Alors que les intérieurs contemporains cherchent toujours plus d’authenticité, de chaleur et de respect de l’environnement, une révolution silencieuse s’installe sous nos pieds et sur nos murs. Le carrelage, trop froid, le parquet, trop fragile : ces matériaux classiques, bien que fidèles, peinent à répondre aux nouvelles attentes des foyers modernes. En 2025, une alternative venue du Mexique, à la fois ancienne et résolument actuelle, s’impose dans les projets des architectes et des particuliers les plus exigeants. Son nom ? Le chukum. Ce revêtement naturel, longtemps ignoré en France, devient l’allié des espaces qui veulent allier esthétique raffinée, durabilité et bien-être. Entre tradition maya et design contemporain, découvrons pourquoi ce matériau pourrait bien redéfinir notre manière de concevoir l’habitat.
Qu’est-ce que le chukum, et d’où vient-il ?
Une origine millénaire, réinventée pour le XXIe siècle
Le chukum tire son nom d’un arbre endémique de la péninsule du Yucatán, au Mexique, dont l’écorce est utilisée depuis des siècles par les Mayas. Ces derniers, ingénieurs avant l’heure, l’employaient pour imperméabiliser les temples, les palais et les réservoirs d’eau. En broyant l’écorce du chukum et en la mélangeant à de la chaux et à des minéraux locaux, ils obtenaient un enduit résistant, étanche et durable. Ce savoir-faire, transmis de génération en génération, a longtemps été confiné aux régions mayas. Ce n’est que récemment, grâce à la curiosité des architectes internationaux, que cette technique a été redécouverte et adaptée aux normes et exigences des intérieurs modernes.
À Paris, l’architecte d’intérieur Elara Vignot raconte comment elle a découvert le chukum lors d’un voyage à Mérida : « J’ai vu des maisons centenaires, intactes malgré l’humidité tropicale, recouvertes d’un enduit qui semblait vivant. Il respirait, il brillait doucement sous le soleil. J’ai su immédiatement que je voulais l’introduire dans mes projets. » Depuis, elle a intégré le chukum dans plusieurs résidences haut de gamme, notamment un appartement haussmannien du 7e arrondissement, où les murs du salon ont été entièrement revêtus d’un ton sable doré. « Le résultat ? Un espace qui semble habité par la lumière elle-même. »
Pourquoi le chukum fascine-t-il aujourd’hui ?
La magie du chukum réside dans son rendu unique. Chaque surface est légèrement irrégulière, marquée par les gestes de l’artisan, ce qui lui confère une dimension organique, presque vivante. Les teintes, extraites de pigments naturels, évoluent avec la lumière du jour : au lever du soleil, elles rosissent imperceptiblement ; en fin d’après-midi, elles prennent des reflets dorés. Cette subtilité, ce jeu de lumière, fait que le chukum ne se contente pas de décorer : il transforme l’ambiance.
Contrairement au carrelage, aux joints rigides et aux reflets froids, ou au parquet, sensible à l’humidité et aux rayures, le chukum propose une solution à la fois esthétique et fonctionnelle. Il enveloppe l’espace sans rupture, sans angle mort. « C’est comme si la pièce prenait une respiration plus profonde », confie Théo Lanfranchi, designer d’intérieur à Marseille, qui l’a utilisé dans une villa de Cassis. « J’ai couvert les murs et le sol de la salle de bain d’un gris pierre mat. Le résultat ? Une pièce qui semble flotter, presque monacale. Et pourtant, elle est ultra-pratique. »
Quels sont les atouts pratiques et écologiques du chukum ?
Un matériau naturel, sain et durable
Le chukum est composé de matériaux 100 % naturels : chaux, minéraux locaux, fibres végétales et extrait de l’écorce du chukum. Aucun produit chimique de synthèse, aucun composé volatile. Il est donc particulièrement adapté aux personnes sensibles aux allergènes ou soucieuses de la qualité de l’air intérieur. De plus, il régule naturellement l’humidité, ce qui en fait un excellent allié en saison humide ou dans les pièces comme la salle de bain ou la cuisine.
« Dans une maison que j’ai rénovée à Lyon, explique Elara Vignot, les propriétaires souffraient d’allergies respiratoires. On a tout repensé : ventilation, matériaux, isolation. Le chukum a été un élément clé. En plus d’être beau, il “respire”. L’air est plus clair, plus frais. Ils ont noté une nette amélioration en quelques semaines. »
Résistant, imperméable, facile à entretenir
Malgré son aspect doux et organique, le chukum est extrêmement résistant. Il supporte les piétements, les taches d’eau, les projections de graisse en cuisine, sans se dégrader. Une fois durci, il forme une pellicule dense, quasi imperméable, qui ne nécessite ni vernis ni traitement chimique. Un simple chiffon humide suffit pour l’entretenir. Dans les salles de bain, il remplace avantageusement les carreaux de céramique, sans joints ni moisissures.
À Bordeaux, la restauratrice Lina Moreau a choisi le chukum pour recouvrir les murs et le sol de sa cuisine ouverte. « J’avais peur que ce soit trop fragile, mais non. Même avec deux enfants qui renversent tout, ça tient. Et l’effet est bluffant : la pièce semble plus grande, plus chaleureuse. »
Comment les professionnels l’utilisent-ils dans les intérieurs d’aujourd’hui ?
Un matériau polyvalent, du sol au plafond
Le chukum ne se limite pas aux murs. Il peut être appliqué sur les sols, les plafonds, les crédences, les douches à l’italienne, voire les meubles. Sa capacité à s’adapter à toutes les surfaces en fait un matériau phare pour les architectes en quête d’unité esthétique. « On parle souvent de “fil rouge” dans un projet, mais avec le chukum, c’est un fil de lumière », sourit Théo Lanfranchi.
À Biarritz, une maison d’architecte signée par le cabinet Néma a fait sensation cet été. Le chukum y est utilisé dans toutes les pièces : un ton terre cuite douce dans le salon, un gris cendré dans les chambres, un beige chaud dans la cuisine. Le résultat ? Un intérieur qui semble avoir été sculpté d’un seul tenant, où chaque espace dialogue harmonieusement avec le suivant.
Inspirations déco : comment marier le chukum avec d’autres matériaux ?
Le chukum excelle lorsqu’il est associé à d’autres matières naturelles. Le bois clair, le rotin, la laine, les textiles bruts, les céramiques artisanales : tous trouvent en lui un écrin parfait. Sur Instagram, les hashtags #chukumstyle et #interieurargileux comptent désormais des dizaines de milliers de publications, où l’on voit des intérieurs mêlant vases en terre cuite, tapis en sisal, plantes grimpantes et luminaires en osier.
« Ce que j’aime, c’est que le chukum ne domine pas, il accueille », note Lina Moreau. « J’ai ajouté un vieux buffet en chêne récupéré chez un brocanteur, des coussins en lin, et une suspension en raphia. Tout semble naturellement à sa place. »
Comment adopter le chukum sans se ruiner ?
Par où commencer pour intégrer ce matériau chez soi ?
On n’a pas besoin de tout refaire pour profiter du chukum. Beaucoup commencent par un mur d’accent dans le salon, l’entrée ou la chambre. Cela suffit à transformer l’ambiance. Certains l’utilisent aussi pour rénover une crédence de cuisine ou une alcôve, sans toucher au reste de la pièce.
Elara Vignot conseille : « Si vous avez une petite pièce, choisissez une teinte claire. Le chukum, même mat, capte la lumière et donne une impression d’espace. Dans une chambre, osez les tons terreux, presque ocres, pour un effet hacienda chic. »
Comment éviter les pièges de la pose ?
Le chukum exige un savoir-faire spécifique. Contrairement à la peinture ou au carrelage, il ne s’applique pas à la truelle de bricolage du dimanche. La technique de lissage, le séchage progressif, la finition : tout repose sur la main de l’artisan. Une mauvaise application peut entraîner des fissures, des décollements ou un rendu inégal.
« J’ai vu des particuliers tenter de le poser eux-mêmes, raconte Théo Lanfranchi. Résultat : des surfaces craquelées, des coulures. Le chukum est généreux, mais il faut le respecter. » Il recommande de faire appel à des applicateurs certifiés, souvent formés en Espagne ou au Mexique, et de demander des échantillons avant tout engagement.
Le chukum est-il vraiment l’avenir de la décoration ?
Pourquoi ce matériau va-t-il rester populaire ?
Le chukum répond à trois besoins majeurs de 2025 : la recherche de naturel, la sobriété énergétique et le désir d’intérieurs sains. Il isole thermiquement, régule l’humidité, et ne dégage aucune pollution. De plus, sa fabrication locale — dès lors qu’il est produit en Europe — réduit l’empreinte carbone.
« C’est un matériau qui a du sens », affirme Elara Vignot. « Il ne vient pas d’une usine, il vient d’une tradition. Il a une histoire. Et aujourd’hui, les gens veulent des maisons qui racontent quelque chose. »
Quelles précautions prendre avant de se lancer ?
Avant de succomber, il faut être conscient de quelques points. Le chukum est résistant, mais pas invulnérable. Les chocs violents, comme la chute d’un meuble lourd, peuvent laisser des marques. Il est donc déconseillé dans les garages ou les ateliers. De plus, le coût reste élevé : entre 80 et 150 € le m² posé, selon les régions et les finitions.
Il est aussi essentiel de vérifier la traçabilité du produit. Certains fournisseurs importent des poudres pré-mélangées, sans garantie sur l’origine du chukum. « Je ne travaille qu’avec des marques qui s’engagent sur une filière éthique », précise Théo Lanfranchi. « Le respect de l’environnement ne doit pas commencer chez moi, mais dès la source. »
Et si on n’est pas prêt à tout changer ?
Quelles alternatives au chukum existent ?
Heureusement, on peut s’inspirer de l’esprit chukum sans en adopter la matière. Les peintures à la chaux, par exemple, offrent un rendu similaire : mat, légèrement irisé, naturellement antibactérien. Les enduits minéraux aux pigments naturels reproduisent l’effet de profondeur. Pour les sols, le béton ciré coloré en teintes argile ou cendre apporte une touche contemporaine proche du chukum.
« J’ai décoré mon salon avec une peinture à la chaux beige rosé, témoigne Lina Moreau. J’y ai ajouté un tapis en laine brute, des coussins terre cuite, un vase en grès. L’effet “chukum” est là, sans le coût. »
Conclusion
Le chukum n’est pas une simple tendance. C’est une réponse à un changement profond dans notre rapport à l’habitat. Il incarne un retour à l’essentiel : des matériaux vivants, des espaces sains, une esthétique sobre mais intense. Il ne cherche pas à briller, mais à accueillir. En 2025, alors que l’on redécouvre la valeur de l’authentique, le chukum s’impose comme une évidence. Pas besoin de choisir entre le froid du carrelage et la fragilité du parquet : une troisième voie, plus douce, plus durable, plus humaine, s’ouvre désormais à nous.
A retenir
Qu’est-ce que le chukum exactement ?
Le chukum est un enduit naturel issu de l’écorce d’un arbre mexicain, utilisé par les Mayas. Composé de chaux, de minéraux et de fibres végétales, il s’applique sur les murs, les sols et les plafonds pour un rendu chaleureux, mat et légèrement irisé.
Est-il adapté aux pièces humides comme la salle de bain ?
Oui, le chukum est naturellement imperméable et antibactérien. Il est particulièrement bien adapté aux salles de bain, cuisines et douches à l’italienne, sans risque de moisissures ni de dégradation.
Faut-il refaire toute la maison pour en profiter ?
Non. On peut commencer par un mur d’accent, une crédence ou une petite pièce. L’effet est immédiat, sans chantier lourd ni coût excessif.
Peut-on l’appliquer soi-même ?
Il est fortement déconseillé. Le chukum demande une technique spécifique et un savoir-faire artisanal. Une mauvaise pose peut compromettre le rendu et la durabilité du matériau.
Quel est le coût moyen d’une pose ?
Entre 80 et 150 € le m², pose incluse. Le prix varie selon la complexité du chantier, la région et le professionnel choisi.
Existe-t-il des alternatives esthétiques au chukum ?
Oui. Les peintures à la chaux, les enduits minéraux et le béton ciré coloré permettent d’obtenir un rendu similaire. Les accessoires déco en teintes argile, beige ou gris cendré peuvent aussi évoquer l’esprit chukum.