La cuisine, cette pièce autrefois cantonnée à ses fonctions pratiques, est devenue un espace central, presque sacré, dans nos foyers. Lieu de partage, de convivialité, de rituels matinaux et de repas familiaux, elle reflète aujourd’hui autant notre style de vie que notre identité. Pendant plusieurs années, le vert sauge a régné en maître, promettant calme, élégance sobre et modernité douce. Mais comme toute tendance qui s’impose trop longtemps, il finit par s’effacer sous le poids de sa propre popularité. Aujourd’hui, une nouvelle ère s’annonce : celle de l’earthy vibrancy, une palette audacieuse, ancrée dans la nature mais vibrante de caractère. En 2026, ce n’est plus la neutralité qui séduit, c’est la profondeur, la chaleur et l’authenticité.
Pourquoi le vert sauge ne fait-il plus rêver ?
Le vert sauge, longtemps adulé pour son élégance discrète et son côté apaisant, a fini par tomber dans l’écueil du trop-plein. Adopté massivement, il s’est retrouvé partout : sur les façades de cuisines haut de gamme, les murs des appartements parisiens, les plans de travail en quartz, et même sur les électroménagers. Ce consensus généralisé, loin de renforcer son charme, a eu l’effet inverse. Quand j’ai emménagé dans mon nouvel appartement à Lyon, j’ai opté pour du vert sauge partout, raconte Camille Berthier, architecte d’intérieur de formation. Je pensais faire un choix intemporel. Mais au bout de deux ans, j’avais l’impression de vivre dans un showroom. C’était joli, mais impersonnel.
Cette sensation de déjà-vu est devenue un refrain répété dans les salons de décoration. Le vert sauge, en voulant plaire à tous, a fini par ne plus plaire à personne. Il manque d’impact, de relief, d’émotion. Dans les pièces mal éclairées, il s’efface. Dans les espaces aux lignes fortes, il ne tient pas la scène. Et surtout, il ne raconte pas d’histoire. Or, aujourd’hui, les foyers ne cherchent plus seulement à être beaux : ils veulent être vrais, porteurs de sens, de mémoire, de singularité.
Je me suis rendu compte que je n’avais pas choisi cette couleur, mais qu’elle m’avait choisie à travers les magazines et les réseaux sociaux , confie Thomas Lemaire, propriétaire d’une maison de village en Ardèche. Quand j’ai vu la cuisine de ma voisine, exactement identique à la mienne, j’ai eu un déclic. On ne décore plus pour soi, mais pour plaire au regard des autres. Ce constat, partagé par de nombreux particuliers, explique le désir croissant d’affirmer une identité décorative plus marquée, plus ancrée dans le réel.
Qu’est-ce que l’earthy vibrancy, et pourquoi est-ce l’avenir de la déco ?
L’earthy vibrancy, littéralement vitalité terrienne , est une réponse à cette quête de sincérité. Ce n’est pas une couleur unique, mais une palette pensée comme un paysage : des ocres profonds, des verts olive presque noirs, des bleus boueux, des bruns roussis, des prune intenses. Ces teintes ne sont pas criardes, mais denses, riches en sous-tons, capables de capter la lumière et de transformer l’atmosphère d’une pièce selon l’heure ou la saison.
C’est une tendance qui puise dans la nature, mais sans la romantiser , explique Léa Fontaine, designer coloriste basée à Bordeaux. Ce ne sont pas des couleurs pastel ou diluées. Ce sont des pigments que l’on retrouve dans la terre, les feuilles en décomposition, les minéraux, les fruits mûrs. Elles ont une histoire, une matière.
Le kaki Universal Khaki (SW 6150) de Sherwin-Williams incarne parfaitement cette évolution. Chaud, terreux, légèrement doré, il évoque à la fois la forêt humide et les champs d’automne. Il ne se contente pas d’être neutre : il est enveloppant. Associé à un crème aux reflets miel comme Melodious Ivory, il crée une ambiance à la fois raffinée et réconfortante, idéale pour les mois d’hiver.
Ce qui séduit dans cette palette, c’est sa modularité. Elle s’adapte à tous les styles : moderne, rustique, industriel. Elle se marie avec les matériaux bruts – bois, pierre, béton – sans jamais les étouffer. Et surtout, elle permet d’exprimer une personnalité sans tomber dans l’excentricité.
Comment adopter le kaki Universal Khaki sans surcharger son intérieur ?
Le piège à éviter avec une teinte aussi présente ? La surcharge. Le kaki profond, s’il couvre tous les murs d’une cuisine mal éclairée, peut alourdir l’espace. Il ne s’agit pas de tout peindre en kaki, mais d’en faire un élément structurant , conseille Julien Vasseur, cuisiniste indépendant à Toulouse. Un îlot central dans cette teinte, un pan de mur en fond de plan de travail, ou simplement les bas de caissons : cela suffit à donner du caractère sans perdre en luminosité.
Camille Berthier a testé cette approche chez elle. J’ai peint uniquement mon îlot en Universal Khaki, et j’ai gardé les hauts en blanc cassé. Le résultat ? Une pièce qui a du poids, mais qui respire. J’ai ajouté des poignées en laiton vieilli, un plan de travail en chêne brossé, et un petit tapis en laine teintée main. C’est subtil, mais cela change tout.
Les associations sont clés. Le kaki gagne à être mis en contraste avec des matières brutes : un dosseret en terre cuite, des carreaux de ciment, une crédence en pierre naturelle. Les touches de couleur peuvent venir des objets : une théière en céramique bleu boueux, des verres teintés prune, des serviettes en lin ocre. La déco n’est plus dans la couleur du mur, mais dans les strates , résume Julien Vasseur. Plus vous superposez les textures, plus l’espace devient vivant.
Quelle lumière pour sublimer ces nouvelles teintes ?
La lumière joue un rôle décisif dans la réussite d’un intérieur earthy vibrancy. Ces couleurs, riches et profondes, demandent une lumière douce, enveloppante, jamais agressive. En hiver, j’opte pour des ampoules à 2700 Kelvin, explique Léa Fontaine. Cela donne une lueur chaude, proche de la bougie. J’ajoute des suspensions en métal mat ou en papier, qui diffusent la lumière sans l’éblouir.
Thomas Lemaire a transformé sa cuisine en installant un système d’éclairage modulable. J’ai des spots orientables au plafond, mais aussi une suspension au-dessus de l’îlot, et des petites lampes sur les plans de travail. Le soir, j’allume seulement celles-ci, avec une intensité basse. Le kaki prend alors une autre dimension : il devient presque velouté.
Les bougies, elles, sont devenues un élément central de son ambiance. Je les place dans des photophores en terre cuite, ou sur des soucoupes en laiton. La flamme fait danser les reflets dans la peinture. C’est incroyablement apaisant.
Comment actualiser sa cuisine sans tout rénover ?
Adopter cette nouvelle tendance ne signifie pas forcément tout changer. Le relooking est une alternative intelligente et durable. J’ai repeint mes meubles bas avec une peinture spéciale meuble, raconte Camille. En deux jours, c’était fait. J’ai gardé les façades hautes, et j’ai simplement changé les poignées. Le résultat est spectaculaire, pour un budget modeste.
Les accessoires jouent un rôle majeur. Un plaid épais jeté sur un tabouret, des coussins en lin brut, une vaisselle artisanale posée sur un vaisselier ouvert : ces détails, modestes en apparence, créent une atmosphère cohérente. À la Toussaint, j’ai disposé des branches de chêne doré dans un grand vase en grès , raconte Thomas. Cela ne coûte rien, mais cela ancre la pièce dans la saison. On se sent chez soi, pas dans une image de magazine.
Quelle est la place de la durabilité dans cette nouvelle tendance ?
L’earthy vibrancy ne se limite pas à une simple question de couleur. Elle s’inscrit dans une démarche plus large, celle d’un intérieur lent, durable, respectueux des matériaux et du temps. On ne cherche plus à tout remplacer chaque cinq ans , observe Julien Vasseur. On veut des pièces qui vieillissent bien, qui prennent de la patine.
Le kaki, par sa neutralité chaleureuse, est une couleur qui dure. Elle ne date pas un intérieur. Elle s’adapte aux évolutions de la vie : arrivée d’un enfant, changement de métier, besoin de calme. Et surtout, elle permet de mixer les époques. J’ai une chaise design des années 1970, un buffet en pin du XIXe siècle, et un tabouret contemporain en métal , raconte Léa Fontaine. Dans un intérieur en vert sauge, cela ferait clash. Dans un décor earthy vibrancy, tout s’harmonise.
Conclusion : vers des intérieurs plus vrais, plus profonds
Le départ du vert sauge n’est pas une simple rotation de mode. C’est un symptôme d’un changement plus profond : celui d’un désir de vérité dans nos espaces de vie. Nous ne voulons plus d’intérieurs lissés, standardisés, conçus pour les photos. Nous aspirons à des lieux qui nous ressemblent, qui nous accueillent, qui nous réchauffent.
L’earthy vibrancy, avec son kaki profond, ses ocres lumineux et ses bleus minéraux, ouvre cette voie. Elle permet de créer des cuisines à la fois élégantes et vivantes, chaleureuses et structurées. Elle invite à ralentir, à choisir avec soin, à valoriser le fait main, le matériau brut, la lumière naturelle.
En 2026, la tendance n’est plus de suivre, mais d’affirmer. Et parfois, pour avancer, il suffit de changer une couleur.
A retenir
Quelle est la couleur phare pour les cuisines en 2026 ?
La couleur phare est le kaki Universal Khaki (SW 6150) de Sherwin-Williams, une teinte chaude, terreuse et polyvalente, au cœur de la tendance earthy vibrancy.
Pourquoi le vert sauge est-il en perte de vitesse ?
Le vert sauge est victime de son succès. Trop répandu, il manque désormais d’originalité et donne une impression d’uniformité. Il est perçu comme trop discret, voire impersonnel, surtout dans les pièces mal éclairées ou aux lignes fortes.
Qu’est-ce que l’earthy vibrancy ?
Il s’agit d’une palette de couleurs inspirées de la nature, mais intensifiées : ocres, verts olive, bleus boueux, prune foncé. Ces teintes profondes apportent chaleur, caractère et durabilité aux intérieurs.
Comment introduire le kaki dans sa cuisine sans surcharger ?
Privilégiez un usage ciblé : un îlot central, un mur d’accent ou quelques meubles bas. Associez-le à des matériaux bruts (bois, pierre) et des contrastes subtils (luminaires en laiton, céramiques mates) pour créer de la profondeur sans alourdir l’espace.
Quel éclairage convient le mieux à ces nouvelles teintes ?
Une lumière douce et chaude (2700 Kelvin), diffusée par des suspensions, des LED réglables ou des bougies, met parfaitement en valeur les nuances riches du kaki et des couleurs earthy vibrancy.
Peut-on adopter cette tendance avec un petit budget ?
Oui. Le relooking de meubles existants, l’ajout de textiles épais, de vaisselle artisanale ou de plantes séchées permet d’actualiser une cuisine sans tout remplacer. La clé est dans les textures et les strates, pas dans la quantité.