Un vent d’alerte souffle sur les rayons des supermarchés et les placards des consommateurs. En ce début d’année 2025, un rappel massif d’infusions met en lumière une faille inquiétante dans la chaîne d’approvisionnement alimentaire. Des tisanes aux noms apaisants cachent un danger insidieux : la présence d’oxyde d’éthylène, un pesticide interdit en Europe depuis des années. Ce n’est pas une simple alerte technique, mais un signal d’alarme lancé à des millions de foyers qui, chaque soir, se préparent une infusion pour se détendre. Les autorités sanitaires appellent à la vigilance, à l’action immédiate, et surtout à ne plus consommer ces produits. Derrière l’étiquette rassurante d’un sachet de camomille se cache un enjeu de santé publique qui touche aussi bien les retraités que les jeunes parents. Récit d’un rappel qui bouscule nos habitudes et nos certitudes.
Quels produits sont concernés par le rappel ?
Le nom de la marque est familier à beaucoup : Clipper. Réputée pour ses tisanes bio et ses emballages éco-responsables, elle fait aujourd’hui l’objet d’un retrait urgent de plusieurs de ses références. Les produits incriminés ont été vendus entre le 28 mai 2024 et le 17 janvier 2025, dans les grandes surfaces, les magasins spécialisés, mais aussi sur les plateformes de vente en ligne. Leur point commun ? Des infusions à base de camomille, une plante souvent choisie pour ses vertus calmantes.
Les références exactes à vérifier sont : « Clip Infusion Camomille rhd 37,5g », « Clip Camomille Mélisse Cannelle 35g (Keep Calm) » et « Clip Infusion Camomille Pêche 30g ». Il est crucial de s’en tenir aux désignations précises figurant sur l’emballage. Une erreur d’interprétation pourrait entraîner un retour inutile, ou pire, ignorer un produit dangereux.
Élise Rambert, pharmacienne à Lyon, a vu plusieurs clients arriver avec des sachets en main, inquiets : « Une dame de 72 ans m’a dit qu’elle buvait une tisane Clipper chaque soir depuis six mois. Elle ne savait pas quoi faire. Je lui ai conseillé de rapporter le produit au magasin et de garder son ticket. La confusion est réelle, surtout quand la marque a une image saine. »
Le retrait concerne toutes les chaînes de distribution, y compris les ventes en ligne, ce qui complique la traçabilité. Les consommateurs qui achètent via des marketplaces ou des abonnements mensuels doivent donc redoubler de vigilance. Conserver les preuves d’achat est essentiel pour un remboursement sans friction.
Où ces infusions ont-elles été vendues ?
La diffusion de ces produits est large. Carrefour, Leclerc, Intermarché, mais aussi des enseignes spécialisées comme Naturalia ou Biocoop ont distribué les lots concernés. Sur internet, Amazon, Cdiscount et même certains sites de vente directe de thé ont proposé ces infusions. C’est cette ubiquité qui rend le rappel particulièrement complexe.
Les autorités insistent sur le fait que le retrait est d’ordre préventif, mais nécessaire. Même si la quantité de pesticide détectée est faible, l’accumulation dans l’organisme à long terme pose un risque sanitaire réel. « Le fait que ces produits aient été vendus partout en France, y compris à l’étranger via les plateformes, montre que la vigilance ne peut pas être locale », explique Julien Ferrand, responsable qualité dans une coopérative d’alimentation bio.
Pourquoi ces infusions sont-elles dangereuses ?
Le coupable porte un nom peu familier : l’oxyde d’éthylène. Ce composé chimique, utilisé comme pesticide et agent de désinfection, est strictement interdit dans l’Union européenne pour les denrées alimentaires. Pourtant, il a été détecté dans des matières premières importées, probablement à l’étape de la transformation ou du transport.
Les études scientifiques sont claires : l’oxyde d’éthylène est classé comme cancérogène probable pour l’homme. Il peut aussi agir comme perturbateur endocrinien, c’est-à-dire qu’il interfère avec le système hormonal, avec des effets potentiels sur la fertilité, le développement ou le métabolisme.
Le risque n’est pas lié à une consommation unique. « Boire une tasse de cette infusion une fois ne va pas vous rendre malade », tempère le Dr Antoine Mercier, toxicologue à l’hôpital Saint-Louis. « Mais si vous en consommez quotidiennement pendant des mois, l’accumulation dans l’organisme peut augmenter le risque de certains cancers, notamment du système lymphatique. »
C’est cette exposition chronique qui inquiète. Une consommatrice de 45 ans, Sophie Lenoir, a témoigné : « Je buvais deux tisanes par jour, toujours la camomille Clipper. Depuis que j’ai vu l’alerte, j’ai arrêté. J’ai aussi appelé mon médecin. Il m’a dit de surveiller d’éventuels troubles digestifs ou fatigues inhabituelles. »
Quels sont les risques pour la santé à long terme ?
Les effets de l’oxyde d’éthylène sont insidieux. Ils ne se manifestent pas immédiatement, mais peuvent se révéler des années plus tard. Les populations les plus vulnérables sont les enfants, les femmes enceintes et les personnes ayant un système immunitaire affaibli.
Les perturbateurs endocriniens, en particulier, sont redoutés pour leur action à très faible dose. Ils peuvent imiter les hormones naturelles, bloquer leurs récepteurs ou en modifier la production. À long terme, cela peut contribuer à des troubles du développement, des problèmes de thyroïde ou des déséquilibres métaboliques.
Les autorités sanitaires rappellent que la prévention est la clé. Même sans symptôme apparent, il est essentiel de ne pas minimiser l’exposition. « On ne joue pas avec la santé, surtout quand il s’agit de produits censés nous faire du bien », insiste Élise Rambert.
Jusqu’à quand le rappel est-il valable ?
Le rappel officiel court jusqu’au 29 mars 2025. Cette date n’est pas une limite arbitraire : elle correspond à la période nécessaire pour assurer le retrait complet des produits sur tout le territoire, y compris dans les zones reculées ou les stocks en transit.
Les consommateurs sont invités à ne pas attendre la dernière minute. Plus tôt les produits sont rapportés, plus vite les distributeurs peuvent les retirer de la circulation. « J’ai rapporté mes trois boîtes à mon supermarché deux jours après l’alerte », raconte Thomas Belin, habitant de Bordeaux. « Le personnel a été très réactif. J’ai été remboursé sur-le-champ, sans avoir à montrer le ticket. Mais je l’avais gardé, au cas où. »
Le remboursement doit être intégral et sans frais. Aucun justificatif supplémentaire ne devrait être exigé, même si la conservation du ticket facilite les démarches. Les distributeurs ont l’obligation de coopérer pleinement avec les autorités sanitaires.
Que faire si on a déjà consommé ces infusions ?
Pas de panique, mais de la prudence. Une consommation occasionnelle ne constitue pas une urgence médicale. En revanche, si vous avez bu ces tisanes régulièrement et que vous ressentez des symptômes inhabituels — fatigue persistante, troubles digestifs, maux de tête récurrents — il est conseillé de consulter un professionnel de santé.
Un numéro d’information dédié, le 0472678936, est activé pour répondre aux questions des consommateurs. Il est géré par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), qui collecte les données pour évaluer l’ampleur de l’exposition.
« J’ai appelé le numéro après avoir lu l’alerte », confie Lucie Dumas, mère de deux enfants. « On m’a posé des questions sur la fréquence de consommation, la date d’achat. C’était rassurant de savoir qu’il y a une structure qui suit. »
Comment éviter ce type de risque à l’avenir ?
Cet incident met en lumière les failles des chaînes d’approvisionnement mondiales. Les matières premières, même pour des produits bio, peuvent provenir de pays où les normes phytosanitaires sont moins strictes. La désinfection par oxyde d’éthylène, bien que prohibée en Europe, est encore utilisée ailleurs.
Les distributeurs et fabricants doivent renforcer leurs contrôles. Des audits fournisseurs plus rigoureux, des tests systématiques sur les lots entrants, et une traçabilité complète sont désormais indispensables. « Ce rappel est un électrochoc pour toute l’industrie », estime Julien Ferrand. « On ne peut plus se contenter de certifications de surface. Il faut des analyses en laboratoire, indépendantes et fréquentes. »
À terme, les autorités européennes envisagent des normes harmonisées et des sanctions plus lourdes pour les non-conformités. La transparence des rappels, leur diffusion rapide via les médias et les réseaux sociaux, est aussi un levier essentiel pour protéger les citoyens.
Comment rester vigilant face aux rappels alimentaires ?
La première règle est simple : consulter régulièrement les sites officiels de rappel, comme celui de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). S’abonner aux alertes par e-mail ou notification peut faire la différence.
Inspecter les étiquettes, vérifier les dates de consommation et les lots, devrait devenir un réflexe. « Je vérifie maintenant chaque produit que j’achète », confie Thomas Belin. « Ce n’est pas de la paranoïa, c’est de la responsabilité. »
Partager l’information est tout aussi crucial. Prévenir les proches, surtout les personnes âgées ou celles qui ne sont pas connectées aux réseaux, peut éviter une exposition inutile. « J’ai appelé mes parents, qui vivent à la campagne », raconte Sophie Lenoir. « Ils avaient encore deux boîtes dans leur armoire. Ils ne l’avaient pas vu à la télé. »
A retenir
Quels sont les produits à ne plus consommer ?
Les infusions Clipper à base de camomille, notamment les références « Clip Infusion Camomille rhd 37,5g », « Clip Camomille Mélisse Cannelle 35g (Keep Calm) » et « Clip Infusion Camomille Pêche 30g », vendues entre mai 2024 et janvier 2025.
Quel est le danger de l’oxyde d’éthylène ?
C’est un pesticide interdit en Europe, classé comme cancérogène probable et perturbateur endocrinien. Son ingestion régulière peut augmenter le risque de certains cancers et de troubles hormonaux.
Jusqu’à quand le rappel est-il valable ?
Le rappel est en cours jusqu’au 29 mars 2025. Les produits doivent être rapportés au point de vente pour un remboursement intégral.
Que faire en cas de consommation régulière ?
En l’absence de symptôme, pas d’urgence. Mais en cas de troubles inhabituels, consulter un professionnel de santé. Le numéro 0472678936 est disponible pour toute question.
Comment éviter les risques futurs ?
Vérifier les rappels officiels, conserver les tickets d’achat, privilégier des marques transparentes sur leurs sources, et informer son entourage, surtout les plus vulnérables.