Windows 10 : la méthode inattendue pour prolonger les mises à jour gratuitement dès maintenant

Alors que l’ère de Windows 10 touche à sa fin, Microsoft fait face à une onde de critiques croissante en Europe. L’arrêt des mises à jour de sécurité, prévu initialement sans solution pérenne pour les utilisateurs aux équipements obsolètes, a suscité une vive polémique. Face à la pression des associations, des collectivités et des millions de particuliers coincés entre un système dépassé et des alternatives coûteuses, le géant américain a ajusté sa stratégie. Désormais, une solution temporaire est proposée : une extension d’un an des mises à jour gratuites pour les utilisateurs européens, sous conditions. Mais cette mesure, bien qu’apaisante, soulève de nouvelles questions sur l’obsolescence programmée, la dépendance aux géants du numérique et l’impact écologique de la course à la modernisation technologique.

Comment bénéficier des mises à jour gratuites de Windows 10 ?

La première question que se posent les utilisateurs est simple : comment rester protégé sans ouvrir son porte-monnaie ? Microsoft a clarifié les modalités d’accès au programme d’Extension des mises à jour de sécurité (ESU). Dès l’apparition d’une notification sur leur PC, les utilisateurs devront se connecter avec un compte Microsoft. Ce compte, s’il n’existe pas encore, devra être créé via le site officiel de l’entreprise. Une fois l’ordinateur lié à ce compte, les mises à jour de sécurité seront délivrées automatiquement.

Le dispositif comporte toutefois une contrainte majeure : la connexion permanente. Si l’utilisateur reste déconnecté pendant plus de 60 jours, l’accès aux mises à jour sera suspendu. Pour le réactiver, il faudra se reconnecter avec le même compte, sans garantie de récupération immédiate des correctifs manquants. Ce système, bien qu’efficace sur le papier, inquiète certains usagers, notamment les plus âgés ou ceux peu à l’aise avec les nouvelles technologies.

Élodie Mercier, enseignante en histoire-géographie dans un collège de Nancy, témoigne : “J’utilise un vieux PC pour mes cours. Il ne peut pas passer sous Windows 11, et acheter un nouvel ordinateur n’était pas dans mon budget. Grâce à cette extension, je gagne un an pour me préparer. Mais je dois penser à rester connectée, et c’est un peu stressant. Et si je pars en vacances et oublie d’allumer l’ordinateur pendant deux mois ?”

Pourquoi un compte Microsoft devient-il obligatoire ?

La condition d’un compte Microsoft n’est pas anodine. Elle marque une étape supplémentaire dans l’intégration des utilisateurs à l’écosystème numérique de l’entreprise. En se connectant, l’utilisateur lie son appareil à des services cloud, accède à OneDrive, peut synchroniser ses paramètres sur d’autres machines, et utilise des fonctionnalités comme la récupération de mot de passe ou la localisation d’appareil.

Cependant, cette centralisation soulève des inquiétudes en matière de vie privée. “C’est un peu comme si on devait s’inscrire à un club privé pour continuer à vivre dans sa maison”, ironise Julien Berthier, informaticien indépendant à Lyon. “Microsoft ne donne pas le choix : soit tu acceptes de devenir un utilisateur connecté, soit tu perds la protection de ton système. C’est une forme de chantage doux, mais bien réel.”

Pour les utilisateurs méfiants, la création d’un compte peut sembler une intrusion. Pourtant, Microsoft insiste : cette mesure est temporaire. Elle vise uniquement à identifier les machines éligibles et à garantir que les mises à jour soient bien installées.

Quelles sont les limites du programme ESU ?

Il est crucial de comprendre ce que le programme ESU n’offre pas. Microsoft précise qu’il ne s’agit en aucun cas d’un prolongement complet du support de Windows 10. Aucune nouvelle fonctionnalité, aucune amélioration d’interface, aucun changement de design ne sera apporté. Seules les mises à jour de sécurité sont concernées.

“C’est une bouée de sauvetage, pas un nouveau bateau”, résume Thomas Levasseur, consultant en cybersécurité à Rennes. “Les utilisateurs doivent savoir qu’ils restent sur un système vieillissant, qui ne bénéficiera plus des évolutions technologiques. Ils sont protégés contre les failles critiques, mais ils ne sont pas à l’abri de tous les risques.”

En outre, le programme ne prévoit aucun support technique. Si un utilisateur rencontre un problème, il devra se débrouiller seul ou recourir à des services payants. Pour les entreprises ou les administrations, cela peut poser des défis logistiques majeurs.

Quelles alternatives payantes sont proposées ?

Pour ceux qui ne souhaitent pas se connecter à un compte Microsoft, une option payante existe : 30 € pour un an de mises à jour. Une somme modeste pour certains, mais qui peut peser dans les budgets serrés des foyers modestes ou des petites structures.

Les entreprises, elles, devront s’acquitter de 61 dollars la première année, avec une augmentation annuelle pendant trois ans. Ce modèle, calqué sur le programme Volume Licensing, cible les organisations disposant de parcs informatiques importants. “C’est une stratégie classique”, analyse Camille Dubois, directrice informatique d’une PME en Normandie. “Microsoft incite les entreprises à migrer vers Windows 11 ou à renouveler leur matériel. Pour nous, le coût total de la transition – matériel, formation, migration des données – se chiffre en dizaines de milliers d’euros.”

Les ONG et établissements scolaires bénéficient d’un tarif symbolique : 1 dollar la première année. Une mesure saluée, mais qui n’empêche pas une hausse progressive des coûts. “C’est un geste, mais pas une solution durable”, souligne Samuel Gauthier, coordinateur d’une association de médiation numérique à Marseille. “Beaucoup de structures comme la nôtre dépendent de matériel dons ou reconditionnés. On ne peut pas renouveler tous les trois ans.”

Pourquoi cette décision suscite-t-elle une polémique ?

La principale critique formulée par les ONG porte sur l’obsolescence programmée. “Microsoft impose un renouvellement technologique qui n’est ni économique ni écologique”, dénonce un collectif de 22 organisations, dont Green IT et la Quadrature du Net. “Des millions d’ordinateurs encore fonctionnels sont poussés à la casse, alors qu’ils pourraient continuer à servir des usages simples : navigation, traitement de texte, courrier électronique.”

Le bilan environnemental est lourd. La fabrication d’un ordinateur consomme des métaux rares, de l’eau, et génère des émissions de CO₂. “Chaque renouvellement prématuré accélère la dégradation de la planète”, alerte Émilie Rousseau, ingénieure en éco-conception. “Nous avons besoin de systèmes durables, pas de cycles imposés par les constructeurs.”

La pression sur les budgets publics est également pointée du doigt. “Les communes, les écoles, les hôpitaux ont souvent des parcs informatiques hétérogènes”, explique Marc Tissier, élu local dans une petite ville du Lot. “Imposer une mise à jour globale, c’est obliger des administrations déjà sous-financées à dépenser des sommes considérables. C’est une forme de pression honteuse.”

Quelles solutions pour les utilisateurs bloqués ?

Au-delà des mesures temporaires, des alternatives existent. Certains utilisateurs optent pour des systèmes d’exploitation libres, comme Linux Ubuntu ou Linux Mint. “J’ai migré mon vieux PC vers Linux”, raconte Nadia Benali, retraitée à Toulouse. “C’est un peu compliqué au début, mais maintenant, je me débrouille. Et surtout, je suis tranquille : plus besoin de craindre les mises à jour bloquées.”

Pour les entreprises, la virtualisation ou l’usage de machines virtuelles peut permettre de prolonger l’usage de matériel ancien. D’autres envisagent des solutions hybrides : garder les anciens PC pour des tâches simples, et réserver les nouvelles machines aux usages intensifs.

Des voix s’élèvent aussi pour demander une régulation européenne. “Les États devraient imposer aux fabricants de garantir un support minimum de dix ans pour les systèmes d’exploitation”, propose Lucien Moreau, chercheur en politique numérique. “Comme pour les appareils électroménagers, on pourrait instaurer un ‘droit à la réparation’ numérique.”

Quel avenir pour Windows 10 après 2026 ?

Le programme ESU expire le 13 octobre 2026. Après cette date, les utilisateurs restés sur Windows 10 seront livrés à eux-mêmes. Microsoft ne garantira plus aucune mise à jour, même de sécurité. Le risque de cyberattaques, de failles exploitées par des malwares ou des ransomwares, deviendra réel et croissant.

“C’est un moment critique”, prévient Thomas Levasseur. “Les systèmes non mis à jour deviendront des cibles faciles. On pourrait assister à une vague d’attaques ciblant les appareils encore sous Windows 10, notamment dans les milieux peu sensibilisés à la cybersécurité.”

Pour éviter ce scénario, les experts recommandent de planifier la transition dès maintenant. Que ce soit par l’achat d’un nouvel ordinateur, la migration vers un autre système, ou la modernisation progressive du parc, l’anticipation est essentielle.

Conclusion

La décision de Microsoft d’offrir une extension d’un an des mises à jour gratuites est un pas dans la bonne direction, mais elle ne résout pas les enjeux structurels soulevés par la fin de vie de Windows 10. Elle repousse l’échéance, sans proposer de solution durable. La dépendance aux comptes numériques, la pression économique sur les ménages et les institutions, et l’impact environnemental du renouvellement technologique restent des sujets brûlants. Alors que le numérique s’impose comme un bien essentiel, la question de l’accessibilité, de la pérennité et de la souveraineté technologique devient centrale.

A retenir

Qui peut bénéficier des mises à jour gratuites de Windows 10 ?

Les utilisateurs européens de Windows 10 peuvent bénéficier d’une extension d’un an des mises à jour de sécurité, à condition de se connecter avec un compte Microsoft et de rester connecté. Ce dispositif est temporaire et expire le 13 octobre 2026.

Est-il obligatoire de créer un compte Microsoft ?

Oui, pour bénéficier des mises à jour gratuites, il est nécessaire de se connecter à un compte Microsoft. Si l’utilisateur reste déconnecté plus de 60 jours, l’accès aux mises à jour sera interrompu.

Y a-t-il une option payante sans compte Microsoft ?

Oui, les particuliers peuvent payer 30 € pour un an de mises à jour sans avoir à rester connectés. Une première connexion est toutefois requise pour activer cette option.

Combien coûtent les mises à jour pour les entreprises ?

Les entreprises paient 61 dollars la première année via le programme Volume Licensing, avec une augmentation annuelle pendant trois ans. Les ONG et écoles bénéficient d’un tarif réduit de 1 dollar la première année, lui aussi croissant.

Le programme ESU inclut-il de nouvelles fonctionnalités ?

Non. Le programme ne comprend que les mises à jour de sécurité. Aucune nouvelle fonctionnalité, aucune amélioration d’interface, ni support technique n’est inclus.