Réforme fiscale alarmante pour les retraités seuls dès 2025… et pourquoi cela pourrait vous coûter cher

Le gouvernement prépare une réforme fiscale qui pourrait bouleverser la situation financière de nombreux retraités vivant seuls. Derrière un changement technique présenté comme une simplification, le projet de remplacer l’abattement de 10 % sur les pensions par un forfait fixe de 2 000 euros suscite des inquiétudes. Si cette mesure semble avantageuse sur le papier, son impact réel pourrait creuser les écarts entre les contribuables âgés, en particulier pour les plus modestes. Retraité·es isolé·es, seniors de plus de 65 ans, couples : qui gagne, qui perd, et pourquoi cette réforme divise-t-elle ? Témoignages et analyses.

Pourquoi remplacer l’abattement proportionnel par un forfait fixe ?

La réforme proposée par le gouvernement vise à remplacer l’abattement de 10 % sur les pensions par un montant forfaitaire unique de 2 000 euros par retraité. Selon Éric Lombard, ministre de l’Économie, cette modification simplifierait le système fiscal et bénéficierait aux ménages aux revenus modestes. « Les retraités en bas de l’échelle de l’impôt verront leur charge allégée », a-t-il affirmé. Pourtant, cette vision optimiste est contredite par de nombreux experts, qui soulignent que la réforme profiterait surtout à une frange très limitée de la population retraitée.

Thomas Lefèvre, économiste spécialisé dans les questions de fiscalité, explique : « L’abattement proportionnel était plus équitable, car il s’adaptait au montant des pensions. Un retraité avec une pension de 30 000 euros bénéficiait d’une réduction de 3 000 euros, ce qui n’est plus possible avec le forfait fixe. En revanche, les très bas revenus, déjà peu imposables, ne verront guère de différence. »

Qui profitera réellement de cette réforme ?

Les seuls gagnants nets seraient les retraités de moins de 65 ans dont les pensions oscillent entre 18 970 euros et 20 000 euros avant abattement. Pour ces ménages, la réduction forfaitaire entraînerait une baisse d’impôt de quelques dizaines d’euros. Au-delà de ce seuil, l’ancien système de 10 % devient plus avantageux. Par exemple, un retraité gagnant 25 000 euros paierait désormais 2 000 euros d’abattement au lieu de 2 500 euros, soit un coût supplémentaire de 500 euros.

Élise Moreau, 62 ans, retraitée d’une carrière dans l’éducation, partage son analyse : « Ma pension est de 19 500 euros. Avec la réforme, je gagnerai une vingtaine d’euros, mais c’est dérisoire comparé à ce que j’aurais économisé avec les 10 %. Pourquoi s’embêter à changer un système qui fonctionnait bien ? »

Les seniors de plus de 65 ans : un double désavantage

Les retraités de plus de 65 ans, souvent plus vulnérables financièrement, pourraient être doublement pénalisés. Non seulement l’abattement forfaitaire efface partiellement l’avantage supplémentaire de 1 398 euros dont ils bénéficiaient près du seuil d’imposition, mais ils ne verront aucun gain concret. « Pour un retraité de 70 ans avec une pension de 20 000 euros, le forfait fixe ramène son seuil d’imposition à 19 070, contre 18 970 auparavant. Cela signifie que même une petite augmentation de sa pension due à l’inflation pourrait le rendre imposable », précise Thomas Lefèvre.

Claire Dubois, 68 ans, retraitée d’une entreprise de logistique, confirme : « Ma pension a augmenté de 2,2 % cette année. Avec la nouvelle règle, je risque de basculer dans la catégorie des imposables pour une différence de 100 euros. C’est injuste pour ceux qui vivent avec des revenus modestes. »

Pourquoi les retraités vivant seuls sont-ils les grands perdants ?

Le système actuel favorise les ménages en couple, où les abattements sont cumulés. Avec la réforme, un couple de retraités bénéficiera d’un forfait de 4 000 euros, contre 4 400 euros précédemment. « Cette réduction est minime comparée à l’impact sur les personnes seules », souligne Thomas Lefèvre. Un retraité isolé avec une pension de 30 000 euros perdra ainsi 1 000 euros d’abattement (passant de 3 000 à 2 000 euros), ce qui augmentera sa facture fiscale de plusieurs centaines.

Michel Fabre, 72 ans, vit seul depuis la mort de son épouse. « Ma pension est de 28 000 euros. Avant, j’avais droit à 2 800 euros d’abattement. Désormais, je ne pourrai compter que sur 2 000 euros. Cela représente une perte de 800 euros. Pourquoi les personnes seules sont-elles toujours pénalisées ? »

Les couples de retraités : un impact limité

Les couples sortent relativement indemnes de cette réforme. Si l’abattement maximal est réduit de 4 400 à 4 000 euros, l’effet reste marginal. Seuls les foyers très aisés, avec des revenus annuels supérieurs à 180 000 euros, verront leur impôt augmenter de 180 euros maximum. « Cette mesure préserve les ménages en couple, ce qui est logique dans un contexte de budget serré, mais elle oublie les réalités des personnes vivant seules », analyse Thomas Lefèvre.

Lucie et Jean-Paul Lambert, 65 et 67 ans, partagent leur perspective : « Nous avons une pension combinée de 45 000 euros. La réforme ne changera pas grand-chose pour nous. Mais nous savons que des amis vivant seuls sont inquiets. C’est un choix politique qui pénalise les plus fragiles. »

Une réforme régressive : vers une fiscalité plus inéquitable ?

Derrière l’apparente simplification, cette réforme accentue les inégalités. Le passage d’un abattement proportionnel à un forfait fixe creuse l’écart entre les retraités modestes et les plus aisés. « C’est une économie budgétaire déguisée en réforme équitable », dénonce Thomas Lefèvre. Le débat parlementaire prévu pour le budget 2026 pourrait encore modifier le dispositif, mais en l’état, les retraités vivant seuls risquent de payer le prix de cette décision.

Élise Moreau résume l’ambiance : « On nous parle de simplification, mais c’est surtout une façon de faire rentrer de l’argent dans les caisses. Les retraités, surtout les plus âgés et les isolés, méritent une fiscalité qui les protège, pas qui les pénalise. »

A retenir

Quel est le principal changement proposé ?

Le gouvernement souhaite remplacer l’abattement de 10 % sur les pensions par un forfait fixe de 2 000 euros par retraité, applicable dès 2026.

Qui sera le plus impacté ?

Les retraités vivant seuls, surtout ceux avec des pensions supérieures à 20 000 euros, et les seniors de plus de 65 ans, dont les avantages fiscaux existants seront réduits.

Les couples de retraités sont-ils épargnés ?

Oui, l’abattement pour un couple passerait de 4 400 à 4 000 euros, un ajustement mineur comparé à l’impact sur les ménages isolés.

Quelles sont les perspectives d’évolution de cette réforme ?

Le débat parlementaire pourrait modifier les modalités, mais en l’absence de compensation, le dispositif restera critiqué pour son caractère régressif.