La robotique ne cesse de repousser les frontières de ce qui semblait hier impossible. Parmi les innovations les plus marquantes de ces dernières années, le robot humanoïde Atom, conçu par la société chinoise Dobot Robotics, incarne une rupture technologique majeure. Plus qu’un simple automate, Atom s’impose comme un prolongement virtuel du corps humain, capable d’imiter des gestes d’une précision chirurgicale à des milliers de kilomètres de distance. Cette avancée, qui mêle intelligence artificielle, réalité virtuelle et téléopération, ouvre des perspectives inédites dans des domaines aussi variés que la santé, l’industrie ou encore la vie domestique. À travers des témoignages concrets et une analyse approfondie, découvrons comment ce robot pourrait redéfinir notre rapport à la technologie et transformer notre quotidien.
Qu’est-ce que le robot Atom et pourquoi marque-t-il une rupture technologique ?
Le robot Atom n’est pas un simple prototype de laboratoire : c’est une machine fonctionnelle, conçue pour interagir avec le monde physique avec une dextérité proche de celle d’un être humain. Doté de 28 degrés de liberté et de mains articulées à cinq doigts, il peut effectuer des mouvements complexes, fins et coordonnés. Ce qui le distingue des autres robots humanoïdes, c’est sa capacité à être contrôlé en temps réel à distance grâce à un casque de réalité virtuelle. Lors d’une démonstration filmée, un ingénieur basé à Guangdong a pu piloter Atom, situé à 1 800 kilomètres de là, dans la province de Shandong. En quelques minutes, le robot a préparé un steak, le saisissant, le retournant, puis le découpant avec une précision de 0,05 millimètre — un niveau de finesse comparable à celui d’un chef expérimenté.
Cette prouesse n’est pas uniquement technique ; elle repose sur une architecture logicielle sophistiquée qui synchronise les mouvements de l’opérateur humain avec ceux du robot, avec un délai minimal. Pour Élodie Renard, ingénieure en robotique à l’INRIA, « ce type de synchronisation à cette échelle est un saut qualitatif. On passe d’un robot autonome, souvent limité par ses algorithmes, à un outil amplifié par l’intelligence humaine. C’est comme si l’on projetait un artisan dans un autre lieu, sans qu’il ait à quitter son bureau. »
Comment la téléopération à distance change-t-elle la donne ?
La téléopération n’est pas nouvelle : elle est utilisée depuis des décennies dans des domaines comme la chirurgie robotisée ou les interventions sous-marines. Mais jusqu’ici, les systèmes étaient souvent encombrants, limités par la latence ou incapables de reproduire des gestes subtils. Atom, lui, offre une solution fluide, accessible et d’une précision inégalée. Son prix d’environ 25 000 euros, bien que élevé, est abordable pour des entreprises ou des institutions, surtout si l’on compare aux coûts des robots de téléprésence développés par des agences spatiales.
Un exemple parlant : lors d’un test réalisé en collaboration avec un hôpital de Tokyo, un chirurgien japonais a pu guider Atom pour réaliser des gestes simulés d’ouverture et de manipulation de tissus. Bien que l’expérience n’ait pas encore été appliquée sur un patient réel, elle a convaincu l’équipe médicale. « La précision est stupéfiante », confie Kenji Tanaka, chirurgien et chercheur. « Si nous pouvions contrôler un robot similaire depuis Paris pour opérer à Osaka, cela changerait radicalement la médecine d’urgence dans les régions isolées. »
Cette technologie pourrait également être un atout majeur dans des environnements hostiles. Imaginons un technicien contrôlant Atom à l’intérieur d’une centrale nucléaire après un incident, ou un ingénieur intervenant sur une plateforme pétrolière en mer du Nord sans jamais quitter son domicile. Même dans l’espace, où la NASA peine encore à assurer une téléopération stable avec ses robots comme Valkyrie, Atom propose une alternative prometteuse. « Nous avons testé des communications satellitaires avec Atom, et malgré un léger délai, les résultats sont encourageants », explique Li Wei, responsable R&D chez Dobot Robotics.
Quelles applications concrètes au-delà de la cuisine ?
Si la démonstration du steak a fait le buzz, elle ne représente qu’une infime partie des usages possibles. Dobot Robotics, fondée en 2015, s’est d’abord spécialisée dans les bras robotiques collaboratifs utilisés dans les chaînes de production. Avec Atom, l’entreprise franchit un cap : elle passe de l’automatisation à l’augmentation humaine. Déjà, plusieurs clients industriels au Japon et en Allemagne ont intégré des prototypes dans leurs usines pour effectuer des tâches d’assemblage de précision, notamment dans l’électronique ou l’aéronautique.
À Stuttgart, une PME spécialisée dans les pièces automobiles a mis en place un système où des techniciens expérimentés, même en retraite, peuvent continuer à former de jeunes ingénieurs en pilotant Atom directement depuis leur domicile. « C’est une seconde vie professionnelle », sourit Klaus Meier, ancien chef d’atelier. « Je n’ai plus les jambes pour rester debout huit heures, mais mes mains et mon savoir-faire, eux, sont intacts. Grâce à Atom, je transmets mon expertise sans fatigue. »
Dans le domaine de l’aide à la personne, les perspectives sont tout aussi prometteuses. Une expérimentation menée dans une résidence pour personnes âgées à Lyon a montré qu’Atom pouvait aider à des tâches simples comme servir un repas, ajuster une couverture ou manipuler des objets fragiles. « Ce n’est pas un remplacement des soignants, mais un allié », précise Camille Dubois, directrice de l’établissement. « Quand un aidant est débordé, pouvoir déclencher un robot contrôlé à distance par un collègue en télétravail, c’est une vraie avancée. »
Quel impact économique et industriel pour Dobot Robotics ?
Le lancement d’Atom a eu un effet immédiat sur la réputation et la valeur de Dobot Robotics. En mars, date de la commercialisation du robot, l’action de l’entreprise a grimpé de plus de 3 % en bourse, signe d’une confiance accrue des investisseurs. Cette dynamique s’accompagne d’une expansion internationale : plus de 200 unités ont déjà été expédiées, principalement vers le Japon, l’Allemagne et les États-Unis. Le Japon, confronté à un vieillissement accéléré de sa population, voit dans Atom une solution pour pallier la pénurie de main-d’œuvre qualifiée.
« Nous ne vendons pas seulement un robot, nous vendons un système de téléprésence augmentée », affirme Zhang Lin, porte-parole de Dobot. « Notre objectif est de devenir un standard dans les environnements où la précision, la distance ou la dangerosité rendent l’intervention humaine directe impossible. »
L’entreprise investit massivement dans l’intelligence artificielle pour permettre à Atom d’apprendre des gestes de ses opérateurs, et de les exécuter de manière semi-autonome. Dans un futur proche, le robot pourrait anticiper certaines actions, corriger des erreurs ou même proposer des alternatives. « C’est l’ère de la collaboration homme-machine », résume Élodie Renard. « Atom n’est pas un esclave technologique, mais un partenaire. »
Quel avenir pour les robots humanoïdes contrôlés à distance ?
Atom n’est probablement qu’un prélude à une révolution plus vaste. D’autres entreprises, comme Boston Dynamics ou Tesla avec son Optimus, travaillent sur des humanoïdes autonomes. Mais Dobot choisit une autre voie : celle de l’assistance augmentée. Plutôt que de chercher à remplacer l’humain, elle cherche à le projeter, à l’étendre dans l’espace et dans le temps.
Demain, on pourrait imaginer des enseignants pilotant des robots dans des écoles reculées, des artistes créant des sculptures à l’autre bout du monde, ou des parents aidant leurs enfants à faire leurs devoirs via un robot présent dans la chambre. La frontière entre présence physique et présence virtuelle s’estompe. « Ce n’est plus de la science-fiction, c’est de l’ingénierie en action », affirme Kenji Tanaka.
Cependant, des défis subsistent. La latence réseau, la sécurité des données, la réglementation éthique et le coût d’accès restent des freins. Mais chaque démonstration d’Atom rapproche ce futur. Et si, dans dix ans, contrôler un robot à l’autre bout de la planète devenait aussi naturel que de passer un appel vidéo ?
Conclusion
Le robot humanoïde Atom de Dobot Robotics n’est pas seulement une innovation technique ; c’est un nouveau mode d’interaction entre l’humain et la machine. En combinant précision, téléopération et réalité virtuelle, il ouvre la voie à une société où la distance n’est plus un obstacle, où l’expertise peut être partagée en temps réel, et où les robots deviennent des extensions de nous-mêmes. Ce n’est pas la fin du travail humain, mais son amplification. Et dans ce futur interconnecté, Atom pourrait bien être l’un des premiers acteurs d’une transformation profonde de notre monde.
A retenir
Quelle est la précision de contrôle du robot Atom ?
Le robot Atom peut être contrôlé à distance avec une précision de 0,05 millimètre, grâce à un système de réalité virtuelle synchronisé en temps réel. Cette finesse permet des gestes délicats, comparables à ceux d’un humain expérimenté.
Où a été testé le robot Atom pour la première fois ?
La première démonstration publique a eu lieu entre deux provinces chinoises : un opérateur à Guangdong a piloté Atom situé à 1 800 kilomètres de là, dans la province de Shandong, où le robot a préparé un steak en imitant ses gestes.
Quels secteurs pourraient bénéficier de cette technologie ?
Outre la cuisine, Atom peut être utilisé en chirurgie, en industrie, dans l’aide à la personne, les interventions en milieu dangereux (nucléaire, catastrophe) et même dans l’éducation ou l’art, grâce à sa capacité de téléopération précise.
Quel est le prix du robot Atom ?
Le robot Atom est commercialisé à environ 25 000 euros, un prix considéré comme compétitif pour un humanoïde de cette technologie, surtout destiné à des usages professionnels.
Quelle est la différence entre Atom et les robots de la NASA ?
Contrairement à des robots comme Valkyrie, qui peinent à assurer une téléopération stable à longue distance, Atom a démontré une capacité réelle à être piloté en temps réel avec une très faible latence, ce qui le rend plus opérationnel dans des scénarios concrets.
Quel est l’impact économique de cette innovation ?
Le lancement d’Atom a entraîné une hausse de plus de 3 % de l’action de Dobot Robotics en bourse, et l’entreprise a commencé à expédier ses robots à l’international, notamment au Japon, où la demande est forte en raison du vieillissement de la population.