Le gouvernement français prévoit de supprimer l’abattement forfaitaire de 10 % appliqué sur les pensions de retraite, une mesure qui pourrait alourdir la facture fiscale de plusieurs centaines de milliers de retraités à partir de 2026. Cette décision, inscrite dans un contexte de rééquilibrage budgétaire, suscite de nombreuses interrogations : qui seront les principaux concernés ? Quels sont les mécanismes exacts de cette réforme ? Et comment les retraités peuvent-ils anticiper cet impact financier ?
Qui sont les retraités visés par cette suppression d’abattement ?
La mesure cible principalement les retraités dont les pensions annuelles imposables dépassent 20 000 €, soit environ 1 666 € par mois. Il s’agit donc des ménages les plus aisés, mais aussi d’une partie de la classe moyenne, comme le souligne Claire Dubreuil, enseignante retraitée à Lyon : « Je touche 2 200 € mensuels. Avec l’abattement actuel, je suis à la limite de l’impôt. Sans lui, je devrais payer plusieurs centaines d’euros de plus chaque année. »
Cependant, les retraités modestes ne sont pas épargnés. « Certains couples vivent avec 2 500 € à deux, explique Patrick Moreau, conseiller fiscal à Bordeaux. La suppression de cet abattement pourrait les pousser à franchir un seuil d’imposition, même si leurs ressources restent limitées. »
Comment fonctionne l’abattement actuel et pourquoi sa suppression inquiète-t-elle ?
L’abattement de 10 %, introduit en 2018, permet de réduire le revenu imposable des retraités en estimant les frais professionnels non déductibles après la cessation d’activité. Par exemple, un retraité percevant 2 000 € par mois voit sa pension annuelle imposable calculée sur 21 600 € au lieu de 24 000 €. Cette déduction équivaut à une économie d’impôt pouvant atteindre 200 € pour les ménages les plus modestes.
Pour Élisabeth Caron, ancienne infirmière retraitée à Marseille, cette réduction est cruciale : « Mon mari et moi vivons avec 3 000 € mensuels. Sans les 10 %, nous paierions 450 € d’impôt supplémentaires. C’est une somme qui pèse lourd sur notre budget serré. »
Quel est l’impact concret de la nouvelle déduction forfaitaire de 2 000 € ?
La réforme remplace l’abattement proportionnel par une déduction fixe de 2 000 € par an. Pour les retraités dont la pension annuelle imposable dépasse 20 000 €, cette modification entraîne une augmentation d’impôt. Prenons le cas de Léonard Rousseau, ancien ingénieur à Toulouse, qui perçoit une pension de 3 200 € mensuels. Actuellement, son revenu imposable est calculé sur 34 560 € (10 % d’abattement). Avec la déduction fixe, ce chiffre passerait à 36 400 €, entraînant une hausse de son impôt de 3 200 à 3 800 €, soit +18,75 %.
« C’est un choc psychologique, confie Léonard. J’ai travaillé toute ma vie, cotisé pour les retraites futures. Voir mon effort réduit ainsi me semble injuste. »
Les débats parlementaires pourraient-ils modifier la mesure ?
Les discussions à l’Assemblée nationale et au Sénat pourraient adoucir la réforme. Plusieurs amendements sont attendus, notamment pour préserver les retraités modestes. « Certains parlementaires proposent de maintenir l’abattement de 10 % pour les pensions inférieures à 2 500 € mensuels », indique Sophie Leroy, journaliste économique à La Tribune.
Le gouvernement pourrait aussi introduire des compensations, comme une revalorisation des pensions ou un crédit d’impôt ciblé. « Mais ces ajustements dépendront des marges de manœuvre budgétaire », précise-t-elle.
Comment les retraités peuvent-ils anticiper cette hausse d’impôt ?
Les experts conseillent de revoir son budget dès maintenant. « Les épargnants peuvent optimiser leurs revenus en reportant certains prélèvements, comme les rachats d’assurance-vie », explique Patrick Moreau. Pour les couples, une déclaration commune pourrait réduire le taux marginal d’imposition.
Des solutions plus structurelles sont aussi envisageables : « Certains retraités envisagent de vendre un bien immobilier non occupé pour constituer une épargne défiscalisée », ajoute Sophie Leroy. Claire Dubreuil, quant à elle, prévoit de réduire ses dépenses courantes : « Je vais limiter les voyages et renégocier mes contrats d’énergie. »
A retenir
Qui sera concerné par la suppression de l’abattement ?
Tous les retraités dont le revenu imposable annuel dépasse 20 000 €, soit environ 1 666 € mensuels. Les ménages modestes pourraient aussi être touchés si la déduction fixe les pousse au-delà du seuil d’imposition.
Quel sera le montant moyen de la hausse d’impôt ?
Les simulations indiquent une augmentation de 15 à 25 % pour les retraités situés entre 20 000 et 40 000 € annuels. Au-delà, la hausse pourrait atteindre 30 %.
Quelles solutions existent pour réduire son impôt ?
Les retraités peuvent optimiser leurs revenus en reportant certains prélèvements, choisir une imposition à la source décalée, ou verser des dons à des organismes caritatifs pour bénéficier de réductions fiscales.
Quand cette réforme entrera-t-elle en vigueur ?
Si elle est adoptée, la suppression de l’abattement s’appliquera aux revenus de 2025, avec un prélèvement à la source en 2026.
Les retraités étrangers résidant en France sont-ils concernés ?
Oui, la mesure s’applique à tous les retraités fiscalement domiciliés en France, quelle que soit leur nationalité ou l’origine de leur pension.