire échouer une mission », précise Élodie Fournier.

L’intégration dans un aéronef opérationnel

Un moteur performant ne suffit pas. Il faut un véhicule capable de passer du décollage à la vitesse hypersonique, ce qui implique plusieurs modes de propulsion. « Un avion hypersonique devra probablement combiner un turbofan pour le décollage, un statoréacteur pour l’accélération, puis l’ODE pour le vol supersonique », explique Romain Delorme. Cette complexité technique augmente le poids, le coût, et les risques de défaillance.

De plus, les conditions de vol à Mach 16 rendent la navigation, la communication et le contrôle extrêmement difficiles. Les ondes radio peuvent être perturbées par le plasma entourant l’appareil. « On entre dans un domaine où chaque discipline — aérodynamique, électronique, matériaux — doit être repensée », souligne Clara Vasseur.

Le cadre réglementaire et éthique

Enfin, l’arrivée de vols hypersoniques commerciaux posera des questions inédites. Qui régulera ces vols ? Où pourront-ils passer ? Quelles seront les normes de sécurité ? Et comment gérer le bruit, ou encore l’impact environnemental d’un tel trafic ?

« On ne peut pas laisser une technologie de cette puissance sans cadre », affirme Samuel N’Diaye. « Imaginez un avion hypersonique traversant l’Europe en deux minutes. Les services aériens devront coordonner des trajectoires à des vitesses jamais atteintes. Et si un incident survient ? »

A retenir

Qu’est-ce qu’un moteur à détonation oblique (ODE) ?

Le moteur à détonation oblique (ODE) est un système de propulsion hypersonique qui utilise des ondes de choc pour provoquer une combustion explosive et continue dans la chambre de combustion. Contrairement aux moteurs traditionnels, il permet une combustion extrêmement rapide et efficace, atteignant des vitesses allant jusqu’à Mach 16. Il fonctionne avec du kérosène standard, ce qui le rend potentiellement plus accessible que d’autres technologies hypersoniques.

Quelle est la vitesse maximale atteinte par ce moteur ?

Les tests ont démontré que le moteur peut fonctionner efficacement à des vitesses comprises entre Mach 6 et Mach 16, soit environ 19 600 km/h. À cette vitesse, un vol transatlantique pourrait théoriquement s’effectuer en quelques minutes.

Quelles sont les applications possibles ?

Les applications sont multiples : transport aérien ultra-rapide, accès réutilisable à l’espace, missions interplanétaires accélérées, et armement hypersonique. Cette technologie pourrait transformer à la fois le civil et le militaire, avec un impact profond sur la géopolitique et l’économie mondiale.

Quels sont les principaux défis techniques ?

Les principaux obstacles sont la gestion thermique (résistance aux températures extrêmes), l’intégration dans un aéronef capable de fonctionner à plusieurs régimes de vol, et la nécessité de développer de nouveaux matériaux et systèmes de refroidissement. Des questions réglementaires et sécuritaires devront également être résolues avant tout déploiement opérationnel.

Quand verrons-nous des vols hypersoniques commerciaux ?

Bien que les progrès soient spectaculaires, les experts estiment que des vols commerciaux hypersoniques ne seront pas disponibles avant plusieurs décennies. Les prototypes devront d’abord être testés en vol libre, puis certifiés. Le chemin est long, mais les bases d’une nouvelle ère du transport sont désormais posées.