Les robocalls en 2025 : Apple et la Liste Robinson vous protègent, mais le danger persiste

Les sonneries inopinées d’un téléphone portable, surtout lorsqu’elles proviennent d’un numéro inconnu, ne sont plus seulement des interruptions agaçantes : elles peuvent être le prélude à une escroquerie, une tentative d’usurpation d’identité ou une campagne de collecte de données. Ces appels automatiques, souvent appelés « robocalls », se sont transformés en une arme redoutable entre les mains de démarcheurs agressifs ou de cybercriminels. Dans un monde où la connectivité est omniprésente, la frontière entre légitimité et fraude s’estompe, mettant à rude épreuve la vigilance des usagers. Heureusement, des solutions technologiques et légales émergent pour contrer cette vague invasive. Entre innovations comme celle d’Apple avec iOS 26 et des dispositifs réglementaires tels que la Liste Robinson, les consommateurs disposent désormais d’outils concrets pour reprendre le contrôle de leur tranquillité. Mais ces mesures suffisent-elles face à l’ingéniosité croissante des fraudeurs ?

Comment fonctionnent les appels automatiques ?

Le robocalling repose sur une logique simple, mais redoutablement efficace : l’automatisation massive. Des serveurs programmés pour passer des dizaines de milliers d’appels en quelques minutes ciblent des numéros aléatoires ou extraits de bases de données piratées. Dès qu’un utilisateur décroche, même brièvement, le système enregistre ce numéro comme « actif ». Ce simple geste suffit à le classer dans une catégorie de cibles potentiellement réceptives, ouvrant la porte à des campagnes de démarchage intensives ou à des tentatives d’arnaques sophistiquées.

Les appels courts, souvent interrompus après deux ou trois sonneries, sont particulièrement révélateurs. Ils ne cherchent pas à parler, mais à vérifier que le numéro est réellement utilisé. C’est ce que l’on appelle un « ping » téléphonique. Camille Véron, consultante en cybersécurité à Lyon, explique : « Un appel de trois secondes, c’est rarement un proche. C’est presque toujours une tentative de vérification. Une fois que votre numéro est marqué comme actif, il circule sur des marchés parallèles, vendu à des sociétés de télémarketing ou à des réseaux criminels. »

Les escrocs vont plus loin : certains se font passer pour des banques, des services fiscaux ou des opérateurs télécoms, utilisant des voix synthétisées ou des enregistrements préfabriqués. Le but ? Créer un sentiment d’urgence, pousser la victime à divulguer ses identifiants, ses codes bancaires ou à télécharger un logiciel malveillant. La sophistication de ces attaques rend leur détection de plus en plus ardue, surtout pour les personnes âgées ou peu familières avec les nouvelles technologies.

Pourquoi les entreprises et les fraudeurs utilisent-ils cette méthode ?

Le robocalling est une stratégie rentable. Le coût d’un appel automatisé est négligeable, tandis que le retour sur investissement peut être colossal. Une entreprise de télémarketing peut, en un jour, tester des centaines de milliers de numéros, identifier les plus réactifs, puis concentrer ses efforts sur ceux-ci. Pour les fraudeurs, c’est encore plus simple : une seule victime convaincue peut rapporter des milliers d’euros.

Les secteurs les plus représentés sont ceux de l’énergie, des assurances, de la téléphonie et du crédit. Mais les cybercriminels ont également adopté ces techniques. Ils exploitent des failles dans les systèmes de télécommunication, comme la falsification de numéro (« spoofing »), pour apparaître comme des interlocuteurs légitimes. Léa Bouvier, une retraitée de Bordeaux, en a fait l’amère expérience : « J’ai reçu un appel de ma banque, avec le bon logo sur mon écran. Ils m’ont dit que mon compte était bloqué. J’ai donné mon code confidentiel. En raccrochant, j’ai compris que quelque chose clochait. Il a fallu bloquer ma carte et changer tous mes mots de passe. »

Les entreprises légitimes, quant à elles, justifient parfois ces campagnes par des objectifs de fidélisation ou de relance commerciale. Mais la frontière est ténue. Beaucoup de consommateurs se sentent harcelés, voire menacés, par ces appels répétés. La confiance dans les communications téléphoniques s’effrite, au détriment même des services utiles.

Apple change la donne avec iOS 26 : comment Siri devient un allié de taille ?

Face à cette escalade, Apple a misé sur l’intelligence artificielle pour offrir une réponse concrète. Avec iOS 26, l’entreprise a introduit un filtre d’appel intelligent intégrant Siri de manière proactive. Contrairement aux systèmes de blocage passif, cette fonction permet à Siri de répondre automatiquement aux appels entrants provenant de numéros inconnus.

Dès qu’un appel est détecté, Siri prend le relais : il demande à l’appelant de s’identifier, de préciser la raison de son appel, et retranscrit en temps réel la réponse sur l’écran de l’utilisateur. Cela permet de distinguer instantanément un démarcheur automatisé d’un proche ou d’un contact professionnel légitime. Si l’appelant ne répond pas ou émet un message préenregistré, l’utilisateur est immédiatement alerté.

Antoine Mercier, ingénieur logiciel à Grenoble, a activé cette fonction dès la sortie d’iOS 26. « Avant, je décrochais par réflexe. Maintenant, je laisse Siri faire le tri. En deux semaines, j’ai vu 87 appels filtrés. Aucun n’était important. » Ce système ne bloque pas les appels, mais les rend transparents, donnant à l’utilisateur le pouvoir de décision sans interruption.

L’activation est simple : elle se fait dans les paramètres d’appel, sous « Répondre avec Siri ». Une fois activée, la fonction s’adapte progressivement aux habitudes de l’utilisateur, apprenant à mieux distinguer les contacts fréquents des sollicitations indésirables. C’est une avancée majeure dans l’approche préventive, qui place Apple en tête des fabricants en matière de protection de la vie privée.

La Liste Robinson : une arme légale contre le démarchage abusif

Au-delà des solutions technologiques, des dispositifs réglementaires existent pour protéger les consommateurs. La Liste Robinson, nommée d’après le personnage de Daniel Defoe, symbolise le droit à l’intimité. Ce service gratuit, mis en place par la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) en France, permet aux particuliers de s’inscrire sur une liste noire des appels, courriers, e-mails et SMS commerciaux non sollicités.

Une fois inscrit, le numéro de téléphone est transmis aux organismes autorisés, qui doivent s’abstenir de contacter la personne. En cas de non-respect, les entreprises s’exposent à des sanctions. Le système repose sur la coopération des professionnels, mais aussi sur la vigilance des usagers. « L’inscription à la Liste Robinson ne garantit pas une protection totale, mais elle réduit significativement les appels légaux », précise Camille Véron. « Les vrais escrocs s’en moquent, mais cela freine les grandes entreprises qui respectent la réglementation. »

Le processus d’inscription est accessible en ligne ou par courrier, et prend moins de cinq minutes. Il est valable à vie, sauf changement de numéro. Pour les personnes submergées par les appels, c’est souvent une première étape salvatrice. Élodie Toussaint, enseignante à Toulouse, témoigne : « J’ai inscrit mon numéro il y a six mois. Depuis, les appels d’assurance ont disparu. Ce n’est pas parfait, mais c’est un vrai soulagement. »

Quel est le coût réel du robocalling pour l’économie ?

Les appels automatiques ne sont pas qu’une nuisance : ils ont un impact économique tangible. Selon une étude de l’Autorité des marchés financiers (AMF), les escroqueries téléphoniques liées au robocalling ont coûté plus de 120 millions d’euros aux consommateurs français en 2023. Ces chiffres incluent les vols de données bancaires, les prélèvements frauduleux et les pertes liées à l’usurpation d’identité.

Les entreprises elles-mêmes ne sont pas épargnées. Les centres d’appels légaux voient leur réputation entachée par association avec les pratiques abusives. De plus, les coûts de mise en place de systèmes de filtrage, de formation du personnel et de gestion des réclamations augmentent régulièrement. « Il y a un paradoxe, souligne Camille Véron. Les entreprises qui utilisent le robocalling pour gagner du temps finissent par en perdre, à cause de la méfiance généralisée. »

Le secteur bancaire, particulièrement visé par les usurpations d’identité, a dû renforcer ses protocoles de sécurité. Des alertes en temps réel, des double authentifications systématiques et des campagnes de sensibilisation sont désormais monnaie courante. Mais le combat est inégal : tant que les fraudeurs peuvent exploiter des failles techniques et psychologiques, les pertes persisteront.

La combinaison des outils : est-elle suffisante pour se protéger ?

Aucune solution ne suffit à elle seule. Le recours à Siri dans iOS 26 est puissant, mais limité aux utilisateurs d’iPhone. La Liste Robinson est efficace contre les appels commerciaux légaux, mais impuissante face aux réseaux criminels internationaux. La protection optimale passe donc par une approche hybride : technologique, réglementaire et comportementale.

Les experts recommandent de ne jamais décrocher un appel inconnu, de ne jamais donner d’information personnelle par téléphone, et de vérifier systématiquement l’identité de l’appelant en rappelant un numéro officiel. « Le réflexe de décrocher par politesse ou curiosité est notre plus grand ennemi », insiste Camille Véron. « Il faut apprendre à ignorer, à filtrer, à douter. »

Antoine Mercier ajoute : « J’ai mis du temps à changer mes habitudes. Maintenant, je laisse tous les appels inconnus aller sur messagerie. Si c’est important, on me laisse un message. Sinon, c’est du spam. »

A retenir

Comment reconnaître un appel automatisé ?

Un appel de courte durée, sans message laissé, ou avec une voix mécanique ou enregistrée est souvent un signe de robocall. Si l’appelant demande des informations personnelles immédiatement, il s’agit probablement d’une tentative d’escroquerie.

Que faire quand on reçoit un appel suspect ?

Ne pas décrocher, ou si on décroche, ne rien communiquer. Raccrocher immédiatement. En cas de doute, contacter l’entité prétendument en cause via un canal officiel, jamais via le numéro affiché.

Est-ce que la Liste Robinson bloque tous les appels ?

Non. Elle s’applique uniquement aux entreprises respectant la réglementation. Les escrocs et les opérateurs illégaux ne tiennent pas compte de cette liste.

Comment activer le filtre d’appel avec Siri sur iPhone ?

Il faut se rendre dans Réglages > Téléphone > Répondre avec Siri, puis activer l’option « Filtre d’appel intelligent ». Siri répondra alors automatiquement aux appels inconnus.

Les appels automatiques sont-ils illégaux ?

Les appels commerciaux non sollicités sans consentement sont illégaux en France. Cependant, les appels frauduleux, souvent émis depuis l’étranger, échappent à la régulation nationale, ce qui complique leur traque.