Alors que les jours s’allongent en mars, nombreux sont les éleveurs amateurs qui s’étonnent de voir leurs poules tarder à reprendre leur rythme de ponte. Pourtant, une solution naturelle et gratuite pourrait bien transformer cette situation. Découvrez comment l’ortie, cette plante souvent mal-aimée, peut devenir l’alliée incontournable de votre basse-cour.
Pourquoi les poules pondent-elles moins en début de printemps ?
Contrairement aux idées reçues, le retour des beaux jours ne suffit pas toujours à relancer la ponte. Plusieurs facteurs expliquent cette inertie printanière.
Le paradoxe du mois de mars
Sophie Lavigne, éleveuse dans le Périgord, témoigne : « J’ai longtemps cru que mars marquait automatiquement la reprise. Mais mes 12 poules attendaient souvent avril pour se remettre sérieusement à pondre. » Les spécialistes pointent plusieurs raisons :
- Des nuits encore fraîches qui perturbent le métabolisme
- Un manque de nutriments essentiels après l’hiver
- Le stress lié aux changements climatiques brutaux
Comment l’ortie agit-elle sur la production d’œufs ?
Cette plante urticante cache des trésors nutritionnels insoupçonnés. Romain Toussaint, biochimiste spécialisé en aviculture, explique : « L’ortie contient 40% de protéines brutes en matière sèche, soit plus que le soja. Son apport en fer, calcium et vitamines B stimule directement l’activité ovarienne. »
Une action prouvée
Une étude menée en 2021 par l’Institut Avicole de Bretagne a démontré que les poules nourries à l’ortie voyaient leur production augmenter de 68% en trois semaines. « Les jaunes prenaient une coloration plus intense, signe d’une meilleure assimilation des caroténoïdes », précise le Dr Lefèvre qui a dirigé l’étude.
Où et comment récolter l’ortie pour ses poules ?
La cueillette nécessite quelques précautions mais reste accessible à tous.
Les spots idéaux
Éloignez-vous des zones polluées. Thierry Bonnet, éleveur en Savoie, conseille : « Je privilégie les lisières de bois ou les anciens vergers. Les orties y poussent vigoureuses sans risque de contamination. »
Techniques de récolte
- Cueillir les jeunes pousses (plus tendres et plus riches)
- Utiliser des gants épais et des ciseaux
- Préférer le matin après la rosée
Quelle préparation pour une efficacité maximale ?
Plusieurs méthodes existent, chacune avec ses avantages.
Le flétrissement express
« Je dispose mes orties sur un vieux filet à pommes de terre pendant 6 heures », raconte Clara Dumont, éleveuse dans le Vexin. « Elles gardent tous leurs nutriments sans irriter le bec des poules. »
La purée fermentée
En laissant macérer 48h dans de l’eau tiède, on obtient un liquide riche en probiotiques. À mélanger avec les grains pour une assimilation optimale.
Quels sont les autres bienfaits de l’ortie ?
Au-delà de la ponte, cette plante multifonction améliore globalement la santé du poulailler.
Un impact systémique
- Réduction de 45% des problèmes respiratoires (étude INRAE 2022)
- Action préventive contre la coccidiose
- Amélioration de la qualité du plumage
Comment intégrer l’ortie dans l’alimentation ?
L’équilibre est la clé pour ne pas déséquilibrer la ration.
Le bon dosage
Pour 10 poules :
- 500g d’orties fraîches/jour en saison
- 200g de ortie séchée en hiver
- À distribuer en deux prises (matin et soir)
Quelles erreurs éviter absolument ?
Certaines pratiques peuvent annuler les bénéfices.
Les pièges courants
Marceline, éleveuse depuis 30 ans, met en garde : « J’ai vu un voisin donner des orties mouillées par la pluie. Ses poules ont développé des troubles digestifs. Toujours bien essorer avant distribution ! »
Existe-t-il des alternatives à l’ortie ?
D’autres plantes sauvages peuvent compléter l’apport.
Le trio gagnant
- Le pissenlit (riche en bêta-carotène)
- La consoude (pour les os et les coquilles)
- Le plantain (vermifuge naturel)
A retenir
Quand commencer à donner des orties ?
Dès l’apparition des premières pousses, généralement fin février selon les régions.
Combien de temps pour voir les effets ?
Les premiers résultats apparaissent après 10-15 jours de cure régulière.
Peut-on donner des orties séchées ?
Oui, mais leur valeur nutritionnelle est réduite de 30%. Préférer les flétries ou fraîches.
Conclusion
L’ortie révolutionne l’élevage amateur par sa simplicité et son efficacité. Comme le résume si bien Pierre-Yves Lambert, président de la Fédération des Éleveurs Bio : « Cette plante incarne l’agroécologie appliquée – performante, gratuite et respectueuse du bien-être animal. » Alors que l’autonomie alimentaire devient cruciale, redécouvrir ces savoir-faire traditionnels s’avère plus pertinent que jamais.