Service civique exclu de la retraite : pourquoi cette réforme choque les volontaires

Le paysage des retraites en France connaît un tournant décisif avec une réforme passée quasi inaperçue, mais aux conséquences lourdes pour des milliers de jeunes engagés. La non-prise en compte des périodes de service civique dans le calcul des droits à la retraite crée une onde de choc parmi les anciens volontaires, remettant en question la reconnaissance de leur contribution citoyenne. Plongée dans un dossier qui dépasse le simple cadre administratif pour toucher à l’équité sociale.

Pourquoi le service civique ne compte-t-il plus pour la retraite ?

La loi a changé en silence au premier trimestre 2023, modifiant profondément les règles d’acquisition des trimestres de retraite. Jusqu’alors, les 6 à 12 mois passés en service civique permettaient de valider des périodes assimilables à du travail salarié. Ce système incitatif visait à reconnaître l’engagement des 18-25 ans dans des missions d’intérêt général.

Un revirement législatif mal expliqué

Le gouvernement justifie cette mesure par une harmonisation des dispositifs de retraite et une simplification des calculs. Mais pour les concernés, cela ressemble à une remise en cause de la valeur sociale de leur investissement. « On nous parle d’engagement citoyen, mais concrètement, l’État nous retire une reconnaissance matérielle essentielle », témoigne Élodie Vasseur, ancienne volontaire dans un EHPAD.

Comment ce changement affecte-t-il concrètement les anciens volontaires ?

L’impact se mesure en années de cotisation perdues. Prenons le cas de Kévin Torrel, 28 ans, qui a effectué deux missions successives :

Le cas pratique de Kévin

« Mon premier service civique de 8 mois en 2018 comptait pour 2 trimestres. Celui de 2021 aussi. J’avais donc 4 trimestres d’avance sur ma retraite. Aujourd’hui, on me dit que seul le premier sera gardé, et encore sous conditions. C’est une double peine. »

Les experts calculent que cela peut représenter jusqu’à 5% de baisse sur la pension future pour ceux ayant cumulé plusieurs missions.

Quelles solutions alternatives existent ?

Face à la grogne grandissante, des pistes émergent pour compenser cette perte :

Les propositions sur la table

  • Création d’un compte engagement citoyen avec points bonus
  • Majoration des droits pour autres formes de volontariat
  • Prise en compte partielle via le compte personnel de formation

La députée Sabrina Delahaye a déposé une proposition de loi visant à rétablir partiellement ces droits, mais son examen n’est pas prévu avant 2024.

Quel impact sur l’avenir du service civique ?

Les centres d’accueil des volontaires notent déjà une baisse des candidatures depuis l’annonce de cette mesure. « Beaucoup de jeunes nous disent qu’ils préfèrent trouver un petit job qui leur donnera des droits réels », explique Mathias Lenoir, coordinateur dans une maison de quartier lyonnaise.

Témoignage d’une recruteuse

Clara Domballe, chargée de mission dans une association environnementale, constate : « Avant, l’argument des trimestres de retraite aidait à convaincre des familles soucieuses de l’avenir de leurs enfants. Maintenant, on doit trouver d’autres leviers. »

A retenir

Qui est concerné par ce changement ?

Tous les volontaires ayant effectué un service civique depuis 2020, avec un effet rétroactif partiel selon la date de fin de mission.

Peut-on contester cette décision ?

Des recours collectifs s’organisent via des associations de volontaires, mais les chances de succès restent limitées sans modification législative.

Existe-t-il des exceptions ?

Les missions achevées avant 2021 gardent leurs droits acquis, sous réserve de justificatifs précis. Les services civiques effectués à l’étranger peuvent parfois bénéficier d’accords particuliers.