Et si la clé d’un recrutement réussi se trouvait dans une simple balade en ville ? Loin des salles d’entretien aseptisées et des questions pièges, une initiative audacieuse redéfinit les règles du jeu dans la Somme. Ce projet, né à Doullens, pourrait bien inspirer une nouvelle façon de penser l’emploi en France.
Comment une promenade peut-elle transformer le recrutement ?
Imaginez une dizaine de personnes déambulant dans les rues de Doullens, discutant de tout et de rien. Rien ne distingue les recruteurs des candidats, car les employeurs participent incognito. Selon Clara Lenoir, coordinatrice du projet, « cette approche permet de voir les candidats sous un jour nouveau, loin de la pression artificielle d’un bureau ».
Un cadre naturel pour des interactions authentiques
Les organisateurs ont soigneusement conçu un parcours urbain stimulant. « Nous passons devant des commerces locaux, des espaces publics, créant ainsi des occasions naturelles d’observer les réactions », explique Théo Vasseur, un consultant en recrutement impliqué dans le projet. Les candidats ignorent qu’ils sont évalués sur leur façon de réagir à un enfant qui tombe, à une personne âgée ayant besoin d’aide ou à une discussion impromptue avec un commerçant.
Pourquoi cibler particulièrement les bénéficiaires du RSA ?
Ce public souvent stigmatisé possède pourtant des compétences précieuses. « J’ai vu des personnes au chômage depuis des années faire preuve d’une incroyable débrouillardise », témoigne Amélie Duchêne, une recruteuse ayant participé à trois promenades. Le dispositif permet de repérer ces qualités invisibles sur un CV.
Briser le cercle vicieux du manque d’expérience
Marc Fortin, 42 ans, bénéficiaire du RSA depuis dix-huit mois, raconte : « Quand j’ai appris après coup que la personne avec qui j’avais parlé jardins partagés était en fait une recruteuse, j’ai été surpris. Deux jours plus tard, elle m’appelait pour un essai dans son entreprise d’espaces verts. » Son histoire illustre comment cette méthode crée des opportunités inattendues.
Cette méthode pourrait-elle s’étendre à d’autres régions ?
Déjà, des départements comme le Nord et la Loire-Atlantique manifestent leur intérêt. « Nous étudions comment adapter le concept à nos spécificités locales », confirme Lucas Berthier, conseiller emploi à Nantes. L’initiative pose cependant des questions éthiques qu’il faudra trancher.
Les défis d’une généralisation
Sophie Lemoine, DRH dans une PME lyonnaise, exprime des réserves : « L’anonymat des recruteurs soulève des questions de transparence. Mais l’idée de déceler des soft skills autrement qu’en entretien est séduisante. » Le débat est ouvert sur la meilleure façon d’équilibrer authenticité et éthique professionnelle.
Quel impact sur les méthodes de recrutement classiques ?
Cette expérimentation interroge les limites des processus traditionnels. « Nos outils standards échouent à repérer certains talents », admet Paul Mercier, directeur d’une agence d’intérim. La promenade recrutement ne remplace pas l’entretien, mais le complète en offrant une autre grille de lecture.
Vers une hybridation des pratiques
Certaines entreprises testent déjà des déclinaisons : déjeuners anonymes, ateliers collaboratifs… « L’important est de multiplier les angles d’observation », analyse Élodie Roux, spécialiste en innovation RH. Cette évolution pourrait humaniser durablement le recrutement.
À retenir
En quoi consiste exactement cette méthode ?
Des recruteurs anonymes se mêlent à des groupes de demandeurs d’emploi lors de promenades urbaines, observant leurs comportements naturels avant de révéler leur identité.
Quels sont les avantages pour les candidats ?
Cette approche réduit le stress, permet d’exprimer sa personnalité et valorise des compétences souvent négligées dans les processus classiques.
Les entreprises y trouvent-elles leur compte ?
Oui, selon les premiers retours. Les employeurs découvrent des profils sous un jour nouveau et établissent un premier contact décomplexé.
Conclusion
Cette innovation venue de Doullens pourrait marquer un tournant dans les politiques d’insertion. En replaçant l’humain au centre du recrutement, elle ouvre des perspectives enthousiasmantes. Reste à voir comment ce concept évoluera et s’il parviendra à concilier efficacité professionnelle et authenticité des rencontres. Une chose est sûre : le monde du recrutement n’a pas fini de se réinventer.