Depuis le printemps 2025, une révolution silencieuse bouleverse le paysage des retraites complémentaires. Le régime Agirc-Arrco, pilier financier pour des millions de futurs retraités, a opéré un changement profond dans son mode de calcul. Cette réforme, issue d’un long travail des partenaires sociaux, corrige une injustice qui pesait particulièrement sur les cadres à temps partiel. Pour comprendre ses implications, plongeons dans les mécanismes de cette transformation.
Pourquoi cette réforme change-t-elle la donne pour les cadres à temps partiel ?
Imaginez Éloise Vartan, 42 ans, responsable marketing dans une PME lyonnaise. Après son deuxième enfant, elle avait opté pour un forfait jours réduit à 180 jours annuels. Avant 2025, chaque année passée à ce rythme lui coûtait des points de retraite précieux. « Je culpabilisais en voyant mes collègues à temps plein accumuler bien plus de droits », confie-t-elle.
Le système ancien pénalisait structurellement les salariés comme Éloise. Moins de jours travaillés signifiait mécaniquement moins de points acquis. La nouvelle régulation introduit un principe équitable : désormais, le calcul simule un temps plein théorique, revalorisant ainsi les cotisations des travailleurs à temps partiel.
Qui sont les grands gagnants de ce nouveau système ?
Trois profils sortent particulièrement vainqueurs :
- Les cadres ayant réduit leur temps de travail pour raisons familiales
- Les seniors en préretraite progressive
- Les travailleurs indépendants sous convention cadre
Comment fonctionne concrètement le nouveau calcul ?
Prenons l’exemple de Théo Lambert, consultant IT de 50 ans avec un forfait à 190 jours et 55 000€ brut annuels. Avant 2025, ses cotisations se basaient sur son salaire réel. Désormais, le calcul devient :
55 000€ × 218 jours / 190 jours = 63 105€ d’assiette recalculée
« Grâce à cette majoration, j’accumule 23% de points supplémentaires chaque année », explique Théo, visiblement soulagé.
Y a-t-il des limites à cette bonification ?
Le système prévoit effectivement des garde-fous :
- Plafond absolu à 376 800€ (8× le plafond SS en 2025)
- Nécessité d’un accord écrit avec l’employeur
- Exclusion des rémunérations exceptionnelles
Quel impact réel sur les pensions futures ?
Selon les simulations de l’Agirc-Arrco, un cadre moyen à 60% pourrait voir sa retraite complémentaire augmenter de 15 à 40%. « Pour moi, ça représente environ 200€ supplémentaires mensuels à partir de 64 ans », calcule Marion Fabre, cheffe de projet dans l’aéronautique.
Attention cependant aux effets de bord :
- Possible requalification du taux de CSG
- Majoration des cotisations sociales actuelles
- Impact sur les droits annexes (invalidité, décès)
Les pièges à éviter
Raphaël Sokolov, expert-comptable à Strasbourg, met en garde : « Certains employeurs négligent encore de formaliser les avenants. Sans trace écrite, pas de droit à revalorisation. » Il recommande systématiquement :
- Faire modifier son contrat avant juin 2025
- Conserver tous les bulletins de paie
- Vérifier l’inscription des points sur son relevé Agirc-Arrco
A retenir
Qui peut bénéficier de la réforme ?
Tous les salariés en forfait jours réduit (moins de 218 jours/an), sur demande expresse à leur employeur.
Quand faut-il agir ?
Idéalement avant fin 2025 pour maximiser l’accumulation de points revalorisés.
Combien peut-on gagner ?
Entre 15% et 40% d’augmentation sur la retraite complémentaire selon le taux de temps partiel.
Conclusion
Cette réforme marque un tournant dans la justice sociale des retraites. En corrigeant un biais historique, elle offre une seconde chance à ceux qui avaient sacrifié une partie de leur carrière à des impératifs personnels. Comme le résume Éloise : « Enfin une mesure qui reconnaît que travailler moins ne signifie pas contribuer moins à la société. » Reste maintenant à faire connaître ces nouveaux droits à tous les concernés.