L’ancien tunnel de Saint-Victor, longtemps perçu comme un simple vestige du passé, vient de révéler un secret inattendu : un gisement de cobalt, élément clé de la transition énergétique. Cette découverte pourrait redessiner le paysage économique de cette petite commune, mais elle soulève aussi des questions sur l’équilibre entre progrès et respect des populations locales.
Comment un simple tunnel est-il devenu un enjeu national ?
Pendant des décennies, le tunnel de Saint-Victor n’était évoqué que dans les récits des anciens, peuplé de légendes de contrebandiers et de mystères. Tout a changé lorsqu’une équipe dirigée par la géologue Élodie Vasseur a identifié des concentrations exceptionnelles de cobalt dans ses parois. « Nous cherchions des traces de cuivre lorsque nos instruments ont détecté des signatures minérales inhabituelles », explique-t-elle. En quelques semaines, ce lieu oublié est devenu un point stratégique pour l’industrie française.
Un trésor sous nos pieds
Le cobalt, indispensable pour les batteries de véhicules électriques, place soudain Saint-Victor sur la carte des ressources critiques. « Mon arrière-grand-père disait que ce tunnel recelait des secrets, mais personne n’imaginait qu’il s’agirait de cela », commente avec ironie Lucien Morel, dont la famille habite ici depuis quatre générations.
Pourquoi l’attribution à TotalEnergies divise-t-elle la population ?
L’annonce du partenariat entre l’État et TotalEnergies a créé une onde de choc dans la communauté. Le maire, Jean-Philippe Roussel, a découvert la nouvelle en même temps que ses administrés : « On nous présente cela comme une formalité administrative, mais c’est notre quotidien qui va changer. »
Transparence en question
Plusieurs habitants comme Camille Aubért, professeure de biologie, s’interrogent : « Comment peut-on décider sans étude d’impact sérieuse ? Les enfants de l’école jouent à 500 mètres de ce tunnel. » Le sentiment d’exclusion alimente des tensions croissantes.
Quels risques environnementaux inquiètent les experts ?
L’extraction de cobalt soulève des problématiques complexes. Le hydrogéologue Thibault Noyer alerte : « Les nappes phréatiques de cette zone sont fragiles. Une contamination aux métaux lourds aurait des conséquences irréversibles sur l’agriculture locale. »
Mémoire des territoires
Des villes minières comme Gardanne servent de repoussoir pour certains. « Regardez ce qui s’est passé avec la bauxite : on promet des emplois, puis on laisse les sites pollués », rappelle Amandine Clément, présidente d’une association de défense du patrimoine naturel.
Certains acteurs proposent des solutions innovantes. L’économiste Marc Lavigne préconise : « Pourquoi ne pas créer un fonds de développement territorial où chaque euro extrait générerait un investissement local ? »
Modèles inspirants
En Norvège, des communes ont négocié des royalties directes. « Je ne veux pas que mes petits-enfants doivent partir pour trouver du travail, mais pas non plus qu’ils grandissent dans un environnement dégradé », partage Édith Samson, propriétaire de la seule auberge du village.
A retenir
Quelle est la particularité de ce gisement ?
Il s’agit d’un des premiers sites européens identifiés avec une teneur en cobalt exploitable industriellement, ce qui le rend stratégique pour l’indépendance énergétique.
Les habitants ont-ils été consultés ?
Non, la procédure d’attribution s’est faite dans le cadre d’un appel d’offres ministériel sans consultation locale préalable, ce qui cristallise les mécontentements.
Existe-t-il des précédents similaires ?
Oui, le conflit autour du projet Montagne d’Or en Guyane illustre les mêmes tensions entre intérêts industriels et préservation des territoires.
Conclusion
Saint-Victor se trouve à un carrefour historique. Ce qui se joue ici dépasse largement le cadre local : c’est tout le modèle d’exploitation des ressources qui est interrogé. Entre opportunité économique et droit des territoires à décider de leur avenir, la suite dépendra de la capacité à inventer de nouveaux dialogues. Comme le résume le jeune agriculteur Noah Tanguy : « On veut bien participer à la transition écologique, mais pas comme des figurants sur notre propre terre. »