Après des années au RSA, le montant de la retraite en 2025 laisse stupéfait

Le RSA, conçu comme un filet de sécurité, devient parfois une trappe invisible. Pour des milliers de Français, ce revenu d’insertion a été une bouée de sauvetage dans une mer de précarité, mais il ne laisse aucune trace dans les droits sociaux à long terme. Alors que la retraite approche, les conséquences de ces années sans emploi, sans salaire, se révèlent cruellement : un relevé de carrière quasi vierge, une absence de pension de base, et une dépendance totale à l’État pour survivre. Derrière les chiffres froids des statistiques, il y a des vies brisées par des parcours invisibles, des choix contraints, des silences pesants. Cet article explore ce paradoxe d’un système qui permet de vivre, mais empêche de vieillir dignement.

Le RSA permet-il de construire des droits à la retraite ?

Non, le RSA ne permet pas de valider de trimestres de retraite. Contrairement aux périodes de chômage indemnisé, de maladie ou de maternité, les mois passés sous RSA ne sont pas reconnus comme des temps cotisés. Il n’y a ni salaire, ni cotisations sociales, donc aucun droit acquis. Pourtant, ces années sont bien vécues, souvent dans la dignité, avec des efforts quotidiens pour tenir, pour élever des enfants, pour préserver une stabilité. Mais dans le calcul des pensions, elles ne comptent pas. C’est ce que découvre, amèrement, Élodie Bessancourt, 63 ans, originaire de Lorient. “J’ai touché le RSA pendant plus de quinze ans, entre deux petits boulots, après une dépression, pendant que j’élevais seule mes deux filles. Je n’ai jamais rien demandé d’autre que de tenir debout. Aujourd’hui, je regarde mon relevé de carrière : 37 trimestres. Je devrais en avoir 168 pour une retraite complète. Je n’ai rien. Rien de ce que j’ai vécu n’a été compté.”

Pourquoi les périodes de RSA ne sont-elles pas prises en compte ?

La logique du système de retraite par répartition repose sur la cotisation salariale. Le RSA, bien qu’il s’inscrive dans une politique d’insertion, est une aide sociale, non une rémunération. Il n’est donc pas assujetti aux cotisations retraite. Certains experts, comme le sociologue Julien Mercier, pointent une faille structurelle : “Le RSA est censé favoriser le retour à l’emploi, mais il ne protège pas contre la précarité à long terme. Il maintient à flot, mais ne construit pas. C’est un paradoxe : on aide à vivre aujourd’hui, mais on sabote la vieillesse.”

Cette absence de prise en compte touche particulièrement les femmes, les personnes en situation de handicap, ou celles qui ont interrompu leur carrière pour des raisons familiales sans jamais retrouver un emploi stable. Pour eux, le RSA devient un mode de survie, mais un vide juridique dans le système de protection sociale.

Quel est le montant moyen de la retraite pour les anciens allocataires de RSA ?

Les données de la DREES montrent une fracture nette. Les anciens bénéficiaires de minimas sociaux perçoivent en moyenne une pension de retraite inférieure de près de 50 % à celle des autres retraités. En 2023, la pension moyenne en France était de 1 530 € brut mensuel. Pour ceux ayant longtemps vécu sous RSA, elle tombe souvent autour de 800 à 900 €, voire moins. Et encore, ce montant suppose qu’ils aient pu accumuler quelques trimestres grâce à de courts emplois ou des périodes d’activité.

Quand aucun trimestre n’a été validé, la pension de base est tout simplement nulle. C’est le cas de Jean-Marc Lefèvre, 67 ans, ancien ouvrier de chantier devenu sans emploi après une blessure au dos. “J’ai fait dix ans de RSA, entre soins, petits jobs au noir, et démarches pour retrouver un poste. Personne ne voulait d’un homme de 50 ans avec un dos fragilisé. Aujourd’hui, ma retraite ? Zéro. Je vis avec l’Aspa et l’APL. C’est juste, mais je me demande comment je ferai si les soins augmentent.”

Que devient-on à 65 ans sans aucun trimestre cotisé ?

À l’âge de la retraite, sans carrière contributive, deux options seulement s’offrent à la personne : soit elle dispose de ressources personnelles (héritage, bien immobilier, pension alimentaire), soit elle bascule dans le dispositif de solidarité. C’est là qu’intervient l’Allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa), ancien minimum vieillesse.

L’Aspa n’est pas une retraite. C’est une aide sociale versée par l’État, conditionnée à des ressources très faibles. Elle permet de garantir un revenu minimal à ceux qui n’ont rien acquis. Mais elle n’est pas indexée sur la carrière, ni sur les cotisations. Elle est calculée en fonction du foyer, du lieu de résidence, et du patrimoine.

“C’est une allocation de dernier recours”, explique Sophie Renard, conseillère sociale à Toulouse. “Beaucoup de personnes la voient comme une reconnaissance, mais aussi comme une humiliation. Elles ont travaillé, d’une manière ou d’une autre, mais le système ne les reconnaît pas.”

Combien touche-t-on avec l’Aspa en 2025 ?

En 2025, le montant maximum de l’Aspa est de 1 034,28 € par mois pour une personne seule, et de 1 605,73 € pour un couple. Ce montant est plafonné et diminue si d’autres ressources sont perçues. Il peut être complété par d’autres aides, mais il reste en deçà du seuil de pauvreté, fixé à environ 1 100 € mensuels pour une personne seule.

“Avec 1 034 €, on ne fait pas de vieux os confortablement”, confie Martine Vasseur, 68 ans, ancienne bénéficiaire du RSA, aujourd’hui retraitée à Nîmes. “Je paie mon loyer avec l’APL, mes soins avec la Complémentaire santé solidaire, et le reste, je le compte au centime. Je fais des repas à base de conserves, je ne voyage plus, je ne vais plus au cinéma. Ma vie s’est rétrécie.”

Quelles aides peuvent compléter l’Aspa ?

Plusieurs dispositifs viennent en soutien pour éviter la grande précarité :

  • Aide personnalisée au logement (APL) : pour alléger le coût du loyer.

  • Complémentaire santé solidaire : couverture gratuite des soins.

  • Aide personnalisée à l’autonomie (APA) : pour les personnes âgées en perte d’autonomie.

  • Aides ménagères ou à domicile : financement de services d’aide à la personne.

  • Activités rémunérées : certaines petites prestations (garde d’enfants, bricolage) sont autorisées sans pénaliser l’Aspa, dans la limite de 170 € mensuels.

Pour certains, ces aides forment un filet serré, mais fragile. Un changement de situation, une hausse de loyer, une maladie chronique, et tout peut basculer.

Peut-on accumuler des trimestres autrement que par le travail ?

Oui, mais pas grâce au RSA. Certaines périodes sont prises en compte automatiquement : chômage indemnisé, maladie, maternité, service militaire, ou encore invalidité. Il existe aussi des dispositifs de validation de trimestres pour les périodes d’éducation d’enfants (jusqu’à 8 trimestres par enfant). Mais le RSA, lui, n’ouvre aucun droit.

Des voix s’élèvent pour que cela change. “On pourrait imaginer une validation symbolique de trimestres pour les personnes en RSA durable, sous conditions d’insertion active”, propose le député écologiste Raphaël Tourbier. “Ce n’est pas une prime à l’inactivité, mais une reconnaissance du fait que survivre dans la précarité est un travail en soi.”

Le RSA est-il un piège pour la retraite ?

Le mot “piège” est fort, mais il résonne chez ceux qui l’ont vécu. Le RSA n’est pas un choix, mais une contrainte. Il permet de survivre, mais il ne protège pas contre l’avenir. “On me dit que j’aurais dû travailler plus”, dit Élodie Bessancourt. “Mais quand on est en dépression, qu’on a deux enfants à charge, qu’on vit dans un HLM sans ascenseur, qu’est-ce qu’on est censé faire ? Le RSA m’a permis de ne pas dormir sous un pont. Mais aujourd’hui, à 63 ans, je me demande si je n’aurais pas mieux fait de tout lâcher.”

Le système actuel ne reconnaît que le travail rémunéré. Il ignore les efforts invisibles, les parcours chaotiques, les obstacles invisibles à l’emploi. Et il punit, silencieusement, ceux qui ont eu besoin d’aide pendant trop longtemps.

Quelles solutions pour éviter cette précarité en fin de vie active ?

Plusieurs pistes sont envisagées :

  • Valider un trimestre de retraite par année de RSA, sous condition d’engagement dans un parcours d’insertion.

  • Renforcer les dispositifs d’accompagnement vers l’emploi, notamment pour les personnes éloignées du marché du travail.

  • Instaurer un système de retraite universelle minimale, indépendante des cotisations, comme dans certains pays européens.

  • Améliorer la prise en compte des périodes de vie non professionnelles, comme les soins aux proches ou les engagements associatifs.

“Il faut repenser la solidarité intergénérationnelle”, estime le philosophe social Antoine Delaune. “La retraite ne devrait pas être une récompense pour ceux qui ont travaillé, mais une garantie pour tous ceux qui ont vécu.”

Conclusion : une retraite digne pour tous, est-ce possible ?

Le cas des anciens allocataires de RSA révèle une faille profonde dans notre modèle social : celui qui n’a pas travaillé n’a pas droit à une retraite digne. Mais quand le travail est inaccessible, que devient la justice ? Des milliers de personnes vivent aujourd’hui avec moins de 1 100 € par mois à la retraite, non par choix, mais par accumulation de circonstances. Leur histoire mérite d’être reconnue. Leur vieillesse mérite mieux qu’un simple filet de survie. Une société solidaire ne se juge pas à la manière dont elle traite ses actifs, mais à la façon dont elle prend soin de ceux qui ont été laissés sur le bord du chemin.

A retenir

Le RSA permet-il de valider des trimestres de retraite ?

Non, le RSA n’ouvre aucun droit à la retraite. Les périodes de versement ne sont pas prises en compte dans le calcul des trimestres cotisés, car il ne s’agit pas d’une rémunération soumise à cotisations sociales.

Quelle est la pension moyenne des anciens allocataires de RSA ?

Elle est en moyenne deux fois inférieure à celle des autres retraités, souvent comprise entre 800 et 900 € mensuels, voire nulle si aucun trimestre n’a été validé.

Que devient-on à la retraite sans carrière cotisée ?

On ne perçoit aucune pension de base. La seule solution est de solliciter l’Allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa), qui remplace la retraite pour les plus démunis.

Quel est le montant de l’Aspa en 2025 ?

Il est de 1 034,28 € par mois pour une personne seule et de 1 605,73 € pour un couple, sous conditions de ressources et de résidence.

Peut-on cumuler Aspa et autres aides ?

Oui, l’Aspa peut être complétée par l’APL, la Complémentaire santé solidaire, l’APA, ou des aides départementales, afin d’assurer une vie décente malgré la faiblesse des revenus.