Entre vapeur d’eau, carrelage embué et serviettes qui traînent des heures sans sécher, la salle de bain devient vite, en hiver, un espace inconfortable. L’humidité s’installe discrètement, mais ses effets sont bien visibles : taches sombres dans les joints, odeurs persistantes, sensation d’étouffement. Pourtant, une solution à la fois esthétique, écologique et efficace se niche parmi les plantes d’intérieur. Certaines espèces, sélectionnées pour leur capacité à absorber l’humidité et purifier l’air, s’imposent comme de véritables alliées silencieuses. En adoptant les bonnes variétés et en les plaçant stratégiquement, il est possible de transformer la salle de bain en un lieu plus sain, plus respirant, sans recourir à des appareils bruyants ou énergivores. Rencontre avec des habitants qui ont relevé le défi – et gagné la bataille contre la moiteur.
Quelle est l’origine de l’humidité en salle de bain et pourquoi elle devient rapidement un problème ?
L’humidité en salle de bain n’est pas qu’un désagrément esthétique : c’est un phénomène physique amplifié par nos gestes quotidiens. Chaque douche chaude libère plusieurs litres de vapeur d’eau dans un espace souvent mal ventilé. En période froide, les fenêtres restent fermées, les portes closes, et l’air saturé d’eau stagne. Ce taux d’hygrométrie élevé, dépassant régulièrement 70 %, favorise la condensation sur les murs, les miroirs et les carreaux. Mais les conséquences vont bien au-delà de la buée : l’humidité favorise la prolifération de moisissures noires dans les joints, détériore les matériaux poreux comme le bois ou le plâtre, et altère la qualité de l’air.
Élodie Reynaud, architecte d’intérieur à Clermont-Ferrand, en a fait l’expérience. Après deux hivers passés dans mon nouvel appartement, j’ai remarqué des taches brunes derrière la baignoire. J’ai d’abord cru à une fuite, mais c’était de la moisissure. Mes serviettes sentaient le renfermé, même après lavage. J’ai compris que l’air était vicié. Une situation courante, confirmée par les experts en qualité de l’air intérieur : l’humidité excessive aggrave les allergies, irrite les voies respiratoires, et crée un environnement propice aux bactéries.
Comment l’humidité impacte-t-elle le confort et la santé ?
Le sentiment d’étouffement, l’odeur de moisi, les textiles humides — autant de signaux d’un déséquilibre invisible. L’air trop chargé en eau ralentit l’évaporation de la transpiration, ce qui donne cette sensation désagréable de peau collante. De plus, les composés organiques volatils (COV), présents dans les produits de nettoyage ou les parfums d’ambiance, se concentrent dans un air mal renouvelé. C’est là que certaines plantes entrent en jeu : elles agissent comme des filtres naturels, capables d’absorber à la fois l’excès d’humidité et certaines toxines.
Quelles plantes sont capables de réguler naturellement l’humidité et comment fonctionnent-elles ?
Le monde végétal recèle des capacités insoupçonnées. Certaines plantes absorbent l’humidité ambiante par leurs feuilles ou leurs racines, puis la restituent lentement dans l’air par transpiration, un processus qui équilibre naturellement le taux d’hygrométrie. D’autres, comme le spathiphyllum, capturent les polluants grâce à leurs feuilles poreuses. Ce phénomène, étudié par la NASA dans les années 1980, montre que certaines espèces domestiquées peuvent améliorer significativement la qualité de l’air intérieur.
J’ai toujours cru que les plantes en salle de bain, c’était juste pour le décor , confie Julien Mercier, professeur de biologie à Montpellier. Puis j’ai lu une étude sur l’aloe vera et son action sur l’humidité. J’ai testé avec trois plantes différentes. Au bout de trois semaines, mes serviettes séchaient deux fois plus vite. Le miroir ne buait plus autant. C’était subtil, mais réel.
Quel est le rôle de la transpiration végétale dans la régulation de l’air ?
Contrairement à une idée reçue, les plantes ne rejettent pas seulement de l’humidité : elles la régulent. En absorbant l’eau présente dans l’air ambiant, elles empêchent les pics de saturation. Leur système racinaire capte aussi les molécules d’eau condensée dans le sol, qu’elles redistribuent lentement. Ce cycle naturel, silencieux et autonome, agit comme un climatiseur biologique. Associé à une aération ponctuelle, il suffit souvent à stabiliser l’atmosphère.
Quelles sont les meilleures plantes à installer en salle de bain et pourquoi chacune se distingue-t-elle ?
Choisir une plante pour la salle de bain, ce n’est pas seulement une question de décoration. Il faut privilégier des espèces résistantes à la faible luminosité, à l’air saturé d’eau, et aux variations de température. Six variétés s’imposent par leur efficacité et leur robustesse.
Fougère : la reine des ambiances humides
La fougère, notamment la variété *Nephrolepis*, adore les atmosphères moites. Elle prospère naturellement dans les sous-bois ou les grottes humides, ce qui en fait une candidate idéale. Ses frondes fines et aériennes captent l’humidité par la surface foliaire. J’ai installé une fougère suspendue au-dessus de mon lavabo , raconte Camille Lenoir, photographe à Nantes. Elle a triplé de volume en six mois. Et depuis, je n’ai plus de buée sur le miroir.
Spathiphyllum : le purificateur d’air naturel
Ses grandes feuilles brillantes et sa fleur blanche en forme de voile lui ont valu le nom de fleur de lune . Mais son vrai talent, c’est sa capacité à absorber l’humidité et à filtrer les polluants comme le formaldéhyde ou le benzène. Il est particulièrement efficace dans les salles de bain mal ventilées. Un seul spécimen peut traiter l’air d’un espace de 10 m².
Aloe vera : le soin double usage
À la fois plante médicinale et régulateur d’hygrométrie, l’aloe vera excelle dans les pièces lumineuses mais humides. Il libère de l’oxygène la nuit, contrairement à la majorité des plantes, ce qui en fait un allié du sommeil. Je l’ai placé sur l’appui de ma fenêtre , explique Julien. Il a survécu à mes oublis d’arrosage et continue de bien se porter. Et je peux toujours utiliser son gel en cas de coupure.
Lierre : le grimpeur malin
Le lierre (*Hedera helix*) est une plante rampante ou suspendue, capable de s’adapter à des conditions difficiles. Il absorbe l’humidité par ses feuilles et piège les particules fines en suspension. Installé dans un panier suspendu près de la douche, il devient un élément décoratif et fonctionnel. Attention toutefois : il est toxique pour les animaux domestiques.
Chlorophytum : la plante-araignée, simple et efficace
Avec ses longues feuilles en forme de lance et ses rejets aériens, le chlorophytum est l’une des plantes les plus accessibles. Il coûte peu, pousse vite, et filtre l’air des salles de bain sombres. J’en ai un dans chaque coin de ma salle de bain , sourit Élodie. Ils ont fait disparaître une odeur persistante de moisi. Et mes enfants adorent les “bébés” qu’ils produisent : on en a offert à toute la famille.
Sansevieria : la résistante ultime
Aussi connue sous le nom de langue de belle-mère , cette plante grasse vert foncé aux feuilles rigides tolère la pénombre, les courants d’air et les arrosages irréguliers. Elle excelle dans les salles de bain sans fenêtre. Son action sur l’air est prouvée : elle absorbe les COV et libère de l’oxygène la nuit. Elle a survécu à un mois sans eau pendant mes vacances , témoigne Camille. Et elle a l’air de mieux se porter qu’avant.
Comment optimiser l’efficacité de ces plantes en salle de bain ?
Installer une plante, c’est bien. Lui offrir les meilleures conditions pour agir, c’est encore mieux. Leur efficacité dépend de leur emplacement, de leur entretien, et du nombre d’unités présentes dans l’espace.
Où placer les plantes pour maximiser leur action ?
Il est préférable de les positionner près des sources d’humidité : sur le rebord de la baignoire, à côté de la douche, ou sur une étagère à hauteur du visage. Les suspensions sont idéales pour le lierre ou le chlorophytum, car elles libèrent de l’espace au sol tout en exposant les feuilles à l’air ambiant. Évitez les zones totalement obscures ou derrière des rideaux opaques. Même les plantes tolérantes à la pénombre ont besoin d’un minimum de lumière, même artificielle.
Quel entretien nécessitent-elles ?
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, il ne faut pas trop arroser les plantes en salle de bain. L’humidité ambiante compense largement les apports en eau. Un arrosage toutes les deux ou trois semaines suffit en hiver. En revanche, un léger brumisateur aide à nettoyer les feuilles et à stimuler l’absorption, surtout pour les fougères et les spathiphyllum. Un dépoussiérage régulier est également essentiel : la saleté obstrue les pores foliaires et réduit leur efficacité de filtration.
Combien de plantes faut-il pour une action significative ?
Une seule plante a un effet limité. Pour une action mesurable, comptez au moins une plante moyenne (20-30 cm de hauteur) pour chaque 3 m². Dans une salle de bain de 6 m², deux à trois spécimens bien placés suffisent à créer un microclimat plus sain. L’effet est cumulatif : plus il y a de verdure, plus l’air est purifié et régulé.
Conclusion : une solution naturelle, durable et accessible pour une salle de bain plus saine
Transformer sa salle de bain en un espace respirant ne passe pas nécessairement par des travaux ou des équipements coûteux. Les plantes offrent une réponse élégante, écologique et efficace aux problèmes d’humidité. Elles agissent en silence, sans électricité, sans bruit, et avec une touche de beauté végétale. Que ce soit la fougère qui capte la vapeur, le spathiphyllum qui filtre l’air, ou le sansevieria qui brave les courants d’air, chacune joue son rôle dans l’équilibre de l’environnement.
Comme l’a constaté Élodie Reynaud : Depuis que j’ai introduit ces plantes, ma salle de bain n’a plus rien d’un placard humide. C’est devenu un vrai moment de détente, presque une pièce de bien-être. Et mes serviettes sèchent enfin. Un petit geste, une grande différence.
A retenir
Quelles plantes sont les plus efficaces contre l’humidité en salle de bain ?
Les six plantes les plus recommandées sont la fougère, le spathiphyllum, l’aloe vera, le lierre, le chlorophytum et le sansevieria. Elles absorbent l’humidité ambiante, filtrent les polluants et s’adaptent aux conditions de faible luminosité et d’air saturé.
Faut-il arroser les plantes en salle de bain ?
Oui, mais modérément. L’humidité naturelle de la pièce réduit le besoin en arrosage. En hiver, un apport en eau toutes les deux à trois semaines suffit. L’excès d’eau peut entraîner la pourriture des racines.
Peut-on installer des plantes dans une salle de bain sans fenêtre ?
Oui, certaines plantes comme le sansevieria ou le chlorophytum tolèrent très bien l’absence de lumière naturelle. Elles peuvent survivre avec un éclairage artificiel, à condition qu’il soit régulier.
Les plantes remplacent-elles un déshumidificateur électrique ?
Elles ne remplacent pas totalement un appareil dans les cas d’humidité sévère, mais elles constituent une alternative naturelle efficace pour les niveaux modérés. Associées à une aération régulière, elles suffisent souvent à maintenir un bon équilibre hygrométrique.
Quels risques y a-t-il à avoir des plantes en salle de bain ?
Le principal risque est lié à l’entretien : un pot sans trou de drainage peut favoriser les moisissures dans la soucoupe. Il est essentiel de bien choisir les contenants et de surveiller l’état des plantes. Certaines, comme le lierre, sont toxiques pour les animaux, ce qui impose une vigilance particulière.