Chaque année, des milliers de Français approchent l’âge de la retraite avec l’assurance d’avoir rempli toutes les conditions nécessaires pour bénéficier d’une pension optimale. Pourtant, une faille persiste dans leur compréhension du système Agirc-Arrco, un pilier essentiel de la retraite complémentaire. Une astuce simple, pourtant méconnue, peut transformer leurs revenus futurs. Sylvie Moreau, 62 ans, cadre dans le secteur bancaire, l’a découvert à ses dépens : « J’ai calculé mon départ à taux plein, convaincue que c’était le maximum possible. Un conseiller m’a révélé que prolonger mon activité de dix-huit mois aurait ajouté 180 € nets à ma pension mensuelle. J’aurais dû vérifier plus tôt ! » Cette expérience souligne un mécanisme complexe mais accessible à tous.
Travaillez quelques mois de plus : pourquoi cela change tout ?
Le système Agirc-Arrco repose sur l’accumulation de points, chaque euro cotisé générant un certain nombre de points dont la valeur annuelle est réévaluée. En 2025, un point vaut 1,4386 € brut par an, soit environ 0,12 € mensuel. À première vue, cela semble modeste. Pourtant, ces centimes s’additionnent. Prenons l’exemple de Marc Dubois, ingénieur retraité en 2024 : « En travaillant six mois supplémentaires, j’ai gagné 78 points. Sur vingt ans, cela représente plus de 1 300 € supplémentaires. C’est une somme non négligeable pour des vacances ou des soins dentaires non remboursés. »
Comment les points supplémentaires s’accumulent-ils ?
Chaque mois travaillé après l’âge légal permet d’acquérir de nouveaux points, sans plafond. Ces points sont calculés en fonction des salaires perçus pendant cette période. Par exemple, un salaire mensuel brut de 3 500 € génère environ 160 points supplémentaires en 2025, grâce aux cotisations versées. À la retraite, ces points s’ajoutent à ceux déjà acquis, augmentant durablement la pension.
Le taux plein n’est pas la panacée : où est l’erreur ?
Beaucoup pensent qu’atteindre le taux plein garantit une pension maximale. Erreur. Le taux plein concerne principalement le régime général de la Sécurité sociale, qui applique une surcote de 1,25 % par trimestre travaillé après l’âge légal. L’Agirc-Arrco, lui, fonctionne différemment : il récompense chaque mois de cotisation supplémentaire par des points supplémentaires, sans mécanisme de surcote automatique. C’est ce que regrette Étienne Lefebvre, ancien chef d’entreprise : « J’ai arrêté à 62 ans, pensant avoir tout donné. J’ai appris trop tard que deux ans de plus auraient ajouté 300 points, soit 43 € mensuels en plus. »
Quelle est la différence entre surcote et points supplémentaires ?
La surcote du régime général augmente la pension de base de 1,25 % par trimestre travaillé après le taux plein. En revanche, l’Agirc-Arrco n’applique pas ce pourcentage. Chaque mois travaillé génère des points supplémentaires, calculés à partir des cotisations versées. Ces points sont convertis en pension selon leur valeur annuelle, qui varie chaque année. Ainsi, plus on travaille tard, plus la base de points est élevée, assurant un gain durable.
Éviter la décote temporaire : un avantage caché
Depuis 2023, un départ anticipé entraîne une minoration temporaire de 10 % sur la pension Agirc-Arrco, appliquée pendant trois ans. En reportant le départ de deux ans, cette décote est évitée. C’est ce qu’a fait Claire Renaud, ancienne enseignante : « J’ai attendu 64 ans pour partir. Sans cette décision, j’aurais perdu 10 % de ma pension complémentaire pendant trois ans. Cela représentait 90 € par mois, soit 3 240 € en tout. »
Comment la décote temporaire affecte-t-elle la pension ?
La décote temporaire réduit la pension Agirc-Arrco de 10 % pendant trois ans si le départ intervient avant l’âge légal. Ce calcul s’applique même si le taux plein est atteint. En reportant le départ de deux ans, la décote est évitée, et les points supplémentaires accumulés augmentent la pension. Par exemple, une pension initiale de 1 000 € devient 900 € pendant trois ans sans report, contre 1 120 € avec dix-huit mois supplémentaires de travail.
Simuler pour anticiper : quels outils utiliser ?
Pour optimiser son départ, il est crucial de simuler les scénarios possibles. Le Relevé Individuel de Situation (RIS), disponible dès 55 ans, détaille les droits acquis. Des outils en ligne, comme le simulateur Agirc-Arrco, permettent de comparer les gains selon les mois travaillés. Nicolas Girard, conseiller en retraite, insiste : « Beaucoup sous-estiment l’impact de quelques mois supplémentaires. Une simulation claire peut éviter des regrets amers. »
Quelles étapes concrètes pour optimiser son départ ?
1. Vérifier sa durée d’assurance via le RIS pour confirmer l’atteinte du taux plein. 2. Demander une estimation détaillée de la pension Agirc-Arrco en fonction des mois travaillés. 3. Simuler plusieurs scénarios (6, 12, 24 mois supplémentaires) avec les outils en ligne. 4. Anticiper la liquidation de la retraite six mois avant la date souhaitée pour éviter les retards. 5. Évaluer le prix d’achat d’un point (20,1877 € en 2025) pour mesurer la rentabilité de prolonger son activité.
A retenir
Travailler quelques mois de plus a-t-il vraiment un impact significatif ?
Oui. Chaque mois travaillé génère des points Agirc-Arrco supplémentaires, sans plafond. Par exemple, un salaire brut mensuel de 3 500 € en 2025 donne environ 160 points, soit 19 € nets par mois supplémentaire. Sur dix ans, cela représente 2 280 € de gains cumulés.
Est-il possible de cumuler emploi et retraite pour optimiser ?
Le cumul emploi-retraite est possible, mais son impact sur la pension dépend du régime. Pour l’Agirc-Arrco, travailler après la liquidation de la retraite génère des points supplémentaires, augmentant la pension dès le mois suivant. Cependant, les cotisations sont plus élevées, réduisant le gain net.
Quel est le meilleur âge pour partir en retraite ?
Cela dépend de la situation individuelle. En général, attendre l’âge légal évite la décote temporaire et permet d’accumuler des points. Pour les cadres ou les salariés à haut salaire, chaque mois travaillé après 62 ans peut rapporter plus de 20 € nets mensuels.
Les retraites complémentaires vont-elles augmenter en 2025 ?
Oui, une légère hausse est prévue pour novembre 2025, liée à l’inflation. La valeur du point Agirc-Arrco passera de 1,4386 € à 1,45 € brut annuel, soit une progression de 0,8 %. Cela bénéficiera aux retraités, mais les gains restent modestes sans points supplémentaires.
Conclusion : Un choix stratégique pour une retraite sereine
Le système Agirc-Arrco offre des opportunités méconnues pour augmenter sa pension. En travaillant quelques mois supplémentaires, on évite la décote temporaire et on accumule des points précieux. Comme le rappelle Sylvie Moreau : « J’ai dû ajuster mes plans, mais les 180 € de plus par mois ont changé ma retraite. C’est une décision à ne pas prendre à la légère. »