Un nouveau bâtiment dédié aux personnes handicapées inauguré dans les Mauges

Le jeudi 25 septembre 2025, sous un ciel clément de l’automne angevin, une foule attentive s’est rassemblée au Mesnil-en-Vallée pour assister à un moment historique : la pose de la première pierre d’un nouveau complexe médico-social destiné à transformer le quotidien de personnes en situation de polyhandicap. Ce projet, porté par la Maison Rochas, ancienne structure fondée en 1983, incarne bien plus qu’un simple chantier de construction. Il symbolise une mutation profonde, tant architecturale qu’humaine, dans l’accompagnement des personnes vulnérables. Derrière les pelleteuses et les discours officiels, ce sont des vies qui prennent une nouvelle direction, des familles qui retrouvent espoir, et un territoire qui affirme ses valeurs d’inclusion.

Quelle est la signification de cette première pierre pour la Maison Rochas ?

Pour Aurélia Chatelain, directrice de la Maison Rochas, cette cérémonie n’est pas seulement une étape administrative, mais une victoire collective. L’événement a une portée symbolique forte , insiste-t-elle, debout près du plan en relief du futur bâtiment. C’est l’aboutissement d’une réflexion engagée depuis de nombreuses années, portée avec force par les familles, relayée par les professionnels, soutenue par nos partenaires et attendu par tout un territoire.

Le site actuel, conçu il y a plus de quarante ans, accueille 53 résidents adultes en situation de polyhandicap. Les bâtiments, fonctionnels mais dépassés, ne répondent plus aux exigences modernes de confort, d’accessibilité et de prise en charge individualisée. Les chambres sont partagées, les espaces de vie souvent exigus, et les professionnels, bien que dévoués, peinent à travailler dans des conditions optimales. On fait avec ce qu’on a, mais on sait que ce n’est pas ce qu’on devrait avoir , confie Élodie Ravel, éducatrice spécialisée depuis douze ans sur le site. Ce nouveau bâtiment, c’est la reconnaissance que chaque personne mérite un cadre à sa mesure.

Pourquoi ce projet répond-il à un besoin réel ?

Le besoin, comme le souligne Aurélia Chatelain, est criant. Les familles des résidents ont longtemps plaidé pour un environnement plus adapté. C’est le cas de Sylvain Lebœuf, père de Raphaël, 34 ans, atteint d’un handicap moteur et cognitif sévère. Quand j’ai vu Raphaël arriver ici la première fois, j’ai senti un soulagement. Mais en visitant les locaux, j’ai aussi ressenti une forme de tristesse. C’était propre, mais impersonnel, presque triste. Il mérite mieux.

Le nouveau complexe, d’une surface totale de 4 300 m², sera conçu comme un lieu de vie, pas seulement un lieu d’hébergement. Il comprendra quatre unités d’hébergement permanent, dont une spécifiquement dédiée aux personnes avec autisme — une première dans la région. Cette unité, pensée en collaboration avec des experts en troubles du spectre autistique, intègrera des espaces sensoriels apaisants, des parcours sécurisés et des lieux de communication adaptés. L’autisme, ce n’est pas un bloc homogène, rappelle la psychologue Claire Noguier. Il faut des espaces qui respirent, qui ne surstimulent pas, qui permettent à chacun de se sentir en sécurité. Ce projet va dans ce sens.

En parallèle, une unité de douze places d’accueil temporaire permettra aux familles de souffler, aux soignants de se former, et aux résidents de bénéficier de pauses réparatrices. Parfois, c’est vital de pouvoir déposer son proche quelques jours, sans culpabilité , témoigne Chloé Vasseur, sœur de Lucie, qui vit à la Maison Rochas depuis 2018. Ce n’est pas un abandon, c’est un acte d’amour. Et ce nouvel équipement va le rendre plus fluide, plus humain.

Comment le nouveau bâtiment améliore-t-il les conditions de vie et de travail ?

Le confort des résidents n’est pas le seul enjeu. Les 85 professionnels de l’établissement — aides-soignants, éducateurs, infirmiers, kinésithérapeutes — verront leurs conditions de travail profondément transformées. Chaque résident disposera désormais d’une chambre individuelle avec salle de douche privative, un luxe dans ce type d’établissement. Les espaces communs seront spacieux, lumineux, conçus pour favoriser les interactions sociales et les activités thérapeutiques.

Aujourd’hui, on passe parfois plus de temps à contourner les obstacles techniques qu’à soigner ou accompagner , confie Malik Bensalem, aide-soignant. Les salles de bains collectives, les couloirs étroits, les ascenseurs qui tombent en panne… Ce n’est pas digne. Dans le futur bâtiment, on pourra enfin se concentrer sur l’essentiel : la relation humaine.

Le design intègre aussi des innovations ergonomiques : sols antidérapants, portes coulissantes motorisées, systèmes de levage intégrés au plafond, éclairage naturel optimisé. On parle souvent d’accessibilité, mais on oublie que le personnel aussi a besoin d’être protégé , souligne Aurélia Chatelain. Moins de contraintes physiques, c’est moins de fatigue, moins de risques de burn-out, et plus de qualité dans l’accompagnement.

Quel est le rôle des institutions dans ce projet ?

Le financement du projet, d’un montant total de 13 millions d’euros, illustre une mobilisation sans précédent. Vyv 3 Pays de la Loire, structure mutualiste propriétaire de l’établissement, a pris à sa charge 6,7 millions d’euros sur fonds propres. Le reste provient de subventions : 1,7 million du Département de Maine-et-Loire, 1,6 million de l’Agence régionale de santé (ARS), et 1,5 million du Fonds national de solidarité et d’actions mutualistes.

Ce projet est emblématique , affirme Thierry Tregret, président de Vyv 3. Il montre que la mutualité peut jouer un rôle central dans la transformation des services médico-sociaux. Nous ne faisons pas que gérer des établissements, nous les réinventons.

Florence Dabin, présidente du conseil départemental, insiste sur l’engagement politique : Nous voulons faire du handicap une priorité, aussi bien du côté financier que du côté humain, parce qu’il s’agit de vies. Pour elle, ce chantier est un signal fort envoyé à l’ensemble du territoire : L’inclusion, ce n’est pas un slogan. C’est une obligation, une chance, une richesse.

Quel impact territorial ce projet engendre-t-il ?

Gilles Piton, maire de Mauges-sur-Loire, rappelle que l’action de la Maison Rochas s’inscrit pleinement dans les contrats de santé locaux. Cet établissement n’est pas isolé. Il fait partie du réseau de soins, de l’économie locale, de la vie communautaire.

Le futur bâtiment sera aussi un lieu d’ouverture sur le monde. Des jardins thérapeutiques, des ateliers ouverts aux bénévoles, des espaces partagés avec les associations locales sont prévus. On veut que ce soit un lieu vivant, pas un lieu clos , précise Aurélia Chatelain. Les résidents ne sont pas en marge de la société. Ils en sont une part intégrante.

Le chantier, qui débutera dans les semaines à venir, devrait s’étaler sur 15 mois. La livraison est prévue pour décembre 2026. En attendant, les résidents resteront dans les bâtiments actuels, avec des aménagements transitoires pour assurer leur sécurité et leur bien-être.

Quel message ce projet envoie-t-il à la société ?

Alors que la France célèbre cette année les 20 ans de la loi sur le handicap, ce projet interroge. Sommes-nous devenus une société plus inclusive ? Les témoignages des familles, des professionnels, des élus, tendent vers une réponse nuancée. Oui, des progrès ont été faits. Mais non, ce n’est pas suffisant. On a encore trop souvent l’impression d’être une exception quand on demande l’accessibilité , regrette Sylvain Lebœuf. Alors qu’on devrait être considérés comme des citoyens à part entière.

Le nouvel ensemble de la Maison Rochas ne résoudra pas tous les problèmes. Mais il pose une pierre — symbolique et concrète — dans un édifice plus vaste : celui d’une société qui apprend, lentement, à ne pas laisser de côté ceux qui marchent, pensent ou vivent autrement.

Conclusion

La pose de la première pierre de ce nouveau complexe médico-social n’est pas qu’un événement protocolaire. C’est un acte de foi dans l’humain. Il incarne une volonté collective de repenser l’accompagnement des personnes en situation de handicap, non pas comme une charge, mais comme une opportunité de construire un monde plus juste, plus attentif, plus fraternel. À Mauges-sur-Loire, on ne construit pas seulement des murs, des chambres ou des salles de bains. On construit de la dignité, de l’espoir, et surtout, de l’avenir.

A retenir

Quel est l’objectif du nouveau bâtiment de la Maison Rochas ?

Le nouveau bâtiment vise à offrir un cadre de vie moderne, adapté aux besoins des personnes en situation de polyhandicap, avec des chambres individuelles, des espaces de vie optimisés, et une unité dédiée aux personnes avec autisme. Il améliore aussi les conditions de travail des 85 professionnels de l’établissement.

Quel est le coût du projet et qui le finance ?

Le coût total s’élève à 13 millions d’euros. Vyv 3 Pays de la Loire finance 6,7 millions sur fonds propres. Les subventions proviennent du Département (1,7 million), de l’Agence régionale de santé (1,6 million) et du Fonds national de solidarité et d’actions mutualistes (1,5 million).

Quand le nouveau bâtiment sera-t-il livré ?

La livraison est prévue pour décembre 2026.

Qui sont les bénéficiaires de ce projet ?

Les 53 résidents actuels de la Maison Rochas, adultes en situation de polyhandicap, ainsi que leurs familles, les professionnels de l’établissement, et plus largement, le territoire de Mauges-sur-Loire, qui gagne un équipement structurant pour son offre médico-sociale.

Pourquoi ce projet est-il symbolique ?

Il incarne une reconnaissance tardive mais forte des besoins des personnes en situation de handicap. Il illustre une volonté politique, institutionnelle et humaine de repenser l’inclusion, non pas en termes d’assistance, mais de dignité et de participation pleine et entière à la vie sociale.