Une plage secrète en Europe à seulement 3 heures de Paris, préservée du tourisme de masse en 2025

À l’heure où les destinations de vacances se ressemblent toutes, entre plages saturées, spots surbookés et paysages abîmés par le tourisme de masse, il est rafraîchissant de découvrir un lieu qui semble avoir été oublié par le temps. Imaginez une crique baignée d’une eau turquoise, un sable fin qui glisse entre les orteils, des pins centenaires qui projettent leur ombre fraîche sur des sentiers secrets, et surtout, un silence presque religieux. Ce paradis existe, et il se trouve à seulement trois heures d’avion de Paris. Bienvenue à Palmizana, une île minuscule mais prodigieuse, nichée dans l’archipel des îles Pakleni, au large de Hvar, en Croatie. Ce n’est pas une destination de mode, ni un spot prisé des influenceurs. C’est un refuge. Un endroit où l’on vient pour se souvenir de ce que signifie être en paix.

Qu’est-ce qui rend Palmizana si différente des autres plages de Croatie ?

Contrairement aux destinations côtières les plus célèbres du pays, comme Dubrovnik ou Split, Palmizana ne se livre pas au premier venu. Elle ne se dévoile qu’à ceux qui acceptent de quitter les sentiers battus. Située sur l’île de Sveti Klement, la plus grande des îles Pakleni, elle est accessible uniquement par bateau, ce qui en fait une enclave naturelle préservée. Pas de routes goudronnées, pas de voitures, pas de circulation. Juste des chemins de terre bordés de figuiers sauvages, de cactus géants et de buissons de lavande qui embaument l’air dès le matin.

C’est ici que Clémentine, professeure de lettres à Lyon, a passé une semaine inoubliable en mai dernier. « J’ai atterri à Split, puis pris un ferry pour Hvar, raconte-t-elle. Là-bas, j’ai embarqué sur un petit bateau de location avec deux amis. En quinze minutes, on a quitté la foule, les terrasses bondées, pour arriver dans un silence absolu. Quand on a posé le pied sur la plage, j’ai eu l’impression d’atterrir dans un autre monde. L’eau était si claire qu’on voyait les étoiles de mer au fond. Et personne autour. Juste un couple qui pique-niquait sous un pin. »

La plage principale de Palmizana, bordée d’un sable doré rare dans cette région — où les galets dominent généralement —, est entourée d’une végétation luxuriante. Ce n’est pas un paysage façonné par l’homme, mais un équilibre naturel entre mer, forêt et lumière. Et ce qui frappe immédiatement, c’est la qualité du silence. Pas de musique en fond sonore, pas de klaxons, pas de cris d’enfants. Seulement le bruit du vent dans les arbres et le léger clapotis des vagues.

Y a-t-il des infrastructures sur place ?

Oui, mais elles sont discrètes, élégantes, et parfaitement intégrées à l’environnement. Le cœur de Palmizana abrite un petit complexe hôtelier et plusieurs restaurants en bord de mer, dont certains sont ouverts depuis des décennies. Le plus ancien, le Meneghello, appartient à une famille croate installée sur l’île depuis 1914. C’est ici qu’a été créé le jardin botanique de Palmizana, un lieu magique où poussent plus de 800 espèces de plantes méditerranéennes et exotiques — palmiers, aloès, figuiers de Barbarie, agaves —, soigneusement entretenues par les descendants des fondateurs.

« Quand mon arrière-grand-père a acheté une partie de l’île, il voulait créer un havre de beauté, explique Iva Meneghello, aujourd’hui en charge du jardin. Il a planté les premiers arbres, puis d’autres sont venus. Aujourd’hui, c’est un lieu vivant, presque sacré pour certains visiteurs. »

Comment est l’ambiance sur place ? Bohème, chic ou sauvage ?

La réponse tient en un mot : authentique. Palmizana n’a pas été conçue pour être une destination de luxe ostentatoire, mais un lieu de ressourcement. L’atmosphère y est bohème chic, comme si les années 60 avaient laissé une empreinte durable. Les tables des restaurants sont en bois brut, les nappes sont souvent absentes, et les couverts en métal simple. On y mange des spécialités locales : brochettes de poissons grillés, pâtes aux oursins, salades de tomates fraîches arrosées d’huile d’olive locale. Le tout accompagné d’un vin blanc du domaine de Hvar, léger et floral.

« Ce que j’ai aimé, c’est qu’il n’y a pas de pression, témoigne Raphaël, architecte parisien venu en solo pour se déconnecter. On ne se sent pas obligé de faire quoi que ce soit. Pas de programme, pas d’attentes. On arrive, on pose son sac, on plonge dans l’eau, on mange quand on a faim, on lit sous un arbre. Et c’est parfait comme ça. »

Y a-t-il des activités à faire autour de la plage ?

Beaucoup, mais elles sont douces. Palmizana n’est pas une destination pour les amateurs de sports extrêmes ou de nightlife. Ici, on marche. On explore. On nage. On plonge. L’île de Sveti Klement est suffisamment grande pour permettre de longues balades — certaines d’une heure ou plus —, qui mènent à des criques minuscules, parfois seulement visibles depuis la mer. Certaines sont rocheuses, idéales pour les sauts dans l’eau profonde. D’autres, plus abritées, offrent un calme absolu.

Des bateaux de location proposent des circuits autour des îles Pakleni, un archipel de plus de vingt îlots, chacun avec sa propre personnalité. Certains sont inhabités, d’autres abritent des villas privées ou des restaurants flottants. « On a fait une excursion en kayak, raconte Clémentine. On a passé une journée à ramer d’une île à l’autre, en pique-niquant sur des plages désertes. À un moment, on s’est arrêtés sur un petit cap, on a vu une tortue marine nager près du rivage. C’était… magique. »

Pourquoi cette plage est-elle si peu connue ?

Parce qu’elle ne cherche pas à l’être. Contrairement à d’autres destinations croates qui ont investi massivement dans le marketing touristique, les îles Pakleni ont choisi la discrétion. Pas de campagnes publicitaires, peu de présence sur les réseaux sociaux, et un accès limité. Seuls les bateaux peuvent y accoster, et il n’y a pas de ferry régulier direct depuis le continent — seulement des navettes depuis Hvar, toutes les heures environ.

« C’est un choix délibéré, confirme Iva Meneghello. Nous voulons préserver l’âme de l’île. Si trop de monde venait, ce ne serait plus Palmizana. »

Et pourtant, le secret commence à se divulguer. En juillet et août, la plage se remplit davantage. Des yachts de luxe s’amarrent parfois en fin d’après-midi, et certains restaurants affichent complet. Mais même à cette période, l’ambiance reste détendue, presque feutrée. Ce n’est pas Ibiza, ni Mykonos. Il n’y a pas de club, pas de DJ, pas de monde jusqu’à l’aube.

Quel est le meilleur moment pour y aller ?

Les mois idéaux sont avril, mai, juin et septembre. À cette période, les températures sont douces — entre 20 et 28 degrés —, l’eau est déjà agréable, et les touristes sont moins nombreux. Les prix sont aussi plus abordables. « Je suis partie en juin, explique Clémentine. Il faisait chaud, mais pas étouffant. On pouvait marcher toute la journée sans souffrir. Et le soir, on dînait en terrasse avec une légère brise. C’était l’équilibre parfait. »

Raphaël ajoute : « En septembre, j’ai vu des pêcheurs locaux rentrer au crépuscule avec leurs filets pleins de sardines fraîches. Ils les vendaient directement sur le quai. J’ai mangé du poisson grillé à 19 heures, en regardant le soleil se coucher sur la mer. Je n’avais rien planifié. Et c’était exactement ce dont j’avais besoin. »

Peut-on y séjourner plusieurs jours ?

Absolument. Plusieurs options s’offrent aux voyageurs. Palmizana dispose d’un petit hôtel familial, de chambres simples mais confortables, avec vue sur la mer. Des villas privées sont aussi disponibles à la location, certaines perchées sur des collines, offrant une intimité totale. Pour les plus aventureux, il est possible de dormir à bord d’un bateau — mouillage autorisé dans la baie — ou de réserver une nuit dans un des rares bungalows disséminés autour du jardin botanique.

« J’ai passé trois nuits dans une cabane en bois, raconte Raphaël. Pas de climatisation, juste un ventilateur. Le bruit des vagues me berçait. Le matin, je me réveillais avec la lumière du soleil qui passait par les persiennes. J’ai rarement dormi aussi bien. »

Que faut-il emporter pour un séjour à Palmizana ?

Peu de choses. L’essentiel : un bon livre, une paire de sandales solides pour marcher, une protection solaire efficace, et un masque de plongée. L’eau y est si claire qu’on peut observer la vie marine sans effort. Un chapeau est recommandé, car même à l’ombre des pins, le soleil croate est généreux. Et surtout : une ouverture d’esprit. Palmizana n’est pas une destination où tout est organisé. Elle demande une certaine disponibilité, un goût pour le simple, le lent, le vrai.

Quel impact le tourisme a-t-il sur l’île ?

Minimal, et c’est voulu. Les autorités locales et les habitants ont mis en place des règles strictes pour préserver l’environnement. Pas de construction massive, pas de déchets laissés sur place, pas de moteurs bruyants en zone de baignade. Les bateaux doivent respecter des zones de mouillage définies, et les visiteurs sont invités à emporter leurs déchets avec eux.

« Nous vivons ici, pas seulement en été, souligne Iva. Cette île, c’est notre maison. Nous ne voulons pas qu’elle devienne une attraction. Nous voulons qu’elle reste un sanctuaire. »

Conclusion : une destination pour l’âme, pas seulement pour les yeux

Palmizana n’est pas seulement une plage. C’est une expérience. Un rappel que la beauté n’a pas besoin d’être criarde pour être bouleversante. Que le bonheur peut tenir dans un coucher de soleil, un bain de minuit, un repas partagé pieds nus sur le sable. À une époque où tout va vite, où tout se partage, où tout se consomme, Palmizana propose une autre voie : celle du silence, de la lenteur, de l’intimité.

Elle n’est pas parfaite. Elle n’est pas facile d’accès. Elle ne conviendra pas à tout le monde. Mais pour ceux qui cherchent un lieu où se reconnecter — à la nature, à eux-mêmes, à l’essentiel —, elle pourrait bien être la destination la plus précieuse d’Europe.

A retenir

Où se trouve exactement Palmizana ?

Palmizana est une crique située sur l’île de Sveti Klement, dans l’archipel des îles Pakleni, au large de Hvar, en Croatie. Elle est accessible uniquement par bateau, via des navettes maritimes depuis Hvar (traversée de 15 minutes).

Quand est-il préférable de s’y rendre ?

Les meilleures périodes sont avril à juin et septembre. Moins de monde, températures agréables, eau déjà chaude, et prix plus doux qu’en juillet-août.

Y a-t-il des restaurants ou des hébergements ?

Oui. Plusieurs restaurants proposent des plats locaux frais, notamment du poisson grillé et des pâtes aux oursins. Des hébergements variés sont disponibles : hôtel familial, villas, bungalows, ou possibilité de mouillage en bateau.

Est-ce une plage adaptée aux enfants ou aux familles ?

Oui, mais dans un cadre calme et naturel. L’absence de foule et la douceur de l’eau en font un lieu idéal pour les familles recherchant la tranquillité. Toutefois, les activités sont simples et non organisées, ce qui peut décevoir les enfants habitués aux animations.

Peut-on y faire de la plongée ou du snorkeling ?

Absolument. La transparence de l’eau et la richesse de la faune marine en font un spot idéal pour observer poissons, étoiles de mer, et parfois même des tortues marines.