La France compte aujourd’hui près de 15 millions de seniors, dont beaucoup sont encore actifs sur les routes. Avec le vieillissement démographique et l’augmentation des accidents impliquant des conducteurs âgés, le gouvernement a instauré des bilans médicaux et cognitifs obligatoires pour les plus de 70 ans. Une mesure qui suscite à la fois des craintes et des espoirs.
Pourquoi ces tests sont-ils désormais obligatoires ?
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : entre 2018 et 2022, les accidents impliquant des conducteurs de plus de 70 ans ont augmenté de 12 %. La baisse naturelle des réflexes, les problèmes de vue ou encore les troubles cognitifs légers peuvent compromettre la sécurité sur la route. « Mon père ne voyait plus bien la nuit, mais il refusait de l’admettre », raconte Élodie Vannier, dont le parent a eu un accident sans gravité, mais révélateur.
Quels sont les examens précisément demandés ?
Les conducteurs concernés doivent désormais passer un bilan médical complet (vue, audition, motricité) et un test cognitif évaluant la mémoire, la concentration et la prise de décision. Ces examens, renouvelés tous les cinq ans, sont effectués par des médecins agréés.
Comment se déroulent concrètement ces évaluations ?
Pour Sylvain Leroi, 74 ans, ancien commercial, la première réaction a été la surprise. « Je pensais que c’était une formalité, mais les tests sont assez poussés. » Il décrit une séance d’une heure trente avec des exercices pratiques comme repérer des panneaux rapidement ou résoudre des problèmes de circulation simplifiés.
Quelles difficultés peuvent surgir pendant les tests ?
Certains seniors paniquent face à l’évaluation. « J’ai vu un homme de 78 ans complètement bloquer sur un test de mémoire immédiate », rapporte Joséphine Almeida, coordinatrice d’un centre d’examen à Bordeaux. « On ne cherche pas à piéger, mais à vérifier que la personne peut conduire sans danger. »
Ces mesures sont-elles bien perçues par les principaux concernés ?
Les avis divergent. « C’est infantilisant ! » proteste Raymond Clément, 71 ans, qui se dit en pleine possession de ses moyens. À l’inverse, Hélène Fournier, 76 ans, admet : « Ça m’a rassurée de savoir que mon médecin me trouvait apte. » Un sentiment partagé par beaucoup de familles.
Comment les proches vivent-ils cette nouvelle obligation ?
« J’avais peur d’aborder le sujet avec mon oncle », confie Théo Nguyen, dont le parent de 82 ans conduisait malgré d’évidents problèmes d’attention. « Finalement, le test médical a servi d’élément objectif pour qu’il accepte de s’arrêter. »
Existe-t-il des solutions pour accompagner les seniors ?
Plusieurs associations proposent des stages de remise à niveau. « On travaille surtout sur la confiance en soi et les nouvelles règles de conduite », explique Mathilde Rocher, formatrice chez Séniors Mobilité. Certaines auto-écoles ont également développé des simulations sur ordinateur pour s’entraîner.
Quelles alternatives à la voiture peuvent être explorées ?
Louise Barbier, urbaniste, plaide pour un meilleur accès aux transports en commun adaptés : « Beaucoup de villes manquent encore de solutions pratiques pour ceux qui doivent renoncer à conduire. »
A retenir
À quel âge faut-il commencer à s’inquiéter ?
Dès 65-70 ans, il est conseillé de faire évaluer régulièrement sa vue et ses réflexes, même avant l’obligation légale.
Comment bien se préparer aux tests ?
Réviser le code de la route, faire des exercices de mémoire et consulter son médecin traitant au préalable permet d’aborder les tests plus sereinement.
Que faire en cas d’échec aux examens ?
Des recours sont possibles, et des aménagements peuvent être proposés (permis temporaire, restrictions horaires, etc.).
Conclusion
Si ces nouvelles règles bousculent certaines habitudes, elles répondent à un enjeu de sécurité majeur. Plutôt qu’une contrainte, elles peuvent être vues comme une opportunité : celle de conduire plus longtemps – mais mieux. Avec des véhicules et des infrastructures qui évoluent aussi pour s’adapter à tous les âges, l’équilibre entre indépendance et prudence semble à portée de main.