Un SMS anodin pour vous piéger : la nouvelle arnaque en 2025

Un simple message apparaît sur l’écran d’un téléphone : « Bonjour, vous êtes chez vous ? ». Inoffensif en apparence, ce SMS, reçu à 14 h 23 un mardi ordinaire, va bientôt plonger Clément Vasseur, 38 ans, ingénieur en télécommunications à Lyon, dans un cauchemar numérique. Ce n’est pas un ami, ni un collègue, encore moins un voisin. C’est un piège, soigneusement conçu par des cybercriminels qui exploitent l’urgence, la distraction et la confiance que nous accordons aux notifications de livraison. Ce scénario, de plus en plus répandu, illustre une menace sournoise : les arnaques par SMS de type « livraison bloquée ». Derrière un prétexte banal se cache une machination visant à dérober données personnelles et informations bancaires. Comprendre les mécanismes de cette fraude, reconnaître les signaux d’alerte et adopter des comportements réflexes de protection sont aujourd’hui indispensables pour chaque utilisateur d’un smartphone.

Comment fonctionne l’arnaque au SMS de livraison ?

L’arnaque débute par un message court, impersonnel, mais suffisamment crédible pour capter l’attention. « Bonjour, vous êtes chez vous ? », suivi parfois d’un « J’ai un colis à livrer, mais pas de place dans la boîte aux lettres ». Le numéro émetteur est souvent un 06 ou un 07, ce qui donne une apparence de normalité. Le destinataire, surtout s’il attend effectivement un colis, est aussitôt en alerte. L’impression d’urgence s’installe. L’expéditeur propose alors de reprogrammer la livraison via un lien hypertexte. C’est à ce moment précis que le piège se referme.

Clément Vasseur, interrogé sur son expérience, se souvient : « J’ai reçu ce message alors que je sortais de réunion. J’ai pensé que c’était Chronopost ou Mondial Relay. J’ai cliqué sans réfléchir. En moins de dix secondes, j’étais sur un site qui ressemblait à s’y méprendre à celui d’un transporteur. Demande de code postal, de nom, puis de numéro de carte bancaire pour « confirmer l’adresse de livraison ». J’ai compris trop tard. »

Le site frauduleux, souvent une copie conforme d’une interface officielle, incite l’utilisateur à remplir un formulaire. Les données saisies — nom, adresse, numéro de carte bancaire, cryptogramme visuel — sont immédiatement récupérées par les cybercriminels. Dans certains cas, le site installe en arrière-plan un logiciel malveillant capable de surveiller les frappes ou de verrouiller l’appareil.

Quels sont les signes avant-coureurs d’un SMS frauduleux ?

Le numéro d’expéditeur est-il légitime ?

Les entreprises de livraison sérieuses — comme Colissimo, DHL ou UPS — n’utilisent pas de numéros mobiles pour contacter leurs clients. Elles recourent à des numéros courts (comme 3630 pour La Poste) ou à des services de notification par SMS avec des expéditeurs identifiés (ex : « COLI »). Un message provenant d’un 06 ou 07, surtout s’il est anonyme, doit immédiatement alerter.

Élise Bonnard, spécialiste en cybersécurité au sein d’un cabinet lyonnais, souligne : « Ces arnaqueurs exploitent la banalisation des communications mobiles. On reçoit tellement de SMS qu’on ne vérifie plus l’origine. Or, un simple coup d’œil au numéro suffit souvent à éviter le piège. »

Le ton et le style du message sont-ils professionnels ?

Les messages frauduleux comportent souvent des fautes d’orthographe, des formulations approximatives ou un ton inhabituellement familier. Par exemple : « Bonjour, vous êtes la ? j’ai un colis pour vous ». Une entreprise de livraison, même dans un SMS, respecte un certain niveau de formalisme. L’absence de nom de société, de référence de commande ou de numéro de suivi est un autre signal d’alerte majeur.

Le lien proposé est-il sécurisé et vérifiable ?

Avant tout clic, il est essentiel de survoler le lien (sur smartphone, en appuyant longuement dessus) pour voir l’URL complète. Les sites frauduleux utilisent des adresses approximatives : « colissimo-suis.fr », « livraison-chronopost.com », ou des noms de domaine étrangers. Un site officiel utilise un nom de domaine court, sécurisé (https), et correspond exactement à la marque.

Que faire dès la réception d’un SMS suspect ?

Ne jamais cliquer sur le lien

La première règle est absolue : ne pas interagir avec le message. Ni clic, ni réponse, ni appel. Même une réponse du type « non, je ne suis pas là » peut confirmer au fraudeur que le numéro est actif, ouvrant la porte à d’autres tentatives.

Consulter le suivi du colis par un canal officiel

Si vous attendez un colis, utilisez toujours l’application ou le site web officiel du transporteur. Les grandes enseignes (Amazon, La Poste, UPS) envoient des notifications avec des liens intégrés à leurs propres plateformes. Clément Vasseur, aujourd’hui plus vigilant, précise : « Depuis mon erreur, je ne fais plus confiance à aucun SMS non identifié. Je vais directement sur l’application du vendeur ou du transporteur. C’est plus long, mais infiniment plus sûr. »

Bloquer et signaler le numéro

Le blocage du numéro est une mesure simple mais utile. Sur iPhone ou Android, cette fonction est accessible en quelques clics. Cependant, les arnaqueurs utilisent souvent des numéros jetables ou des services de SMS en masse, ce qui limite l’efficacité du blocage.

En France, la plateforme 33700 joue un rôle central dans la lutte contre les fraudes par SMS. En envoyant le message frauduleux à ce numéro, les utilisateurs contribuent à une base de données nationale. Cette alerte permet aux opérateurs et aux autorités de bloquer les numéros incriminés et de lancer des enquêtes. Depuis sa création, 33700 a permis de signaler des centaines de milliers de tentatives d’escroquerie.

Quelles sont les conséquences de ces arnaques ?

Un impact financier direct et parfois durable

La perte d’argent est souvent immédiate. Une fois les coordonnées bancaires collectées, les cybercriminels effectuent des transactions en ligne, parfois jusqu’à épuisement du crédit. Dans certains cas, ils utilisent les données pour ouvrir de nouveaux comptes ou demander des crédits à l’identité de la victime.

Camille Lefebvre, 45 ans, enseignante à Bordeaux, a perdu plus de 1 200 euros après avoir saisi ses informations sur un faux site de livraison. « J’ai cru que c’était UPS. Le site était parfait. En une nuit, trois achats ont été faits sur des sites de vêtements de luxe. Ma banque a remboursé partiellement, mais j’ai passé des semaines à justifier chaque démarche. »

Une atteinte à la confiance numérique

Au-delà du préjudice individuel, ces arnaques minent la confiance dans les communications numériques. Les utilisateurs deviennent méfiants, parfois au point de négliger des messages légitimes. Cette méfiance généralisée nuit aux entreprises légitimes, qui peinent à maintenir un canal de communication efficace avec leurs clients.

Lucien Marchand, directeur d’une PME spécialisée dans la logistique urbaine, observe : « Nos clients reçoivent tellement de faux messages qu’ils doutent même de nos notifications officielles. Nous devons désormais doubler nos communications par e-mail ou appels. C’est un coût logistique et humain non négligeable. »

Comment renforcer sa cybersécurité au quotidien ?

Installer des outils de protection fiables

Un antivirus à jour n’est plus réservé aux ordinateurs. Les smartphones modernes doivent également être protégés. Des applications comme Bitdefender, Kaspersky ou Norton Mobile Security filtrent les SMS suspects, bloquent les sites malveillants et alertent en cas de tentative d’usurpation.

Élise Bonnard recommande : « Activez la protection en temps réel. Configurez votre téléphone pour qu’il analyse chaque lien avant ouverture. C’est une couche de sécurité simple, mais redoutablement efficace. »

Activer l’authentification à deux facteurs

L’authentification à deux facteurs (2FA) est un bouclier essentiel. Même si un fraudeur obtient vos identifiants, il ne pourra pas accéder à vos comptes sans le code temporaire envoyé sur un second appareil. Cette mesure simple peut empêcher des pertes massives.

Sensibiliser son entourage

Les personnes âgées sont particulièrement vulnérables à ces arnaques. Elles reçoivent moins souvent des colis, mais sont plus enclines à faire confiance à un message urgent. Former les proches, notamment les parents ou grands-parents, à reconnaître les signaux d’alerte est une responsabilité collective.

Sophie Tran, 71 ans, raconte : « Mon petit-fils m’a montré comment vérifier un SMS. Depuis, je ne clique sur rien. Je l’appelle, lui, quand j’ai un doute. C’est rassurant. »

Conclusion

L’arnaque par SMS de type « livraison bloquée » n’est pas une simple escroquerie parmi d’autres. Elle incarne une évolution inquiétante de la cybercriminalité : des attaques de plus en plus sophistiquées, ciblant la psychologie humaine plutôt que les failles techniques. Face à ce danger, la meilleure arme reste la vigilance. Ne pas cliquer, vérifier les sources, signaler les tentatives et se former continuellement sont des gestes simples, mais décisifs. Comme le rappelle Élise Bonnard : « La sécurité numérique, ce n’est pas seulement une affaire de techniciens. C’est une compétence de citoyen. »

FAQ

Que faire si j’ai déjà cliqué sur le lien ?

Si vous avez saisi des informations personnelles ou bancaires, agissez immédiatement. Contactez votre banque pour bloquer votre carte et signalez l’incident. Changez vos mots de passe sur les comptes concernés. Passez un scan complet de votre appareil avec un antivirus. En cas de vol d’identité, déposez une plainte auprès de la gendarmerie ou de la police nationale.

Peut-on rembourser les sommes perdues ?

Les banques sont généralement enclines à rembourser les victimes d’arnaques, surtout si la fraude est signalée rapidement. Cependant, cela dépend des conditions de sécurité respectées par le client. Si vous avez saisi vos données sur un site non sécurisé, le remboursement peut être partiel ou refusé. Il est donc crucial d’agir vite.

Les opérateurs téléphoniques peuvent-ils bloquer ces SMS ?

Les opérateurs (Orange, SFR, Bouygues Telecom) collaborent avec l’ANSSI et la plateforme 33700 pour bloquer les numéros sources de fraude. Toutefois, les arnaqueurs changent fréquemment de numéro, ce qui rend la traque complexe. Le blocage automatique reste partiel, d’où l’importance de la vigilance individuelle.

Existe-t-il des applications pour filtrer les SMS frauduleux ?

Oui, plusieurs applications comme Truecaller, Hiya ou des suites de sécurité intégrées (comme Samsung Knox ou Google Play Protect) permettent d’identifier et de bloquer les numéros suspects. Elles s’appuient sur des bases de données communautaires alimentées par les utilisateurs. Leur efficacité est réelle, mais elles ne remplacent pas un comportement prudent.

Est-ce que les messages WhatsApp ou Messenger sont concernés ?

Oui, les arnaques se déplacent vers les messageries instantanées. Un message du type « Votre colis est bloqué, cliquez ici » peut aussi arriver via WhatsApp, souvent en provenance de comptes piratés. La règle reste la même : ne pas cliquer, ne pas répondre, et vérifier par un canal officiel.

A retenir

Comment reconnaître un SMS frauduleux de livraison ?

Un SMS frauduleux provient souvent d’un numéro mobile inconnu, contient des fautes, manque d’informations précises (référence de colis, nom du transporteur) et propose un lien vers un site non officiel. Méfiez-vous de l’urgence et de la simplicité apparente du message.

Quelle est la meilleure réaction face à un SMS suspect ?

Ne cliquez sur aucun lien. Ne répondez pas. Bloquez le numéro et signalez le message à 33700. Vérifiez l’état de votre colis uniquement via l’application ou le site du vendeur ou du transporteur.

Quelles mesures préventives adopter au quotidien ?

Utilisez un antivirus mobile, activez l’authentification à deux facteurs, formez vos proches aux bonnes pratiques et restez informé des nouvelles formes d’arnaques. La cybersécurité est une vigilance permanente, pas une action ponctuelle.