Octobre, c’est bien plus qu’un simple mois de transition entre été et hiver. Pour les passionnés de jardinage, c’est une période cruciale, riche en opportunités, où la nature s’apprête à s’endormir, mais où les mains doivent rester actives. Terre de Jardins vous emmène cette année sur les routes de l’Ouest de la France, à la découverte de six événements incontournables qui allient savoir-faire, échanges et découvertes botaniques. Des champignons aux hémérocalles, en passant par les plantes rares et les jardins secrets, chaque rendez-vous est une invitation à (re)découvrir la magie de l’automne. À travers les yeux de jardiniers, mycologues et artisans, plongez dans une saison où chaque feuille qui tombe ouvre la porte à une nouvelle culture.
Quel est l’intérêt des foires aux plantes en automne ?
L’automne est souvent perçu comme une saison de repos pour le jardin, mais c’est en réalité l’un des meilleurs moments pour planifier et réaliser de nouvelles plantations. Les températures plus douces, l’humidité du sol et les pluies régulières favorisent l’enracinement des arbustes, des vivaces et des bulbes. Les foires aux plantes, quant à elles, offrent une opportunité unique de rencontrer des professionnels, d’acquérir des variétés rares et de bénéficier de conseils personnalisés. C’est aussi un moment privilégié d’échanges entre passionnés, où l’on partage des astuces, des expériences et parfois même des boutures.
Élodie Rousseau, maraîchère bio dans le Calvados, explique : En octobre, je ne me contente pas de récolter mes dernières courges. C’est aussi le moment où je prépare mon potager pour l’année suivante. Les foires me permettent de trouver des semences anciennes, de discuter avec des pépiniéristes qui connaissent les sols locaux, et surtout de m’inspirer pour mes futures associations de cultures.
Pourquoi participer à la fête des champignons dans le Calvados ?
À Saint-Laurent-de-Condel, la fête des champignons est bien plus qu’une simple exposition. C’est un événement vivant, pédagogique et populaire, qui attire autant les curieux que les mycologues confirmés. Organisée par la section locale de mycologie, cette manifestation met en lumière la diversité des champignons sauvages, mais aussi les dangers des espèces toxiques. Des dessins d’enfants, des compositions florales et des fruits du jardin viennent enrichir l’ambiance chaleureuse de la salle polyvalente.
Ce qui rend cette fête particulièrement précieuse, c’est la possibilité de sortir en forêt accompagné d’experts. On nous apprend à observer, à sentir, à identifier , témoigne Lucien Marchand, retraité et amateur de champignons. J’ai ramassé un cèpe que je pensais bon, mais un spécialiste l’a reconnu comme une espèce proche du clitocybe rivulosa, très toxique. Cette expérience m’a sauvé la vie.
Un autre atout : l’aide à l’identification des variétés de pommes. Les visiteurs sont invités à apporter leurs fruits pour que des spécialistes les analysent. Une initiative saluée par Camille Le Guen, propriétaire d’un verger familial : J’ai toujours cru que mes pommes étaient des ‘Reine des Reinettes’, mais elles se sont révélées être des ‘Férec’, une variété locale presque oubliée. Cela a changé ma vision de mon verger.
Que propose Plantes en fête dans l’Orne ?
Dans le cadre verdoyant du camping municipal de Domfront, Plantes en fête rassemble chaque année une communauté dynamique de jardiniers amateurs et professionnels. L’association horticole du Domfrontais y organise une bourse aux plantes où chacun peut échanger boutures, graines et jeunes plants. C’est un lieu de partage authentique, où la transmission de savoirs se fait naturellement.
J’y ai trouvé une bouture de lavande de Provence que je cherchais depuis des mois , raconte Hélène Vasseur, habitante de Flers. Le propriétaire me l’a donnée avec des conseils pour la faire prospérer dans notre climat plus humide. On ne trouve pas ça dans les grandes surfaces.
L’événement propose également des stands de décorations de jardin, des animations et une restauration sur place. L’accès y est gratuit, ce qui en fait une sortie accessible à tous, des familles aux retraités, en passant par les jeunes jardiniers en herbe.
Quel est le charme du Marché de la fleur d’automne à Quimper ?
À Quimper, le Marché de la fleur d’automne est un événement attendu comme une célébration de la nature en transition. Sur le boulevard du Moulin au Duc et le parking de la Providence, une cinquantaine d’exposants – producteurs, pépiniéristes, artisans – proposent un large éventail de plantes d’automne, de bulbes à fleurs et d’accessoires de jardin. La ville elle-même s’investit dans l’organisation, offrant un cadre soigné et convivial.
C’est ici que j’ai découvert les colchiques, ces petites fleurs mauves qui sortent alors que tout semble mourir , confie Mathis Le Moal, jeune jardinier urbain. Leur résilience m’a inspiré. Depuis, j’ai planté un massif entier dans mon jardin en ville.
Le marché attire aussi des artistes locaux qui proposent des objets en lien avec la nature : sculptures végétales, pots en céramique, outils en bois. C’est un événement où esthétique, écologie et convivialité se rencontrent.
Qu’est-ce qui fait l’originalité du marché des plantes en Ille-et-Vilaine ?
Le manoir de la Rivière Chériel, à Bourg-des-Comptes, accueille la première édition d’un marché des plantes qui mise sur l’authenticité et l’engagement. Pépiniéristes, artisans de jardin, paysagistes et associations s’y donnent rendez-vous dans un cadre historique : un manoir entouré de jardins et doté d’un four à pain du XVe siècle.
C’est ce four, toujours en activité, qui attire autant qu’il nourrit. On peut déguster des brioches cuites à l’ancienne, accompagnées de confitures maison , sourit Clémence Dubois, visiteuse fidèle des marchés de producteurs. C’est une expérience sensorielle complète : on touche les plantes, on sent les herbes aromatiques, et on mange des produits du terroir.
L’aspect solidaire est également central. Les bénéfices sont reversés à l’association Les Amis de la rivière, qui participe à la préservation du site et à l’organisation d’événements toute l’année. Rejoindre cette association, c’est s’engager pour un lieu vivant, pas seulement pour un jardin , explique Gwenaël Kerloc’h, bénévole depuis trois ans.
Pourquoi la Fête des jardins dans les Côtes-d’Armor est-elle un événement exceptionnel ?
Au Château de Pommorio, à Tréveneuc, la Fête des jardins se démarque par son thème exigeant : Un jardin des quatre saisons avec des hémérocalles . Ces plantes vivaces, aux fleurs éphémères mais prolifiques, sont mises à l’honneur par des collectionneurs venus de toute la France et d’Europe. Leur capacité à fleurir de juin à octobre en fait un atout majeur pour les jardins durables.
Guénolé Savina, spécialiste reconnu, y donne une conférence passionnante sur les variétés rares et les techniques de culture. J’ai appris à associer les hémérocalles à des graminées pour créer du mouvement même en hiver , témoigne Agathe Mercier, jardinière paysagiste. Ces ateliers changent vraiment ma pratique.
Le programme, dense et varié, inclut des démonstrations de taille, de paillage et de création de massifs. Chaque visiteur repart avec des idées concrètes à mettre en œuvre dès le lendemain.
Que vaut-il la peine de découvrir lors des fêtes botaniques en Normandie ?
À Varengeville-sur-Mer, les fêtes botaniques transforment le village en un véritable parcours sensoriel. Une dizaine de jardins privés, souvent jalousement gardés, s’ouvrent au public. Chaque jardin raconte une histoire : celui du peintre amoureux des roses anciennes, celui de la botaniste passionnée d’orchidées sauvages, ou encore celui du retraité qui a recréé un potager médiéval.
J’ai pleuré devant un massif de fuchsias rouges et blancs, éclairé par le soleil couchant , avoue Noémie Blanchard, habitante de Dieppe. C’était comme entrer dans une peinture impressionniste.
Les exposants, une trentaine d’artisans et spécialistes, proposent des plantes rares, des outils biodégradables, des abris pour insectes. Les conférences, gratuites mais sur réservation, abordent des sujets comme la permaculture en milieu côtier ou la protection des pollinisateurs. L’entrée à la fête des plantes est libre, tandis que la visite des jardins se fait sur billetterie – un système qui garantit qualité d’accueil et respect des lieux.
Comment ces événements renforcent-ils les liens entre les jardiniers ?
Ces foires et marchés ne sont pas seulement des lieux de vente ou de spectacle. Ils sont de véritables espaces de communauté. Partout, on y discute, on y échange, on y apprend. Le savoir ne circule pas seulement du professionnel vers l’amateur, mais entre pairs, dans une logique de réciprocité.
J’ai rencontré une voisine à Plantes en fête , raconte Étienne Lefort. On a parlé de nos rosiers malades, et elle m’a donné un remède à base de prêle. Depuis, plus de pucerons. On se retrouve maintenant chaque mois pour échanger nos surplus de légumes.
Ces événements créent aussi des liens intergénérationnels. Des enfants accompagnent leurs grands-parents, des jeunes découvrent des techniques oubliées, des retraités transmettent des savoirs ancestraux. C’est une transmission vivante, loin des manuels scolaires.
Quels conseils donner aux visiteurs de ces foires ?
Pour tirer le meilleur parti de ces rendez-vous, mieux vaut venir préparé. Une liste de plantes recherchées, un carnet pour noter les conseils, et des contenants pour rapporter boutures ou achats. Il est aussi recommandé de venir tôt, surtout le dimanche, pour éviter la foule et avoir le temps d’échanger avec les exposants.
Ne restez pas en surface , conseille Camille Le Guen. Posez des questions, demandez des explications sur les besoins des plantes, les expositions idéales, les associations possibles. Les pépiniéristes adorent partager.
Enfin, pensez à soutenir les initiatives locales : acheter des variétés anciennes, privilégier les producteurs bio, participer aux ateliers. Chaque geste compte pour construire un jardin plus durable.
A retenir
Quelles sont les dates clés des foires aux plantes en octobre ?
Les principales dates à retenir sont les 11 et 12 octobre pour la fête des champignons (Calvados) et Plantes en fête (Orne), le 12 octobre pour le Marché de la fleur d’automne à Quimper, les 18 et 19 octobre pour le marché des plantes en Ille-et-Vilaine, et enfin les 25 et 26 octobre pour la Fête des jardins (Côtes-d’Armor) et les fêtes botaniques (Seine-Maritime).
Faut-il payer pour accéder à ces événements ?
La plupart des événements sont gratuits, comme Plantes en fête à Domfront ou la fête des champignons à Saint-Laurent-de-Condel. Cependant, certains, comme le marché des plantes en Ille-et-Vilaine (4 €) ou la Fête des jardins (5 €), demandent une modeste contribution. À Varengeville-sur-Mer, l’entrée à la fête des plantes est libre, mais la visite des jardins est payante.
Peut-on y acheter des plantes rares ?
Oui, particulièrement lors de la Fête des jardins et des fêtes botaniques, où des collectionneurs présentent des variétés anciennes ou peu communes. Les bourses aux plantes, comme à Domfront, sont aussi des lieux privilégiés pour dénicher des pépites.
Y a-t-il des activités pour les enfants ?
Plusieurs événements proposent des animations pour les plus jeunes : ateliers de dessin sur le thème des champignons, découverte des insectes du jardin, ou encore fabrication de petits pots à semis. L’ambiance est familiale et bienveillante.
Comment participer en tant que bénévole ?
L’association Les Amis de la rivière, organisatrice du marché de Bourg-des-Comptes, accueille de nouveaux bénévoles. Il suffit de contacter l’équipe via le site ou par téléphone pour s’impliquer dans l’organisation, l’accueil ou la logistique.
Conclusion
Octobre n’est pas un mois de fin, mais de renouveau. À travers ces six événements, le jardinage se révèle comme une pratique vivante, évolutive et profondément humaine. Entre terre, plantes et rencontres, chaque foire est une invitation à (re)planter l’avenir, au rythme des saisons. Que l’on soit expert ou débutant, curieux ou passionné, ces rendez-vous offrent bien plus que des plantes : ils offrent un sens, une communauté, et une manière de vivre en harmonie avec la nature.