Entretenir un logement, c’est bien plus qu’un simple geste de civilité : c’est une obligation légale, encadrée par le code de la construction et de l’habitation. Pourtant, nombreux sont les locataires qui, par méconnaissance ou négligence, se retrouvent en désaccord avec leurs propriétaires à la fin d’un bail. Les malentendus naissent souvent d’un flou juridique sur les responsabilités de chacun. Pourtant, les règles sont claires : certaines réparations et entretiens relèvent du locataire, même s’ils peuvent sembler techniques ou coûteux. À travers des situations concrètes et des témoignages vécus, découvrons ce que chaque occupant d’un logement doit savoir pour vivre sereinement, sans mauvaise surprise au départ.
Quels sont les devoirs du locataire en matière d’entretien extérieur ?
Lorsqu’un locataire emménage dans un appartement avec balcon ou une maison avec jardin privatif, il ne s’agit pas seulement d’un privilège esthétique. C’est aussi une responsabilité. Le code de la construction précise que l’entretien courant des espaces extérieurs lui incombe, et cela va bien au-delà de l’arrosage des plantes ou du ramassage des feuilles mortes.
Le jardin, un espace sous haute surveillance
Prenez le cas de Camille Thibault, installée depuis trois ans dans une maison de plain-pied à Nantes avec un petit jardin clôturé. Au début, je pensais que tailler les rosiers une fois par an suffisait. Mais quand le propriétaire est venu pour l’état des lieux de sortie, il m’a montré les arbustes mal entretenus, une haie non élaguée, et même un système d’arrosage mobile complètement hors service. J’ai dû payer une facture salée. Depuis, elle lit attentivement chaque clause de son bail et suit un calendrier d’entretien rigoureux.
La loi est claire : le locataire doit effectuer la taille régulière des arbustes, l’élagage des arbres, ainsi que l’échenillage — c’est-à-dire le nettoyage des branches mortes. S’il constate qu’un arbuste est mort, c’est à lui de le remplacer. Même les installations d’arrosage mobiles, comme les tuyaux ou les systèmes programmés, relèvent de sa responsabilité en cas de panne ou de détérioration.
Les allées et surfaces extérieures : propreté et sécurité
Les allées en gravier, les dalles ou les terrasses doivent être maintenues propres et sécurisées. Le locataire doit veiller à ce qu’aucune végétation ne pousse entre les joints, ce qui pourrait entraîner des désordres structurels à long terme. Le désherbage régulier, le lavage des surfaces et la vérification des éclairages extérieurs font aussi partie de ses obligations.
Portes et fenêtres : comment éviter les mauvaises surprises ?
Les ouvertures sont des éléments vitaux d’un logement : elles assurent isolation, sécurité et confort. Pourtant, elles souffrent souvent de négligence. Pourtant, leur entretien régulier est une obligation du locataire.
Un entretien mécanique régulier est indispensable
J’ai toujours cru que si une fenêtre grinçait, c’était au propriétaire de la faire réparer , confie Raphaël Morel, locataire à Lyon. Mais lors d’une visite de routine, l’agent immobilier m’a rappelé que graisser les charnières et vérifier les joints faisait partie de mes devoirs.
En effet, le locataire doit graisser régulièrement les gonds, paumelles et autres mécanismes d’ouverture. Il doit aussi remplacer les pièces usées : poignées cassées, boutons défectueux, clavettes ou boulons manquants. Ces interventions, simples mais fréquentes, évitent des dégradations plus graves.
Et les vitrages et stores, qui s’en charge ?
L’entretien des vitrages inclut le remplacement des vitres cassées, la réfection des mastics détériorés et le nettoyage des joints. Pour les volets roulants, stores ou jalousies, le locataire doit s’assurer que les cordes, poulies et lames sont en bon état. Si un mécanisme est grippé, c’est à lui de le faire réparer ou remplacer, sauf s’il s’agit d’un défaut structurel antérieur à son arrivée.
Plomberie : jusqu’où va la responsabilité du locataire ?
Les problèmes de plomberie surviennent souvent sans prévenir. Une fuite sous l’évier, une chasse d’eau qui coule, un évier bouché… Dans la majorité des cas, c’est le locataire qui doit réagir rapidement.
Entretien courant vs vétusté : où est la limite ?
Le locataire est responsable des joints, des colliers de canalisations et des petites pièces de robinetterie comme les clapets ou presse-étoupes. Il doit aussi déboucher les conduits obstrués — que ce soit avec un furet ou un produit adapté. J’ai appris à démonter un siphon en regardant des tutoriels , sourit Léa Benoît, étudiante à Bordeaux. Cela m’a évité d’appeler un plombier pour un simple bouchon de cheveux.
En revanche, si la fuite provient d’un tuyau corrodé ou d’une installation ancienne, c’est au propriétaire d’intervenir. La distinction repose sur la notion de vétusté : un équipement usé par le temps n’est pas de la responsabilité du locataire.
Électricité : peut-on tout réparer soi-même ?
L’électricité est un domaine sensible, où la sécurité prime sur tout. Pourtant, certaines tâches simples incombent au locataire.
Remplacements simples, mais essentiels
Changer une ampoule, remplacer un interrupteur défectueux ou une prise murale relève du locataire. Il en va de même pour les fusibles grillés. J’ai failli faire sauter le disjoncteur en branchant un radiateur trop puissant , raconte Yanis Kebir, locataire à Marseille. Depuis, je vérifie tout : les prises, les rallonges, les baguettes de protection des câbles.
L’entretien des gaines et des chemins de câbles est aussi à sa charge. Si un câble est apparent et endommagé, il doit être protégé ou remplacé. Attention toutefois : toute intervention sur le tableau électrique ou les circuits principaux doit être réalisée par un professionnel. Le locataire ne peut pas faire de travaux électriques complexes, même s’il les paie.
Revêtements intérieurs : comment maintenir un logement en bon état ?
Les murs, sols et plafonds sont les surfaces les plus exposées aux usures du quotidien. Leurs dégradations sont souvent visibles lors de l’état des lieux de sortie, d’où l’importance d’un entretien rigoureux.
Murs et peinture : petits raccords obligatoires
Le locataire doit maintenir les murs et plafonds propres. Taches, trous ou déchirures de papier peint doivent être réparés. Cela inclut des raccords de peinture localisés, surtout si des objets ont été accrochés. J’avais une grande affiche dans mon salon , se souvient Camille Thibault. En la retirant, j’ai vu que la peinture avait décoloré autour. J’ai dû repeindre un pan de mur.
Revêtements de sol : parquet, moquette, carrelage
Un carrelage fissuré, une lame de parquet abîmée ou une moquette déchirée ? Le locataire doit réparer ou remplacer. Pour les sols stratifiés ou le parquet flottant, cela signifie commander des lames identiques. Pour la moquette, poser un raccord ou remplacer une section endommagée. Le nettoyage régulier, notamment des joints de carrelage ou des plinthes, fait aussi partie de ses obligations.
Placards et rangements : souvent oubliés, mais importants
Les placards subissent une utilisation intensive. Tablettes qui s’affaissent, tasseaux cassés, portes qui ne ferment plus : tout cela relève de l’entretien locatif. Le remplacement des rails de portes coulissantes ou des poignées brisées est à la charge du locataire, sauf si le matériel était déjà défectueux à l’entrée dans les lieux.
Comment éviter les conflits avec le propriétaire ?
La clé d’une relation sereine entre locataire et propriétaire réside dans la transparence et la prévention. Beaucoup de litiges naissent d’un simple malentendu sur les responsabilités.
Le contrat de location, une bible à relire
Avant de signer, chaque locataire devrait lire attentivement son bail. Certaines clauses peuvent préciser des obligations spécifiques, comme l’entretien d’un chauffage au fioul ou d’une cheminée. Même si le contrat ne mentionne pas un point précis, la loi fixe un cadre général que le propriétaire ne peut contourner.
J’ai demandé une copie de l’état des lieux d’entrée avec photos , explique Raphaël Morel. Cela m’a permis de repérer une fêlure dans la vitre de la salle de bain que je n’avais pas vue. J’ai fait noter l’anomalie. À la sortie, je n’ai pas été tenu responsable.
Documenter pour se protéger
Prendre des photos régulières, conserver les factures de réparations et noter les interventions effectuées peut s’avérer crucial. En cas de litige, ces preuves permettent de démontrer un entretien sérieux. Certains locataires tiennent même un carnet d’entretien où ils consignent chaque action : changement de joint, débouchage, remplacement de store, etc.
A retenir
Le locataire doit-il remplacer un arroseur automatique cassé ?
Oui, si l’installation est mobile et qu’elle a été détériorée par une utilisation normale ou une négligence. En revanche, si le système est fixe et intégré au bâti (comme un arrosage enterré), c’est généralement au propriétaire d’en assurer la maintenance.
Qui paie la réparation d’une fenêtre qui ne ferme plus ?
Le locataire doit s’occuper des petits dysfonctionnements : poignée cassée, charnière grippée après manque d’entretien. Mais si le châssis est déformé ou que la vitre est fissurée sans cause apparente, cela relève de la garantie de décence ou de la vétusté — c’est au propriétaire d’intervenir.
Un robinet qui fuit, est-ce de ma faute ?
Si la fuite provient d’un joint usé ou d’un clapet défectueux, c’est au locataire de le remplacer. En revanche, si la fuite vient du corps du robinet ou d’une soudure défectueuse, c’est une réparation structurelle qui incombe au propriétaire.
Dois-je repeindre tout l’appartement à la sortie ?
Non. Le locataire n’a pas l’obligation de repeindre intégralement le logement, sauf si le bail prévoit une clause de rénovation. En revanche, il doit réparer les dégradations visibles : taches, trous, décollage de papier peint. Des raccords de peinture bien faits suffisent généralement.
Et si je ne fais rien, que risqué-je ?
Le propriétaire peut retenir des sommes sur le dépôt de garantie pour couvrir les frais de réparation. S’il estime que le logement a été mal entretenu, il peut aussi engager une action en justice. Dans les cas extrêmes, un mauvais entretien peut même justifier une résiliation de bail pour dégradation.