Alors que l’automne s’installe plus tôt chaque année, de nombreux foyers français rallument leur chauffage au bois dès septembre, souvent sans se souvenir d’un geste pourtant crucial : le ramonage. Que ce soit un poêle à granulés, un insert moderne ou une cheminée ancienne, tous ces systèmes, bien qu’agréables et écologiques, nécessitent un entretien rigoureux. Or, ce passage obligé est trop souvent négligé, au risque de compromettre à la fois la sécurité, le budget et même la tranquillité d’esprit des occupants. Depuis 2023, le ramonage n’est plus une simple recommandation : c’est une obligation légale, strictement encadrée, dont les sanctions peuvent devenir sévères. Et à partir de septembre 2025, les contrevenants s’exposeront à des amendes pouvant atteindre 10 000 euros. Ce qui semblait hier une formalité anodine devient aujourd’hui une question de responsabilité civique et de survie.
Qu’est-ce que le ramonage, et pourquoi est-il obligatoire ?
Le ramonage, ce n’est pas simplement passer un balai dans le conduit. Selon le décret en vigueur depuis juillet 2023, il s’agit d’un nettoyage mécanique complet de l’intérieur du conduit de fumée, visant à éliminer les suies, les goudrons et autres dépôts qui s’accumulent au fil des mois. L’objectif ? Assurer la vacuité du conduit sur toute sa longueur, y compris les tuyaux de raccordement. Un ramonage superficiel ou effectué par un amateur ne suffit pas. L’intervention doit être réalisée par un professionnel titulaire d’une certification reconnue par l’État, comme le titre de ramoneur-fumiste de niveau V ou un Certificat de Qualification Professionnelle (CQP).
C’est précisément cette exigence de qualité qui rend l’opération incontournable. Le certificat remis à l’issue du ramonage n’est pas un simple papier : c’est une preuve de conformité. En cas de contrôle par les services de la mairie, de l’assurance ou lors d’un sinistre, son absence peut entraîner une amende de 450 euros. Mais au-delà de la sanction immédiate, c’est l’ensemble du dispositif de sécurité qui est mis en cause.
Qui est responsable du ramonage : propriétaire ou locataire ?
Dans un logement loué, la responsabilité du ramonage incombe généralement au locataire, sauf mention contraire dans le bail. C’est une nuance importante que beaucoup ignorent. Camille Berthier, locataire d’un appartement ancien à Clermont-Ferrand, a découvert cette obligation à ses dépens : “Je pensais que c’était au propriétaire de s’en occuper. Quand l’agent d’entretien est venu pour la visite annuelle, il m’a dit que je n’étais pas à jour. J’ai dû régulariser dans la foulée, et ça m’a coûté plus cher parce que je l’ai fait en urgence.”
En revanche, pour les propriétaires occupants, la tâche est claire : c’est à eux de s’assurer que le ramonage est effectué régulièrement. Et ce, même si l’appareil n’est utilisé que quelques semaines par an. L’accumulation de suie peut se produire rapidement, surtout avec un bois humide ou mal entretenu.
Quels sont les risques d’un ramonage négligé ?
Les conséquences d’un conduit mal ramoné vont bien au-delà d’une amende. Elles touchent à la sécurité fondamentale des habitants. Un conduit obstrué peut provoquer un feu de cheminée, une explosion de gaz ou, pire encore, une intoxication au monoxyde de carbone. Ce gaz inodore, incolore et mortel est responsable de plusieurs dizaines de décès chaque année en France, selon Santé Publique France.
Émilie Delaroche, pompier bénévole dans les Hautes-Alpes, témoigne : “On est intervenus l’hiver dernier chez une famille de quatre personnes. Ils dormaient, inconscients, à cause d’un défaut d’évacuation des fumées. Le conduit était bouché à 80 %. Le ramonage n’avait pas été fait depuis trois ans. Heureusement, on est arrivés à temps. Mais ce genre de situation, c’est évitable.”
Le monoxyde de carbone se forme lorsque la combustion est incomplète, souvent à cause d’un tirage insuffisant ou d’un conduit encrassé. Les symptômes — maux de tête, nausées, fatigue — peuvent être confondus avec une grippe banale, ce qui retarde parfois l’alerte. D’où l’importance d’associer ramonage et installation d’un détecteur homologué, obligatoire depuis 2022 dans tous les logements équipés d’un appareil de chauffage au fioul, au gaz ou au bois.
Quelle fréquence pour le ramonage ?
La fréquence dépend du type de combustible utilisé et de la région. En général, deux ramonages par an sont requis pour les installations au bois ou au charbon : un en période de chauffe (hiver), et un autre à l’arrêt du chauffage (printemps). Pour les appareils fonctionnant aux granulés de bois (pellets), un seul ramonage annuel est souvent suffisant, mais cela varie selon les modèles et l’intensité d’utilisation.
Dans certaines zones, comme les vallées alpines ou les régions soumises à des plans de prévention des nuisances, les mairies peuvent imposer des fréquences plus strictes. À Briançon, par exemple, les habitants doivent justifier de deux ramonages par an, sous peine d’amende. “C’est dur de s’y tenir quand on travaille, mais on n’a pas le choix”, confie Thomas Lefebvre, artisan menuisier et père de deux enfants. “Depuis qu’on a eu un problème de tirage, on ne prend plus aucun risque.”
Comment choisir un bon ramoneur ?
Ne pas faire appel à n’importe qui est essentiel. Un ramoneur qualifié doit être en mesure de présenter sa certification, son assurance professionnelle, et de remettre un certificat de ramonage daté, signé et tamponné. Ce document doit mentionner le type d’appareil, la date d’intervention, la méthode utilisée (mécanique ou chimique, seule la première étant valable pour l’obligation légale), et les coordonnées du prestataire.
Il est également conseillé de demander un devis détaillé. Les tarifs varient entre 70 et 120 euros en moyenne, mais peuvent grimper en période de forte demande ou pour des conduits complexes. “J’ai fait ramoner mon poêle à bois en avril, explique Nadia Choukri, habitante de Dijon. J’ai payé 85 euros. En novembre, un voisin a dû le faire en urgence : il a payé 130 euros. La différence, c’est la planification.”
Les sites de mise en relation ou les recommandations de voisins peuvent aider, mais il faut rester vigilant. Certains “ramoneurs ambulants” proposent des prix très bas, mais sans certification ni garantie. Leur intervention ne sera pas reconnue par les assureurs en cas de sinistre.
Peut-on ramoner soi-même ?
Techniquement, oui, mais cela ne remplit pas l’obligation légale. Le décret exige une intervention par un professionnel qualifié. Un ramonage effectué par le propriétaire, même soigneux, ne donne pas droit au certificat officiel. Et sans ce document, l’amende est possible en cas de contrôle.
Il existe des kits de ramonage à usage domestique, mais ils ne remplacent pas l’expertise d’un professionnel. Ils peuvent être utiles entre deux passages, pour maintenir un conduit propre, mais pas pour se substituer à une intervention complète. “J’utilise un balai hérisson entre deux ramonages, avoue Marc Tissier, retraité à Limoges. Mais je sais que ça ne compte pas légalement. Je fais venir le ramoneur deux fois par an, point final.”
Quelles sont les sanctions prévues à partir de 2025 ?
À partir du 1er septembre 2025, les règles vont encore se durcir. Si l’amende de 450 euros existe déjà, une nouvelle mesure pourrait s’appliquer en cas de récidive ou de négligence grave : une amende pouvant atteindre 10 000 euros. Ce montant, bien que rarement appliqué à ce niveau, illustre la volonté des autorités de responsabiliser les usagers.
“C’est un signal fort”, analyse Aurélien Moreau, avocat spécialisé en droit de l’habitat. “Les pouvoirs publics veulent éviter les drames. Et ils savent que les amendes actuelles ne dissuadent pas assez. En augmentant les sanctions, ils espèrent inciter les gens à agir avant qu’il ne soit trop tard.”
Cette évolution légale touche aussi les assurances. En cas d’incendie ou d’intoxication, si le ramonage n’a pas été fait dans les règles, la compagnie peut refuser d’indemniser les dommages. Le propriétaire ou le locataire devient alors entièrement responsable des coûts, qui peuvent dépasser plusieurs dizaines de milliers d’euros.
Quand programmer le ramonage pour éviter les mauvaises surprises ?
La meilleure stratégie ? Anticiper. Les mois d’octobre et novembre sont saturés. Les ramoneurs sont débordés, les délais s’allongent, et les prix augmentent. “On reçoit trois fois plus de demandes en octobre qu’en juin”, confie Julien Mercier, ramoneur indépendant dans la région de Lyon. “On essaie de répondre, mais parfois, on doit refuser. Et les gens se retrouvent sans certificat à l’heure du premier feu.”
Le printemps ou le début de l’été sont les moments idéaux. Le chauffage est éteint, les professionnels sont disponibles, et les tarifs sont stables. C’est aussi l’occasion de faire un diagnostic complet du système : vérifier l’état du conduit, du poêle, ou de la cheminée, et anticiper d’éventuelles réparations.
Quels autres entretiens compléter le ramonage ?
Le ramonage est le pilier, mais pas le seul élément d’entretien. Il est recommandé de vérifier régulièrement l’état du joint de porte du poêle, la propreté du vitrage, ou encore le bon fonctionnement du système d’air secondaire. Pour les inserts, un nettoyage du cendrier et du foyer est nécessaire plusieurs fois par saison.
Utiliser du bois sec (moins de 20 % d’humidité) est également crucial. Un bois humide produit plus de suie et de goudron, encrassant plus vite le conduit. “Depuis que j’achète du bois sec certifié, mon poêle consomme moins, et le ramonage est plus efficace”, assure Sophie N’Diaye, habitante d’un village ardéchois.
Conclusion : un geste simple, mais vital
Le ramonage n’est pas un luxe, ni une formalité administrative. C’est une obligation de sécurité, un acte de responsabilité envers soi, sa famille et ses voisins. Entre risques sanitaires, sanctions financières et obligations légales, il n’est plus possible de l’ignorer. Avec l’entrée en vigueur de nouvelles mesures en 2025, la marge d’erreur se réduit. Prévoir son ramonage en amont, choisir un professionnel qualifié, conserver son certificat : autant de gestes simples qui peuvent sauver des vies.
A retenir
Le ramonage est-il obligatoire en 2024 ?
Oui, le ramonage est obligatoire depuis le 20 juillet 2023. Il doit être effectué par un professionnel certifié et donner lieu à la remise d’un certificat. En cas d’absence de ce document, une amende de 450 euros peut être prononcée.
Quand aura lieu la nouvelle amende de 10 000 euros ?
À partir du 1er septembre 2025, les contrevenants s’exposeront à des sanctions pouvant atteindre 10 000 euros, notamment en cas de récidive ou de négligence entraînant un danger avéré.
Qui doit payer le ramonage en location ?
En général, c’est le locataire qui est responsable du ramonage, sauf disposition contraire dans le bail. Il est donc important de vérifier les clauses du contrat de location.
Peut-on faire ramoner sa cheminée par un voisin ?
Non. Seul un professionnel titulaire d’une certification reconnue par l’État peut effectuer un ramonage valable légalement. Une intervention amateur, même bien intentionnée, ne remplit pas l’obligation réglementaire.
Combien coûte un ramonage ?
Le prix moyen varie entre 70 et 120 euros, selon la région, le type d’appareil et la complexité du conduit. Les tarifs peuvent augmenter en période de forte demande, d’où l’intérêt de programmer l’intervention en dehors de l’automne.