Ce plat frais très populaire en 2025 augmente la sensation de chaleur — et vous le mangez peut-être sans le savoir

L’été, avec ses journées longues et ensoleillées, invite souvent à la légèreté : légumes croquants, fruits juteux, plats servis frais. Pourtant, certains de ces repas, malgré leur apparence rafraîchissante, peuvent avoir un effet paradoxal sur notre corps. Derrière leur aspect estival et leur température basse, certains aliments augmentent en réalité la sensation de chaleur, perturbant notre thermorégulation. C’est notamment le cas d’un plat emblématique des régions chaudes : le ceviche. Servi glacé, à base de poisson cru et d’agrumes, il semble être l’allié idéal contre la canicule. Mais, comme le révèlent des expériences vécues et des analyses nutritionnelles, il peut paradoxalement nous faire transpirer davantage. Décryptage d’un piège alimentaire que peu soupçonnent.

Pourquoi certains plats frais nous font-ils transpirer ?

La sensation de chaleur ne dépend pas uniquement de la température ambiante ou de celle du plat que l’on consomme. Elle est aussi influencée par les composants chimiques des aliments. Certains ingrédients, même dans un mets froid, peuvent activer des mécanismes physiologiques qui élèvent la température corporelle. Ce phénomène est particulièrement marqué avec les épices, dont l’effet thermogénique est bien documenté. Lorsque nous mangeons épicé, notre corps réagit comme s’il était exposé à une source de chaleur externe : augmentation du rythme cardiaque, transpiration, vasodilatation. Résultat : une sensation de chaleur, parfois intense, même si le plat est sorti du réfrigérateur.

Le ceviche, un allié ou un piège estival ?

Le ceviche, originaire d’Amérique du Sud, est souvent perçu comme un plat estival par excellence. Poisson blanc, mariné dans du jus de citron vert, accompagné d’oignons rouges, de coriandre et parfois de piments, il est servi froid, léger et digeste. Mais c’est précisément ce dernier ingrédient, le piment, qui peut transformer ce repas en source de malaise thermique. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la fraîcheur du poisson cru ne compense pas l’effet de la capsaïcine, la molécule active des piments. C’est ce que découvre Élise Fontaine, enseignante à Montpellier, lors d’un après-midi caniculaire.

« Je me souviens parfaitement de cette journée de juillet, raconte-t-elle. Il faisait 38 °C, et j’avais passé la matinée à courir entre les salles de classe. En rentrant, je voulais quelque chose de frais, de sain. J’ai préparé un ceviche maison, avec du bar, beaucoup de citron vert et un peu de piment rouge, parce que j’aime bien relever les saveurs. Je l’ai mangé en terrasse, en pensant que c’était la solution idéale. Mais à peine une heure plus tard, j’avais l’impression d’avoir un radiateur à l’intérieur du corps. Je transpirais, je me sentais fiévreuse, alors que je n’avais rien fait d’effort physique. »

Quel est le rôle de la capsaïcine dans cette montée de chaleur ?

Pour comprendre ce mécanisme, nous avons rencontré le Dr Léon Bernard, nutritionniste spécialisé dans les interactions entre alimentation et physiologie. « La capsaïcine agit directement sur les récepteurs TRPV1, situés dans la bouche, l’œsophage et même au niveau de l’estomac, explique-t-il. Ces récepteurs sont sensibles à la chaleur et à la douleur. Quand la capsaïcine les active, le cerveau interprète cela comme une exposition à une source de chaleur. En réponse, le corps déclenche des mécanismes de refroidissement : augmentation de la transpiration, accélération du rythme cardiaque, afflux de sang vers la peau. »

Autrement dit, même si le plat est froid, le cerveau reçoit un signal de chaleur. C’est une illusion sensorielle, mais dont les conséquences sont bien réelles. « Le corps essaie de se refroidir, mais si l’environnement est déjà chaud, cette réponse devient inefficace et inconfortable », ajoute le Dr Bernard. Ce phénomène explique pourquoi, après avoir mangé un plat épicé, on peut se sentir « en feu » même dans une pièce climatisée.

Un effet variable selon les individus

L’intensité de cette réaction dépend de plusieurs facteurs : la sensibilité individuelle aux épices, l’habitude de consommer des aliments pimentés, ou encore l’état d’hydratation. Les personnes vivant dans des régions chaudes, comme au Mexique ou en Inde, développent souvent une tolérance plus élevée, car leur organisme s’adapte progressivement. Mais pour un consommateur occasionnel, comme Élise, l’effet peut être brutal. « Je mange rarement épicé, confesse-t-elle. Ce jour-là, je n’avais pas réalisé que même une petite quantité de piment pouvait avoir un tel impact. »

Quels sont les autres pièges alimentaires de l’été ?

Le ceviche n’est pas le seul aliment à tromper nos sens. Plusieurs plats estivaux, a priori légers, peuvent provoquer un effet similaire. Les currys de légumes, même servis tièdes ou froids, contiennent souvent du gingembre, du piment ou du curcuma, tous thermogéniques. Les grillades, très populaires en été, surtout lors des barbecues, nécessitent une digestion plus lourde, ce qui augmente la température interne du corps. Même certains fromages forts ou fermentés, comme le roquefort ou le chèvre affiné, peuvent provoquer une sensation de chaleur en stimulant le métabolisme.

« Il faut distinguer deux types d’effets : ceux liés aux épices, et ceux liés à la densité énergétique du repas », précise le Dr Bernard. « Un steak grillé, même mangé froid, demande plus d’énergie pour être digéré. Ce processus, appelé thermogenèse post-prandiale, élève la température corporelle de 0,5 à 1 degré pendant plusieurs heures. »

Le paradoxe des boissons épicées

Certains pays chauds, comme le Maroc ou l’Inde, consomment traditionnellement des boissons épicées en été, comme le thé à la menthe avec un peu de gingembre. Cette pratique, qui peut sembler contre-intuitive, repose en réalité sur un mécanisme subtil : la transpiration provoquée par les épices permet une évaporation de la sueur, qui, si l’air est sec, refroidit effectivement le corps. Mais en climat humide, comme dans certaines villes du sud de la France ou en bord de mer, cette sueur ne s’évapore pas correctement. Résultat : on transpire beaucoup, sans se rafraîchir. « L’efficacité de cette stratégie dépend donc du contexte climatique », souligne le nutritionniste.

Quels aliments privilégier pour rester frais naturellement ?

La clé d’un confort thermique en été réside dans le choix d’aliments à faible pouvoir thermogène et à haute teneur en eau. Les fruits comme la pastèque, le melon ou la fraise sont idéaux : ils contiennent plus de 90 % d’eau, sont peu caloriques et rafraîchissent par hydratation. Les légumes comme le concombre, les tomates ou les poivrons crus entrent dans la même catégorie. Les soupes froides, comme la gaspacho ou le yaourt salé turc (ayran), sont également excellentes, à condition de les assaisonner avec modération.

« Depuis mon expérience avec le ceviche, j’ai totalement repensé mes repas d’été », témoigne Élise. « Je fais des salades de concombre, de tomate et de menthe. Je mange beaucoup de melon, parfois avec un peu de basilic frais. Le soir, je prends une soupe froide au yaourt et aux concombres. Je me sens plus légère, plus sereine, et surtout, je ne lutte plus contre une chaleur intérieure. »

L’importance de la cuisson et de la présentation

La manière de préparer les aliments joue aussi un rôle. Les plats cuits à la vapeur ou crus sont préférables aux plats rissolés ou grillés. Les marinades acides, comme celles au citron ou au vinaigre de cidre, peuvent aider à la digestion sans provoquer de montée en température, tant qu’elles ne sont pas associées à des épices fortes. La présentation, elle aussi, a son importance : un plat bien frais, servi dans une assiette froide, peut renforcer la sensation de fraîcheur, même s’il contient des ingrédients légèrement stimulants.

Quelles sont les conséquences sur la santé en cas de canicule ?

En période de fortes chaleurs, choisir des aliments qui augmentent la température corporelle n’est pas seulement une question de confort. C’est aussi un enjeu de santé. « Quand le corps produit plus de chaleur interne, il doit redoubler d’efforts pour la dissiper », explique le Dr Bernard. « Cela augmente la déshydratation, la fatigue, et peut même favoriser les coups de chaleur, surtout chez les personnes vulnérables : les enfants, les seniors, ou celles souffrant de maladies cardiovasculaires. »

Il recommande donc de limiter les épices fortes, les protéines trop concentrées et les aliments difficiles à digérer pendant les vagues de chaleur. « Mieux vaut manger léger, en plusieurs petits repas, et boire régulièrement de l’eau, même sans soif. »

A retenir

Le ceviche est-il vraiment rafraîchissant ?

Non, pas toujours. Bien que servi froid, il peut contenir des piments qui activent les récepteurs de chaleur du corps. La capsaïcine provoque une sensation de chaleur interne, parfois intense, surtout chez les personnes sensibles ou peu habituées aux épices.

Quels aliments éviter en cas de fortes chaleurs ?

Il est préférable d’éviter les plats épicés (currys, plats au piment), les grillades, les aliments riches en protéines concentrées, et les plats trop gras ou trop lourds à digérer. Les boissons très sucrées ou alcoolisées doivent aussi être consommées avec modération.

Quels sont les meilleurs aliments pour rester au frais ?

Les fruits et légumes riches en eau : pastèque, melon, concombre, tomate, laitue, céleri. Les soupes froides non épicées, les yaourts nature, les smoothies aux fruits frais et les tisanes légères sont également excellents pour maintenir une température corporelle stable.

Peut-on manger épicé en été sans risque ?

Oui, mais avec prudence. Si vous êtes habitué aux épices et que vous êtes bien hydraté, une petite quantité peut être supportable. En revanche, en cas de canicule ou d’activité physique, il vaut mieux modérer leur usage pour éviter une surchauffe interne.

La température du plat suffit-elle à le rendre rafraîchissant ?

Non. La température de service influence la sensation immédiate, mais les ingrédients ont un impact plus durable sur la thermorégulation. Un plat froid mais épicé peut nous faire transpirer plus qu’un plat tiède mais composé d’aliments hydratants et légers.