Nouvelles heures pleines et creuses dès novembre : ces changements vont impacter votre facture

Alors que l’automne enveloppe progressivement la France dans ses teintes dorées et que les premiers frimas annoncent le retour des radiateurs, une réforme silencieuse s’apprête à transformer les habitudes énergétiques de millions de foyers. Dès novembre 2025, 11 millions de ménages équipés de l’option Heures Pleines / Heures Creuses (HP/HC) verront leurs plages tarifaires bouleversées. Ce changement, piloté par Enedis et la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE), n’est pas une simple réajustement technique : il s’inscrit dans une stratégie nationale de transition énergétique, avec un objectif clair – mieux synchroniser la consommation électrique avec la production d’énergies renouvelables, notamment solaire. Mais concrètement, qu’est-ce que cela signifie pour le quotidien des Français ? Et comment s’adapter sans se retrouver face à une facture en hausse ? À travers témoignages, analyses et conseils pratiques, plongeons dans cette révolution discrète qui pourrait bien redéfinir notre rapport à l’électricité.

Pourquoi les heures creuses changent-elles dès novembre 2025 ?

Une réforme au service de la transition énergétique

Le soleil, désormais acteur central de la production électrique française, impose de nouveaux rythmes. Alors que la capacité solaire a bondi ces dernières années, le paradoxe d’une surproduction en journée – souvent gaspillée – coexiste avec des pics de consommation nocturnes, alimentés par des appareils programmés sur les anciennes heures creuses. La réforme vise à corriger ce décalage. En déplaçant une partie des heures creuses vers l’après-midi, notamment entre 11h et 17h en période estivale, Enedis et la CRE cherchent à inciter les ménages à consommer quand l’électricité est la plus abondante et la moins carbonée. C’est une logique de sobriété et d’efficacité : utiliser l’énergie quand elle est disponible, plutôt que de la stocker ou de la rejeter.

Quelles sont les nouvelles plages horaires ?

La durée totale des heures creuses reste inchangée : 8 heures par jour. Mais leur répartition change profondément. Désormais, chaque foyer bénéficiera d’au moins 5 heures creuses consécutives entre 23h et 7h, quelle que soit la saison. Le reste – jusqu’à 3 heures – pourra être décalé en journée, principalement durant l’été, entre avril et octobre. Pour exemple, un ménage situé dans une zone à forte production solaire pourrait voir ses heures creuses réparties de 23h à 3h, puis de 13h à 15h. Ce découpage, fixé localement par Enedis, n’est pas négociable. Chaque quartier, chaque commune peut avoir un calendrier différent, rendant obsolètes les comparaisons de voisin à voisin.

Qui est concerné par cette réforme ?

Les 11 millions de foyers concernés sont ceux qui bénéficient de l’option HP/HC classique, que ce soit via le tarif réglementé d’EDF ou une offre de marché calquée sur ce modèle. Ceux qui ont opté pour des formules plus spécifiques – comme les offres Tempo, les tarifs week-end ou les offres indexées sur les marchés spot – ne sont pas concernés. De même, les abonnés au tarif Base, qui ne bénéficient d’aucune modulation horaire, restent à l’écart de cette transformation. L’un des avantages de la réforme ? Aucune intervention physique nécessaire. Grâce aux compteurs Linky et aux contacteurs communicants, les mises à jour se font à distance, sans rendez-vous ni technicien à domicile.

Comment ce changement impacte-t-il votre quotidien ?

Quels appareils faut-il reprogrammer ?

Le cœur de l’enjeu réside dans la programmation des équipements les plus gourmands. Le chauffe-eau, souvent responsable de 20 à 30 % de la consommation électrique d’un ménage, doit être ajusté en priorité. Ensuite viennent les cycles longs : lave-linge, sèche-linge, lave-vaisselle. Le défi ? Les lancer non pas selon des habitudes ancrées, mais en fonction des nouvelles plages creuses. Pour Élodie Rivière, enseignante à Bordeaux, cette transition a été une révélation : “J’ai toujours programmé mon chauffe-eau à 23h, comme tout le monde. Mais avec les nouvelles plages, j’ai découvert que j’avais 14h-17h en heures creuses l’été. J’ai reprogrammé mon cumulus, et depuis, je fais chauffer l’eau quand le soleil produit. C’est logique, presque évident.”

Pour les propriétaires de véhicules électriques, la reprogrammation de la recharge est cruciale. Si l’on chargeait traditionnellement la nuit, certains devront désormais anticiper une recharge en milieu d’après-midi. “Je pensais que ça allait me compliquer la vie”, confie Thomas Leblanc, ingénieur à Lyon. “Mais finalement, en activant la programmation automatique sur mon application, c’est transparent. Mon véhicule se recharge quand c’est le moins cher, sans que j’aie à y penser.”

Quelles astuces pour optimiser sa consommation ?

La clé est dans l’anticipation. Voici quelques gestes simples mais efficaces :

  • Consultez votre espace client : Enedis et votre fournisseur doivent vous informer au moins un mois avant le changement. Vérifiez vos nouvelles plages et notez-les.
  • Reprogrammez vos appareils : Si vous avez un chauffe-eau à contacteur mécanique ou un lave-linge ancien, il faudra intervenir manuellement. Les modèles connectés s’ajustent souvent automatiquement.
  • Exploitez les interstices : Une heure creuse à 13h ? C’est le moment idéal pour lancer un cycle de sèche-linge ou programmer un désemboueur de vaisselle.
  • Formez toute la famille : Expliquez aux enfants ou aux colocataires pourquoi on ne fait plus la lessive à 20h. La réussite de la transition passe par une culture énergétique partagée.

Peut-on voir sa facture augmenter ?

Oui, c’est un risque réel. Si les nouveaux créneaux ne correspondent pas à vos habitudes de consommation, vous risquez de faire fonctionner vos appareils en heures pleines, plus chères. C’est le cas notamment des ménages où tout le monde travaille et rentre le soir : les plages diurnes peuvent passer inutilisées. “J’ai peur que ça nous coûte plus cher”, s’inquiète Camille Nguyen, infirmière à Lille. “On n’est jamais là l’après-midi, et on utilise surtout l’électricité le matin et le soir. Si les heures creuses sont en journée, on ne pourra pas en profiter.”

Pour ces foyers, la solution pourrait être de revoir leur option tarifaire. Le passage au tarif Base, sans modulation horaire, ou l’adoption d’une offre super-creuses, avec des plages plus étendues la nuit, pourrait s’avérer plus avantageux. Des comparateurs en ligne permettent désormais de simuler ces scénarios en quelques clics.

Comment s’adapter intelligemment à cette réforme ?

Comment comprendre son compteur et éviter les mauvaises surprises ?

Le compteur Linky est l’outil central de cette transformation. Il communique en temps réel avec Enedis et s’ajuste automatiquement aux nouvelles plages. Mais attention : si votre chauffe-eau est piloté par un contacteur non communicant, ou si vous avez un programmateur manuel, rien ne changera sans action de votre part. “J’ai cru que tout était automatique”, raconte Bernard Marchand, retraité à Toulouse. “Mais mon contacteur n’était pas à jour. J’ai continué à chauffer l’eau en heures pleines pendant deux semaines. J’ai vite corrigé en appelant mon fournisseur.”

La vigilance est de mise. Les notifications sont envoyées par Enedis (au moins six mois avant) et par le fournisseur (au moins un mois avant). Il est crucial de les lire et de vérifier que les mises à jour ont bien été prises en compte.

Quelles actions entreprendre dès maintenant ?

Novembre 2025 n’est pas si loin. Voici les étapes à suivre sans tarder :

  • Identifiez votre option tarifaire : êtes-vous en HP/HC classique ? Consultez votre dernière facture.
  • Vérifiez vos plages actuelles : où sont vos heures creuses aujourd’hui ? Notez-les.
  • Anticipez la communication du changement : surveillez vos mails, courriers et votre espace client.
  • Testez la programmation connectée : si vous avez des appareils intelligents, assurez-vous qu’ils sont bien synchronisés avec votre fournisseur.
  • Simulez d’autres options tarifaires : utilisez un comparateur pour évaluer si le tarif Base ou une offre super-creuse serait plus adaptée à votre rythme.

Que faut-il retenir pour optimiser sa consommation ?

En résumé, cette réforme n’est ni une catastrophe ni une manne miraculeuse : elle est une invitation à repenser notre rapport à l’électricité. Les économies ne viendront pas automatiquement, mais de notre capacité à adapter nos usages. Les nouveaux créneaux sont définis localement, donc uniques. La durée des heures creuses reste la même, mais leur localisation change. Et surtout, l’automatisation ne règle pas tout : la vigilance reste indispensable.

A retenir

Les heures creuses seront-elles uniformes sur tout le territoire ?

Non. Les plages sont déterminées localement par Enedis, en fonction de la production solaire, de la densité de population et de la capacité du réseau. Deux foyers voisins peuvent avoir des créneaux différents.

Faut-il une intervention chez soi pour le changement ?

Non. Les compteurs Linky et les contacteurs communicants sont mis à jour à distance. Seuls les équipements non connectés nécessitent une reprogrammation manuelle.

Les heures creuses disparaissent-elles le matin et le soir ?

Progressivement, oui. Les plages entre 7h-11h et 17h-23h seront supprimées ou réduites. L’accent est mis sur la nuit et la mi-journée, en phase avec la production solaire.

Peut-on choisir ses nouvelles plages ?

Non. Les horaires sont attribués techniquement par Enedis ou le gestionnaire de réseau. Il n’est pas possible de les personnaliser.

Quand le changement sera-t-il effectif ?

Le déploiement commence le 1er novembre 2025 et s’étendra jusqu’à fin 2027, selon les zones. Chaque foyer sera informé bien à l’avance.

Et si les nouvelles plages ne me conviennent pas ?

Vous pouvez envisager de changer d’option tarifaire. Le tarif Base ou une offre super-creuse peut s’avérer plus avantageux, selon votre mode de vie. Comparez les offres avant le changement.

Cette réforme des heures creuses n’est pas qu’un ajustement technique : c’est un signe de l’évolution profonde de notre système énergétique. Elle nous oblige à sortir d’un modèle passif – où l’on consomme sans penser à la source – pour entrer dans une logique active, responsable et intelligente. En s’adaptant, non seulement on évite les mauvaises surprises sur la facture, mais on participe, à notre échelle, à la construction d’un avenir énergétique plus durable. Le soleil brille, l’électricité est là : à nous d’apprendre à en faire notre allié.