Retraite : ce coup de pouce méconnu peut augmenter vos revenus dès 2025

En France, vieillir dignement ne devrait pas dépendre du porte-monnaie. Pourtant, de nombreux retraités, même non imposables, se retrouvent confrontés à des difficultés financières croissantes, notamment avec la perte d’autonomie, les frais de logement ou les dépenses liées à la santé. Heureusement, un éventail d’aides publiques et sociales existe pour les accompagner. Ces dispositifs, souvent méconnus, peuvent faire la différence entre un quotidien pesant et une vie sereine à l’âge de la retraite. À travers les parcours de personnes réelles, cet article explore les aides accessibles, leurs conditions, et comment elles transforment concrètement le quotidien des seniors.

Quelles aides le département propose-t-il aux retraités non imposables ?

Les départements, en tant qu’acteurs majeurs de l’aide sociale, jouent un rôle central dans le soutien aux seniors en situation de vulnérabilité. Leur intervention est particulièrement visible dans les domaines liés à l’autonomie, à l’hébergement ou aux services à domicile. Pour les retraités non imposables, ces aides peuvent représenter un filet de sécurité essentiel.

L’allocation personnalisée d’autonomie (APA) : un levier pour rester chez soi

À 78 ans, Élodie Rambert vit seule dans son appartement de Clermont-Ferrand depuis quarante ans. Après une chute l’hiver dernier, ses déplacements sont devenus difficiles. “Je ne voulais surtout pas aller en maison de retraite. C’est chez moi, ici, confie-t-elle. Mais je ne pouvais plus faire le ménage, ni même me préparer à manger.” C’est alors que sa voisine lui a parlé de l’APA. Après une évaluation par une infirmière du Conseil départemental, Élodie a été reconnue en GIR 3 (perte d’autonomie modérée à sévère) et a pu bénéficier de l’APA à domicile.

Attribuée aux personnes âgées de plus de 60 ans en situation de dépendance, l’APA couvre une partie des frais liés aux aides à domicile : ménage, toilette, repas, etc. Le montant varie selon le niveau de dépendance et les revenus. Pour Élodie, cela représente 680 euros par mois, qui viennent directement payer l’intervenant de l’association locale d’aide à domicile. “C’est une bouée. Sans ça, je serais obligée de vendre mon appartement pour payer une structure privée.”

Prestation de compensation du handicap (PCH) : une aide spécifique mais non cumulable

Philippe Lenoir, 71 ans, ancien ingénieur en informatique, vit avec une sclérose en plaques depuis vingt ans. Il a bénéficié de la PCH avant sa retraite, et en conserve le bénéfice aujourd’hui, bien qu’il soit désormais retraité. “La PCH m’a permis d’aménager mon logement : rampe d’accès, salle de bain adaptée, fauteuil roulant électrique. Sans cette aide, je serais coincé chez moi, sans aucune mobilité.”

La PCH s’adresse à l’origine aux personnes handicapées de moins de 60 ans, mais son maintien après la retraite est possible. Toutefois, elle n’est pas cumulable avec l’APA. Le choix entre les deux dépend donc de la situation médicale et des besoins. Pour Philippe, la PCH reste plus complète, car elle prend en charge des équipements coûteux, des aides humaines, et même des frais liés à l’emploi d’un accompagnant.

Aide sociale à l’hébergement (ASH) : quand la maison de retraite devient incontournable

À 82 ans, Bernard Thibault a dû intégrer un EHPAD après une série de crises cardiaques. “Je ne pouvais plus vivre seul, reconnaît-il. Mais les frais mensuels dépassaient mes revenus.” Grâce à l’ASH, le département prend désormais en charge une partie de ses frais d’hébergement. Pour en bénéficier, Bernard devait avoir plus de 65 ans, des revenus inférieurs aux coûts de l’établissement, et avoir sollicité le versement de sa retraite au département (mécanisme de subrogation).

“C’est un peu dur de voir une partie de ma retraite versée directement à l’EHPAD, admet-il. Mais sans cela, je n’aurais pas pu rester dans un endroit décent. L’ASH, c’est une aide de dernier recours, mais elle sauve la dignité.”

Aide ménagère et portage de repas : des solutions concrètes pour le quotidien

Marie-Claire Vasseur, 76 ans, vit à Lyon dans un petit deux-pièces. Seule et atteinte d’arthrose sévère, elle ne peut plus faire le ménage ni cuisiner. “Je vivais dans la poussière, et je me nourrissais de plats industriels”, raconte-t-elle. Grâce à l’aide ménagère départementale, une intervenante vient deux fois par semaine pour nettoyer son logement. Le coût ? Presque entièrement pris en charge, car ses revenus mensuels (890 euros) sont en dessous du plafond de 916 euros.

Par ailleurs, elle bénéficie aussi du portage de repas, financé par une autre aide départementale. Le plafond de ressources est légèrement plus élevé (953 euros). “Le lundi matin, je reçois mes dix repas surgelés. Des plats équilibrés, adaptés aux seniors. C’est bon, c’est simple, et ça me rassure.”

Les caisses de retraite peuvent-elles aider un retraité non imposable ?

Au-delà des départements, les caisses de retraite jouent aussi un rôle non négligeable dans le soutien financier des seniors. Leur intervention est souvent complémentaire, mais peut faire une grande différence sur le budget mensuel.

Allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA) : un revenu de base garanti

Laure Berthier, 70 ans, vit à Nantes avec une retraite de 820 euros par mois. Ancienne ouvrière, elle n’a pas accumulé suffisamment de trimestres pour une pension confortable. “J’ai appris l’ASPA par hasard, en allant à la mairie pour une demande de carte de transport senior”, explique-t-elle. Depuis, elle perçoit cette allocation, qui porte son revenu mensuel à environ 961 euros, le plafond fixé pour une personne seule en 2024.

L’ASPA est une aide versée sous condition de ressources, destinée aux personnes de plus de 65 ans (ou 62 ans en cas d’invalidité) résidant en France. Elle est automatiquement versée par la Caisse d’assurance retraite et de la santé au travail (CARSAT) après demande. “C’est discret, mais vital. Ça me permet de payer mes médicaments, mes factures, et parfois un petit restaurant avec ma fille.”

Aide au déménagement : quand un changement de logement devient nécessaire

Lucien Marchand, 68 ans, a dû quitter son grand appartement parisien après le décès de son épouse. Trop coûteux, trop vide. “Je voulais un T2 plus petit, en banlieue, près de mes petits-enfants.” Son ancienne caisse de retraite complémentaire, l’IRCANTEC, lui a versé une aide au déménagement de 1 200 euros. “J’avais accumulé assez de points, et mes revenus sont en dessous du seuil. Cette aide a couvert presque tout le coût du déménageur.”

Ce type d’aide n’existe pas dans toutes les caisses, mais certaines, comme l’IRCANTEC ou la CNRACL (pour les fonctionnaires), la proposent sous conditions de points retraite et de ressources (plafond annuel à 14 845 euros pour une personne seule).

Comment la CAF intervient-elle en faveur des retraités non imposables ?

La Caisse d’allocations familiales (CAF) n’est pas seulement destinée aux familles. Elle propose également des aides au logement et à l’activité qui peuvent bénéficier aux seniors, notamment ceux qui cumulent retraite et travail.

Aides au logement : APL, ALF, ALS, quelles différences ?

Chantal Mercier, 67 ans, a emménagé dans un studio HLM à Bordeaux après avoir vendu sa maison. “Je pensais ne plus avoir droit à l’APL à la retraite. Mais si, tant que mes ressources sont faibles.” Grâce à l’Allocation personnalisée au logement (APL), elle économise 180 euros par mois sur son loyer. Pour en bénéficier, il fallait que son logement soit décent, qu’elle soit locataire, et que ses revenus soient inférieurs au plafond.

La CAF propose aussi l’Allocation de logement familial (ALF), souvent plus avantageuse pour les locataires, et l’Allocation de logement social (ALS), destinée à ceux qui ne remplissent pas les conditions de l’APL ou de l’ALF. “Je ne savais pas qu’il y avait trois types d’aides. Un conseiller m’a tout expliqué. C’est rassurant de ne pas être seul face aux formulaires.”

Prime d’activité : un coup de pouce pour les retraités actifs

Samir Bendjelloul, 63 ans, ancien professeur, donne encore des cours particuliers à mi-temps. “Je ne veux pas rester inactif, et ça me rapporte un peu.” Grâce à la prime d’activité, versée sous condition de ressources, il reçoit 110 euros supplémentaires par mois. “C’est modeste, mais ça compense les frais de transport et de matériel. Et puis, c’est un encouragement à continuer.”

Quelles aides les pouvoirs publics offrent-ils aux seniors ?

En plus des aides départementales et des caisses sociales, l’État propose des dispositifs fiscaux et de santé qui peuvent alléger significativement le budget des retraités non imposables.

Crédit d’impôt pour les services à domicile : même sans impôt, on peut en bénéficier

Malgré son nom, le crédit d’impôt pour les services à la personne est accessible aux retraités non imposables. “On m’a dit que même si je ne paye pas d’impôt, je peux obtenir un remboursement de 50 % des frais engagés”, explique Henriette Dufresne, 74 ans, qui fait appel à une aide ménagère depuis deux ans. Elle a fait installer un système de téléassistance après une alerte nocturne non prise en charge. “Maintenant, en cas de chute, une téléassistante m’entend et peut alerter les secours. Et j’ai eu un crédit d’impôt de 200 euros pour l’installation.”

La condition ? Employer un prestataire agréé “services à la personne”, et que l’intervention ait lieu à domicile.

Complémentaire santé solidaire : une mutuelle gratuite pour les plus modestes

“Avant, je zappais des soins dentaires ou des lunettes, faute de moyens”, confie Gaston Lemaire, 70 ans. Depuis qu’il bénéficie de la Complémentaire santé solidaire (CSS), ses frais de santé sont presque entièrement couverts. “C’est une vraie mutuelle, avec carte vitale. Je n’ai plus peur d’aller chez le médecin.”

Accessible aux personnes aux ressources modestes, la CSS remplace l’ancienne CMU-C. Elle est attribuée par la caisse d’assurance maladie et prend en charge les frais restants après remboursement de la Sécurité sociale.

Aide à domicile de l’Assurance retraite : un soutien direct pour bien vieillir

Le dispositif “Bien vieillir chez soi” inclut une aide à domicile versée par l’Assurance retraite. Sophie Colin, 79 ans, a bénéficié de cette aide pour financer des heures d’entretien ménager. “J’ai dû fournir mes justificatifs de revenus, et mon plafond est de 906 euros. J’étais pile en dessous.” Elle reçoit 150 euros par mois, qui viennent en déduction directe des factures de l’association prestataire.

“C’est discret, mais régulier. Et puis, ça vient de ma propre caisse. C’est comme un retour sur ce que j’ai cotisé toute ma vie.”

A retenir

Un retraité non imposable peut-il cumuler plusieurs aides ?

Oui, dans certains cas, mais avec des limites. Par exemple, l’APA et la PCH ne sont pas cumulables. En revanche, un retraité peut percevoir l’ASPA, l’aide ménagère départementale, la CSS et une aide au logement en même temps, à condition de respecter les plafonds de ressources de chaque dispositif.

Faut-il être en perte d’autonomie pour bénéficier de ces aides ?

Non. Certaines aides, comme l’ASPA ou la CSS, sont liées aux seules ressources. D’autres, comme l’APA ou l’aide ménagère, nécessitent une évaluation de la dépendance ou de l’incapacité à effectuer des tâches quotidiennes.

Comment faire une demande d’aide ?

Les démarches se font en ligne (via les sites des caisses ou des départements), par courrier, ou en se rendant en personne dans les agences locales. Il est recommandé de se faire accompagner par un travailleur social, un centre communal d’action sociale (CCAS), ou un proche, car les formulaires peuvent être complexes.

Les aides sont-elles automatiques ?

Non. Elles sont soumises à demande. Même si les droits sont ouverts, il faut systématiquement déposer un dossier. Certaines aides, comme l’ASPA, peuvent être réclamées rétroactivement (jusqu’à 12 mois), mais mieux vaut ne pas attendre.

En somme, les aides aux retraités non imposables sont nombreuses, mais leur efficacité dépend de la connaissance qu’en ont les bénéficiaires. Comme le dit Élodie Rambert : “On ne nous dit pas tout. Mais quand on sait, la vie devient possible. Pas facile, mais possible.”