Qui aurait imaginé qu’une conduite trop prudente puisse valoir une amende ? C’est pourtant l’histoire incroyable de Bernadette Bandelier, une retraitée suisse de 65 ans, dont l’expérience révèle les subtilités méconnues du code de la route. Alors qu’elle transportait des chevaux sur une route de montagne en février 2022, son choix de rouler lentement a déclenché une cascade de conséquences juridiques et financières. Plongée dans un récit où prudence rime avec procédure.
Pourquoi rouler lentement peut-il devenir un délit ?
Sur la route sinueuse du col de Julier, Bernadette Bandelier maintenait une vitesse de 15 à 20 km/h, soucieuse du bien-être de ses chevaux. « Je connais ces animaux, ils stressent facilement dans les virages », explique-t-elle. Pourtant, cette précaution a été perçue comme une entrave à la circulation par les forces de l’ordre. Contrairement aux excès de vitesse, les infractions pour lenteur excessive sont rares mais existent, particulièrement sur les axes montagneux où elles peuvent provoquer des embouteillages ou des comportements dangereux de dépassement.
Le piège administratif d’une amende contestée
L’amende initiale de 300 francs suisses aurait pu rester un incident anodin. Mais en contestant cette sanction, Bernadette a déclenché un engrenage judiciaire. « J’ai cru à une erreur », confie-t-elle. Son ami Gaspard Vollenweider, ancien garagiste, l’avait encouragée : « C’est absurde de punir la prudence ! » Pourtant, le tribunal a confirmé l’amende, ajoutant 450 francs de frais de procédure. Une amère leçon sur les risques des recours juridiques.
Comment une simple amende peut-elle quadrupler ?
Le véritable choc est venu avec la facture finale : 2 500 francs suisses. « Cela représente trois mois de ma pension », soupire Bernadette. Entre les frais d’avocat, les surcoûts administratifs et les intérêts de retard, chaque étape a alourdi l’addition. Maëlle Rochat, juriste spécialisée en droit routier à Lausanne, précise : « Beaucoup sous-estiment l’effet boule de neige des contestations infructueuses. Une amende modeste peut devenir un gouffre financier. »
Températures glaciales et stress animal
Ce jour-là, le thermomètre affichait -6°C. « Les chevaux tremblaient pendant les deux heures de contrôle », se souvient Bernadette. Un détail qui soulève des questions sur l’adaptation des procédures policières aux situations exceptionnelles. Le vétérinaire cantonal Lucien Monnard tempère : « La réglementation ne prévoit pas d’exception pour le transport d’animaux, sauf cas de maltraitance avérée. »
Quels enseignements tirer de cette affaire ?
Cette histoire dépasse le simple fait divers. Elle illustre la complexité des réglementations routières et l’importance de bien évaluer les risques avant de contester une amende. Pour les conducteurs transportant des charges sensibles, il serait judicieux de se renseigner préalablement sur les vitesses minimales autorisées.
Un précédent qui fait jurisprudence
Curieusement, ce cas rappelle une affaire de 2018 impliquant Jonas Kaufmann, un éleveur allemand sanctionné pour avoir roulé à 10 km/h avec un camion de vaches laitières. « Les tribunaux suisses sont très stricts sur la fluidité du trafic », analyse Maëlle Rochat. Ces décisions créent une jurisprudence délicate pour les professionnels du transport animalier.
À retenir
Une amende pour lenteur excessive est-elle courante ?
Non, ces infractions représentent moins de 0,5% des verbalisations selon l’Office fédéral des routes. Elles concernent surtout les axes à forte circulation où la lenteur perturbe gravement le trafic.
Peut-on contourner cette règle avec des animaux ?
Aucune exemption n’existe dans la loi. Seule solution : choisir des itinéraires alternatifs moins fréquentés ou opter pour des transports spécialisés.
Contester une amende est-il toujours risqué ?
Oui, surtout sans conseil juridique préalable. Les frais annexes peuvent dépasser le montant initial de la sanction, comme l’a vécu Bernadette.
Conclusion
L’aventure de Bernadette Bandelier souligne les tensions entre bon sens individuel et rigueur réglementaire. Derrière chaque article du code de la route se cachent des réalités humaines complexes. Peut-être faudrait-il imaginer des exceptions pour ces situations particulières, où la prudence du conducteur sert avant tout la sécurité de tous. En attendant, son histoire restera un cas d’école pour les automobilistes comme pour les législateurs.