Alors que les températures baissent et que les journées se chargent d’humidité, une question revient chaque hiver : comment garder ses chaussures sèches, confortables et en bon état ? Face aux solutions modernes souvent coûteuses et énergivores, une méthode ancienne refait surface avec une efficacité redoutable : le papier journal. Longtemps relégué au rang de déchet, ce matériau ordinaire s’avère être un allié précieux pour préserver le cuir, absorber l’humidité et même lutter contre les odeurs. Derrière cette astuce toute simple se cache une sagesse populaire, transmise de génération en génération, qui mérite d’être redécouverte et valorisée dans notre quotidien contemporain.
Comment une méthode d’un autre temps fait-elle son retour ?
À une époque où les innovations technologiques inondent le marché, il est frappant de constater que certaines solutions les plus efficaces sont aussi les plus simples. Le papier journal, objet du quotidien devenu presque obsolète avec l’essor du numérique, retrouve une seconde vie grâce à des usages pratiques oubliés. Son retour dans le soin des chaussures n’est pas un phénomène de mode, mais une réponse logique à un problème récurrent : l’humidité résiduelle qui détériore les matériaux et favorise les mauvaises odeurs.
Le témoignage de Martine Dubreuil, randonneuse des Alpes
Martine Dubreuil, 58 ans, arpente les sentiers alpins depuis près de quarante ans. Entre neige fondue, chemins boueux et pluie persistante, ses chaussures de randonnée subissent des conditions extrêmes. « Après chaque sortie, je sais que mes chaussures sont trempées, surtout au niveau des semelles intérieures. Si je les laisse sécher à l’air libre sans rien faire, elles mettent des jours à retrouver un état correct, et le cuir se dégrade vite », explique-t-elle.
C’est sa grand-mère, femme de la campagne ardéchoise, qui lui a transmis ce geste simple : remplir les chaussures de papier journal froissé. « Elle disait : “Le journal, c’est pas fait que pour lire. Il boit l’eau comme une éponge.” Sur le coup, je trouvais ça un peu archaïque. Mais après avoir ruiné plusieurs paires de chaussures, j’ai essayé. Résultat : en une nuit, mes bottes étaient sèches, pas déformées, et surtout, sans odeur. Depuis, je n’ai plus jamais cessé. »
Pourquoi le papier journal absorbe-t-il si bien l’humidité ?
Le secret réside dans la composition du papier. Fabriqué à partir de fibres de cellulose, le papier journal possède une structure poreuse qui capte naturellement l’humidité. Lorsqu’il est roulé ou froissé en boule, il prend la forme de la chaussure tout en créant de petits espaces aérés, ce qui optimise l’absorption de la vapeur d’eau résiduelle.
À l’intérieur d’une chaussure humide, l’air stagnant favorise la condensation. Le papier intervient comme un agent capillaire : il attire l’humidité du cuir, de la doublure et de la semelle, la stocke dans ses fibres, et la libère progressivement à l’air ambiant, surtout si la chaussure est placée dans un lieu ventilé.
Un processus naturel, sans énergie ni produit chimique
Contrairement aux sèche-chaussures électriques, qui consomment de l’électricité et peuvent parfois assécher excessivement le cuir, le papier journal agit en douceur. Il ne chauffe pas, ne dégrade pas les matériaux sensibles, et ne nécessite aucun branchement. C’est un système passif, silencieux, mais redoutablement efficace. « Je le fais aussi pour mes bottes en cuir de ville, pas seulement pour la randonnée », précise Martine. « Mes collègues au club de marche ont tous adopté la méthode maintenant. Certains utilisaient des balles de coton ou des chaussons en mousse, mais rien n’absorbe comme le journal. »
Quels sont les bénéfices concrets pour les chaussures ?
L’absorption de l’humidité n’est que le premier avantage. En maintenant les chaussures garnies de papier, on préserve leur forme. Le cuir, lorsqu’il reste humide, perd de sa rigidité et peut se rider, se fendiller, ou s’affaisser. Le papier, en gonflant légèrement lors de l’absorption, exerce une pression douce qui empêche les plis indésirables.
De plus, en réduisant l’humidité, on limite la prolifération de bactéries et de champignons, responsables des odeurs désagréables. « Je n’ai plus besoin de vaporiser de désodorisants chimiques », souligne Martine. « Parfois, j’ajoute une feuille de journal imprégnée d’un peu d’huile essentielle de lavande, mais c’est rare. Le simple fait de sécher correctement suffit à garder l’intérieur frais. »
Une méthode économique et écologique
Le coût d’un sèche-chaussures électrique varie entre 30 et 100 euros, sans compter la consommation d’électricité. Le papier journal, lui, est souvent disponible gratuitement — dans sa propre boîte aux lettres, chez un voisin, ou en récupération dans un café. Même en l’achetant, le prix reste négligeable.
« Je vis dans un petit village où le ramassage des déchets est limité », raconte Martine. « J’essaie de tout réutiliser. Le journal, je l’utilise d’abord pour protéger le sol quand je répare mes équipements, puis pour les chaussures, et enfin, je le mets au compost. Rien ne part à la poubelle. »
Comment utiliser le papier journal de manière optimale ?
La technique semble simple, mais quelques bonnes pratiques permettent d’en tirer le meilleur parti. Martine partage son rituel : « Dès que je rentre, j’enlève les semelles intérieures si possible, je sors les lacets, et je bourre chaque chaussure de feuilles froissées. Pas besoin de trop serrer — l’idée, c’est de créer du volume pour que le papier touche toutes les parois internes. »
Elle insiste sur l’importance de changer le papier au moins une fois, voire deux, si les chaussures sont très mouillées. « Le lendemain matin, je vérifie : si le papier est encore humide ou froid, je remplace par du sec. En général, deux nuits suffisent pour une séchage complet. »
Où placer les chaussures pendant le processus ?
La ventilation joue un rôle clé. Martine conseille de ne pas enfermer les chaussures dans une armoire ou un placard sombre. « Je les mets près de la fenêtre de mon entrée, ou sur une étagère dans un couloir bien aéré. Pas près d’un radiateur, attention ! La chaleur excessive abîme le cuir. L’air ambiant, c’est le mieux. »
Pourquoi cette méthode mérite-t-elle d’être répandue ?
Face à l’urgence écologique, redécouvrir des gestes simples, peu coûteux et durables devient essentiel. L’utilisation du papier journal pour sécher les chaussures incarne une philosophie plus large : celle du réemploi, de la sobriété, et du respect des matériaux.
Martine Dubreuil a même commencé à en parler lors des réunions de son club de randonnée. « On a organisé un atelier “entretien du matériel” l’année dernière. J’ai montré la méthode avec mes vieilles chaussures et un exemplaire du journal local. Certains riaient au début, mais quand ils ont vu le papier sortir humide le lendemain, ils ont été convaincus. »
Un geste qui fait sens au-delà de la chaussure
Cette pratique, anodine en apparence, participe à une prise de conscience plus vaste. Elle invite à observer ce que l’on jette, à imaginer d’autres usages, à ralentir. « On a tendance à croire que tout ce qui est ancien est dépassé », analyse Martine. « Mais parfois, les solutions d’avant étaient plus intelligentes. Elles ne polluaient pas, ne consommaient pas d’énergie, et elles fonctionnaient. »
A retenir
Le papier journal peut-il vraiment remplacer un sèche-chaussures électrique ?
Oui, dans la plupart des cas. Pour des chaussures modérément humides, le papier journal est tout aussi efficace, voire plus doux pour les matériaux. Il n’assèche pas excessivement le cuir comme peuvent le faire certains appareils chauffants. Toutefois, dans des conditions extrêmes (chaussures trempées plusieurs jours de suite), une combinaison des deux méthodes peut être envisagée : papier journal la nuit, et sèche-chaussures à basse température le jour.
Faut-il utiliser un type de papier particulier ?
Le papier journal standard fonctionne très bien. Il est préférable d’éviter les journaux avec encres très grasses ou couleurs vives, qui pourraient transférer des pigments sur la doublure. Les pages internes, moins imprimées, sont idéales. Certains utilisent aussi du papier kraft ou des essuie-tout, mais le journal reste le plus accessible et le plus absorbant.
Le papier journal abîme-t-il les chaussures à long terme ?
Non, à condition de ne pas laisser le papier en place plus de deux ou trois jours. Le risque n’est pas de détériorer la chaussure, mais de retenir trop longtemps l’humidité si le papier est saturé. Il est donc crucial de le renouveler régulièrement. Par ailleurs, le papier ne contient pas de substances agressives pour le cuir ou les textiles.
Peut-on utiliser cette méthode pour d’autres objets ?
Oui, absolument. Certains l’utilisent pour sécher des gants en cuir, des sacs à main humides, ou même des livres tombés dans l’eau. Le principe reste le même : le papier absorbe l’humidité par capillarité. Il suffit de placer des feuilles entre les pages ou à l’intérieur de l’objet, en les changeant fréquemment.
Est-ce hygiénique ? Ne risque-t-on pas de contaminer l’intérieur des chaussures ?
Le papier journal propre ne présente aucun risque d’hygiène. Il ne contient pas de germes en temps normal. Au contraire, en asséchant l’intérieur de la chaussure, il réduit les conditions favorables à la croissance de micro-organismes. Pour les personnes particulièrement sensibles, il est possible de choisir des journaux récents, sans traces de manipulation extérieure.
Quelle est la meilleure fréquence d’utilisation ?
Idéalement, chaque fois que les chaussures ont été exposées à l’humidité : après la pluie, la neige, ou même après une longue journée de marche où la transpiration s’accumule. Un usage régulier prolonge la durée de vie du cuir et préserve le confort. Ce n’est pas une méthode d’urgence, mais un geste d’entretien au quotidien.
Conclusion
L’utilisation du papier journal pour sécher les chaussures est bien plus qu’un truc de grand-mère. C’est une réponse intelligente, accessible et durable à un problème courant. Elle allie efficacité, respect des matériaux et sobriété écologique. Dans un monde saturé de produits jetables et d’appareils énergivores, elle rappelle que parfois, la meilleure solution est celle qui coûte le moins cher — et qui vient du passé. Comme le montre l’exemple de Martine Dubreuil, ces gestes simples, transmis de génération en génération, ont encore toute leur place dans notre quotidien. Ils ne sauvent pas seulement nos chaussures : ils nous reconnectent à une manière de vivre plus attentive, plus responsable, et finalement, plus humaine.