Retrait d’argent sans carte : la révolution numérique qui s’impose dès 2025

Alors que la technologie transforme chaque aspect de notre quotidien, les habitudes liées à l’argent ne sont pas en reste. Le retrait d’espèces, longtemps associé à la carte bancaire plastifiée glissée dans un distributeur, s’apprête à vivre une révolution silencieuse mais profonde. Finis les portefeuilles surchargés, les oublis de carte ou les craintes de skimming : une nouvelle génération de DAB, conçue pour fonctionner sans support physique, s’impose peu à peu. À travers le témoignage d’Émilie Berthier, communicante lyonnaise, plongeons dans cette transition numérique qui redéfinit notre rapport à l’argent liquide.

Comment retirer de l’argent sans carte bancaire ?

La question peut sembler incongrue pour ceux qui n’ont jamais essayé, mais la réponse est aussi simple qu’efficace. Le retrait sans carte repose sur une authentification mobile sécurisée via l’application bancaire installée sur le smartphone de l’utilisateur. Le processus débute par une connexion sécurisée à l’application, souvent protégée par un mot de passe, une empreinte digitale ou une reconnaissance faciale. Une fois connecté, l’utilisateur sélectionne l’option de retrait sans carte, indique le montant souhaité et génère un code temporaire ou une autorisation NFC.

Ce code, valable quelques minutes, est ensuite saisi sur le DAB ou transmis par contact sans fil si le distributeur est équipé de la technologie NFC. Le distributeur vérifie l’authenticité de la demande en temps réel avec le serveur bancaire, et si tout est en ordre, les billets sont délivrés. Aucune carte n’est insérée, aucun code PIN n’est tapé sur le clavier du distributeur — une rupture radicale avec les usages anciens.

Pourquoi ce système est-il plus sécurisé ?

La sécurité est l’un des principaux arguments en faveur de cette innovation. Contrairement à la carte physique, qui peut être perdue, volée ou copiée via un dispositif de skimming, le smartphone intègre des couches de protection multiples. Le code de retrait est unique, éphémère, et lié à la session active de l’utilisateur. Même si quelqu’un interceptait ce code, il serait inutilisable quelques minutes plus tard.

De plus, le téléphone étant un objet personnel, souvent verrouillé et tracé en cas de perte, il est bien plus difficile à exploiter frauduleusement qu’une carte bancaire anonyme. « Je me souviens avoir perdu ma carte il y a quelques années, raconte Émilie Berthier. J’ai passé des heures au téléphone avec mon banquier, bloqué mes comptes, stressé à l’idée que quelqu’un puisse l’utiliser. Aujourd’hui, même si mon téléphone est égaré, je peux le localiser, le verrouiller à distance, et personne ne peut accéder à mes services bancaires sans mon empreinte. »

Le témoignage d’Émilie Berthier : une adoption naturelle

Émilie, 29 ans, travaille dans une agence de communication digitale à Lyon. Elle est ce qu’on appelle un « early adopter » — une personne qui s’empare rapidement des nouvelles technologies. « J’ai toujours été à l’aise avec le numérique, explique-t-elle. J’utilise Apple Pay depuis des années, je paie mes repas, mes transports, mes achats en ligne sans jamais sortir ma carte. Alors quand j’ai vu que je pouvais retirer de l’argent de la même manière, ça m’a semblé logique. »

Son premier retrait sans carte s’est déroulé un samedi matin dans le centre-ville. « J’étais pressée, je devais payer en espèces pour un marché artisanal. J’ai ouvert mon appli, généré le code, et en 40 secondes, j’avais mes billets. Personne ne m’a vu taper de code, personne n’a vu ma carte. C’était discret, rapide, presque magique. »

Pour Émilie, cette innovation n’est pas seulement pratique, elle change aussi son rapport à la sécurité. « Dans les rues bondées, sortir sa carte, taper son code… c’est un moment de vulnérabilité. Là, je garde mon téléphone dans la main, je scanne, je récupère l’argent, et je repars. Moins d’exposition, moins de stress. »

Un changement de comportement progressif

Émilie reconnaît toutefois que cette transition n’est pas automatique pour tout le monde. « Mes parents, par exemple, ne comprennent pas. Mon père m’a demandé : ‘Mais si tu n’as pas de carte, comment tu prouves que c’est toi ?’ Il a du mal à imaginer que la sécurité soit plus forte sans objet physique. »

Pourtant, elle insiste : « Ce n’est pas l’absence de carte qui rend le système risqué, c’est justement le contraire. Le smartphone devient un outil d’identification multifactorielle : géolocalisation, biométrie, connexion cryptée… C’est bien plus robuste qu’un morceau de plastique avec une bande magnétique. »

Quels sont les autres avantages de cette technologie ?

Au-delà de la sécurité, plusieurs bénéfices rendent cette innovation particulièrement attrayante, surtout dans un contexte de transformation numérique accélérée.

Hygiène et contact minimal

Depuis la pandémie de 2020, la question de l’hygiène dans les espaces publics n’a cessé de gagner en importance. Les claviers des DAB, souvent manipulés par des dizaines de personnes chaque jour, sont des zones à risque. « Je désinfecte mon téléphone tous les jours, confie Émilie. C’est mon outil personnel. Tandis que le clavier du distributeur, je n’ai aucune idée de qui l’a touché avant moi. Retirer de l’argent sans le toucher, c’est aussi une question de santé. »

Accessibilité et inclusion

Les banques s’efforcent également d’améliorer l’accessibilité de ces nouveaux services. Pour les personnes malvoyantes, par exemple, l’utilisation de l’application bancaire avec les lecteurs d’écran est souvent plus fluide que l’interaction avec un DAB traditionnel. « Certains DAB sans carte proposent aussi des instructions vocales ou une interface simplifiée, ce qui est un vrai progrès », souligne un conseiller bancaire de BNP Paribas, qui souhaite rester anonyme.

Économies et durabilité

La suppression des cartes physiques représente également un gain écologique. Chaque carte bancaire est fabriquée en PVC, un plastique non biodégradable, et sa production consomme des ressources. En limitant l’émission de nouvelles cartes ou en proposant des alternatives numériques, les banques réduisent leur empreinte carbone. « On estime qu’un retrait sans carte peut éviter la production de dizaines de milliers de cartes par an à l’échelle nationale », précise un ingénieur en systèmes financiers au sein de Crédit Agricole.

Quel avenir pour le retrait sans carte ?

Le retrait sans carte n’en est qu’à ses débuts. En 2024, seuls certains réseaux bancaires en France — notamment ceux de BNP Paribas, Société Générale et Crédit Mutuel — proposent cette fonctionnalité dans des zones urbaines denses. Mais les projections sont claires : d’ici 2027, plus de 60 % des DAB en France devraient être compatibles avec cette technologie.

Une intégration avec les services numériques

Les banques travaillent à une intégration encore plus poussée avec les écosystèmes numériques. Imaginez un DAB qui reconnaît votre smartphone en Bluetooth dès que vous vous en approchez, vous propose un montant basé sur vos habitudes de dépenses, et vous permet de retirer de l’argent d’un simple geste. « Nous testons des prototypes avec géolocalisation et intelligence artificielle pour personnaliser l’expérience », confie un responsable innovation chez LCL.

D’autres pistes sont explorées, comme le retrait par reconnaissance faciale ou par scan de la main. « Le futur, ce n’est pas de remplacer la carte par le téléphone, c’est de ne plus avoir besoin de rien du tout », ajoute-t-il.

Et pour les personnes non équipées ?

Un enjeu majeur reste l’inclusion. Tous les Français n’ont pas un smartphone récent, ni l’habitude des applications bancaires. « Il est impératif de ne pas laisser de côté les personnes âgées ou les plus modestes », insiste Claire Fournier, sociologue spécialisée dans les inégalités numériques.

Les banques affirment maintenir les services traditionnels pendant une longue période de transition. « Le retrait sans carte n’est pas une obligation, c’est une option », précise un porte-parole de la Fédération Bancaire Française. « L’objectif est d’offrir plus de choix, pas d’imposer une technologie. »

Le futur de l’argent liquide est-il menacé ?

Alors que les paiements sans contact et les virements instantanés se multiplient, on peut se demander si l’argent liquide lui-même ne va pas disparaître. Pourtant, selon la Banque de France, près de 30 % des transactions en 2023 ont encore été effectuées en espèces. « Il y a des secteurs — l’artisanat, les petits commerces, les marchés — où le cash reste indispensable », observe Émilie Berthier.

Le retrait sans carte ne signe donc pas la fin de l’argent liquide, mais plutôt sa modernisation. « Ce n’est pas l’espèce qui disparaît, c’est la manière de l’obtenir qui change », résume un expert en innovation financière.

A retenir

Qu’est-ce que le retrait sans carte ?

Le retrait sans carte est un service bancaire qui permet de retirer de l’argent à un DAB sans insérer de carte physique. L’authentification se fait via une application mobile, avec génération d’un code temporaire ou d’une autorisation sans contact (NFC).

Est-ce que cette technologie est disponible partout en France ?

Non, elle est encore en phase de déploiement. Elle est principalement accessible dans les grandes villes et auprès de certaines banques. Toutefois, son extension est programmée sur les cinq prochaines années.

Est-ce que mon téléphone doit être connecté à Internet ?

Oui, une connexion Internet (via données mobiles ou Wi-Fi) est nécessaire pour générer l’autorisation de retrait. Une fois le code obtenu, il peut parfois être utilisé hors ligne, mais cela dépend des banques.

Est-ce que je peux utiliser cette fonction avec n’importe quel smartphone ?

La plupart des smartphones récents (iOS et Android) sont compatibles, à condition que l’application bancaire le permette. Les téléphones très anciens ou sans accès aux mises à jour de sécurité peuvent être exclus.

Qu’en est-il des frais ?

Les frais sont identiques à ceux d’un retrait classique. Aucun coût supplémentaire n’est généralement appliqué pour l’usage du retrait sans carte, sauf si le DAB est hors réseau.

Et si je perds mon téléphone ?

Il est crucial de configurer la localisation et le verrouillage à distance (via Find My iPhone ou Google Find My Device). En cas de perte, contactez immédiatement votre banque pour désactiver l’accès à l’application bancaire.

Conclusion

Le retrait sans carte bancaire incarne une étape clé dans la transformation numérique des services financiers. Il allie sécurité, praticité et modernité, tout en répondant à de nouveaux enjeux comme l’hygiène ou la durabilité. Le témoignage d’Émilie Berthier montre que cette transition, loin d’être une utopie technologique, est déjà une réalité vécue, fluide et rassurante.

Si les cartes physiques ne disparaîtront pas du jour au lendemain, elles risquent de devenir progressivement optionnelles, comme le chéquier avant elles. Le futur de la banque ne sera peut-être pas sans argent liquide, mais il sera certainement sans carte plastifiée. Et pour ceux qui, comme Émilie, osent franchir le pas, c’est une expérience qui redonne du sens à l’expression « argent facile ».