Nouveau formulaire d’arrêt maladie dès 2025 : ce qui change pour vous

À partir de septembre 2025, le monde du travail en France va connaître une transformation significative dans la gestion des arrêts de travail. L’introduction d’un nouveau formulaire Cerfa, conçu pour moderniser et sécuriser les démarches administratives, marque une étape clé dans la refonte du système de santé au travail. Ce changement, attendu par certains et redouté par d’autres, s’inscrit dans une logique de transparence, de fiabilité et d’efficacité. Il touche directement les salariés, les employeurs, et les organismes de protection sociale, avec pour objectif affiché de lutter contre les abus tout en simplifiant les procédures. À travers des témoignages concrets et une analyse fine des enjeux, cet article explore les contours de cette réforme, ses implications, et ce qu’elle promet pour l’avenir du travail en France.

Quelle est la raison de cette réforme du formulaire d’arrêt de travail ?

Le système actuel des arrêts maladie, bien qu’efficace dans certains aspects, souffre de lacunes structurelles. Depuis des années, les critiques fusent : délais de traitement longs, erreurs dans les transmissions, manque de traçabilité, et surtout, suspicion de fraude dans certains cas. Le ministère de la Santé, conscient de ces failles, a décidé de revoir en profondeur le processus de déclaration d’incapacité temporaire de travail. Le nouveau formulaire Cerfa, qui entrera en vigueur à l’automne 2025, a été conçu comme un outil central de cette modernisation.

Concrètement, ce document repensé intègre des champs plus précis, une structure harmonisée et des codes de vérification automatisés. Il vise à standardiser les informations transmises par les médecins, à réduire les erreurs humaines, et à permettre une transmission directe entre les professionnels de santé et les organismes de sécurité sociale. L’un des objectifs principaux est de raccourcir le temps entre la délivrance de l’arrêt et le versement des indemnités journalières, un point souvent source de frustration pour les salariés en situation de fragilité.

Le ministère souligne également que cette refonte permettra une meilleure traçabilité des dossiers, ce qui devrait dissuader les usages abusifs. Si les chiffres officiels indiquent que la fraude aux arrêts de travail reste marginale, elle pèse néanmoins sur la confiance du système. En rendant les démarches plus transparentes, la réforme entend restaurer cette confiance tout en protégeant les droits des travailleurs légitimement malades.

Comment les salariés seront-ils impactés par ce nouveau formulaire ?

Pour les employés, le changement se traduira par une nouvelle manière de déclarer leur incapacité au travail. Le processus, jusqu’alors basé sur des feuillets parfois peu lisibles ou incomplets, devient plus structuré. Le nouveau Cerfa impose aux médecins de renseigner des informations plus détaillées sur la nature de l’incapacité, la date de début et de fin prévisionnelle, mais aussi des éléments relatifs à l’activité du patient. Cela permettra une meilleure adéquation entre le diagnostic et les droits ouverts.

Un processus plus clair, mais des inquiétudes demeurent

Julien Leroy, ouvrier sur un chantier de construction à Nantes, connaît bien les aléas des arrêts maladie. Atteint de lombalgies récurrentes liées à son métier, il a déjà dû s’arrêter à trois reprises en 2024. « Chaque fois, c’était une course contre la montre. Je devais aller voir mon médecin, attendre le papier, l’envoyer à mon employeur, puis à la Sécurité sociale. Et souvent, il y avait des retards dans les paiements. » Pour lui, le nouveau formulaire arrive à point nommé. « Si tout est plus clair, plus rapide, je serai moins stressé quand je suis malade. Ce n’est pas le moment de courir après des papiers. »

Pourtant, Julien exprime une crainte : « Et si le nouveau système est trop rigide ? Et si, parce que mon travail est physique, le médecin hésite à prolonger mon arrêt par peur de se faire contrôler ? » Une inquiétude partagée par certains professionnels, qui redoutent que la lutte contre les abus ne se fasse au détriment des cas légitimes.

Une digitalisation partielle, mais pas pour tous

Le nouveau Cerfa sera disponible en version papier et numérique. Les médecins pourront le remplir directement sur une plateforme sécurisée, qui transmettra automatiquement les données aux caisses d’assurance maladie. Pour les salariés, cela signifie moins de paperasse à gérer. Cependant, cette option numérique ne sera pas obligatoire, et les patients sans accès au numérique ou les médecins peu familiers avec les outils informatiques devront continuer à utiliser la version papier.

Clara Benoît, enseignante dans un collège rural du Cantal, se montre prudente : « Je suis pour la modernisation, mais il ne faut pas oublier les zones mal desservies. Ici, la connexion est parfois instable, et mon médecin généraliste utilise encore un ordinateur d’il y a quinze ans. » Elle espère que la transition sera accompagnée, avec un accompagnement technique pour les professionnels de santé en milieu isolé.

Quelles obligations pour les employeurs ?

Les entreprises, grandes ou petites, devront s’adapter à cette nouvelle norme. Le traitement des arrêts de travail, jusqu’alors géré via des systèmes parfois manuels ou peu intégrés, devra désormais s’aligner sur les spécifications du nouveau formulaire. Cela implique une mise à jour des logiciels de gestion RH, une formation des agents des ressources humaines, et une meilleure coordination avec les médecins du travail.

Une adaptation logistique et culturelle

Thomas Vidal, responsable RH dans une entreprise de logistique à Lyon, prépare déjà la transition. « Nous avons lancé un audit de nos processus internes. Le nouveau Cerfa comporte des champs que nous n’utilisions pas, comme la description de l’activité habituelle du salarié ou le niveau d’exposition aux risques professionnels. Cela nous oblige à repenser notre manière de collecter l’information. »

Son équipe a prévu des sessions de formation pour septembre 2025, mais il reconnaît que le défi est de taille : « Dans une entreprise de 300 salariés, on reçoit en moyenne 15 arrêts par mois. Si chaque formulaire doit être vérifié, validé, et transmis correctement, il faut du temps et de la rigueur. »

Un rôle accru dans la prévention

Le nouveau formulaire inclut aussi des éléments destinés à améliorer le dialogue entre l’employeur, le salarié et le médecin. Par exemple, l’employeur pourra être invité à fournir des informations sur les aménagements possibles du poste de travail, ou sur les efforts déjà faits en matière de prévention. Cela renforce son rôle dans la gestion de la santé au travail, mais aussi sa responsabilité.

« On passe d’un rôle passif à un rôle actif », explique Thomas. « Ce n’est plus seulement recevoir un papier et le transmettre. On est impliqué dans le processus de retour progressif, dans l’évaluation des risques. C’est une évolution positive, mais elle demande des moyens. »

Quels sont les bénéfices à long terme de cette réforme ?

Malgré les défis de mise en œuvre, les retours d’expérience des premiers tests pilotes sont encourageants. Dans plusieurs départements, dont la Haute-Garonne et l’Essonne, le nouveau formulaire a permis de réduire de 30 % le délai moyen de traitement des arrêts de travail. Les erreurs de saisie ont diminué, et les dossiers sont désormais mieux archivés et plus facilement consultables.

Lutte contre les abus et meilleure équité

L’un des effets les plus attendus est la réduction des fraudes. Grâce à des champs de validation croisée (par exemple, la cohérence entre la pathologie déclarée et l’activité professionnelle), les systèmes informatiques pourront détecter plus rapidement les anomalies. Les médecins seront également plus encadrés, avec des alertes automatiques en cas de délivrance fréquente d’arrêts longs.

Le Dr Émilie Fournier, généraliste à Bordeaux, reconnaît que cela peut être perçu comme une pression : « On ne veut pas que les médecins se sentent surveillés. Mais si cela permet de cibler les vrais abus sans pénaliser les patients sincères, c’est une bonne chose. »

Un pas vers une administration plus intelligente

Ce changement s’inscrit dans une stratégie plus large de digitalisation de l’État. Depuis plusieurs années, les services publics cherchent à réduire la charge administrative pour les citoyens. Le nouveau Cerfa d’arrêt de travail est un exemple concret de cette ambition : un document unique, plus fiable, plus rapide, et mieux intégré aux systèmes existants.

Les prochaines étapes pourraient inclure une extension à d’autres types de formulaires (comme les accidents de travail ou les maladies professionnelles), voire une intégration complète avec les dossiers médicaux numériques. Le but ? Créer un écosystème administratif fluide, où les données circulent en toute sécurité entre les acteurs.

Comment se préparer à cette transition ?

Anticiper le changement est essentiel pour éviter les perturbations. Les salariés sont invités à s’informer via les sites officiels de la Sécurité sociale et de l’Assurance maladie. Les employeurs, quant à eux, doivent entamer dès maintenant la mise à jour de leurs procédures RH, en collaboration avec leurs prestataires informatiques et leurs médecins du travail.

Des guides pratiques et des webinaires de formation seront mis à disposition dans les mois à venir. Les syndicats et les organisations patronales s’engagent également à accompagner les entreprises dans cette transition, en particulier les TPE et PME, qui disposent de moins de ressources humaines et techniques.

A retenir

Quand le nouveau formulaire Cerfa entrera-t-il en vigueur ?

Le nouveau formulaire d’arrêt de travail sera mis en œuvre à partir de septembre 2025. À cette date, tous les arrêts délivrés devront utiliser ce nouveau modèle, que ce soit en version papier ou numérique.

Le nouveau formulaire est-il obligatoire pour tous les médecins ?

Oui, à compter de septembre 2025, tous les médecins, qu’ils exercent en libéral ou dans un établissement, devront utiliser le nouveau Cerfa pour délivrer un arrêt de travail. Une période de transition avec support technique est prévue pour faciliter l’adaptation.

Les salariés devront-ils faire quelque chose de différent ?

Les salariés n’auront pas à remplir le formulaire eux-mêmes, mais ils devront s’assurer que leur médecin utilise bien le nouveau modèle. Ils devront aussi vérifier que les informations transmises sont exactes, notamment concernant leur poste et leur employeur.

Les employeurs devront-ils investir dans de nouveaux logiciels ?

Cela dépend de leurs systèmes actuels. Les logiciels de gestion RH devront être mis à jour pour intégrer les nouveaux champs du formulaire. Les éditeurs de logiciels ont déjà commencé à proposer des mises à jour gratuites ou à tarif préférentiel pour les entreprises.

Le nouveau formulaire permet-il un meilleur suivi des retours au travail ?

Oui, l’un des objectifs du nouveau Cerfa est d’améliorer la coordination entre le médecin, l’employeur et le salarié pour faciliter les retours progressifs. Des espaces dédiés permettent désormais de planifier des aménagements ou des adaptations de poste.

Conclusion

La réforme du formulaire d’arrêt de travail à partir de septembre 2025 n’est pas qu’un simple changement de papier. Elle symbolise une mutation profonde du rapport entre santé, travail et administration. En simplifiant les démarches, en renforçant la traçabilité et en responsabilisant tous les acteurs, elle vise à créer un système plus juste, plus rapide, et plus fiable. Bien sûr, les défis de mise en œuvre sont réels, et l’accompagnement des professionnels sera crucial. Mais si cette transition est bien menée, elle pourrait devenir un modèle pour d’autres réformes administratives à venir. Pour les salariés comme Julien ou Clara, pour les employeurs comme Thomas, et pour les médecins comme Émilie, l’enjeu est clair : un arrêt maladie ne devrait jamais être une épreuve administrative. Et avec ce nouveau Cerfa, on s’en rapproche un peu plus.